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Chapitre 2 L’histoire de la recherche

3. L’« effet Nag Hammadi » (1978 et 1986)

3.1. Violet MacDermot (????-????)

Le premier grand projet d’édition et de traduction des codices trouvés à Nag Hammadi fut celui de la Coptic Gnostic Library, lancé en 1968 sous la direction de James Robinson235. Dans le programme initial, aucune place n’avait été faite aux « anciens » traités gnostiques, la Pistis Sophia, les Livres de Iéou et l’Anonyme de Bruce. Ces derniers sont tout aussi absents de la liste plus détaillée des volumes à paraître dans la collection, fournie par James Robinson en 1970236. Et pourtant, en 1978, paraissent dans la Coptic Gnostic Library deux volumes consacrés à ces trois traités, les deux sous le nom de Violet MacDermot. Le premier porte exclusivement sur la Pistis Sophia237, et le deuxième, sur les traités du codex Bruce238. Sur les motivations et les raisons d’inclure les traités gnostiques coptes découverts au dix-huitième siècle dans la collection, ni son éditeur, James

234 Comme ceux du Lexikon für Theologie und Kirche, des New Testament Apocrypha, de l’Oxford Dictionary

of the Christian Church et du Reallexikon für Antike und Christentum, pour ne nommer que ceux-là. Évidemment, nous ne pouvons rendre compte de tous ces articles et notices dans notre histoire de la recherche, surtout que la plupart reprennent en tout ou en partie ce qui a déjà été dit par ceux qui se sont davantage penchés sur le texte. En revanche, nous citerons les contributions originales des auteurs de ces articles, selon leur nature, dans les sections correspondantes de notre introduction.

235 Robinson, 1968, surtout p. 356-365. 236 Robinson, 1970, p. 188-190. 237 Schmidt et MacDermot, 1978b. 238 Schmidt et MacDermot, 1978a.

Robinson239, ni l’éditeur des deux volumes, Robert (Robin) McLachlan Wilson240, n’ont été en mesure de nous fournir des explications. Violet MacDermot241 était médecin de formation (Université d’Oxford et King’s College Hospital), spécialisée en neurologie242. C’est donc comme amateure que MacDermot s’est intéressée à l’égyptologie. En 1947, elle est introduite à Margaret Murray, égyptologue au University College de Londres. Voyant que MacDermot désire apprendre l’égyptien et le copte, Murray lui recommande de suivre les cours du professeur Jaroslav Černý, et la présente même à ce dernier243; c’est peut-être là et à ce moment qu’elle suit une formation en égyptologie244. De 1962 à 1976, MacDermot, alors attachée à l’Université d’Oxford, participe comme médecin et aide- photographe aux fouilles menées à Qaṣr Ibrîm, en Nubie, par l’Egypt Exploration Society245. En 1971, MacDermot fait paraître sa première contribution importante au domaine de l’égyptologie : The Cult of the Seer in the Ancient Middle East : A Contribution

to Current Research on Hallucinations Drawn from Coptic and Other Texts246. En 1978, lorsque est publié son volume sur le codex Bruce, elle est de nouveau associée au département d’égyptologie du University College de Londres247.

Quoi qu’il en soit des raisons, il fut décidé d’intégrer à la Coptic Gnostic Library la

Pistis Sophia et les deux traités du codex Bruce à la collection, et c’est à Violet MacDermot

239 Dans un échange de courriel le 24 mai 2010, Robinson nous a tout simplement dit que le choix de Violet

MacDermot avait été celui de Wilson, et qu’il n’y avait joué aucun rôle.

240 Dans un échange de courriel le 25 mai 2010, Wilson avoua que son travail d’éditeur pour le volume se

limitait à s’assurer que tout était en ordre avant d’être envoyé à l’impression.

241 Wilson supposa, dans notre échange du 25 mai 2010, qu’elle était décédée. En effet, il avait comme

souvenir qu’elle devait avoir à peu près son âge. Au moment de notre courte correspondance, Wilson avait 94 ans. Il est décédé tout juste un mois après notre échange, soit le 27 juin 2010.

242 Elle fut d’ailleurs chercheuse en neurologie au St Thomas’ Hospital de Londres. Voir Briggs, 1973, p. 79;

Derrett, 1973; Howard, 1973; Janssen, 1992, p. 60.

243 L’initiation de MacDermot aux langues égyptiennes viendra plutôt de Murray elle-même, qui lui présenta

les rudiments des langues au cours de rencontres informelles (voir Janssen, 1992, p. 60). En 1951, lorsque Černý quitte Londres pour l’Université d’Oxford, MacDermot fait partie des élèves qui le suivent (voir Janssen, 1992, p. 60).

244 La quatrième de couverture de ce qui paraît être la dernière contribution de MacDermot, The Fall of

Sophia : A Gnostic Text on the Redemption of Universal Consciousness, affirme que : « Violet MacDermot, a retired neurologist, studied Egyptology at University College, London » (voir MacDermot, 2001).

245 Elle est mentionnée dans les rapports suivant : Plumley, 1964, p. 3; Plumley, 1966, p. 9 et 11; Plumley et

Adams, 1974, p. 212; Plumley, 1975, p. 5; et Plumley, Adams et Crowfoot, 1977, p. 29. Pour un aperçu du rôle qu’elle a pu y jouer, voir le journal relatant les activités du groupe participant aux fouilles pour l’année 1974, publié par Gwendolin Plumley, la femme de J. Martin Plumley (Plumley, 1977).

246 MacDermot, 1971.

qu’on confie le travail. À la différence de tous les autres volumes, aucune nouvelle collation ni édition du texte copte ne sont réalisées pour l’occasion248. En effet, on se contente de reproduire photographiquement le texte copte de l’édition de Schmidt249, en le tronquant de la plupart de ses notes250. Le volume de MacDermot s’ouvre sur une très courte introduction (p. ix-xxi) divisée en trois parties. Son « Histoire du codex Bruce » (p. ix-x) et sa « Description du manuscrit » (p. x-xiii) reprennent l’essentiel de ce qui se trouve déjà chez Schmidt (1892) et Baynes (1933). L’introduction se ferme sur un résumé assez détaillé du contenu des deux traités du codex Bruce (p. xiii-xviii pour les Livres de

Iéou et p. xviii-xxi pour l’Anonyme de Bruce).

Suivent ensuite le texte copte de Schmidt et sa traduction anglaise (p. 4-211). MacDermot le reconnaît elle-même, sa traduction anglaise des Livres de Iéou doit beaucoup à la traduction allemande de Schmidt et aux remarques de Till251. Une des seules contributions originales de MacDermot est d’avoir ajouté, dans les notes de sa traduction, des références aux textes de Nag Hammadi. Bien qu’il ait rendu les Livres de Iéou accessibles à un public anglophone, le volume de MacDermot a peu ajouté à notre connaissance de l’histoire du manuscrit et à la compréhension du texte.

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