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Chapitre 2 L’histoire de la recherche

3. L’« effet Nag Hammadi » (1978 et 1986)

3.2. Michel Tardieu (1938-)

Enfin, la dernière étude d’importance sur les traité du codex Bruce est celle de Michel Tardieu. En 1986, Michel Tardieu et Jean-Daniel Dubois publient le premier (et seul paru) volume de leur Introduction à la littérature gnostique, qui est consacré à l’Histoire du mot « gnostique », aux Instruments de travail et aux Collections retrouvées

248 Il n’est pas clair si MacDermot a consulté le manuscrit original. Dans la préface de son volume, elle

remercie certes les autorités de la Bodléienne pour leur aide dans l’étude du manuscrit, mais cela pourrait aussi faire référence à un échange épistolaire ou téléphonique; cf. Schmidt et MacDermot, 1978a, p. viii.

249 Schmidt, 1892b.

250 En particulier toutes les références aux lectures de Woide et de Schwartze (Schmidt et MacDermot, 1978a,

p. vii).

251 Schmidt et MacDermot, 1978a, p. vii. Il n’est peut-être donc pas nécessaire d’ajouter, comme Tardieu, que

la traduction de MacDermot est celle « de la traduction (allemande) de Schmidt »; voir Tardieu et Dubois, 1986, p. 89.

avant 1945252. C’est dans cette dernière sous-section qu’on retrouve le traitement des textes gnostiques conservés dans le codex Bruce (Chapitre IV : Oxford [O], p. 83-97).

Très informatif, le chapitre consacré au codex Bruce se divise lui-même en quatre parties : I. Codicologie et langue (A. Lieu de conservation; B. Provenance; C. État de conservation; D. Écritures et copistes; E. Langue; F. Datation paléographique; G. Colophons); II. Liste des textes contenus dans O (O, 1 : Le livre du grand traité

initiatique [TS]253; O, 2 : « La Topographie céleste » [TC]254; III. Fiches signalétiques des textes contenus dans O (1. Titre; 2. Éditions; 3. Traductions; 4. Commentaire; 5. Contenu; 6. Sources, attribution et date de composition); IV. Bilan et perspectives.

Tardieu fait des Livres de Iéou le produit du même milieu qui est à l’origine de la

Pistis Sophia255, et les attribue à un Grec d’Égypte n’appartenant à « aucun des courants gnostiques décrits par l’hérésiologie »256. Il place la rédaction originale en grec du traité vers 330257. Contemporains de la Pistis Sophia, les Livres de Iéou sont « le versant pratique de la compilation dont PS (la Pisti Sophia) est l’expression scripturaire théorique 258». En guise de « Bilan et perspectives », Tardieu note, avec raison, que les Livres de Iéou n’ont :

suscité aucune contribution depuis le travail pionnier de C. Schmidt (1892). On peut même dire que son étude générale, qui accompagne l’édition du texte copte et qui devrait être refaite sur d’autres bases, a mis fin pratiquement à toute recherche. La découverte des manuscrits de Nagc

Ḥammādī n’a rien modifié, ni non plus la réimpression bâclée du texte copte de Schmidt par V. MacDermot dans NHS, t. 13, en 1978. Une édition en fac-similé et du papyrus d’Oxford et de la copie de Woide s’impose, ainsi qu’un commentaire détaillé et technique259.

La notice de Tardieu a comme principale qualité de ramasser au même endroit, de manière claire et concise, l’essentiel des données matérielles et bibliographiques connues sur le codex Bruce260, en plus de plaider pour que les chercheurs reviennent à ce texte. En revanche, malgré toutes ses qualités, la contribution de Tardieu a comme défaut d’être le

252 Tardieu et Dubois, 1986. Le deuxième volume, qui devait être entièrement consacré aux textes de Nag

Hammadi, n’a jamais vu le jour.

253 Les Livres de Iéou. 254 L’Anonyme de Bruce.

255 Voir Tardieu et Dubois, 1986, p. 80. 256 Tardieu et Dubois, 1986, p. 81. 257 Tardieu et Dubois, 1986, p. 90. 258 Tardieu et Dubois, 1986, p. 90. 259 Tardieu et Dubois, 1986, p. 96-97.

260 Et cela vaut aussi pour les notices consacrées au codex Askew (Pistis Sophia) et au codex de Berlin

(Berolinensis gnosticus 8502, qui renferme l’Évangile de Marie, le Livre des secrets de Jean, la Sagesse de Jésus-Christ et l’Acte de Pierre).

relais de fausses informations, la plupart circulant depuis Amélineau261. Tardieu arrive aussi parfois à des conclusions qui peuvent paraître étonnantes, en particulier en raison d’un manque d’explications, de justifications ou de références262.

261 Nous les avons déjà notées.

262 Par exemple, il affirme que le « manuscrit fut acheté en 1773 à Madinat Hābū » (Tardieu et Dubois, 1986,

p. 83; voir pour quelles raisons nous jugeons cette date peu probable, p. 17-18) et date « paléographiquement » les Livres de Iéou « de la seconde moitié du IVe s. » (Tardieu et Dubois, 1986, p. 85), le tout sans donner plus de détails.

Chapitre 3

Le manuscrit

Tel qu’il nous est parvenu et tel qu’il est présentement conservé à la Bibliothèque bodléienne d’Oxford, le codex Bruce compte 71 folios263, ou 142 pages. Non numérotés, sauf pour un d’entre eux264, ces folios sont aujourd’hui volants, bien que nous sachions, grâce au Pro memoria de Woide, que certains folios étaient joints les uns aux autres (cohaerent) en 1776265. Les folios sont tous écrits à pleine page et recto verso, sauf pour deux d’entre eux266. Depuis Carl Schmidt, le dernier éditeur du codex Bruce, on distingue traditionnellement deux traités dans le manuscrit, les Livres de Iéou et un ouvrage acéphale, appelé communément Anonyme de Bruce. Carl Schmidt rattache aux Livres de Iéou des fragments (p. 1-4; 1a-4a; et p. 87-88) qui proviennent probablement, à notre avis, de deux autres traités267; aucun de ces traités n’est complet.

263 Lors de sa copie par Woide en 1776, le manuscrit en compte 78 (et non 79, comme il le note; voir

l’Annexe 1, p. 477-478).

264 À la page 3 du manuscrit (p. 41 Schmidt), un est clairement visible dans la marge supérieure droite; et à

la page 4 (p. 43 Schmidt), les traces d’un se trouvent dans la marge supérieure gauche.

265 Voir l’Annexe 1, p. 477-478.

266 Il s’agit de la page où se trouve dessinée une croix accompagnée de monogrammes grecs, placée au début

des Livres de Iéou par Carl Schmidt, et du verso de la page 35 de l’Anonyme de Bruce.

Compte tenu de l’état actuel du manuscrit et de la façon dont il a été préservé par la Bodléienne268, on peut difficilement faire la « moyenne » de la dimension des folios269. Pour les Livres de Iéou (et les fragments qui y sont pour l’instant rattachés), la plus grande dimension atteinte est 29,5 cm de long270 et 17,5 cm de large271, mais la longueur la plus fréquemment attestée pour les folios les mieux conservés est de 28 cm, et la largeur, de 17 cm. L’Anonyme de Bruce atteint pour sa part au maximum 29 cm de longueur272 et 17 cm de largeur273. La longueur la plus souvent observée est de 28 cm et la largeur, de 16,5 cm. Les Livres de Iéou ont entre 25 et 34 lignes par page, pour les pages qui ne renferment pas de diagrammes; le nombre de lignes par page le plus fréquemment attesté est de 32274. Quant à l’Anonyme de Bruce, il compte entre 30 et 38 lignes par page, pour une moyenne de 35 lignes par page.

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