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Territoire de projet sectoriel VS territoire de projet global

L’ANALYSE NATIONALE

D. Territoire de projet sectoriel VS territoire de projet global

Le Territoire de projet sectoriel ou global renvoie inéluctablement à la question de territoire mis en avant dans les politiques de développement. Trois étapes dans la conception des territoires de développement peuvent être décelés :

- La consécration de la dichotomie territoire irrigué / territoire bour à travers la politique des grands barrages.

- Les tentatives de rééquilibrage entre les deux types de territoire : sans abandonner le politique des grands barrages, s’intéresse au zones d’agriculture pluviale.

- L’affirmation de l’approche territoriale dans les stratégies de développement. La multiplicité des échelles d’intervention et la multitude d’acceptions de territoire. Le territoire de développement se définit de plus en plus par la problématique de développement envisagée, les fonds mis à disposition par les institutions monétaires qui y interviennent, etc. A titre d’exemple, les interventions du FIDA se consacrent à des territoires aussi diverss que l’Oriental (problématique de développement des parcours et de l’élevage, puis de la pauvreté), Tafilalet- Dadès, (Projet de développement rural de Tafilalet et Dadès), Projet de développement Rural dans les zones de montagne de la province d’Al-Haouz.

Les développements qui suivent doivent énormément aux réflexions de N. Akesbi dans sa contribution au rapport du cinquantenaire.

Depuis le début des années 60, le Maroc a adopté un modèle de développement qui accorde une priorité à l’agriculture. La politique de développement agricole suivie sera connue sous l’appellation de « politique des barrages » qui « labellisera » le projet de développement de l’Etat. Cette politique « volontariste, globale mais éminemment sélective77» devrait faire dire au Ministre du plan en 1968 que « La priorité à l’irrigué par rapport au sec est la fille de la technocratie et de la politique ». Des investissements publics massifs seront concentrés sur la grande irrigation pour construire des barrages, mettre en place des équipements et aménagements des superficies dominées par les barrages et la création de neuf périmètres de grande irrigation. Nonobstant les résultats de cette politique (par exemple, l’objectif de l’autosuffisance alimentaire était loin d’être atteint), elle engendrera des disparités spatiales importantes. Aussi, un rapport de

la Banque mondiale précisera que 1/3 de l’ensemble des investissements publics prévus dans le plan 1973-77 bénéficient à moins de 350.000ha, soit moins de 5% des terres cultivables.

Des inflexions de cette politique commencent à voir le jour pour donner plus d’attention et d’intérêt aux immenses terres situées en zone bour, de parcours et de montagne, afin de :

- réduire l’excessive polarisation sur les zones de grande irrigation ;

- réduire les disparités qui se sont creusées entre zones bour et zones irriguées, en optant pour « une répartition optimale des moyens entre le bour et l’irrigué.»78

Ce recentrage a été favorisé par une nouvelle conception de développement qui vise à fixer les populations rurales dans leur terroir et éviter l’accélération de l’exode rural et pour qui le développement est une « dynamique globale et intégré» qui cherche toute à la fois les performances économiques et techniques traditionnelles et l’amélioration du bien être des producteurs. A partir de la fin des années 70 commencent à apparaître dans différentes zones du pays des projets dits de « développement intégré » : Fès Karia-Tissa, Oulmès Rommani, Elhajeb, Abda-Hmar, Settat, Haut-Loukkos, Moyen Atlas Central.

De tels projets seront les premières victimes de l’ajustement structurel, car ils reposent sur une politique étatique dirigiste.79

Il a fallu attendre les années 90 pour rentrer dans le « temps des stratégies »80.

La stratégie 2020 se prononce expressément pour une approche territoriale du développement

rural.

« Cette stratégie est fondée sur trois concepts qui sont la territorialisation, la participation et l’intégration. La prise en compte de la dimension «territoriale» dans les processus de développement signifie tout d’abord que le développement agricole et rural doit se rattacher à des échelles territoriales diverses : le douar, les communes rurales, etc. Ensuite, que la conception du développement agricole et rural est une émanation de programmes élaborés au niveau de ces territoires ; ceux-ci tenant compte de la diversité des milieux physiques, des vocations et des potentialités de chaque territoire. Enfin, que cette approche tend à rompre avec le centralisme jusqu’ici pratiqué dans la conception et la mise en œuvre du développement. »81

L’approche territoriale devient une composante essentielle du développement chez les différentes institutions en charge de développement. Deux exemples :

Le Schéma National d’Aménagement du Territoire présente la vision officielle du territoire et de son aménagement « afin que chaque acteur soit en mesure de positionner son intervention dans une vision cohérente du pays tout entier. ». Le SNAT a développé une appréciation qualitative du territoire qui repose sur trois critères. Tout d’abord, l’équité : le territoire doit fournir à ses

78 Plan de 1981-1985 79 N. Akesbi, Idem. 80 N. Akesbi, Idem, p.116.

81 M. Mahdi, 2006 « Douar et construction sociale du territoire », in Développement rural et pertinence des

habitants des conditions de vie décentes (santé, éducation, communication, logement, eau courante, électricité). Ensuite, l’efficacité économique : le territoire participe au développement économique du pays, fournit sa part de valeur ajoutée et offre des emplois à sa population active. Enfin, la durabilité : le développement du territoire doit respecter les ressources et les milieux naturels82.

La stratégie du développement du tourisme et particulièrement dans le domaine du développement du tourisme rural, l’approche territoriale de la mise en tourisme de l’espace rural « nécessite une clarification de l’unité spatiale d’intervention. Celles-ci tourne autour des notions de terroir et territoire, suppose une multitude d’intervenants et s’appuie sur un processus de patrimonialisation. »83

Cette approche trouve un début d’application à travers le concept de « Pays d’accueil touristique » qui est « un territoire qui n’est ni une région, ni une province, ni une commune. Il peut être une partie d’une région ou d’une province ou être à cheval sur plusieurs communes : il est avant tout un territoire de projet. »84

La gouvernance

Le concept de gouvernance offre « une nouvelle manière d’aborder le politique, éloignée des perceptions classiques fortement centrées sur l’Etat. (…) L’approche en termes de gouvernance exprime la nécessité de dépasser l’approche institutionnelle de l’action publique pour aller vers une analyse des multiples acteurs du politique, qui ne sont pas tous des acteurs politiques officiels. (…) L’approche en termes de gouvernance (ou de gouvernablité) peut permettre d’affiner la compréhension de ce qu’on appelle le « néo-patrimonialisme », le clientélisme, etc., en intégrant dans l’analyse du politique d’autres acteurs non étatiques qui contribuent portant à la (dé) régulation politique : nobles, groupes à référent religieux, familial, régional, groupes économiques (ex : hommes d’affaires) et également association et ONG. M. Tozy, p. 28 « « La commune rurale à la croisée des chemins entre décentralisation et gouvernance locale » in « Développement rural, pertinence des territoires et gouvernance. Coordonné par A. Iraki - INAU-ROLER – Rabat.

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