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Processus de développement territorial.

Processus d’émergence des territoires ruraux dans les pays méditerranéens : l’exemple algérien

E. Processus de développement territorial.

Le développement territorial – ou territorialisé – semble être voulu davantage par le pouvoir central – principalement via le Ministère de l'agriculture et du développement rural - que par les

acteurs locaux. En effet, les projets de proximité de développement rural intégré (PPDRI) – conçus et mis en œuvre par le MADR - sont ce qui pourrait le plus être assimilé à des projets de développement de territoire. Les projets de Proximité de Développement Rural Intégrés sont des programmes d’actions accompagnant les populations et les institutions d’un territoire rural. Conçus et mis en œuvre par le Ministère de l'Agriculture et du Développement Rural depuis l’année 2004 comme un outil opérationnel de la stratégie de développement rural durable (SDRD), ils ont été revus et renforcés en 2006 avec l’adoption du programme du renouveau rural (PRR). Ce sont, en fait, des projets fédérateurs sensés être construits «du bas vers le haut » dont la responsabilité est partagée entre les services de l'administration locale, les élus locaux, les citoyens et les organisations rurales. Ils fédèrent les objectifs des programmes de l'Etat visant le monde rural et mettent en synergie les politiques sectorielles existantes visant à accompagner la dynamique territoriale dans un "processus durable, économiquement viable et socialement acceptable". Les objectifs des PPDRI sont :

• l’amélioration des conditions et de la qualité de vie des populations rurales,

• l’augmenter et diversifier les revenus des populations,

• la valorisation des patrimoines matériels et immatériel,s

• la gestion durable des ressources naturelles.

Un PPDRI est un programme d’actions ayant une durée variant de un à deux ans et comprenant deux volets :

• un volet d’investissements à usage collectif, financé sur fonds publics

• un volet d’investissements à usage individuel : ce sont les projets individuels, financés par autofinancement, prêt bancaire et soutien public.

A Ighil Ali, il n'y a pas de PPDRI et il n'existe pas de façon nette un processus de développement territorialisé (c'est-à-dire spécifiques à ce seul territoire), que ce soit par des projets territorialisés ou par des dynamiques locales d’activités. Certes, on dénombre quelques activités économiques. La principale est l'oléiculture (outre les exploitants des oliveraies, 3 huileries modernes, une huilerie super-presse, 8 huileries classiques, 10 huileries traditionnelles). Une activité nouvelle s'est développée : la mouture du piment rouge. D'autres activités existent depuis longtemps : fabrication de scourtins pour les presses à huile traditionnelles, artisanat de poterie, une usine de cornets à glace (qui semble être l’acteur le plus important au niveau de la commune, par la création d’emplois permanents), un réparateur

d’armes, quelques sculpteurs sur bois, cinq ateliers de couture (artisanaux), quelques ferronniers). Mais ces activités - tout en s'inscrivant forcément sur le territoire de la commune d'Ighil Ali – ne sont ni pensées ni coordonnées par des acteurs locaux ayant le souci de développer harmonieusement et de façon originale le territoire.

A Hadj Mecheri, ou peut faire la même constatation. Cependant, contrairement à Ighil Ali, cette commune a bénéficié de PPDRI. La circonscription des forets de la Daïra de Brida

(désignée comme facilitateur61 du projet) a élaboré des projets de proximité rentrant dans le cadre

du développement rural. Le tableau 1, nous fournit un aperçu des différents types d’action menés

61 Le chef de la subdivision agricole ou le chef de la circonscription des forêts désignent, au sein de leur équipe, un

agent technique, qui sera l'interlocuteur des communautés rurales au titre du dispositif "projet de proximité de développement rural". Il aura pour tâche de suivre le PPDR dans toutes ses phases. Lorsque c'est possible, l'Administration décentralisée est encouragée à designer une technicienne.

dans la Daïra de Brida en collaboration avec la circonscription des forêts qui ont touché la commune de Hadj Mécheri. Concernant la commune de Hadj Mécheri un projet de proximité a concerné le douar de Houade où différentes actions ont été menées telles que la réalisation de séguias (rigoles d’irrigation), d’un forage (qui a profité à deux familles) et une mise en défens de parcours. Le suivi de ces actions a été confié à la circonscription des forêts. Concernant l’action de mise en défens qui fait partie du projet de proximité, elle n’a pas abouti à cause du refus d’une partie de la population et ceci en raison de la non adhésion de cette dernière dans ses phases de conception et de montage. En fait, cette non adhésion serait due à l’absence d’un animateur62 du montage du projet (seguia, mise en défens, forage …).

Faible décentralisation, émergence des acteurs associatifs souvent provoquée par l’administration étatique, non émergence d’acteurs locaux économiques auto coordonnés et développant entre eux des synergies, faible visibilité de territoires d’activités malgré la forte cohérence ethnique des populations de chaque commune, tel est le bilan qu’on peut faire en matière de développement territorial des deux communes de Hadj Mécheri et Ighil Ali. Ce bilan est-il représentatif de l’ensemble des territoires du pays ? La réponse est sans doute affirmative à quelques nuances près. En effet, le système politique algérien, de part sa nature et son état de maturité, ne saurait admettre une décentralisation atteignant un degré suffisant pour que les acteurs locaux puissent prendre des décisions autonomes en matière de développement territorial. Cela s’explique par la crainte persistante des tenants du pouvoir de favoriser les forces centrifuges qui s’exprimeraient éventuellement.

Laterritorialisation des activités est donc modeste, cependant elle existe, même si ce n’est surtout qu’au niveau du discours. De ce point de vue, deux ministères tentent de susciter une implication des acteurs locaux dans la vie des communes (ou des quartiers dans les villes), à condition toutefois que cette implication ne risque pas de déboucher sur une contestation politique. Le Ministère de l’intérieur et des collectivités locales encourage la constitution de comités de quartier pour prendre en charge les activités sociales et culturelles, surtout dans les centres urbains mais aussi en milieu rural. De la même façon ce ministère encourage la création d’associations encadrant les activités des citoyens dans la mesure où cela est un moyen de contrôler la population. Le Ministère de l’agriculture et du développement rural, quant à lui, fait de la démarche participative des acteurs locaux un des principaux axes de sa politique de développement agricole et rural à travers les PPDRI comme il a été vu ci-dessus.

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