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Analyse des évolutions principales

L’ANALYSE REGIONALE A Les zones choisies

3. Analyse des évolutions principales

Les principales évolutions de la zone concernent quatre aspects :

* Evolution du système d’activité, avec la prégnance progressive de l’activité touristique.

* Evolution du système de production, avec le passage d’un système de production agropastorale classique, vivrier à un système intensifié et de rente, tourné et dépendant du marché.

* Evolution concernant les conditions de vie (habitat, moyen de confort, etc.)

* Evolution de type urbanistique : Montée en puissance du petit centre d’Imlil et des investissements touristiques (gîtes, auberges, hôtels, commerces, etc.)

Evolution système d’activité

L’exploitation agricole participe-elle à la construction du territoire ? Il faut alors admettre que l’agriculture remplit des fonctions d’aménagement de l’espace et de façonnement de paysage (terrasses, architecture, etc. voir photos). L’exploitation agricole à travers le dynamisme de son système de production agricole et l’activité de ses membres, contribue à l’émergence de territoire104.

104 La présente enquête tente d’approfondir une réflexion esquissée dans l’article. M.Mahdi, 2006. « Douar et

construction sociale du territoire », in Développement rural pertinence des territoires et gouvernance. INAU – RELOR – Rabat Coordonnée par Aziz IRAKI.

Tableau 7. Activité des chefs de ménage dans la petite localité d’Imlil

% rapporté au nombre de chefs de foyer par Douar

Les données ici présentées sont le résultat des entretiens de groupe avec des représentants des Douars. L’activité des chefs de foyer dans les douars enquêtés faire ressortir quatre groupes :

- les chefs de foyer exerçant l’agriculture uniquement ; - les chefs de foyers se spécialisant dans le tourisme ;

- les chefs de foyers combinant agriculture et tourisme, et enfin, - les chefs de foyer sans activité aucune.

L’agriculture reste importante dans 4 douars où elle est l’activité unique pour plus de de 50% des chefs de foyer, avec un maximum de 93% des chefs de foyer. Ce sont les Douars les plus éloignés du centre d’Imlil, ce qui confirme le privilège de position des Douars évoqué plus haut. Cette hypothèse est à relativiser. Un Douar comme Aramd est très excentrique par rapport au centre d’Imlil. Cette excentricité s’est mue avec le temps en un privilège, que lui donne sa position en tant que dernier Douar en amont de la vallée et sa situation sur la piste qui mène vers le Toubkal. En étant à Aramd, on fuit déjà les clameurs du centre d’Imlil.

Nous constatons une forte différenciation entre les douars devant l’accès à la nouvelle ressource. Si l’effet de la distance par rapport au petit centre d’Imlil est un élément explicatif important, il n’est pas le seul. Des individus habitant les Douars excentriques sont parvenus à dépasser cette contrainte, en développant des projets touristiques qui les placent en concurrent sérieux des gens du centre d’Imlil.

Le tourisme prend de plus en plus d’importance en tant qu’activité économique, devenant même l’activité exclusive chez certains chefs de foyer. Mais l’agriculture est le plus souvent combinée avec l’activité agricole, dans 6 douars des 11 enquêtés et dans des proportions variant de 50 à 90% des chefs de foyer. C’est là une réponse à l’inquiétude que fait peser la précarité de l’activité touristique.

Douars Agriculture

uniquement Tourisme uniquement Agriculture tourisme – Ni Agriculture ni tourisme Nombre de foyer Arghen 8,33 0 91,67 0 60 Mazik 0 0 84,13 15,87 63 Tamatert 50 0 0 50 30 Agarsiwal 93,94 6,06 0 0 33 Tadart 64,29 7,14 0 28,57 14 Tagadirt 12,50 0 87,50 0 16 Fimlil 0 18,75 75 6,25 18 Achaine 5,26 0 94,74 0 19 Ait Souka 83,78 16,22 0 0 37 TargaImoula 52,94 23,53 0 23,53 14 Armed 40 0 53,33 6,67 160

Tableau 8. Distance des Douars du centre d’Imlil

Arghan 250 m Mazik 2000m Tamatert 3000m Aguersiwal 2000m Tadart 2000m Tagadirt 1000m Fimlil 100m Achain 1000m Ait Souka 1500m Aramd 3500m Targa Imoula 500m m = mètre

Le système d’activité a été également appréhendé au niveau des exploitations agricoles à travers l’examen des activités principales et parallèles des chefs de foyers et des membres de leur famille. Les données sont plus précises que ne le sont celles collectées lors des entretiens de groupe.

Tableau 9. Activités principales et parallèles des chefs de foyers

Principale Parallèle Effectif % Effectif % Agriculture 38 57.5 22 33.5 Tourisme 18 27.2 35 53 Journalier 2 3 5 7.5 Commerce 1 1.5 4 6 Administration 2 3 - - Autres 5 7.5 - - Total 66 100 66 100

Les chefs de foyers enquêtés exercent dans leur grande majorité l’agriculture comme activité principale. Et une grande majorité d’entre eux l’exerce en tant qu’activité secondaire. La proportion des chefs de foyers, chez qui le tourisme est devenu primordial est intéressante, atteint 27% des enquêtés. Une proportion qui se situe à hauteur de 15% des chefs de foyers enquêtés, exerce des activités autres que l’agriculture et le tourisme. Il faut voir là l’effet du développement économique autour du centre d’Imlil sur lequel nous allons revenir. La part de la pluriactivité est importante. Le tourisme qui y contribue n’est qu’un aspect nouveau de cette pluriactivité.

Tableau 10. Les occupations principales et secondaires des membres de la famille

Principale Parallèle Activités Effectif % Effectif % Agriculture 154 46.6 108 27.4 Tourisme 129 39 161 40.8 Ménage 97 33 Journalier 16 4.8 45 11.4 Transporteur 29 8.7 75 19 Commerçant 2 0.6 5 1.2 Total 330 394

La nature des activités principales et parallèles exercées par les membres de la famille s’inscrit dans la même logique que celle des chefs de foyers. Ce qui change, c’est le degré d’engagement des membres de la famille dans l’activité touristique, relativement plus forte que chez la génération des parents, et l’exercice de l’activité agricole relativement plus faible que chez les aïeuls. Les activités de ces deux types d’acteurs sont inscrites dans un processus évolutif inverse. L’agriculture et l’élevage tendent à dominer chez la génération des parents, alors que les activités non agricoles attirent de plus en plus la génération des membres de la famille. D’un côté, un attachement des parents, chefs de foyer, à l’agropastoralisme dans sa variante intensifiée, et une diversification par des activités non agricoles, et de l’autre, une orientation vers des activités non agricoles des générations des membres de la famille. Mais les deux activités sont complémentaires et nécessaires à la reproduction du groupe familial. « Le tourisme va dans le bon sens, il aura de bonnes perspectives si on forme les guides et les muletiers. Toutefois, il ne faut pas compter sur cette activité car son revenu dépend de plusieurs facteurs tels que les contraintes politiques, donc il faut l’accompagner par l’agriculture ou l’élevage, sources de revenu de la vallée Aït Mizane ». Président de la CR.

Evolution du système de production

Le deuxième vecteur de développement de la zone provient de l’orientation du système de production agropastorale105 vers des productions marchandes et intégrées au marché. La place des

cultures marchandes dans le système de production indique l’amélioration des sources de revenu et l’intégration de l’économie locale dans le marché national. Il s’agit notamment de l’arboriculture fruitière introduite à partir du début des années 70 et se propageant dans les années 90106.

L’enquête a montré que l’arboriculture représente dans l’échantillon 70%de la SAU, alors que la céréaliculture n’occupe plus que 24%, et le maraîchage 6%. Ces données, qui ne sont pas d’une précision à toutes épreuves, viennent conforter nos propres observations échelonnées sur plusieurs années. L’orientation vers l’arboriculture est justifiée par les revenus qu’elle procure et qui sont sans commune mesure avec les quelques quintaux d’orge et de maïs procurés par

105 C’est un système de production qui associe une agriculture basée sur la céréaliculture, essentiellement l’orge et le

maïs, à un élevage mixte de petits ruminants, caprins et ovins, conduits en semi - extensif, et, de bovin de race locale gardé en stabulation.

l’exploitation des mêmes ressources en terre et en eau. Comme le montre le tableau suivant, les recettes des productions arboricoles procurent un revenu moyen par exploitation, de 15.900DHS/an, ce qui n’est pas du tout négligeable dans de telles zones agro-écologiques et qui contribue substantiellement à la formation du revenu global du groupe familial.

Tableau 11. Recettes arboriculture

Culture Dépenses Vente Autoconsommation

Recette - (Dépenses + autoconsommation) pommier 97902 863976 34704 731370 cerisier 7470 133944 1820 124654 noyer 1100 202925 7980 193845 Total 106472 1200845 44504 1049869 Unité en Dh

Evolution des conditions de vie

Les conditions de vie de la population ont connu une nette amélioration reconnue par tous. L’amélioration concerne l’adduction de l’eau potable et le branchement des foyers au réseau d’électricité d’une part, et d’autre part, l’amélioration de l’habitat et l’introduction des éléments de confort.

L’adduction de l’eau potable est le fruit d’un effort entrepris par les associations de Douars, en partenariat avec des ONGs nationales et internationales et la CR107. L’électrification des Douars

est également très avancée dans la zone d’étude. Des 11 Douars enquêtés, 9 sont électrifiés avec un taux de branchement de 100% des familles, le dixième a concerné 50% des foyers et le onzième n’est pas encore électrifié. Le branchement au réseau national d’électricité des 10 Douars s’est échelonné sur une période allant de 1997 à 2006. Si l’électrification s’est pratiquement généralisée, c’est le résultat d’un programme national, le PERG (Programme d’électrification rurale généralisée). C’est un programme qui rentre dans le cadre des actions, de mesures, de programmes sociaux et d’institutions, pour lutter contre la pauvreté et rattraper le retard dont souffrent les régions défavorisées, en matière de santé, d’électrification, d’eau potable, de route rurale, etc.. Cf. Rapport national. L’amélioration des habitations et l’introduction d’équipement est illustré par le graphique suivant. Nous pouvons y lire que le gaz butane, les cuisinières et la TV se sont répandus dans tous les foyers des Douars. Ils ont fait leur apparition timidement à partir des années 1980 pour s’accélérer et se répandre à partir de 1995.

Graphique 1. Eléments de confort

0 10 20 30 40 50 60 70 1980 1980-1985 1985-1990 1990-1995 1995-2000 2000-2006 TV Parabole Tel fixe Cuisiniere Gaz butane Réfrigérateur Video Vélo Moto Chauff eau

Evolution de type urbanistique

Par évolution de type urbanistique, il faut entendre les investissements touristiques et l’apparition consécutive des structures d’hébergement, l’émergence de l’accueil chez l’habitant, la montée en puissance du petit centre d’Imlil.

L’apparition et le développement des exploitations agricoles d’accueil touristique chez l’habitant est actuellement un fait tout à fait accepté et rentré dans les mœurs. Huit exploitations agricoles ont fait l’objet d’une enquête qui a porté surtout sur les types de services touristiques assurés par l'exploitation agricole (hébergement, restauration, animation, etc., les emplois créés, etc.). En effet, de nombreuses structures d’hébergement ont essaimé dans les douars enquêtés. Dans 6 des 11 Douars ont émergé des établissements touristiques, comme le montre le tableau suivant.

Tableau 12. Structures d'hébergement touristiques dans la zone d'Imlil

Structure

d'hébergement Gîte d'étape auberge refuge Hôtel résidence camping Chez l'habitant

Imlil 2 1 4 4 1 Mazik 1 8 Achaine 1* 3 Aremd 5 1 1 2 1 50 Targa Imoula 1 Total 6 4 1 5 7 2 61

*kasbah de Toubkal Source Enquêtes 2007 Le développement du centre rural d’Imlil est l’autre aspect spectaculaire des évolutions observées. Ainsi, plus de 200 commerces se sont installés dans le petit centre d’Imlil. Une enquête sur 55 d’entre eux permet de se faire une appréciation sur leur type.

Tableau 13. Type de commerce à Imlil

Les promoteurs de ces commerces sont pour la plupart jeunes, âgés entre 18 et 45 ans, pour 58% d’entre eux et font partie de la génération d’après l’indépendance. Ils sont nés entre 1963 et 1988. Leur niveau d’instruction se situe entre le primaire et le lycée. Beaucoup d’entre eux combinent le commerce avec d’autres activités économiques comme l’agriculture. Les commerçants sont des acteurs potentiels de développement d’Imlil, s’ils parviennent à se structurer.

d. Acteurs locaux : Individus et Groupes porteurs d’intentionnalités sur le territoire

L’émergence des acteurs locaux s’explique par des facteurs liés aux contextes international, national et local.

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