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Les projets de proximité de développement rural.

Processus d’émergence des territoires ruraux dans les pays méditerranéens : l’exemple algérien

D. Les projets de proximité de développement rural.

Les efforts antérieurs de construction des territoires ruraux semblent se solder aujourd’hui, ainsi que l’observe Benachenhou (2004)38.

C’est dans le souci de redynamisation et de revitalisation des territoires ruraux qu’est née l’idée de « projets de proximité de développement rural intégrés » (PPDRI). Les PPDRI ne sont bien sûr qu’un instrument parmi tant d’autres du « Plan National de Développement Agricole,

36 Marc COTE, op. cité.

37 Chiffres empruntés à A. BENACHENHOU, Ministre des Finances, « Algérie. La modernisation maîtrisée », Paris,

février 2004.

PNDA » adopté depuis le début de l’année 2000 pour faire face, tant aux conséquences négatives induites par le plan d’ajustement structurel agricole (PASA), qu’aux effets de l’insécurité et du terrorisme, c’est-à-dire la déstructuration et la destruction de l’outil économique ainsi que l’exode rural forcé39.

Pour pallier à la situation de fragilité du secteur agricole et du monde rural mais aussi pour inciter les ruraux déplacés à retourner et à reconquérir leurs territoires, l’accent est de nouveau mis sur le développement de l’espace rural en général et de l’espace agricole en particulier. Plusieurs volets sont déployés dans le cadre du nouveau PNDA. Ainsi dans le domaine strict de l’activité agricole, il a été mis en place un « fonds national de régulation et de développement agricole, FNRDA » qui a pour rôle le développement des filières de production agricole et de conquête des marchés agricoles extérieurs. Afin d’accroître la superficie agricole utile et par suite de générer de nouveaux emplois pour les chômeurs ruraux, il a été créé un « fonds de mise en valeur des terres par la concession, FMVTC », dont les missions ont été étendues depuis janvier 2003 au développement rural : le FMVTC devient fonds de développement rural et de mise en valeur des terres par la concession (FDRMVTC). Pour protéger et développer la zone steppique, il est créé le « fonds de lutte contre la désertification, de développement du pastoralisme et de la steppe, FLDDPS ». Enfin, pour améliorer les conditions de vie des populations rurales, notamment leurs conditions de logement et d’habitat, le « fonds national d’aide au logement, FONAL » est élargi aux populations rurales. En 2004 est créé un « fonds de développement économique des hauts plateaux, FDEHP », une zone « dont certaines parties sont restées relativement en retrait du développement économique des dernières années ».

Ces nombreux et nouveaux instruments d’intervention en milieu rural se focalisent en partie sur les « projets de proximité de développement rural intégrés». Les PPDRI, qui sont un outil d’intervention en milieu rural, visent deux objectifs complémentaires, à savoir l’amélioration de

la sécurité alimentaire de la population rurale et le retour sur leurs lieux d’origine des populations ayant fui le milieu rural pour cause d’insécurité. Ils sont ainsi dénommés car il s’agit de petits projets de développements destinés à des populations ciblées, généralement une communauté familiale, une mechta (groupe de familles), qui participent elles-mêmes à l’identification de leurs besoins prioritaires. Ces besoins traduits en termes de projets de développement se subdivisent en deux types d’actions.

Les actions collectives tels l’ouverture d’une piste, la construction d’une école ou d’une salle de soins, le branchement au réseau d’électrification et au réseau d’assainissement, le captage d’une source ou la réalisation d’une conduite d’AEP, etc., sont des opérations entièrement financées par l’Etat. Parmi les objectifs sociaux que se donne l’Etat, il y a aussi celui de réunir de nouveau sur les mêmes territoires ruraux l’ensemble des éléments structurants (infrastructures et équipements publics), pour la plupart détruits par le terrorisme.

39 On retiendra avec l’auteur précité que 500 000 exploitations soit 67 % du total ont moins de 5 ha, que les revenus

des paysans, généralement faibles, n’ont été maintenus, pour la plus grande partie des exploitations, que grâce à la garantie de prix pour les produits céréaliers et qu’enfin l’effectif de personnes déplacées à cause de l’insécurité et du terrorisme s’élève à 1 million d’individus. Les dégâts causés par le terrorisme aux seules infrastructures publiques sont évalués à plus de 10 milliards de dollars, sans compter celles nécessaires à la réhabilitation de l’outil économique.

Les actions individuelles de développement concernent souvent la création d’une activité productive qui génère un revenu immédiat. Elles ne se limitent pas aux seules activités agricoles mais s’étendent aux activités artisanales (artisanat rural, petites industries de transformation) et même aux activités de services tels le transport rural, le commerce de l’agro-alimentaire, etc. Le financement de ces activités n’est pas supporté par les seuls pouvoirs publics qui participent à concurrence de 25 %, mais voient aussi la participation active du bénéficiaire du projet et du secteur bancaire (75%) dont les crédits octroyés doivent être naturellement remboursés à des taux d’intérêt bonifiés.

Parce que les actions de développement sont multiples et nécessitent toujours l’intervention des pouvoirs publics, ce sont donc toutes les administrations et ministères qui agissent dans la réalisation de ces projets. En effet, les types d’actions à réaliser sont impliqués par la démarche adoptée.

Au niveau de la démarche, on retiendra que l’identification des contraintes qui grèvent le développement d’un territoire donné, ainsi que les besoins prioritaires à satisfaire dans l’immédiat, sont identifiés par les populations concernées elles-mêmes, avec l’aide des services administratifs et techniques déconcentrés. Cela signifie qu’une étude préalable doit être réalisée. Celle-ci est étoffée par une étude monographique du territoire visé, l’identification des contraintes et besoins des populations ciblées, grâce à la méthode dite des focus groups et enfin par une enquête auprès des ménages concernés. C’est suite aux recoupements de l’information contenue dans chacun des volets que l’on parvient à cerner les principales contraintes et à hiérarchiser les besoins selon leur ordre de priorité. Ainsi se dessine la trame des projets à réaliser et donc les administrations de tutelle qui seront impliquées dans la prise en charge des projets. Dans le domaine des réalisations, l’effectif des 1000 PPDRI mis en place jusqu’à la fin de l’année 2003, est modeste par rapport à l’état du monde rural, tel qu’il a été révélé par la Conférence nationale de lutte contre la pauvreté et la marginalisation, tenue au mois d’octobre 2000. Plusieurs milliers de projets de proximité doivent être mis en effet en place pour parer à la dégradation du monde rural, quoique d’importants efforts aient déjà été déployés pour redynamiser et « moderniser le monde rural40 ».

40 Pour plus de précision sur les actions de modernisation du secteur agricole des dernières années, conférer A.

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