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L’ANALYSE REGIONALE A Les zones choisies

Imoula 1. Projet de gestion et d'incinération des ordures du centre d'Imil et des villages 2 Projet de soutien en santé, achat d’une

2. La structuration du territoire

La structuration du territoire ou sa construction est basée sur deux processus complémentaires : * La valorisation d’une ou plusieurs ressources territoriales (la notion de panier de biens) à travers une ou plusieurs activités structurantes

* L’organisation des acteurs et leur capacité à mobiliser l’action collective114 en vue du

développement de leur territoire (notion d’intentionnalité).

Nous retrouvons là les éléments du processus classique d’identification des ressources spécifiques, de création d’activités à partir de ces ressources et de l’organisation des acteurs autour de ces ressources.

Les deux ressources territoriales essentielles sont le tourisme et l’activité agricole, spécialement l’arboriculture fruitière.

- La zone a hérite d’une ressource potentielle fruit de son histoire particulière. Le relief, le paysage et la culture de la zone ont exercé leur attrait et fascination sur les français alors citoyen

de l’autorité occupante. Dès le début des années 30, les ingrédients du développement d’un tourisme de montagne étaient déjà là. Actuellement, la transformation de cet héritage à travers le développement de la ressource touristique (paysage de montagne, patrimoine culturel, etc.) est devenue une motivation partagée des principaux acteurs associatifs. Mais la valorisation de cette

114 M. Mahdi, 2006. « Douar et construction sociale du territoire », in Développement rural, pertinence des territoires

ressource s’inscrit dans un processus global de changement de la région qui touche au changement du système de production et d’activité de la vallée de manière générale.

- La deuxième ressource est constituée par le potentiel en eau et terre existant, certes limitées, mais que la population a su valoriser à travers l’intensification que permet l’arboriculture fruitière. L’introduction des cultures marchandes intègre l’agriculture locale dans l’économie nationale et assure des revenus monétaires substantiels. La pomme a remplacé l’orge qui assurait sa nourriture à l’homme et à l’animal et servait aussi d’ingrédient dans les repas sacrificiels, et remplissait des fonctions distributives à travers le don et le partage.

Mais si l’activité touristique a permis l’organisation des acteurs dans des associations autour de quelques activités ou projet pour sa promotion, il y a absence d’une telle organisation pour valoriser la production fruitière, à travers l’organisation des producteurs dans des coopératives de commercialisation, de conditionnement, etc. L’organisation d’un festival (moussem) du noyer est une initiative qui pourrait s’étendre à d’autres espèces fruitières.

Mais que doit-on dire de la ressource humaine ? Il faut pour cela des enquêtes plus fines et appelant d’autres outils d’investigation. Des récits de vie, des biographies, des trajectoires d’individus permettront de pénétrer et mieux comprendre les multiples projets individuels d’où découlerait, suivant la perspective de l’individualisme méthodologique, le projet collectif du territoire.

La petite localité d’Imlil s’est mue en l’espace de deux décennies en un espace structurant le développement. Elle est porteuse d’une logique territoriale qui s’explique par son privilège de position, son homogénéité spatiale et ethnique, le dynamisme de ses hommes, comme cela a été dit.

C’est un territoire, à mi-chemin entre la commune et le Douar. Ce qui n’empêche pas qu’il ait favorisé de nombreuses actions collectives pour la prise en charge de problèmes transversaux, c'est-à-dire, concernant des acteurs émergents partageant des problèmes et intérêts communs et développant une conscience commune du territoire (Lblad, Tamazirt). C’est ce que suggère la création de l’association bassin d’Imlil. La notion de bassin associée au dénominatif d’Imlil place le territoire désigné à distance par rapport à la notion de vallée et le dénominatif Ait Mizane à connotation clanique. Mais ce n’est là qu’une hypothèse qui tente d’explorer l’inconscient des créateurs de l’association.

Ce niveau de structuration territorial n’a pas encore de reconnaissance juridique. Ce n’est pas encore une collectivité territoriale. Mais nous en décelons les signes précurseurs. Un agent d’autorité, l’adjoint du Caïd, y siège en permanence. Ce territoire connaît par contre le déploiement d’une intense activité économique.

Il est difficile d’assigner un contour physique, une étendue spatiale à la zone et la figer dans une structure territoriale prédéfinie. Imlil est certes un épicentre autour duquel s’agglutine une grappe de Douar. Mais il se prolonge au-delà, tout au long de la vallée d’Ait Mizane jusqu’au sommet du Toubkal. Dans cette structuration du territoire, le Douar, vu son importance démographique et spatial, joue également le rôle de territoire de développement.

La structuration du territoire résulterait alors de l’agrégation des actions collectives (et individuelles) organisé à l’échelle des Douars (structures d’hébergement, etc.) et des actions transversales ou structurante pour la promotion des activités développées autour du centre d’Imlil ou du pays (ce qui est considéré comme un « chez soi commun» et qui transcende l’appartenance au seul Douar115). La structuration du territoire est l’aboutissement d’un travail de construction

entrepris au sein de plusieurs espaces interconnectés et reliés à des espaces plus englobant. (Lieux d’action d’acteurs exogènes, des associations nationales ou internationales qui accompagnent ce travail de structuration et de développement du territoire, par exemple.)

Le mode de gouvernance et de prise en charge des problèmes suit les niveaux de démarcation entre les différents espaces évoqués et les questions d’intérêt considérée. Par exemple, les associations de Douars travaillent pour le développement du Douar. Les associations de métiers défendent l’intérêt de la corporation. Comme nous l’avions exposé, le plus souvent, dans ces territoires que se donnent des acteurs locaux comme cadre de leur action, coexistent et s’imbriquent divers projets portés porté par une multitude d’acteurs : Eaux et forêt, ONG nationale et internationale. Des projets territorialisés, saisies à partir des multitudes d’actions menées par de nombreux intervenants.

Les acteurs endogènes

* La Jmaa’a, qui reste prépondérante dans la gestion des ressources naturelles collectives, les lieux de culte, les relations lignagères.

* Les exploitations familiales (agricole) et d’accueil : les projets de famille * Les individus (les projets individuels, commerce, tourisme, etc.)

* Les associations avec les différentes variantes (corporatistes, de développement, féminine, de douar, de bassins.)

Les acteurs exogènes

*CR, Administration déconcentrées, ONG nationale et internationale. Etc. * Les programmes étatiques de développement sectoriel, comme PERG.

Conclusion

L’approche territoriale appliquée à l’analyse de la région a montré que la petite localité d’Imlil est devenue en l’espace de deux décennies en un espace structurant le développement. Elle est porteuse d’une logique territoriale qui s’explique par son privilège de position, son homogénéité spatiale et ethnique, le dynamisme de ses hommes. C’est un territoire, à mi-chemin entre la commune et le Douar. Un territoire qui a favorisé de nombreuses actions collectives pour la prise en charge de problèmes transversaux et commun à des acteurs. Ces acteurs partageant des problèmes et intérêts communs et développant une conscience commune du territoire (Lblad, Tamazirt). La création de l’association bassin d’Imlil. Espace physiquement indéfini mais servant de repère où les acteurs de la localité se reconnaissent.

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