• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE 4 LA DIVERSITE DES VIEUX VILLAGES CHINOIS

I. Une diversité au niveau architectural

3. Préfecture historique de Huizhou

Bien que le siheyuan et le yaodong soient originaux et impressionnants, d’après beaucoup de gens, le plus bel exemple de l’architecture rurale traditionnelle chinoise est celle de Huizhou.

Cette ancienne préfecture comprenait historiquement six districts, dont cinq se trouvent dans le sud-est de l’actuelle province du Anhui : Shexian, Jixi, Xiuning, Qimen et District de Yi ; un seul dans le nord-est de la province limitrophe du Jiangxi, soit Wuyuan. Elle a une culture originale avec un dialecte parfois reconnu en tant qu’une des subdivisions principales de la langue chinoise41

.

A l’origine, comme les autres régions du Sud et du Sud-Est de Chine, la région faisait partie de l’immense terre des peuples Yues. Comme les villageois préhistoriques de Hemudu (cf. chapitre 2), les Yues bâtissaient leurs maisons sur pilotis pour s’adapter à un climat chaud et humide. La région changea manifestement, au niveau de la population comme de l’habitat, d’abord par la colonisation des Qin (221 – 206 av. J.-C.) et des Han (202 av. J.-C. – 220), puis par les réfugiés descendus successivement du Nord. Durant la longue histoire chinoise, le Nord subissait fréquemment le feu et le sang, alors que le Sud restait habituellement paisible dont Huizhou, à l’époque modérément distancié, idéalement isolé, insuffisamment peuplé, ce qui en faisait l’une des principales destinations des réfugiés. Après une évolution millénaire, les villages anciens de Huizhou, dispersés

41Généralement, malgré une multitude de caratéristiques, le « huizhou » est classé à la grande famille du « wu ».

Et le wu, parlé dans une grande partie de la province du Zhejiang, la municipalité de Shanghai, le sud de la province du Jiangsu, ainsi que dans des petites parties des province de l’Anhui, du Jiangxi et du Fujian, est l'une des divisions majeures de la langue chinoise. Certains considère le wu comme une des langues chinoises plutôt un simple dialecte du chinois.

sur des collines verdoyantes ou au bord des eaux limpides, sont devenus de nos jours des sites pittoresques où s’unifient harmonieusement les paysages naturels et culturels. Aux murs chaulés à blanc et toits de tuiles grises, les maisons sont baignées par des canaux ou des étangs sur lesquels croisent des groupes de canards. Y restant indifférents, des fleurs de lotus se complaisent à vaciller au gré du vent. Sans se presser, un buffle mâche tranquillement sa botte de paille en contemplant l’allure gracieuse des aigrettes de par-delà des rizières lointaines, alors que des fumées de cuisine s’élèvent en volutes au-delà des hauts pignons en escaliers...

Cette évolution est due énormément aux efforts des hommes d’affaires originaires d’ici. Avec les afflux constants, la région montagneuse de Huizhou pauvre en terres cultivables 42 souffrait d’un surpeuplement grandissant. En conséquence, de plus en plus d’hommes quittèrent leur foyer pour faire du commerce ailleurs, notamment dans la région du Jiangnan (cf. paragraphes suivants). Commençant à manifester ses talents au Xe siècle, cette colonie connut durant les dynasties Ming et Qing, une longue prospérité sans précédent avec une extrême puissance économique régionale et nationale associée étroitement aux forces claniques et politiques. Poussés par une mentalité profondément enracinée chez le peuple chinois qu’est de rentrer au pays natal après avoir fait son chemin pour faire honneur à ses ancêtres, les commerçants ayant réussis apportèrent leur fortune au village natal et y édifièrent de belles résidences. D’ailleurs, ils contribuèrent énormément au bien-être du village par la construction et le maintien des travaux publics en particulier, par exemple, temples des ancêtres, portiques honorifiques, écoles, chemins, ponts, kiosques, systèmes de canalisation, etc.

Se distinguant par une haute culture confucéenne de leurs confrères originaires d’autres régions, les commerçants de Huizhou apportèrent un goût d’excellence aux villages de sorte que ces derniers présentent des caractéristiques marquantes que l’on appelle «l’école de Huizhou » ou « le style de Huizhou ».

Dans l’histoire de Huizhou, la conception des villages se conforme strictement à la théorie de feng-shui (cf. chapitre 3) et à l’éthique confucéenne. Les villages sont construits communément parmi des collines ensoleillées et des eaux limpides, inspirant des sentiments élevés et délicats. Pour retenir l’eau qui joue un rôle extrêmement important dans le feng-shui et symbolise la richesse et le temps, les villageois plantent à l’endroit où elle sort du village des arbres et y montent quelques constructions telles que digue, pont, pavillon, temple, tour ou autres. Tous ces

42D’après un vieux dicton datant des Ming, la terre cultivable ne représentait même pas un dixième du total de la

éléments constituent une espèce de petit jardin public et forment une belle façade du village, c’est ici que se trouve l’entrée de celui-ci.

A Huizhou, pratiquement chaque village possède des portiques commémoratifs à l’extérieur et des temples des ancêtres à l’intérieur. Un village est souvent un peuplement d’un seul clan, parfois de deux ou trois clans, exceptionnellement de plus de trois. Chaque clan construit son propre temple des ancêtres. Au cas où un clan est important au point de se diviser en quelques souches, qui peuvent d’ailleurs encore se subdiviser pour la même raison, il y aura autant de temples de deuxième ou troisième rang ajoutés.

Les résidences sont bâties autour de ces temples. Abritant chacune une grande famille, elles sont généralement grandes, à double étages et de type sanheyuan. Ici, chaque sanheyuan est un ensemble de constructions arrangées sur l’axe nord-sud autour d’une cour rectangulaire. Au milieu du côté nord se situe la salle principale (zheng ting) appelée aussi la salle des ancêtres (zu tang). Ayant la face du rez-de- chaussée toute ouverte vers la cour, elle est flanquée par deux pièces destinées aux parents et grands-parents, membres les plus respectés dans une famille chinoise. Il existe ensuite, à l’est et à l’ouest, deux maisons latérales abritant des générations plus jeunes. Enfin un mur écran s’élève en face de la maison principale, protégeant jalousement l’intimité des habitants. Avec toutes les hautes maisons d’autour tournant le dos à l’extérieur, chaque cour forme un espace parallèlepipédique à ciel ouvert que l’on appelle « tian jing » (puits du ciel) . D’une beauté symétrique, cette cour de base, petite relativement à celle du Nord, peut être suivie chez les familles aisées, d’autres cours aussi symétriques. Ainsi se compose un grand ensemble fort ordonné parfois gigantesque, par exemple, s’étalant dans le village de Tangyue au district de Shexian, la fameuse résidence « Bao Yi Tang » (littérairement « Maison de la Sauvegarde de la Justice ») contient 36 cours et 108 pièces !

Les résidences de Huizhou semblent modestes à l’extérieur, mais ont toujours un intérieur délicatement décoré de bois ciselé. Certains motifs de ciselure paraissent simples et d’autres complexes. Chez les familles riches, de fines ciselures peuvent se réaliser en plusieurs stratifications de la plus superficielle à la plus profonde sur un seul bois. Le même art divin est également appliqué sur pierre et sur brique.

D’une haute valeur esthétique, historique et scientifique, les villages anciens de Huizhou sont l’illustration vivante d’un type de peuplement humain apparu à l’époque impériale et basé sur une économie marchande prospère. Ils peuvent être considérés comme les meilleurs représentants de tous les types de peuplements non urbains traditionnels de Chine.

Photo 4-4 : Le village de Hongcun

Villages et bourgs représentatifs : Xidi, Hongcun, Nanping (district de District

de Yi), Tangmoet Chengkan (banlieue de la ville de Huangshan), Tangyue (district

de Shexian), Xiaoqi, Likeng (district de Wuyuan).

Outline

Documents relatifs