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CHAPITRE 8 PARADOXES CHINOIS SUR LA PROTECTION DES VIEU

III. Les origines des paradoxes

Certes, on pourrait attribuer ces paradoxes aux défauts de la politique, aux erreurs et négligences dans l’application des rénovations. Mais ce n’est pas tout, il y a encore des origines plus profondes. En somme, les vieux villages sont apparus et existent seulement dans la civilisation agricole. À l’époque agricole, la plupart des villages chinois sont basés sur l’agriculture, même pour une partie des villages connus pour le commerce, l’artisanat, le transport ou la carrière officielle. « Un village, c’est un système, un cercle

de vie, de culture et d’économie, c’est une petite société vivante »(Chen Zhihua, 2008.

Cependant, au fur et à mesure que la Chine quitte la civilisation agricle, la disparition des villages traditionnels est un fait évident qui s’accélère encore(Wang Dongfang, 2012. Même pour les vieux villages répertoriés, l’exode rural devient de plus en plus important.150

Selon les enquêtes menées par l’Equipe de recherche sur « l’accélération de la construction du système des services culturels publiques » (2013) dans les cinq provinces du Centre et de l’Ouest de Chine, les changements aux villages chinois se résument dans les points ci-dessous.

A. Les ressources économiques: de l’agriculture à l’industrie. Depuis la Réforme et l’ouverture, avec le développement économique et sur la demande des villes, une masse de paysans afflue aux villes. Ces paysans ont transformé le paysage des villages, les activités économiques des villages sont surtout dans les domaines industriels. Selon ces enquêtes, le pourcentage des ressources venues de l’industrie est supérieur à celui de l’agriculture. Les activités économiques sont multiples, l’agriculture n’est plus au premier rang.

B. Les écarts sociaux: de la société familière à la société étrangère ( Fei Xiaotong, 1948. La Chine évolue de l’agriculture totale à la mi-agriculture. Les modes de vie, les structures, les esprits et les valeurs, tout cela a subi des changements profonds et compliqués. Après le départ des paysans, la vie originale des villages est détruite, les maisons sont souvent vides, abandonnées. Les jeunes quittent les villages pour travailler, seulement les femmes, les vieux et les enfants restent. Les relations humaines ont beaucoup changé, les gens vivent comme des étrangers, les relations économiques occupent une place de plus en plus importante. La fonction de la famille diminue, la distance humaine s’agrandit.

C. Les cultures: de l’oubli à la disparation. Les villages vivent le choc culturel maintenant. Les cultures villagoises basées sur la civilisation agricole se tranforment en cultures modernes. Les jeux traditionnels sont remplacés par la TV; les festivals et les cérémonies se simplifient peu à peu; les rites traditionnels ne se pratiquent plus dans la vie et sont influencés par

150Bi Zhonglin. Où est l’issue pour la protection des vieux villages dans le processus de l’urbanisation (Chengshihua

l’économie. Les activités traditionnelles telles que fêtes traditionnelles sont visiblement diminuées.

D. L’architecture et l’espace: les maisons anciennes sont rénovées. Les paysans placent souvent leur maison près de l’autoroute, s’éloignent du centre du village, qui devient ainsi de plus en plus vide. Les temples religeux et les temples des ancêtres du village tombent en ruine, la terre cultivable diminue sans cesse.

Puique ces facteurs qui ont formé les villages chinois ont déjà changé, puique les racines des villages n’existent plus, comment pouvons-nous réclamer l’existence des villages?

Beaucoup de chercheurs surtout des spécialistes du patrimoine adoptent une attitude critique sur la mise en tourisme des vieux villages. Ils croient que la mise tourisme apportera un impact négatif aux vieux villages. Citons ici quelques-uns de leurs arguments : la sur-commercialisation, la décadence des valeurs, le changement de l’aménagement, la modification de la fonction architecturale, la « disneylandisation » du village, la destruction touristique, etc. (Zhang Anmeng, 2006). Mais si l’on examine ces accusations de façon plus approfondie , on trouve que ces arguments portent à faux. Plutôt que des « crimes » du tourisme, ces phénomènes sont les résultats d’un aménagement inadéquat et d’une direction inefficace. Sans aucun doute, la valorisation touristique est une des méthodes efficaces par lesquelles on pourrait maintenir l’existence des anciens villages et leur rendre plus d’animation. De plus, ces anciens villages ne sont pas stables en eux-mêmes. Selon ce que Chen Hui (2009) a déjà montré, les vieux villages sans mise en tourisme, ayant subi le changement des politiques, des structures sociales, des valeurs, ont connu la même situation.

Mais, il est aussi impossible de reconstruire les vieux villages idéaux par la mise en tourisme, comme ce qu’ont proposé des chercheurs tels que Liu Jialong(2013. Marx a déjà dit : « les bases économiques décident les superstructures ». Si les villages étaient mis en tourisme, leur énonomie serait basée, partiellement ou totalement, sur le tourisme, non l’agriculture. Ces genres de villages ressembleront-ils aux villages traditionnels? On en doute. D’ailleurs, on est déjà dans une époque ultra-moderne où la communication et le transport se sont beaucoup améliorés, les villages idéaux et isolés sont seulement un mythe intouchable.

C’est pourquoi on a encore beaucoup à faire dans la protection des vieux villages. A l’étranger, depuis le 20e

siècle, on protège les villages par les commerces, dont la partie essentielle est le tourisme (Zhang Wanling, 2011). Pour nous, la mise en tourisme sera aussi un choix pour maintenir l’existence substantielle et ranimer les vieux villages.

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