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La naissance des premiers villages en Chine

CHAPITRE 2 LA NAISSANCE ET L’EVOLUTION DES VIEUX VILLAGES ET

I. La naissance des premières agglomérations au néolithique chinois

1. La naissance des premiers villages en Chine

Une agglomération est « un groupe d'habitations, constituant un village ou une

ville indépendamment des limites administratives.»4 Elle n’est pas quelque chose de

naturel, mais due au travail de l’homme. En effet, l’homme l’a créée à un moment donné, une fois le développement de la société parvenu à un certain niveau.

Durant la longue période paléolithique, l’homme vivait de la cueillette et de la chasse. Ces deux activités obligeaient les hommes à vivre une vie nomade.

La période néolithique est définie par l’historien et archéologue français Michel Brézillon comme « la phase du développement technique des sociétés humaines

correspondant à leur accession à une économie productive » (extrait du dictionnaire

encyclopédique Larousse, 1979, p. 969). Cette période peut, « par cet aspect socio-

économique, être considérée comme révolutionnaire, bien plus que par l’emploi de la pierre polie, d’où elle tire son nom [...]; l’élevage et surtout l’agriculture sont à l’origine de la sédentarisation de l’homme, de son établissement en communautés villageoises et, par là même, de l’architecture. Il semble que le néolithique se soit diffusé à partir de plusieurs foyers, dont les principaux sont situés en Amérique centrale, dans le Sud-Est asiatique, en Chine et au Proche-Orient, où les premiers établissements remontent à environ 8 000 avant J.-C. » (dictionnaire encyclopédique

Larousse, 1979, p. 969), ainsi que le rappelle le dictionnaire encyclopédique Larousse.

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Quelques siècles avant notre ère, Mozi5 (2008) a démontré que les peuples de la haute Antiquité s’installaient sur les coteaux et tertres. Les coteaux et les terrasses sur l’eau ainsi que les petits bassins entourés des montagnes constituent les principaux berceaux de l’agriculture chinoise. Il s’agit de lieux qui possèdent des terres cultivables, et permettent à l’homme de profiter dans la mesure du possible de l’eau en parant aux crues.

Cela s’est confirmé lors de la découverte de nombreux sites archéologiques néolithiques dispersés dans différentes régions chinoises. Parmi ces vestiges apparaissent les premières agglomérations chinoises, on peut citer :

- le site de Pengtoushan (7100-5800 av. J.-C., district de Lixian, province du Hunan), situé sur une terrasse au bord de la rivière Li

- le site de Houli (6200-5800 av. J.-C., district de Linzi, province du Shandong), situé sur le coteau est de la rivière Zi

- le site de Xinglongwa (6200-5400 av. J.-C., district de Aohan, Mongolie Intérieure), situé sur le coteau ouest de la rivière Mangniu

- le site de Beigang au villaged’Egou (6000-5700 av. J.-C., district de Xinmi, province du Henan), situé dans un bassin triangulaire entouré de montagnes, les rivières Shou et You y confluent en offrant une terre fertile

- le site de Dadiwan (5800-3000 av. J.-C., district de Qin’an, province du Gansu), situé sur une terrasse au bord de la rivière Qingshui ;

- le site de Peiligang (5500-4900 av. J.-C., district de Xinzheng, province du Henan), situé sur une terrasse contournée par la rivière Shuangji ;

- le site de Cishan (5400-5100 av. J.-C., district de Wu’an, province du Hebei), situé sur une terrasse de 25 m en haut du lit de la rivière Ming ;

- le site de Yangshao (5000-4000 av. J.-C., district de Mianchi, province du Henan), situé sur une terrasse en loess limitée par des montagnes calcaires au nord et deux petites rivières à l’est, à l’ouest et au sud ;

- le site de Daxi (4400-3300 av. J.-C., district de Wuxian, municipalité de Chongqing), situé près de la sortie de la gorge Qutang (une des Trois Gorges du Yangtsé), sur une terrasse à la confluence du Yangtsé et de la rivière

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ou Mo-Tseu (479-381 av. J.-C. ?), signifie « maître Mo », grand penseur chinois de la Période des Royaumes Combatants (475-221 av. J.-C.), successeur de Confucius et créateur du moïsme, se rapproche du théisme et condamne énergiquement les guerres féodales, les luttes entre grandes familles, les dépenses somptuaires et la misère du petit peuple. Il est partisan de la justice et d’un pouvoir autocratique qui s’appuierait sur la classe pauvre et proche de la paysannerie dont il est lui-même issu. Son école connaît un grand retentissement et devient une secte organisée pour arrêter les guerres et défendre les cités injustement attaquées. De nombreux prédicateurs lui succèdent, recrutent des néophytes et tentent de convaincre les puissants de leur injustice et de leur impiété. Les disciples et les héritiers de Mo-tseu sont les premiers à poser les principes de la dialectique.

Daxi ;

- le site de Yedian (4200-2700 av. J.-C., district de Zoucheng, province du Shandong), situé sur une plate-forme limitée par la rivière du Dragonau sud et par la montagne Yi au sud-est ;

- le site de Majiayao (3100-2700 av. J.-C., district de Lintao, province du Gansu), situé sur une terrasse de la rive ouest de la rivière Tao ;

- le site de Qujialing (3000-2600 av. J.-C., district de Jingshan, province du Hubei), situé dans un bassin triangulaire où confluent deux petites rivières.

Se regroupant dans ces villages permanents, de petites communautés humaines y développent l'agriculture en complément de la chasse, de la pêche et de la cueillette, puis pratiquent l'élevage et enfin cultivent les arts du feu (notamment la poterie et la métallurgie du bronze), du jade et de la soie.

L’archéologue chinois SHI Nianhai (1981), après avoir étudié tous les sites néolithiques des bassins des deux principaux affluents du fleuve Jaune, la Wei et la Jing, a fait le bilan suivant :

- Aucun de ces sites ne s’éloigne de la rive au-delà de trois li6;

- Ces sites longent plutôt les petites ou moyennes rivières que les grandes ; - Les habitants de l’époque s’attachaient pendant très longtemps aux rives

fertiles, tardant à gagner les plateaux plus élevés ;

- Le site est choisi selon la hauteur des crues et les hommes évitaient de construire leurs villages dans les endroits risquant les inondations.

L’archéologue cite l’exemple du bassin de la rivière Wei considéré comme le berceau de la civilisation chinoise. La Wei traverse la banlieue nord de Xi’an. Sur les rives de cette section il n’existe aucun site archéologique ayant l’air d’une agglomération. Dans la même région, on en trouve beaucoup le long des affluents de cette grande rivière tels que les rivières Feng, Chan, Yu, Ba et Lao. Dans le Bas-Wei, les sites longent quasiment tous les ruisseaux serpentant dans les vallées des Montagnes Qinling (ou Ts’in-ling) ; mais sur la Wei même, il n’y en a aucun.

L’inventaire de « Guo Yu » (Histoire des Pays) est conforme à ce bilan. Selon cet ouvrage d’histoire datant de la dynastie Zhou Occidentaux (1046-771 av. J.-C.) classé parmi les plus anciens, les empereurs Yandi7 et Huangdi8, deux ancêtres de la

61 li = 500 mètres

7Yandi parfois appelé Chidi (empereur rouge). Souverain mythique de l’antiquité chinoise est considéré avec

nationalité chinoise, auraient installé leur clan respectivement au bord des deux petites rivières Jiang et Ji dans le bassin du fleuve Jaune. Les noms des rivières donneront ensuite le nom à ces deux clans qui vivaient tous deux de l’agriculture. Perpétués jusqu’à nos jours, Jiang et Ji sont effectivement les deux noms de famille les plus anciens de Chine.

a. Les villages chinois du néolithique inférieur

A partir des découvertes archéologiques, les chercheurs croient que les agglomérations chinoises du néolithique inférieur étaient réparties sous la forme de liane en considérant la rivière comme tige et les villages comme feuilles.

La distance entre deux sites voisins se situe entre un li et plus de trois li. La dimension d’une agglomération de l’époque était communément plus grande que celle d’un village de nos jours. Par exemple le site du village Yijia (district de

Xianyang, province du Shaanxi) compte 1,31 km2 et celui du village Xiguan (district de Huayang, province du Shaanxi) 0,92 km2, tous les deux sont plus grands que les villages voisins contemporains. Cela s’explique par le fait qu’à l’époque, le rendement de la terre était beaucoup plus faible qu’aujourd’hui, et par conséquence la main-d’oeuvre de l’époque devait cultiver plus de terre que ses descendants pratiquant l’agriculture intensive.

De plus, l’agglomération de l’époque disposait de plusieurs fonctions telles que celles d’habitation, de production et de protection, il est donc compréhensible qu’elle demanda une parcelle de terre plus grande.

b. Les villages chinois du néolithique moyen

Han. Il est souvent associé à Shennong, ou considéré comme un de ses descendants. Une opinion moins répandue voit en lui Zhurong le dieu du feu, du fait de son nom (yan, « incendie »).

8Huangdi selon les Mémoires historiques (Shiji) de Sima Qian (IIe siècle av. J.-C.), l’un des Cinq empereurs, les

souverains mythiques de l’antiquité chinoise. Il aurait régné de 2697 ans à 2598 ans av. J.-C.. Il est considéré comme le père de la civilisation chinoise. Rarement mentionné dans les classiques, il doit sa place dans le taoïsme au courant de philosophie politique huanglao particulièrement influente au début des Han occidentaux, pour qui il représentait le souverain idéal. Divinisé, il est resté après la disparition du huanglao un dieu taoïste. Des spécialistes comme S. Papillon reconnaissent dans son mythe les traces d’une influence tokharienne. Selon certaines sources, il est l’un des Trois augustes souverains.

Occupé environ de 4800 à 4300 avant J.-C., le site de Banpo en banlieue de Xi’an, dans la province du Shaanxi, est un village typique de la culture Yangshao9

. Etendu sur une terrasse dominant la rivière de Chan, un affluent de la Wei, il couvre une superficie de 50 000 m2 où vivait une tribu primitive qui comportait 500 à 600 membres. Le village comprenait 45 maisons semi-souterraines ou de plain-pied, rondes ou quadrangulaires, dont les entrées étaient orientées au sud. Mesurant dans les 5 mètres de diamètre ou de longueur, elles étaient construites en bois et en torchis. Le sol était en terre battue au centre duquel se trouvait le foyer. Un édifice de 160 m², qui avait certainement un usage communautaire, avait été bâti au milieu du village. Une fossé circulaire de 6 m de profondeur protégeait les habitants et jouait un rôle dans l'irrigation. A l’est, il y avait quelques fours de potiers, et au nord, une nécropole de 250 tombes.

Photo 2-1 L’image imaginaire du site de Banpo Source : Le musé du site de Banpo

9 Village de la province du Henan, devenu éponyme d’une phase du néolithique situéeaux alentours du IIIe

millénaire caractérisée par une poterie polychrome et des habitations rondes ou rectangulaires, aux murs d’argile, groupées en villages. Cette culture appartenait à des agriculteurs-éleveurs qui pratiquaient encore la chasse et la pêche et possédaient des coutumes funéraires.

Les chercheurs se sont rendus compte que ces villageois cultivaient divers céréales (le millet en particulier) et des légumes, qu’ils élevaient des porcs et des chiens, et trouvaient dans le poisson une ressource alimentaire supplémentaire.

Le site de Banpo est un modèle révélateur des agglomérations du néolithique moyen du bassin du fleuve Jaune. Pour celles du bassin du fleuve Yangtsé, le site de

Hemudu dans le district de Yuyao, à l’est de la province du Zhejiang, est le plus

caractéristique.

Situé au pied d’un monticule dominant un marais, le site a été occupé environ de 5 000 à 3 000 ans avant J.-C.. Couvrant une superficie de plus de 40 000 m2, il s’incline légèrement vers le Sud-Ouest. « On y a retrouvé les restes d’un habitat

lacustre en bois monté sur pilotis; un type de construction totalement inconnu jusqu’alors et bien différent des maisons en terre de la Chine du Nord.[...] La construction des maisons implique le recours à de savants assemblages en bois à tenons et mortaises.»10 L’outillage en bois et en os l’emporte sur l’outillage en

pierre. En plus de la pratique de la chasse et de la pêche, les habitants de Hemudu élevaient des porcs, des chiens et des buffles. C’est ici qu’ont été découverts les plus anciens grains de riz cultivés et les plus anciennes navettes pour le tissage.

Ces deux exemples montrent les deux différentes voies de développement des agglomérations dans le Nord et le Sud de Chine. Résultant des différentes conditions géographiques et climatiques, ils possèdent cependant de caractéristiques communes :

- Elles sont composées de quatre éléments : habitations, caves, fours de poterie et cimetière. Les agglomérations du néolithique moyen chinois étaient polyvalentes, à la fois lieux de vie, de production, de stockage et de sacrifice. - Les habitants de l’époque avaient déjà le sens de la planification et de l’organisation spatiale du village : la maison la plus grande se situe en plein centre du village, toutes les autres maisons l’entourent et ouvrent leurs portes vers elle. De là, on voit bien une communauté centralisée, centripète et solidaire.

- Généralement, une maison ne comprend qu’une seule chambre dans laquelle s’installe un large «lit», une espèce de proéminence rectangulaire sur lequel chaque adulte féminin de la communauté devait mener sa vie en couple. La chambre est tellement petite que l’on aimerait croire que chacune n’était habitée que par un seul couple. Dans certains sites, on voit quand même des maisons comprennant deux chambres dont la plus grande est divisée en

plusieurs compartiments.

- Chaque maison comprend déjà des espaces principaux, des espaces tampons et auxiliaires, c’est-à-dire qu’elle a un certain ordre spatial. En plus, elle a un toit versant à colonnes en bois, donc ayant grosso modo la même structure que les maisons chinoises du siècle passé.

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