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Patrimoine historique de la psychologie sociale

CHAPITRE 10 MAIS POURQUOI LE TOURISME ?

I. Circonstances historiques et sociales de Xidi

3. Patrimoine historique de la psychologie sociale

Freeman (Freeman et al. 2002:372) constate que les pensées et les actions des paysans chinois suivent les habitudes et les règles laissées par le clan, la religion et le village, et sont influencées par les normes traditionnelles formées dans une longue période. Zhou Xiaohong (1998:310) indique également lors de ses recherches sur la psychologie sociale des villages du Jiangsu et du Zhejiang que la personnalité traditionnelle et les actions sociales des paysans résultent de la culture agraire chinoise dès mille ans ; il est par conséquent impossible de complètement éliminer d’un seul coup. Ces deux conclusions peuvent s’appliquer au cas de Xidi. En raison du système de clan patriarcal féodal persistant depuis quelques décennies et de l’économie de la communauté marchande de Hui glorieuse à l’époque, la situation psychologique sociale de Xidi possède d’un côté un attribut spécial doté de l’histoire économique régionale et présente d’un autre côté des caractéristiques communes des sociétés rurales traditionnelles chinoise, telles que « la société relationnelle » et « le modèle de la différence de séquence » proposées par Fei Xiaotong.

« La société relationnelle » est un concept classique proposé par Fei Xiaotong afin de décrire la structure relationnelle du quotidien social dans un espace rural chinois. Dans une société relationnelle, d’une part, les villageois se reconnaissent des compétences et la personnalité de chacun ; d’une autre part, le crédit et les règles s’établissent sur la connaissance, personne ne veut ou n’ose franchir ces normes, sinon il sera sanctionné par tout le monde (qui le connaît). Néanmoins, He Xuefeng (2000) indique qu’à partir de la Réforme économique chinoise, voire à partir de la Réforme foncière après l’établissement de la Chine, les espaces ruraux chinois se transformaient progressivement de « la société relationnelle » à « la société demi-relationnelle » puisque les villageois appartiennent à un même village administratif, mais habitent dans des villages naturels différents, ce qui provoque une méconnaissance sur la personnalité et les expériences entre les villageois, certains ne connaissant même pas le nom d’autres villageois. Les caractéristiques de « la société relationnelle » se transforment donc d’une manière remarquable.

Dans une société demi-relationnelle, le degré de connaissance entre les villageois diminue : de l’accord unanime à l’existence des voix opposées mineures, de règles et crédit naturels aux engagements et règlements négociés, de la pression de l’opinion

publique à la pression du système, de l’accord du village naturel à la sélection (ou désignation) du village administratif, du règne du rite au règne de la loi, de l’absence de litige à l’engagement, de l’inaction à l’action (les compétences se justifient par le résultat administratif), de la supervision des doyens au management des personnes compétentes (He Xuefeng, 2000).

En effet, « la société demi-relationnelle » entrevoit la transformation de la philosophie et de la modalité des paysans chinois. Elle peut être considérée comme un signe de la modernisation des structures et relations sociales dans des espaces ruraux. Par exemple, les paysans chinois ne suivent plus la tradition de l’absence de litige à cause de la peur de l’accusation ou de l’embarras relationnel, mais possèdent de la conscience individuelle préliminaire, osent proposer des opinions opposées, exprimer et lutter pour des intérêts personnels, en utilisant des outils du système (tels que l’engament, les règlements, la législation) pour protéger ces intérêts.

« Le modèle de la différence de séquence » vient de l’analyse comparative de la structure de la société rurale traditionnelle chinoise et celle occidentale par Fei Xiaotong (1948:24-30). Il considère que la structure de la société rurale chinoise n’est pas comme « les menus morceaux de bois clairement attachés, mais comme les rides à la surface de l'eau qui s’élèvent par un jet de galet », par cela, il indique que les relations sociales mettent au centre soi-même, comme un jet de galet dans l’eau, tout le monde n’est pas sur la même géométrie plane, les relations sociales sont comme les rides à la surface de l’eau, s’étendent avec le mouvement d’eau et s’atténuent progressivement. Cela montre les caractères essentiels de la structure sociale chinoise. Le confucianisme met au centre de la préoccupation les relations humaines, mais que veulent dire les relations ? Les relations partent de soi-même, sont les différences de séquences ayant lieu au milieu de la population en contact (Fei Xiaotong, 1948:27).

Après Fei Xiaotong, en fonction des circonstances réelles après l’établissement de la Chine, les sociologues analysent et expliquent de nouveau les caractères psychologiques sociaux de la société actuelle chinoise aux espaces ruraux. Zhou Xiaohong (1998:68-79) synthétise les caractères psychologiques sociaux des paysans traditionnels chinois par les quatre aspects suivants : primo, l’inclination de l’égalitarisme, cette inclination psychologique sociale est basée sur l’économie naturelle caractérisée par l’unité d’un foyer, autrement dit, elle a une relation étroite avec les activités agraires ; secundo, l’inclination du conservatisme, les petits paysans sont incapables d’accumuler la richesse à cause d’une production agraire limitée, ce qui leur rend faible face aux risques, de plus, la société rurale est généralement hostile et jalouse aux riches, en ajoutant une méconnaissance du monde d’extérieur, les paysans sont pessimistes et conservateurs, ils préfèrent suivre les habitudes et tout le monde sans être hors société ; tertio, l’inclination de l’utilitarisme caractérisé par la praticité et la restriction, dont la cause essentielle est le mode de vie simple et élémentaire des paysans, qui, avec une vision fataliste, se croient

incapables de maîtriser son destin et se trouve défaillis face aux forces naturelles et sociales, ils n’ont pas beaucoup d’espoir pour l’avenir, et attachent un grand prix aux intérêts du court terme ; quarto, l’inclination de la fermeture sociale caractérisée par l’introversion et la répression, la sphère des échanges sociaux est restreinte, en général se limite dans quelques villages à proximité, cela consiste un cercle de vie étroit des villageois, dans lequel des principes spéciaux guident les normes des échanges quotidiens. Zhang Xiaoming (2006) complète cette pensée avec un cinquième point, l’inclination vague de l’auto-identification est évidente parmi les villageois. Lors d’un conflit d’intérêts au sein d’un village, les villageois s’attachent à une certaine fraction à partir de leur propre jugement ; face à un autre conflit d’intérêts, ils soit entrent à une autre fraction, soit reste toujours à la même fraction, à partir du jugement basé sur les « différences de séquence ». Par exemple, bien que la confiance et le soutien des villageois consistent la ressource de l’autorité des élites traditionnelles, ces dernières ne restent pas toujours fidèles à la position des villageois. Quand certaines deviennent élites du système ou élite de l’économie, elles peuvent se mettre à l’encontre de la position des villageois, et deviennent l’opposé des nouvelles élites. Cette position versatile démontre non seulement des caractères philosophiques des villageois traditionnels chinois, mais aussi offre un angle d’analyse afin de comprendre des problématiques telles que les conflits à l’intérieur d’un village, d’une famille, voire les plaintes auprès de l'autorité supérieure ou les actions en justice.

Cheng Guiming et Zhu Qizhen (2000:106) ont indiqué qu’avant la Réforme économique chinoise, les paysans considérèrent les échanges marchands comme des activités purement morales, ils ne pensèrent pas aux profits de ces échanges, les compétences commerciales restèrent au niveau primitif, ils négligèrent les gains raisonnables en suivant les lois de valeur. Ce point de vue peut s’appliquer à certaines régions en Chine, notamment les endroits où l’agriculture traditionnelle reste principale. Cependant, la population de Xidi est la descendance des commerçants Hui, l’histoire glorieuse de leurs ancêtres les éveille un goût prononcé au commerce, ils le comparent même aux études, l’activité traditionnellement considérée la plus honorable en Chine, tout comme décrit le couplet antithétique suivant trouvé à Xidi :

C’est bien de faire les études ou de se mettre au commerce, l’important est le résultat ;

C’est difficile de commencer les affaires et de maintenir la richesse, mais cette difficulté se diminue une fois que l’on en rend compte.

La conscience commerciale ancrée à la population de Xidi peut être entrevue clairement à partir de cette comparaison entre les études et le commerce. Ils font du commerce pour retirer des profits à travers les échanges, leur compétences commerciales sont bien plus développées que le niveau primitif. Malgré quelques années du lavage de

cerveau par les mouvements politiques, la population de Xidi garde toujours leur conscience commerciale entêtée et se désintéresse de l’agriculture traditionnelle et de l’industrie, ainsi, les réformes agraires n’ont pas eu d’efficacité voire a subi un échec à Xidi. Jusqu’après le milieu des années 80, l’économie de Xidi a relancé grâce au tourisme, tout le village est dans les affaires, les boutiques, restaurants et hébergements se développent rapidement.

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