• Aucun résultat trouvé

Chapitre 1. Le CESAP Éprouver la possibilité du soin pour les « arriérés profonds »

3. Déconstruire les notions « d’inéducables » et « d’irrécupérables » par l’épreuve de la réalité :

3.2. De l’équipe médico-sociale à un dispositif médico-social

3.2.4. La constitution d’un ensemble médico-social

Durant les 6 premières années de son action, le CESAP met en place un certain nombre de services, depuis les consultations spécialisées jusqu’à l’internat. Si ceux-ci sont développés par le CESAP en fonction des demandes et des besoins des enfants et de leurs familles, tels qu’ils sont identifiés au travers des consultations spécialisés, ces services sont aussi organisés et articulés les uns aux autres. Les consultations spécialisées sont le point de départ et le pivot de ce que le CESAP formalise sous le nom « d’ensemble médico-social ». Elles en sont le point de départ car c’est à partir d’elles que d’autres modalités de prise en charge sont imaginées et mises en place ; elles en sont le pivot car tout enfant pris en charge par l’un des services du CESAP, doit passer par la consultation spécialisée qui l’oriente. Cet « ensemble médico-social » est décrit dans un rapport daté de 1967 :

« Le but de l’Association, et en particulier de son Conseil Scientifique, a été en cette année 1965 d’établir un programme d’action qui soit homogène et qui réponde à la plupart des besoins.

Le Conseil Scientifique s’est donc attaché, parallèlement à la mise en route d’enquêtes dont les buts sont d’une part de recenser les besoins, d’autre part de prospecter les moyens existants, de constituer un "ensemble" médico-social destiné à faire face et à répondre aux problèmes posés par les enfants arriérés profonds et à leurs familles.

La base de cet ensemble se situe dans les consultations spécialisées où le petit enfant peut être présenté dès ses premiers mois pour y être examiné en vue d’un bilan.

Dès cet instant des moyens sont mis en œuvre pour venir en aide moralement et matériellement à la famille. On envisagera :

Soit une aide dans le milieu familial par l’affectation d’une travailleuse familiale spécialisée quelques heures par semaine,

Ou par l’admission en hospitalisation à domicile si l’état de l’enfant le requiert, Soit une aide extérieure par l’admission dans une crèche garderie ou par

l’admission dans une « halte » quelques heures par semaine, soit surtout, chaque fois que cela sera possible, en dirigeant l’enfant vers un "Centre d’observations et de soins" qui observera, étudiera le cas de l’enfant, qu’il soit externe ou interne, tentera de l’éduquer, choisira pour lui la solution convenant à son cas

particulier » (Activités du CESAP depuis la création, Projet, 1967, p.11, Archives

CESAP, souligné dans le texte).

Le Centre d’Observation et de Soins dont il est question à la fin de la citation, peut- être lui, considéré comme un ensemble médico-social en lui-même. Élaboré et transmis au Ministère des Affaires Sociales dès 1965, le projet de ce Centre d’Observation et de Soins est inscrit au Vème Plan. Il rassemble, dans un même lieu une crèche spécialisée (un externat de 20 places), un internat de 40 places (dont 10 pour des nourrissons de moins d’1 an) pour accueillir des enfants pour des séjours courts, un service de cure ambulatoire (recevant les enfants pour des bilans, consultations et de la rééducation) et un service d’orientation pour les enfants de plus de 6 ans. Ce centre n’a pas pour finalité principale l’hébergement des enfants. Ses objectifs sont les suivants :

« -une observation thérapeutique d’enfants de 0 à 6 ans chez lesquels on suspecte une inadaptation grave.

-des essais de traitement précoce : soit médicaux (équilibration de l’épilepsie, problèmes nutritionnels, problèmes respiratoires), soit éducatifs (maternage éducatif, kinésithérapie, éducation psycho-sensorielle).

-une action familiale et de guidance parentale : soit individualisée (en consultation ou en internat où une chambre permet d’accueillir les parents pendant le séjour de l’enfant), soit en groupe » (Le CESAP, 8 années d’activité,

1974, document CESAP, p.25).

On retrouve, dans cette citation, l’ensemble des caractéristiques du soin, développé par le CESAP : le soin comme observation et action, l’articulation de dimensions médicales et éducatives, un soin destiné corrélativement à l’enfant et à sa famille.

Enfin, la mise en place de ce « dispositif médico-social », qui permet de sortir les enfants « arriérés profonds » de l’hôpital, psychiatrique ou pédiatrique, est justifiée d’un point de vue économique, comme moins coûteuse que l’hospitalisation :

« En outre, chaque fois qu’un enfant se présente à l’hôpital pour un bilan, il faut compter environ 12 à 15 jours d’hospitalisation, soit une charge équivalent à une dépense de F. 1.750 à 2000. Cette hospitalisation pour bilan et cette course de consultation non spécialisée se trouvent évitées par les Centres de Cure

Ambulatoire du CESAP. Pour en rester aux aspects économiques des CMPPCA54, on doit souligner le fait que, si la prise en charge en cure ambulatoire ne

supprime pas dans tous les cas l’action d’un kinésithérapeute à domicile, elle

54 Centre Médical Psycho-Pédagogique de Cure Ambulatoire.

49

permet cependant, grâce à la surveillance rigoureuse exercée sur le

kinésithérapeute une économie nette des séances (la fréquence des séances de kinésithérapie à domicile passe de 3 à 4 par semaine, à une séance tous les 15 jours, voire même une tous les mois, grâce à l’enseignement aux familles) »

(Cahier, Procès-Verbal du Conseil d’Administration du 13/11/1968, p.65, Archives CESAP).

Le CESAP, conformément à sa mission, intègre son action de création dans une vision politique des « moyens propres à résoudre les problèmes médico-sociaux posés par les arriérés profonds ». Il déploie cette action politique dans la période qui suit.

Outline

Documents relatifs