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Jean le Baptiste, Précurseur et figure annonciatrice de Jésus le Christ

La préexistence et la manifestation historique de Jésus le Christ

C. Jean le Baptiste, Précurseur et figure annonciatrice de Jésus le Christ

Cette fonction a été annoncée par la prophétie d’Isaïe que l’Apologiste rapporte dans de larges extraits50

. Justin Martyr présente Jean le Baptiste comme étant celui qui est la voix qui crie tant dans le désert et annonce aux hommes l’urgence de la conversion ; celui qui incite les gens au repentir. En référence aux témoignages des Apôtres, Justin Martyr donne (a) le contenu de la proclamation de Jean le Baptiste ; (b) son habillement et sa nourri- ture ; (c) l’hésitation sur son identité ; (d) la précision apportée par Jean lui-même.

(a) Pour rappeler le message de Jean le Baptiste portant sur « le baptême de conversion›,

ba/ptisma metanoi¿aj» (Dial. 88,7a), das la deuxième partie de ses entretiens consacrée à la réalisation des prophéties, Justin Martyr se réfère à Luc et à Marc qui ont, tous deux, « ba/ptisma metanoi¿aj, baptême de conversion » (Lc 3,3 et Mc 1,4). La même idée se lit aussi chez Matthieu : « e)gwÜ me\n u(ma=j bapti¿zw e)n uÀdati ei¹j meta/noian (…). Moi, je vous

baptise dans l’eau en vue de la conversion (…) » (Mt 3,11a).

(b) Justin Martyr décrit l’habillement et la nourriture de Jean le Baptiste en ces termes : Jean était « kaiì zw¯nhn dermati¿nhn kaiì eÃnduma a)po\ trixw½n kamh/lou mo/non forou=ntoj kaiì mhde\n e)sqi¿ontoj plh\n a)kri¿daj kaiì me/li aÃgrion, vêtu seulement d’une

‹ceinture de peau et d’un vêtement de poils de chameau›, ne ‹mangeant› rien que ‹des sauterelles› et ‹du miel sauvage » (Dial. 88,7b). Encore une fois, dans la deuxième partie du Dialogue

avec Tryphon, il reprend ici les données évangéliques de Matthieu « Au)to\j de\ o( ¹Iwa/nnhj

eiåxen to\ eÃnduma au)tou= a)po\ trixw½n kamh/lou kaiì zw¯nhn dermati¿nhnperiì th\n o)sfu\n

49 Cf. Dial. 35,2 ; 87,5. Pour construire ses commentaires contenus en Dial. 51,2, « Justin Martyr, confor- mément à sa méthode, procède à un véritable « montage » constitué de différentes citations, elles mêmes composées de diverses références. L’ensemble a pour fonction de démontrer la puissance prophétique du Christ, dont Jean, successeur d’Elie, fut le Précurseur » PH.BOBICHON, 2003, p. 723, note 11. Sur la concentration des Puissances de l’Esprit en Jésus, voir Dial. 87-88.

50 Voir Dial. 50,2-5 : prophéties sur le précurseur à savoir Is 39,8 et 40,1-17. Is 40,3 est repris par Mt 3,3 et Mc 1,3 ; cf. Jn 1,23. Lc 3,4-6 étend la citation jusqu’aux versets 4 et 5 (Is 40, 3-5).

au)tou=, h( de\ trofh\ hÅn au)tou=a)kri¿dejkaiì me/li aÃgrion, Jean avait un vêtement de poil de

chameau et une ceinture de cuir autour des reins ; il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage » (Mt 3,4).

(c) L’apparence de Jean le Baptiste a jeté un doute sur son identité parmi ses auditeurs. Justin Martyr le souligne dans la deuxième partie du Dialogue avec Tryphon lorsqu’il dit que « oi¸ aÃnqrwpoi u(pela/mbanon au)to\n eiånai to\n Xristo/n, les hommes se figuraient que

c’était lui le Christ » (Dial. 88,7c). Il se laisse probablement influencer ici par Luc qui

rapporte aussi la même attitude du peuple : « Prosdokw½ntoj de\ tou= laou= kaiì dialogi- zome/nwn pa/ntwn e)n taiÍj kardi¿aij au)tw½n periì tou= ¹Iwa/nnou, mh/pote au)to\j eiãh o( Xristo/j ,

Le peuple était dans l’attente et tous se posaient en eux-mêmes des questions au sujet de Jean : ne serait-il pas le Messie ? » (Lc 3,15). Cependant, s’il y a rapprochement, celui-ci reste au

niveau des idées.

(d) La réponse que l’intéressé donne appelle une étude synoptique car elle est révéla- trice de la façon dont Justin Martyr utilise ses sources en vue de son objectif. Il veut prouver combien Jean est une figure annonciatrice du Messie. Il faut se demander d’où vient ce récit que l’auteur rapporte dans son œuvre.

Dial. 88, 7d

« (…) pro\j ouÁj kaiì au)to\j e)bo/a : Ou)k ei¹miì o( Xristo/j, a)lla\ fwnh\ bow½ntoj : hÀcei ga\r o( i¹sxuro/tero/j mou, ou ou)k ei¹miì i¸kano\j ta\ u(podh/mata basta/sai ». Jn 1, 20 « kaiì w¨molo/ghsen kaiì ou)k h)rnh/sato, kaiì w¨molo/ghsen oÀti ¹EgwÜ ou)k ei¹miì o( Xristo/j (…). 23 eÃfh, ¹EgwÜ fwnh\ bow½ntoj (…) ». Mt 3, 11b « o( de\ o)pi¿sw mou e)rxo/menoj i¹sxuro/tero/j mou/ e)stin, ou ou)k ei¹miì i¸kano\j ta\ u(podh/mata basta/sai (…) ». Mc 1, 7 « kaiì e)kh/russen le/gwn, ãErxetai o( i¹sxuro/tero/j mou o)pi¿sw mou, ou ou)k ei¹miì i¸kano\j ku/yaj lu=sai to\n i¸ma/nta tw½n u(podhma/twn au)tou= (…) ».

« (…) à ceux-là lui- même criait : ‹Je ne

suis pas le Christ, mais la voix de celui qui crie›, ‹il

viendra celui qui

est plus fort que moi, dont je ne suis pas digne de lui

ôter ses sandales ».

« 20. Il fit une déclaration sans restriction, il déclara : ‹Je ne suis

pas le Christ› (…). 23 Il affirma :

‹Je suis la voix de

celui qui crie

(…) ».

« Mais celui qui vient après moi est

plus fort que moi ; je ne suis pas digne

de lui ôter ses sandales (…) ».

« Il proclamait : ‹Celui qui est plus

fort que moi vient

après moi, et je ne

suis pas digne, en

me courbant, de

délier la courroie de ses sandales (…) ».

En affirmant : « Ou)k ei¹miì o( Xristo/j, a)lla\ fwnh\ bow½ntoj, ‹Je ne suis pas le Christ, mais

la voix de celui qui crie », Justin Martyr se réfère probablement à l’Evangile de Jean qui a

la même forme : « ¹EgwÜ ou)k ei¹miì o( Xristo/j (…). eÃfh, ¹EgwÜ fwnh\ bow½ntoj (…) » (Jn 1, 20.23). Et il ajoute que Jean le Baptiste a encore dit : « hÀcei ga\r o( i¹sxuro/tero/j mou, ou ou)k ei¹miì i¸kano\j ta\ u(podh/mata basta/sai. ‹il viendra celui qui est plus fort que

moi, dont je ne suis pas digne d’ôter les sandales » (Dial. 88,7d). Ici, c’est à Matthieu, à Luc

et à Marc qu’il se réfère. Mais il est probable qu’il reprend la tradition que les synop- tiques rapportent même si chez lui, comme chez Matthieu, « la courroie, to\n i¸ma/nta » disparaît alors que chez les deux autres cet élément fait partie intégrante du récit.

Il y a lieu donc de suggérer ici une harmonisation des textes évangéliques dont Justin Martyr ou sa source serait l’auteur. Pour ce passage du Dialogue avec Tryphon (cf. Dial. 88,7), son auteur croise pratiquement les quatre Evangiles tels qu’ils sont connus aujourd’hui. Son but est de démontrer que Jean le Baptiste est le héraut qui, ayant reçu l’esprit qui fut en Elie, baptisa Jésus le Christ. Jean le Baptiste apparaît en fonction du Christ de la première manifestation. Au lieu de parler d’une quelconque subordination, il faut affirmer que c’est seule l’onction faite par Jean qui, aux yeux des Juifs, devait rendre manifeste à tous la dignité messianique du Christ.

La Naissance et les événements de l’enfance de Jésus

Deux points seront ici examinés : la place que Justin Martyr accorde aux parents de Jésus et les événements qui entourent la Naissance virginale. Aux yeux de l’auteur, les parents de Jésus constituent un chaînon des origines chrétiennes. Ils contribuent à mon- trer l’origine humaine de Jésus. En d’autres termes, cette attention qu’ils méritent est en rapport avec le Verbe de Dieu qui va prendre, par Marie, la chair humaine.

Lc 3, 16 « (…) eÃrxetai de\ o( i¹sxuro/tero/j mou, ou ou)k ei¹miì i¸kano\j lu=sai to\n i¸ma/nta tw½n u(podhma/twn au)tou=(…) ».

« Mais il vient, celui qui est plus fort que moi, et je ne suis

pas digne de délier

la courroie de ses

I. Les parents de Jésus : Marie et Joseph

Justin Martyr ne fait aucune mention des frères et sœurs de Jésus ; des données relatives aux parents de Jésus, mises souvent en rapport avec Jésus51

, insistent sur le rôle assumé par celle qui est dite « Vierge et Mère de Jésus le Christ » et la mission de Joseph, le fiancé

et l’époux de Marie. Dans le Dialogue avec Tryphon, l’auteur aborde cette question dans la

deuxième partie de son livre pour prouver que le temps de la réalisation est accompli.

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