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Grâce à ses vastes plantations d’oliviers et de cèdres, la Numidie produisait, en plus des fruits de ces arbres, d’importantes quantités d’huile307. Ces productions sont dues à la politique

de valorisation du sol numide. Charlesworth dit qu’« au Ier et au IIe siècle cette région, à la suite

de grands travaux d’irrigation et de défrichement, prit un essor considérable »308.

Cependant, si la production d’huile d’olivier est considérable en Afrique, c’est en partie grâce aux systèmes de plantation mis en œuvre par les paysans. En effet, pour avoir un meilleur rendement, il fallait respecter une certaine distance entre les pieds d’oliviers309. Cette norme

306 ID., Ibid., 18, 94.

307 L’huile de cèdre était destinée non pas à la consommation, mais plutôt à la conservation du bois. PLINE

L’ANCIEN, Naturalis historia 16, 197 : At cedrus in Creta, Africa, Syria laudatissima. Cedri oleo peruncta

materies nec tiniam nec cariem sentit. Voir aussi VITRUVE, De l’Architecture 2, 9, 13, qui donne plus de détails

sur les qualités de l’huile de cèdre : Item cedrus et iuniperus easdem habent uirtutes et utilitates ; sed

quemadmodum ex copressu et pinu resina ex cedro oleum quod cedrium dicitur, nascitur, quo reliquae res cum sunt unctae, uti etiam libri, a tineis et carie non laeduntur. Arboris autem eius sunt similes cupresseae foliaturae ; materies uena directa. Ephesi in aede simulacrum Dianae ex ea, lacunaria et ibi et in ceteris nobilibus fanis propter aeternitatem sunt facta. Nascuntur autem eae arbores maxime Cretae et Africae et nonnullis Syriae regionibus.

308 CHARLESWORTH, op. cit., p.149.

309 L’olivier contient une substance qui a une vertu médicinale. Il ne s’agit pas de l’huile dont il est question dans

ce chapitre, mais d’un liquide qui dégoutte de l’arbre et que d’aucuns considèrent comme un poison. Cf. PLINE L’ANCIEN, op. cit., 23, 72 : Nam lacrima, quae ex arbore ipsa destillat, Aethiopicae maxime oleae, mirari satis

96 agricole relative à l’exploitation de ces arbres est bien respectée en Afrique. Dans cette province, il existe selon Pline l’Ancien des oliviers qui peuvent produire jusqu’à mille litres par an. Pline écrit dans le livre XVII où il traite des arbres qui « sont nés, ou plus exactement qui ont été produits par l’art et le talent de l’homme »310 :

Sed hoc uariatur locorum natura. Non alia maior in Baetica arbor, in Africa uero — fides penes auctores erit — miliarias uocari multas narrant a pondere olei, quod ferant annuo prouentu. ideo LXXV pedes Mago interuallo dedit undique aut in macro solo ac duro atque uentoso, cum minimum, XLV.

« Mais cela varie selon la nature des lieux. En Bétique, il n’y a pas d’arbres plus grands, mais en Afrique, on raconte – on laissera la responsabilité aux auteurs - que de nombreux oliviers sont appelés ‘milliaires’ d’après le poids d’huiles qu’ils produisent tous les ans. C’est pourquoi Magon a indiqué un intervalle de soixante-quinze pieds de tous cotés, ou au moins de quarante-cinq pieds en terre maigre, dur et venteux »311.

Plutarque témoigne ces mêmes faits dans la biographie qu’il a consacrée à César. Il y rapporte une harangue que le conquérant de la Gaule a faite au peuple de Rome en lui montrant l’intérêt de sa conquête et les avantages de sa victoire. Il écrit : « Dès que César fut de retour de son expédition d'Afrique, il fit une harangue au peuple, où il parla de sa victoire dans les termes les plus magnifiques ; il dit que les pays dont il venait de faire la conquête étaient si étendus que le peuple romain en tirerait tous les ans deux cent mille médimnes attiques de blé, et trois millions de litres d'huile »312.

Outre les céréales et l’huile, on trouvait à la table des Romains beaucoup de viandes provenant d’Afrique. Les aristocrates organisaient des repas somptueux et, à ces occasions, ils offraient à leurs convives des gibiers ou des bœufs, des moutons et même des chèvres. La grande majorité de ces animaux, sauvages comme domestiques, venait de la Maurétanie, région qui en regorgeait. Il arrivait que les éleveurs romains achètent ces animaux et les accouplent à ceux de l’espèce locale. C’est ce que firent justement certains cultivateurs tel que l’oncle de Columelle qui croisa ses béliers à ceux qu’il avait achetés à des marchands afin d’obtenir une race meilleure quant à la chair et quant à la laine. Columelle rapporte que :

Nam cum in municipium Gaditanum ex uicino Africae miri coloris siluestres ac feri arietes sicut aliae bestiae munerariis deportarentur, Marcus Columella patruus meus, acris uir ingeni atque inlustris agricola, quosdam mercatus in agros transtulit et mansuefactos tectis ouibus admisit.

« En effet, des hommes qui offraient des bêtes étrangères en spectacle, ayant conduit d'Afrique dans la ville municipale de Gadès, entre autres animaux, des béliers sauvages et farouches dont la couleur était

non est repertos, qui dentium cols inlinendos censerent, uenenum esse praedicantes atque etiam in oleastro quaerendum.

310 PLINE L’ANCIEN, op. cit., 17, 1. 1. 311 ID., ibid., 17, 93.

312 PLUTARQUE, César 55, 1 : Ἀλλὰ γὰρ ὡς ἐπανῆλθεν εἰς Ῥώμην ἀπὸ Λιβύης, πρῶτον μὲν ὑπὲρ τῆς νίκης

ἐμεγαληγόρησε πρὸς τὸν δῆμον, ὡς τοσαύτην κεχειρωμένος χώραν, ὅση παρέξει καθ´ ἕκαστον ἐνιαυτὸν εἰς τὸ δημόσιον σίτου μὲν εἴκοσι μυριάδας Ἀττικῶν μεδίμνων, ἐλαίου δὲ λιτρῶν μυριάδας τριακοσίας.

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extraordinaire, M. Columelle, mon oncle paternel, homme d'une grande pénétration d'esprit et agriculteur distingué, en acheta plusieurs qu'il fit conduire dans ses champs, et, après les avoir apprivoisés, leur fit saillir des brebis couvertes »313.

2.1.2.1.2.2 Le vin

Selon Pline l’Ancien, l’Afrique ne produisait pas assez de vin. Les terres africaines étaient plus propices à la culture des céréales comme il explique dans ces lignes :

Cetero fere uicina bonitas prouinciis excepto Africae frugifero solo : Cereri id totum natura concessit, oleum ac uinum non inuidit tantum satisque gloriae in messibus fecit.

« Vient ensuite pour la qualité l'huile des provinces, excepté l'Afrique, dont le sol ne produit que du grain : la nature l'a livrée exclusivement à Cérès, et pour l'huile et le vin n'a fait que lui en donner à goûter, lui assurant assez de gloire par les moissons »314.

Pourtant, Charlesworth confie qu’en Numidie, « le climat était propice à la culture de la vigne et des oliviers ; sur la côte occidentale, dit-il, dans la Byzacène, s’étendaient des vignobles et des oliviers immenses »315. Au chapitre dix-neuf du livre XVII où il traite de la direction des

plantes, Pline lui-même confirme l’existence de ces plantations en Afrique malgré la faible production qu’il a évoquée en XV, 8.

In Africa meridiem uineas spectare et uiti inutile et colono insalubre est, quoniam ipsa meridianae subiacet plagae, quapropter ibi, qui in occasum aut septentriones conseret, optime miscebit solum caelo.

« En Afrique, il est mauvais pour la vigne et malsain pour l’agriculteur que les vignobles regardent vers le midi, puisque ce pays lui-même se trouve dans la zone méridionale ; c’est pourquoi celui qui y établira ses vers le couchant ou le septentrion associera au mieux le sol au climat »316.

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