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La recherche action se situe `a la fronti`ere de la d´emarche scientifique et de la d´emarche th´erapeutique. Elle aboutit `a l’´elaboration, la mise en œuvre et l’´evaluation d’un ensemble d’actions dans le but de la pr´evention ou l’am´elioration de la sant´e. Cette ´etude va `a la rencontre de femmes enceintes suite `a une IMG `a la grossesse pr´ec´edente leur donnant l’opportunit´e d’acc´eder `a un psychologue-chercheur pour questionner leur v´ecu de la gros- sesse actuelle. Le b´en´efice attendu va `a la fois dans le sens de la pr´evention, du d´epistage et de l’orientation pour des soins si n´ecessaires pour ces patientes mais aussi va de pair avec le recueil d’informations essentielles `a la constitution de nouveaux savoirs, pour am´eliorer les prises en charges ult´erieures.

Avant toute inclusion de patientes nous avons pr´ealablement effectu´e les d´emarches aupr`es du Comit´e de Protection des Personnes (CPP2) de Necker pour pr´esenter la recherche et obtenir leur accord. Nous nous sommes tout d’abord confront´es `a un refus, le CPP consi- d´erant que les patientes enceintes, dans la suite d’une grossesse interrompue, ´etaient des personnes vuln´erables ; mener des entretiens cliniques ravivant l’histoire de la perte pr´ec´e- dente ´etait `a haut risque de fragilisation des patientes.

Il a fallu d´efendre l’int´erˆet clinique d’une telle recherche, nous appuyant sur notre ex- p´erience clinique quotidienne : l’´etat de grossesse ravive de fait l’histoire ant´erieure des patientes ; et les patientes l’expriment bien. Cette nouvelle grossesse donne alors aux pa- tientes l’opportunit´e de revisiter leur histoire, d’´elaborer le sens `a lui donner et interroger la place `a donner `a chacun des enfants, celui d´ec´ed´e et celui `a venir. Quand bien mˆeme cette histoire est refoul´ee, elle est n´eanmoins bien pr´esente et peut se manifester par des symptˆomes somatiques `a des termes ou des dates significatives. C’est pourquoi les services de maternit´e proposent un accompagnement psychologique aux patientes qui le d´esirent. L’accord du CPP a ´et´e obtenu moyennant plusieurs conditions :

— la proposition de participation `a la recherche ne doit pas ˆetre propos´ee par un membre de l’´equipe de recherche d’une part, afin que la patiente ait l’enti`ere libert´e de refuser, — l’inclusion dans la recherche ne doit pas empˆecher la possibilit´e d’un suivi psycholo-

gique d’autre part,

— la patiente doit pouvoir se retirer `a n’importe quel moment du protocole sans qu’elle n’ait `a se justifier, ni que son suivi m´edical en soit modifi´e.

Construction du protocole.

Le chercheur sollicite les femmes pour participer, elles ne sont pas en demande, a priori, d’une am´elioration, ou d’un b´en´efice de cette situation. Et puisque « le chercheur n’a pas d’autre int´erˆet que l’objet de la recherche » (Pedinielli & Rouan, 1998, p. 100), nous devons ˆetre attentif `a ne pas utiliser les sujets comme un simple moyen pour parvenir `a nos fins. Nous devons prendre en compte dans notre protocole les possibles effets de notre intervention sur les femmes enceintes. En effet, notre intervention consiste `a proposer `a des femmes enceintes, donc fragilis´ees, de parler d’une exp´erience extrˆemement difficile `

a laquelle sont associ´es des affects divers mais souvent tr`es intenses. Nous devons donc ˆetre attentifs `a ce que l’entretien n’ait pas pour elle un caract`ere traumatisant. Il nous semble important de pr´eciser qu’`a l’heure actuelle, ind´ependamment de toute recherche,

les femmes `a nouveau enceintes apr`es une perte, se voient proposer une prise en charge pluridisciplinaire, obst´etricale, psychologique et sociale. En effet, notre clinique et notre exp´erience nous montre combien cette grossesse r´eactive l’ant´ec´edent d’une fa¸con ou d’une autre (plaintes somatiques, angoisse, insomnies. . . ) mˆeme si la patiente souhaite consciem- ment « oublier » et « tourner la page ». Quel que soit le choix de la patiente concernant la recherche, son suivi et la prise en charge m´edicale ne sont en rien modifi´es. Dans le pr´e-projet de code ´ethique propos´e par l’ADRIPS1, il est explicit´e que « la recherche

scientifique en psychologie sociale (. . . ) doit, chaque fois que cela est possible et appropri´e, contribuer `a am´eliorer la condition intellectuelle, psychologique et mat´erielle des gens ». Nous pensons qu’un entretien contenant et ´elabor´e de telle mani`ere qu’il ne paraisse pas violent ou intrusif, permettra `a ces femmes de se sentir entendues et que les effets restent positifs pour celles-ci. Dans cette id´ee, l’´elaboration de notre protocole doit faire l’objet d’une attention particuli`ere. En effet, il doit prendre en compte l’int´egrit´e du sujet aupr`es de qui nous intervenons, dans le but que notre action n’ait pas de cons´equences n´egatives sur le plan psychique et/ou physique.

Lien entre psychologue chercheur et patientes recrut´ees.

Compte tenu de principe mˆeme de la recherche-action et du suivi r´egulier instaur´e avec les patientes recrut´ees pour cette recherche, il est probable qu’une relation particuli`ere de soutien se tisse entre le psychologue-chercheur et les patientes. La recherche sera pr´esen- t´ee aux femmes dans son double objectif scientifique et th´erapeutique. Apr`es recueil de leur consentement, le psychologue deviendra alors leur r´ef´erent tout au long de l’´etude. Ce soutien fait partie des b´en´efices apport´es aux patientes ; cependant, il leur sera pr´ecis´e que ce soutien n’est pas l’´equivalent d’une prise en charge psychologique. Si une demande ´emerge en ce sens, que ce soit de la part de la patiente ou sur indication de l’´equipe, le psychologue-chercheur orientera la patiente vers une prise en charge adapt´ee.

Encadrement des psychologues chercheurs.

Les psychologues-chercheurs b´en´eficient d’une supervision r´eguli`ere par les responsables de l’´etude. L’objectif ´etant de garantir les exigences ´ethiques de la recherche, de v´erifier le d´eroulement du protocole et la fiabilit´e de recueil des donn´ees. La supervision s’attachera ´egalement `a identifier une ´eventuelle difficult´e relationnelle entre le chercheur et la patiente.

En cas de survenue d’´ev`enements ind´esirables.

Dans la mesure o`u la participation des femmes `a cette ´etude est volontaire et fait suite `a leur consentement, les patientes ont la libert´e de pouvoir interrompre leur participation `

a tout moment. L’´equipe de chercheur s’attachera, si tel est le cas, `a orienter la patiente vers une prise en charge psychologique si la situation l’impose.

Acc`es aux donn´ees et documents source.

Les personnes ayant un acc`es direct conform´ement aux dispositions l´egislatives et r´egle- mentaires en vigueur prennent toutes les pr´ecautions n´ecessaires en vue d’assurer la confi-

dentialit´e des informations relatives aux personnes qui s’y prˆetent.

Le d´eroulement de la recherche dans les centres investigateurs et la prise en charge des su- jets sera faite conform´ement `a la d´eclaration d’Helsinki et les Bonnes Pratiques en vigueur. Toutes les informations requises par le protocole doivent ˆetre fournies dans le cahier d’ob- servation et une explication donn´ee par l’investigateur pour chaque donn´ee manquante. Les donn´ees informatis´ees sur un fichier seront d´eclar´ees `a la CNIL selon la proc´edure adapt´ee au cas.