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Le cadre conceptuel et théorique de la recherche

Chapitre 5 Les organisations et les styles de vie dans la culture de consommation culture de consommation

3. Les styles de vie dans la culture de consommation

Pour les auteurs comme Bauman et May, Slater ou Lury, les styles de vie concernent avant tout des manières de consommer, ce sont des styles de la consommation2. Leur émergence est liée à la culture de consommation de masse dans laquelle ils fournissent un cadre pour la consommation. Ils contribuent également à la constitution de groupes autour d’une consommation particulière et de médiateurs culturels qui élargissent leur public3. Pour Lury, nous assistons au processus dans lequel les styles de vie consommateurs s’imposent progressivement en tant que modes de vie dans la culture de consommation4.

Par ailleurs, l’usage de la notion de style de vie est fréquent chez des sociologues comme par exemple Pierre Bourdieu ou Anthony Giddens chez qui elle est conceptualisée de façon proche d’un mode de vie. Il est ainsi possible d’associer les styles de vie à des façons de vivre et de postuler qu’un style de vie devient un modèle culturel de la manière de vivre propre à la culture de consommation. La sociologue de la culture Tally Katz-Gerro définit cette conception de style de vie de la manière suivante :

1

J.S.MCKENZIE, op. cit., p. 159-173. 2

Z.BAUMAN –T.MAY,op. cit., p. 156 ; C.LURY, Consumer Culture, op. cit., p. 6 ; D.SLATER, Consumer Culture and Modernity,

op. cit., p. 193.

3

C.LURY, Consumer Culture, op. cit., p. 6. 4

185

« Le style de vie implique les traits typiques de la vie quotidienne d’un individu ou d’un groupe. Ces traits concernent les intérêts, les opinions, le comportement et les orientations de comportement. Par exemple, le style de vie comprend le choix et la répartition du temps libre ; les préférences en habillement et en nourriture ; les goûts en musique, littérature, art et en programmes de télévision ; et les choix des biens de consommation et des services1. »

Une définition semblable est proposée par les sociologues tchèques Jana Duffková et

al. dans Sociologie životního stylu (2008) (en traduction française : La sociologie du style de vie) : « [L]e style de vie est un système d’importantes actions et relations et de pratiques

associées qui sont caractéristiques pour le sujet concret dans sa vie quotidienne2. » Dans leur définition, Duffková et al. accentuent la dimension systématique du style de vie qui le distingue d’une façon de vivre3. Rejoignant celle donnée par Katz-Gerro, ces auteurs s’accordent sur l’attribut indispensable du style de vie, à savoir l’aspect « typique » de ses constituants. Les deux définitions pointent également le côté quotidien du style de vie qui implique une dimension prévisible et répétitive, mais aussi ce qui est festif sans être accidentel comme le précisent Duffková et al.4 Ces définitions couvrent de plus une multitude de dimensions propres au style de vie telles que des actions, des pratiques et des valeurs sans oublier des relations, les amis et la famille et aussi dans le sens que les styles de vie peuvent concerner des groupes d’individu. En effet, il faut lire la notion de sujet concret chez Duffková et al. comme un terme générique pour désigner un individu ou un groupe. Aussi, la notion de style de vie ne désigne-t-elle pas exclusivement une manière de consommer, mais peut également se rapporter à une façon de vivre systématique, propre à la culture de consommation. C’est dans cette compréhension que nous le retrouvons chez les sociologues dont les analyses vont suivre. Nous nous intéresserons dans un premier temps aux styles de vie formés en fonction de catégories sociales.

1

« Lifestyle involves the typical features of everyday life of an individual or a group. These features pertain to interests,

opinions, behaviors, and behavioral orientations. For example, lifestyle relates to choice and allocation of leisure time ; preferences in clothes and food ; tastes in music, reading, art, and television programs ; and choice of consumer goods and services. » (T.KATZ-GERRO, « Lifestyle », dans G.RITZER [dir.], The Blackwell Encyclopedia of Sociology, VI : LE-M, Malden, Blackwell Publishing, 2007, p. 2644, traduction personnelle).

2

J.DUFFKOVA – L.URBAN – J.DUBSKÝ,Sociologie životního stylu, Plzeň, Aleš Čeněk, 2008, p. 55 (traduction personnelle).

3

Si la sociologue tchèque Helena Kubátová suggère l’interchangeabilité de notions de façon de vivre et de style de vie (H. KUBATOVA,Sociologie životního způsobu, Praha, Grada Publishing, 2010, p. 20), Duffková et al. maintiennent une différence.

Pour eux, la façon de vivre est un ensemble plus large et non systématique d’une manière de vivre (J.DUFFKOVA – L.URBAN – J.DUBSKÝ,op. cit., p. 69).

4

186 3.1. Les styles de vie structurés socialement

3.1.1. La conduite de vie

L’un des premiers sociologues ayant théorisé les styles de vie est Weber. Il emploie la notion de conduite de vie (en allemand : Lebensführung), parfois traduite comme style de vie, au tournant du XIXe siècle1. En l’absence de définition exclusive chez Weber, nous pouvons nous référer à celle donnée par le sociologue français Jean-Pierre Grossein, présentateur de L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme de Weber, à partir de travaux wébériens : « [C]ette notion désigne un ensemble de comportements et de pratiques qui tient son unité et sa structure interne de dispositions d’esprit et de qualités éthiques déterminées2. » La conduite de vie chez Weber est ainsi un ensemble unifié issu des caractéristiques internes, surtout éthiques, de l’individu. C’est une expression systématique individuelle.

La base de la conduite de vie se trouve dans l’habitus que Weber désigne également comme « esprit » ou « disposition », aux usages souvent identiques : « [N]ous utilisons ici l’expression “esprit du capitalisme” pour désigner la disposition qui dans le cadre d’une profession, aspire systématiquement à un profit légitime au plan rationnel3. » L’esprit, dans l’exemple de Weber associé au capitalisme, est ce que Catherine Colliot-Thélène, une autre spécialiste française de Weber, désigne par « le substrat mental des conduites sociales » ou « la disposition à se comporter d’une manière déterminée4 ». Cet esprit se manifeste par la suite dans une conduite de vie, à savoir dans une éthique de vie propre à l’individu.

Weber analyse notamment les conduites de vie dans le cadre de sa sociologie des religions où il s’intéresse surtout à la conduite de vie calviniste, c’est-à-dire à des déterminants extérieurs comme formes de la quête de salut5. Pour les calvinistes, le travail a une signification religieuse parce que c’est un devoir venant de Dieu pour le glorifier. Afin de bien l’accomplir, il faut produire toujours plus, ce dont s’assure l’éthique calviniste. Cette dernière impose à l’individu une maîtrise de soi et le refus du luxe, ce que Weber dénomme

1

M.WEBER,L’éthique protestante..., op. cit. ; M.WEBER, Économie et société, II : L’organisation et les puissances de la société

dans leur rapport avec l’économie (trad. par J. Freund et al., sous la direction de J. Chavy – É. de Dampierre), Paris, Pocket,

1995. 2

J.-P.GROSSEIN, « Présentation », dans M.WEBER,L’éthique protestante..., op. cit., p. LXI.

3

M.WEBER,L’éthique protestante..., op. cit., p. 45.

4

C.COLLIOT-THELENE, La sociologie de Max Weber, Paris, La Découverte, 20142, p. 88. 5

187

l’« ascèse intramondaine1 ». Il en résulte une méthode de vie ascétique, élaborée systématiquement et de façon rationnelle.

Tout en suivant l’approche individuelle de l’action, Weber montre que les dispositions internes peuvent être influencées par les organisations et les structures économiques et sociales2. Weber diversifie en effet les conduites de vie en fonction de la stratification sociale3. Il attribue différentes conduites de vie à différents groupes de statut. Il entend par « groupe de statut » un ensemble social dont les membres profitent du même prestige, dû avant tout à la profession. Il s’agit par exemple du groupe de statut médical auquel appartiennent des médecins des secteurs privés et publics. Pour Weber, les capacités acquises dans le travail se manifestent également dans la vie en dehors du travail.

Dans son analyse sur la conduite de vie, Weber analyse avant tout sa dimension éthique. Le style de vie est une éthique individuelle et systématique. Mais il constate également son caractère commun à un groupe de statut. Cette entreprise théorique d’inscription du style de vie dans la structure sociale est reprise par Bourdieu dans les années 1970.

3.1.2. Le style de vie distinctif

Bourdieu conceptualise le style de vie par rapport à la classe sociale dans La

distinction (1979) en partant de l’étude de la société française des années 19704. Il y montre comment les actions individuelles sont déterminées par la position dans la structure sociale, à savoir par l’appartenance à une classe. Bourdieu définit la classe comme suit :

« [Un] ensemble d’agents qui sont placés dans des conditions d’existence homogènes, imposant des conditionnements homogènes et produisant des systèmes de dispositions homogènes, propres à engendrer des pratiques semblables, et qui possèdent un ensemble de propriétés communes, propriétés objectivées, parfois juridiquement garanties (comme la possession de biens ou de pouvoirs) ou incorporées comme les habitus de classe (et, en particulier, les systèmes de schèmes classificatoires)5. »

Le principal organisateur des pratiques sociales des classes est l’habitus, manière de se comporter et de comprendre1 propre à chaque classe en fonction de sa place dans l’espace social. C’est une « structure structurée », qui est appropriée par l’incorporation de la

1

Ibid., p. 136. 2

C.COLLIOT-THÉLÈNE, op. cit., p. 88-89. 3

M.WEBER,Économie et société, I…, op. cit., p. 391-397.

4

P.BOURDIEU, La distinction…, op. cit., p. 190-246. 5

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division des classes, et une « structure structurante », qui « organise les pratiques et la perception des pratiques2 ». C’est l’habitus qui motive des pratiques individuelles. Il est de cette façon un « principe unificateur et générateur de toutes les pratiques3 ». Ainsi, en incorporant l’habitus l’agent reproduit la hiérarchie sociale par ses choix et son agissement.

Pour Bourdieu, l’habitus médiatise entre la place de l’individu dans la structure sociale et le style de vie. Cette place est déterminée par des conditions d’existence des agents qui fixent les capitaux économiques et culturels à la disposition des individus. Quant au premier type de capital, il s’agit de la possession des ressources économiques, c’est-à-dire de l’argent et de l’immobilier. Pour le capital culturel, Bourdieu différencie la possession des objets culturels – livres, tableaux, machines –, des compétences culturelles et des preuves sur ces compétences comme les diplômes. Ces capitaux s’expriment dans des pratiques sociales systématiques et distinctives. En fonction de ces capitaux, l’individu choisit des pratiques sociales en exprimant le goût propre à sa classe. Ceci explique les différences dans des styles de vie.

Chez Bourdieu, le style de vie concerne la « consommation matérielle et culturelle4 », la consommation de nourriture ou d’habillement, les activités de loisir comme les pratiques culturelles ou les activités sportives, les pratiques de présentation de soi et de représentation (« souci du paraître5 »), les expressions corporelles (marcher ou parler) ou les formes de sociabilité. Le choix de ces éléments suit la classe et son habitus incorporé par l’individu. Par conséquent, différents styles de vie se constituent à travers l’habitus et sont propres à chaque classe : « Les styles de vie sont ainsi les produits systématiques des habitus6 ». Ce sont des « ensemble[s] unitaire[s] de préférence distinctives7 ». Pour Bourdieu, les styles de vie sont des expressions visibles d’habitus. Ce sont donc des systèmes de distinction classés qui ordonnent les pratiques sociales. Leur unité et leur caractère systématique sont donnés par l’habitus. Par ces styles, les individus cherchent la distinction, le prestige et la reconnaissance.

Au niveau individuel, l’habitus guide des pratiques individuelles par le goût. L’agent choisit inconsciemment entre les éléments de la haute culture ou de la culture basse en se basant sur les goûts propres à son habitus, tout en les considérant comme subjectifs. Toutefois, les goûts expriment la hiérarchie et la position individuelle dans la structure sociale, exerçant le pouvoir symbolique sur les individus. Par conséquent, le goût pour les

1

Bourdieu l’appelle également « sens pratique » : « [L]e sens pratique oriente des “choix” qui pour n’être pas délibérés n’en sont pas moins systématiques, et qui, sens être ordonnés et organisés par rapport à une fin, n’en sont pas moins porteurs d’une sorte de finalité rétrospective » (P.BOURDIEU, Le sens pratique, Paris, Éditions de Minuit, 1980, p. 111).

2

P.BOURDIEU, La distinction…, op. cit., p. 191-192. 3 Ibid., p. 193. 4 Ibid., p. 109. 5 Ibid., p. 223. 6 Ibid., p. 192. 7 Ibid., p. 193.

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pratiques légitimes est socialement déterminé. En même temps, ces goûts font partie d’un système classificatoire, « [le] système de schèmes de classement » et « l’opérateur pratique de la transmutation des choses en signes distincts et distinctifs1 ». C’est le goût qui différencie entre les pratiques légitimes et moins légitimes. En effet, différents goûts ont différents degrés de légitimité dans la société et classent ainsi les pratiques elles-mêmes.

Concrètement, c’est l’incorporation de l’habitus qui s’exprime dans le goût et qui détermine si l’agent opte pour le poisson ou pour le bœuf, le Pop Art ou l’impressionisme, l’opéra ou la chanson de variété, le tennis ou le rugby. À travers ces différentes pratiques, Bourdieu définit le « goût de nécessité2 » qui est propre à la classe populaire, au vu du caractère de son expérience de travail manuel peu payé. Ainsi, la classe populaire accentue l’utilité immédiate et les buts pratiques des pratiques sociales par rapport à la forme esthétique. Puisque le confort ne lui est pas assuré, elle privilégie l’expérience sensuelle, physique, et vulgaire. Elle adopte le « principe de conformité3 ». En cela, elle diffère des classes supérieures qui se caractérisent par les « goûts de luxe4 » qui privilégie l’art, l’esthétique et la beauté et qui s’éloigne de la nécessité dans ses choix. C’est aussi le goût pour le distingué et le rare. Quant à la classe moyenne, elle se caractérise par la « bonne volonté culturelle5 ». Mais il faut même comprendre cette notion de goût en tant qu’expression de la classe, comme l’affirme Bourdieu lui-même : « L’idée de goût [est] typiquement bourgeoise, puisqu’elle suppose la liberté absolue de choix6. »

Cette conception de style de vie chez Bourdieu fait l’objet de critiques pour son déterminisme et le caractère presque mécanique de l’habitus qui omet les relations sociales et les émotions7. On lui reproche également d’exclure d’autres raisons de consommation. Un autre volet de critiques pointe l’insuffisance du traitement des inégalités de production ou celles du monde de travail8. Enfin, le problème suivant est souligné : « Une des conséquences de cette approche réside dans l’aplatissement de la lutte des classes qui tend à être réduite à une lutte de classements9. »

Si Weber et Bourdieu, chacun à leur manière, théorisent les styles de vie par rapport à la place de l’individu dans la structure sociale, des auteurs plus contemporains défient cette posture en individualisant les styles de vie.

1 Ibid., p. 194. 2 Ibid., p. 433. 3 Ibid., p. 443. 4 Ibid., p. 198. 5 Ibid., p. 367. 6 Ibid., p. 198. 7

R.SASSATELLI, Consumer Culture…, op. cit., p. 94-96. 8

R.PFEFFERKORN, Inégalités et rapports sociaux…, op. cit., p. 72-73. 9

190 3.2. Les styles de vie individualisés

3.2.1. Les styles de vie réflexifs

Au vu du processus moderne de l’individualisation, Giddens théorise les styles de vie et les identités individuelles comme les résultats des décisions individuelles1 dans son ouvrage Modernity and Self-identity (1991)2. Il commence son analyse en postulant une dynamique entre la structure et les actions individuelles. Pour lui, le style de vie devient un important mécanisme de la construction de l’identité individuelle dans la modernité tardive où ce rôle n’est plus joué par la tradition. En effet, cette modernité se caractérise par la pluralité d’options et d’informations, la détraditionnalisation, la séparation de l’espace et du temps, la globalisation et par la rapidité des changements. La stabilité disparaît de l’horizon de vie. On assiste également au processus de l’individualisation. Dans cette situation, les façons de vivre traditionnelles ne sont plus valables. L’individu ne sait plus comment il doit se comporter et qui il est. Dans sa forme moderne, la structure engendre donc le sentiment de doute, d’insécurité et de crise identitaire.

Face à ce défi de la modernité, l’individu doit lui-même construire son « identité de soi » (en anglais : « self-identity »). L’acteur social doit se définir, savoir formuler l’idée qu’il a de lui-même. Cette identité est conceptualisée chez Giddens en tant qu’identité de soi qui « devient un effort organisé et réflexif3 » (en anglais : « becomes a reflexively organised

endeavour »). L’individu est donc obligé d’adopter une approche réflexive de son soi. Il

réexamine continuellement les conditions dans lesquelles il vit et s’y adapte. Par la même occasion, son identité est refaçonnée. Par conséquent, l’individu moderne devient actif, autonome, responsable et réflexif dans la construction de son identité. La modernité entretient la réflexivité individuelle.

Entamée au sujet de soi, cette réflexivité s’élargit par la suite dans d’autres domaines de la vie : « La réflexivité de la modernité concerne le fait que la plupart des aspects de l’activité sociale et des relations matérielles est exposée à la révision récurrente à la lumière de nouvelles informations ou connaissances4. »

1

Voir pour une position radicalement individualiste chez le sociologue David Chaney (D.CHANEY, Lifestyles, London – New York, Routlege, 1996).

2

A.GIDDENS,op. cit.

3

Ibid., p. 5 (traduction personnelle). 4

« Modernity’s reflexivity refers to the susceptibility of most aspects of social activity, and material relations with nature, to

191

La réflexivité devient, en plus d’une réflexivité sur soi, une réflexivité sur le monde à partir des connaissances acquises. Ces dernières sont encouragées par la sphère académique, les experts et par toutes sortes de manuels, y compris des livres sur le développement de soi et sur la thérapie, qui remplacent l’autorité de la tradition en tant que source de connaissances. On peut même constater que ces pratiques et ces manuels sont à l’origine de la réflexivité de soi. La vie moderne est ainsi un « projet réflexif1 » (en anglais : « reflexive project ») dans lequel l’individu refaçonne son identité, sa compréhension du monde et sa façon de vivre.

L’identité qui en résulte est une biographie : « L’identité de soi […] est une identité telle que l’individu la comprend de façon réflexive dans le cadre de sa biographie2. » L’identité prend la forme d’un narratif biographique modifiable, mais cohérent et continu grâce à la connaissance de soi exercée tout au long de la vie. Dans ce narratif, l’individu inclut en effet son passé et anticipe son futur.

Les styles de vie proposent l’une des possibilités de systématiser et de matérialiser ce narratif biographique. L’individu construit ainsi lui-même sa façon d’être à l’aide des styles de vie :

« Il est possible de définir le style de vie comme un ensemble plus ou moins intégré de pratiques adoptées par l’individu parce qu’elles répondent non seulement à des besoins utilitaires, mais parce qu’elles donnent un cadre matériel à un narratif particulier de l’identité3. »

Le style de vie se compose donc de pratiques individuelles routinières à travers lesquelles l’individu effectue le choix d’une multitude d’options dans le domaine de la consommation comme l’habillement et la nourriture, son comportement, ses lieux de rencontres ou le choix de son travail. Le style de vie englobe une multitude de pratiques, bien que les pratiques consommatoires occupent la part importante dans la définition proposée par Giddens.

Pour désigner l’ensemble des actions individuelles, la notion de style de vie chez Giddens suggère qu’il existe également derrière ces pratiques une certaine unité : « Un style de vie implique un groupe d’habitudes et d’orientations et en conséquence, il se caractérise par une certaine unité, importante pour le sentiment continu de la sécurité ontologique, qui lie les choix d’une façon plus ou moins ordonnée4. » Le style de vie donne à l’individu un cadre d’action unifié. Les pratiques routinières d’un style de vie sont des pratiques plus ou

1

Ibid., p. 5. 2

« Self-identity […] is the self as reflexively understood by the person in terms of her or his biography. » (Ibid., p. 53, traduction personnelle).

3

« A lifestyle can be defined as a more or less integrated set of practices which an individual embraces, not only because such