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Le pays de Galles pendant la Seconde Guerre mondiale

1. Le mythe identitaire de la Seconde Guerre mondiale en Grande-Bretagne

2.3. La représentation de la Seconde Guerre mondiale au pays de Galles

2.3.1. Le pays de Galles pendant la Seconde Guerre mondiale

Les historiens s’accordent à dire que la Seconde Guerre mondiale fut éminemment britannique et que les expériences du conflit des pays de la Grande-Bretagne furent grandement similaires, et le pays de Galles ne fait pas exception. L’un des éléments les plus marquants de la Seconde Guerre mondiale est peut-être la façon dont celle-ci relança l’économie du pays de Galles après la dépression des années 1920 et 1930 qui toucha le pays de plein fouet. Au mois d’août 1939, avant que la guerre ne soit déclarée, le taux de chômage chez la population masculine galloise atteignait les 15,2% ; par ailleurs, les ressources naturelles du pays de charbon et d’ardoise n’étaient plus aussi abondantes qu’elles n’avaient pu l’être, et l’industrialisation ne laissait plus espérer d’amélioration du niveau de vie. D’un point de vue économique cependant, la guerre eut des conséquences positives sur la société galloise358.

La majeure partie de la demande de main d’œuvre pendant le conflit n’émanait pas de l’armée mais des industries qui soutenaient l’effort de guerre. Afin de combattre le chômage, six usines furent ouvertes par ordonnance royale dans le sud du pays de Galles. La plus grande se trouvait à Bridgend ; elle compta jusqu’à 35 000 employés. Pendant la guerre, 130 000 hommes et femmes furent employés au pays de Galles dans de nouveaux emplois créés par l’effort de guerre, fabriquant des explosifs, des torpilles, des camions, des parachutes ou des radars. Ces emplois mirent fin à la pauvreté des années 1920 et 1930 ; les salaires augmentèrent considérablement, de même que les possibilités d’effectuer des heures supplémentaires. En Grande-Bretagne, le salaire moyen augmenta de 80%, alors que le coût de la vie n’augmenta que de 60%. La guerre fit également prospérer l’agriculture 356 Ibid. 357 <http://www.curriculumonline.ie/uploadfiles/PDF/Ic_history_sy.pdf> Page consultée le 02/11/2013. 358

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galloise (et, plus généralement, britannique) ; les salaires des fermiers et des ouvriers agricoles furent revus à la hausse359. Par ailleurs, la guerre introduisit une culture plus matérialiste dans les communautés rurales en raison du fait que les profits dérivés de l’agriculture étaient plus importants, ce qui permit à de nombreux fermiers de devenir propriétaires de leur exploitation.

En raison du conflit, les mineurs furent à nouveau très demandés au pays de Galles ; beaucoup pourtant virent la guerre comme l’opportunité d’échapper au monde dangereux des mines et des aciéries. L’industrie du charbon, qui avait licencié un grand nombre de mineurs dans les années 1930, se vit confrontée à une pénurie de travailleurs entre 1938 et 1941360. En 1940, la perte des bassins miniers en France et en Belgique aggrava la situation et, en raison d’une mauvaise gestion de la fourniture et du prix du charbon, le Gouvernement prit l’industrie en main en 1942361. Les effets se firent sentir rapidement, alors que les mineurs gallois étaient envoyés en Angleterre où la pénurie de travailleurs était plus importante. À partir de 1941, l’industrie minière devint une occupation de réserve : ses employés furent exemptés de service militaire, que cela leur plut ou non. En raison du manque de travailleurs dans l’industrie du charbon, le système des Bevin Boys fut introduit en 1943 : un jeune de dix-huit ans sur dix se voyait ainsi envoyé dans les mines plutôt que recruté dans l’armée. Cette mesure ne fut pas du goût des mineurs de métier qui, forts de la nouvelle demande de main d’œuvre, organisèrent une série de grèves non-officielles. Le 2 mars 1944, près de 100 000 hommes se mirent en grève pour protester contre une mesure visant à effacer les différences de salaire entre les ouvriers qualifiés et non-qualifiés362. Malgré le manque de popularité de la mesure des Bevin Boys auprès des jeunes concernés, l’introduction de jeunes Anglais issus de tous horizons dans les bassins miniers du sud du pays de Galles renforça le sentiment que la guerre était partagée par la Grande-Bretagne toute entière.

Les autres régions du pays de Galles furent également le théâtre d’un important brassage des populations alors que les troupes, les travailleurs, les enfants et des départements gouvernementaux furent éloignés des bombardements. Près de 200 000 personnes se retrouvèrent au pays de Galles entre 1939 et 1941 ; certaines étaient des exilés Gallois, d’autres étaient des évacués officieux qui cherchaient du travail dans des contrées plus sûres de la Grande-Bretagne. Au total, près d’un million et demi d’enfants (parfois accompagnés de leurs mères) furent évacués pendant la guerre, et le pays de

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John Saville, Rural Depopulation in England and Wales 1851-1951, Abingdon : Routledge (édition de 1998), p.137.

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Gareth Elwyn Jones, Modern Wales. A Concise History, deuxième édition, Cambridge : Cambridge University Press (1994), p.187.

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Martin Francis, Ideas and Policies under Labour 1945-1951. Building a New Britain, Manchester : Manchester University Press (1997), p.70.

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Galles en accueillit une grande partie363. Il est intéressant de noter que le parti nationaliste Plaid Cymru était opposé à l’évacuation des enfants vers le pays de Galles, craignant, pour reprendre les mots de Saunders Lewis (fondateur du parti), que celle-ci ne pose un danger culturel à la nation galloise364. Fort peu de Gallois soutinrent le Plaid Cymru, et des milliers de personnes accueillirent, souvent volontairement, les enfants évacués. Pour la première fois, l’évacuation fit se rencontrer des personnes de milieux sociaux et linguistiques très différents et, en dépit des inévitables tensions ainsi provoquées, elle permit aux Anglais et aux Gallois de découvrir d’autres traditions et d’autres modes de vie, renforçant non seulement un sens de britannicité, mais aussi de sa diversité culturelle.

Des Land Girls venues de toutes les régions de la Grande-Bretagne travaillèrent dans les fermes galloises. Les femmes étaient également encouragées à travailler dans les usines des zones industrielles où la population masculine locale était en nombre insuffisant. En 1943, 55% des travailleurs gallois étaient des femmes, ce qui représentait le pourcentage le plus élevé de toute la Grande-Bretagne365.

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