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CHAPITRE 4 CONCEPTION DE L’ÉDUCATEUR ET DU SUJET À ÉDUQUER

4.3 Le lecteur utile

Le lecteur idéal pour Spinoza est un homme avec qui il peut partager son amour de la vérité, c’est-à-dire un homme qui n’admet « d’autre pierre de touche de la vérité que l’entendement naturel non la théologie213 ». Car l’amour de la vérité est, selon lui, la plus

grande chose qu’un homme peut partager avec un autre. Spinoza pensait avoir trouvé cet homme en lisant la première lettre de Blyenbergh. Et comme il s’en réjouissait, il n’hésita pas à lui accorder généreusement son amitié.

212 Pierre-François MOREAU, L’expérience et l’éternité, op.cit., p. 544. 213 Lettre XXIII, Spinoza à Blyenbergh, p. 1161.

Entre tous les biens qui ne sont pas de ma propriété exclusive, il n’y a rien que je place au-dessus des relations amicales avec des hommes aimant de tout cœur la vérité. En effet, je ne crois pas que dans le monde extérieur à nous-mêmes, aucun attachement soit aussi sûr que celui nous liant à des semblables de notre espèce. Quand une affection mutuelle se fonde sur un commun amour de la vérité, elle ne saurait pas davantage prendre fin, qu’un esprit ne saurait refuser d’accepter la vérité, une fois conçue. Ce sentiment n’est-il pas d’ailleurs le plus grand et le plus doux que nous puissions éprouver, dans tous les aspects de notre vie qui échappent à notre décision? Et la vérité n’est-elle pas seule à mettre d’accord les humains, dont les dispositions d’esprit et les tempéraments sont tellement divers? Je ne dirai rien des avantages considérables découlant de surcroît de cette situation, car vous les connaissez aussi bien que moi. Je n’ai voulu, dans tout ce qui précède, que vous témoigner à quel point je suis heureux de toute occasion de vous rendre service214.

Cependant, dès que Spinoza sut que Blyenbergh avait deux règles de vérité: l’Écriture d’abord, ensuite la raison, il comprit qu’il avait affaire à un homme d’une nature différente de la sienne. Blyenbergh était un homme plus préoccupé de garder sa foi que de connaître la vérité. Dès lors, il devint évident qu’il ne pourrait pas partager son amour de la vérité, ni sa conception de la nature divine ou du perfectionnement de l’entendement. Au lieu de s’allier à un philosophe qui soit un authentique chercheur de vérité, de trouver une âme- sœur, le voilà qui correspondait avec un homme pour qui la logique était secondaire. « Je vois que nous pensons de manière différente, non seulement sur les conséquences éloignées qui se tirent des premiers principes, mais sur les principes eux-mêmes. Dès lors, je ne crois plus qu’un échange de lettres puisse servir à nous instruire mutuellement215. » Spinoza

interrompit donc cette relation dans des termes clairs. Spinoza voulait être utile aux autres mais aussi à lui-même. Comment un homme à l’esprit passif pour qui la priorité n’est pas d’enchainer ses idées selon l’ordre de la raison lui serait-il utile? Il ne l’aiderait pas à parfaire l’éducation qu’il voulait donner sur l’idée de l’éternité; « comme il y a de nombreuses choses, en effet, que nous ne pouvons saisir que par l’entendement, et en aucune manière par l’imagination, telles la substance, l’éternité, la nécessité…216 ».

Spinoza était absolument convaincu qu’il n’avait pas de temps à perdre avec les superstitieux. Malgré cela, il a pris le temps de répondre longuement à Blyenbergh car il ne voulait pas laisser sans réponse les questions que ce dernier avait soulevées sur le problème

214 Lettre XIX, Spinoza à Blyenbergh, p. 1121. 215 Lettre XXI, Spinoza à Blyenbergh, p. 1145. 216 Lettre XII, Spinoza à Louis Meyer, p. 1099.

du mal. Cependant, au bout de quatre échanges, Spinoza rompit la relation avec Blyenbergh, jugeant plus utile de se consacrer à son œuvre que de se river à l’incompréhension naturelle d’un homme dont l’esprit n’est pas encore parvenu à la puissance suffisante pour concevoir l’idée de la nécessité217. « Ce sont ces questions qui ne

peuvent être comprises, avant qu’on ait bien saisi ce que je dis de la nécessité218. » Spinoza

jugea donc Blyenbergh inutile à son propre perfectionnement intellectuel.

Ce qui montre qu’il ne suffit pas de se poser des questions fondamentales pour être le lecteur de Spinoza. Encore faut-il que l’esprit du lecteur ait la puissance nécessaire pour placer la raison au-dessus de l’Écriture et concevoir la nécessité des lois, c’est-à-dire, pour avoir complètement dépassé la croyance aux miracles et être parvenu au deuxième genre de connaissance. D’où l’insistance de Spinoza à s’adresser aux hommes conduits par la raison dans l’Éthique. C’est la raison et non l’imagination qui rend possible le progrès moral. Ce que nous rappelle Delbos :

Le progrès de la vie morale a précisément pour effet de laisser tomber, comme vaines, les relations purement temporelles et contingentes et de nous amener à la conscience des relations nécessaires et éternelles, comme aussi de réduire graduellement l’affirmation confuse de ce qui n’est pas Dieu ou n’est pas par Dieu, et de ne laisser subsister en nous que la claire affirmation de Dieu et de ce qui est par Dieu. La connaissance de la nécessité éternelle des choses peut se produire dans cette vie. L’idée de Dieu en nous est une source de joie. Elle se caractérise à la fois par une suprême indifférence aux passions qui divisent et la suprême identité de toutes les vertus qui unissent219.

Ensuite, Spinoza s’est aperçu qu’il ne pouvait pas être compris par un certain type d’homme, par l’homme charnel. Selon lui, ce dernier ne peut être intérieurement affecté par la joie de la compréhension des vérités éternelles. Ce que lui avait appris le philosophe Velthuysen, qui malgré sa réputation de philosophe n’avait pas été un lecteur approprié pour le TTP.

Nous pensons que Spinoza avait dû désirer l’avis d’un philosophe sur le TTP avant de le publier. Il avait donc demandé à Jacob Osten de servir d’intermédiaire entre lui et Velthuysen pour avoir des commentaires de ce dernier tout en restant anonyme. En

217 Lettre XXIII, Spinoza à Oldenburg, p. 1161. 218Lettre XXVII, Spinoza à Blyenbergh, p. 1170. 219 V. DELBOS, op. cit., p. 190.

échange, Spinoza avait promis à Osten de lui faire part de sa réception des commentaires de Velthuysen220. Or, Spinoza n’avait pas apprécié les commentaires de Velthuysen sur son

TTP. Il avait alors reconnu que ce philosophe représentait exactement le modèle du lecteur

qu’il ne voulait pas. Il avait lui-même fait lire son TTP à l’homme qu’il invitait, dans sa préface, à passer son chemin.

Je n’invite donc pas à lire cet ouvrage le vulgaire et ceux qui sont agités des mêmes passions que lui; bien plutôt préfèrerais-je de leur part une entière négligence à une interprétation qui, étant erronée suivant leur coutume invariable, leur donnerait l’occasion de faire le mal, et, sans profit pour eux- mêmes, de nuire à ceux qui philosopheraient plus librement, n’était qu’ils croient que la Raison doit être la servante de la Théologie; à ces derniers, en effet, j’ai la conviction que cet ouvrage sera très utile221.

Dans sa lettre à Osten, Spinoza décrit Velthuysen. Il le voit sous un jour nouveau maintenant qu’il en sait un peu plus sur la façon dont il pense. Il le décrit comme étant un type d’homme charnel qui ne connaît rien de l’amour intellectuel. Selon lui, cet homme modère ses désirs à cause de la crainte des sanctions au lieu d’agir avec la joie que procurent les bonnes actions. Spinoza reproche à Velthuysen de penser comme un esclave.

En vérité, je crois savoir dans quel bourbier cet homme patauge. Il ne trouve rien dans la vertu et l’entendement qui lui plaise, par soi-même, et il préférerait vivre selon les impulsions de ses affects s’il n’y avait cet obstacle : il a peur des sanctions. Il s’abstient des actions mauvaises et observe les commandements divins contre son gré et d’une âme changeante comme un esclave222.

Ailleurs, dans le TTP, Spinoza fait un portrait plus précis de l’homme charnel. Selon lui, cet homme a une conception très limitée du souverain bien car il ne peut connaître la joie autrement que par les choses éphémères qui affectent son corps. Il demeure inconscient de la connaissance immanente de Dieu et des vérités éternelles qui s’expriment en lui.

L’homme charnel ne peut connaître cette vérité (que Dieu est notre souverain bien), et elle lui paraît vaine parce qu’il a de Dieu une connaissance trop insuffisante, et aussi parce qu’il ne trouve dans ce souverain bien rien qu’il puisse toucher ou manger ou qui affecte la chair, dont il recherche le plus les

220 Lettre XLIII, Spinoza à Jacob Osten, p. 1217, « Vous vous étonnez sans doute que je vous fasse attendre si

longtemps, mais je puis à peine me résoudre à répondre à l’écrit que vous m’avez envoyé. Je n’ai d’autre raison de le faire que ma promesse. »

221TTP, préface, p. 28.

délices, puisque ce bien consiste dans la contemplation seule et dans la pensée pure. Mais ceux qui reconnaîtront que rien en eux n’a plus de prix que l’entendement et une âme saine, jugeront sans doute cette vérité très solide223.

Ainsi, l’homme charnel, même s’il est philosophe, ne peut être un bon lecteur pour Spinoza. En effet, ce que Spinoza veut partager avec un autre homme, c’est la joie de connaître le souverain bien intellectuel, l’amour intellectuel de Dieu. L’homme charnel ne peut concevoir que le souverain bien est intellectuel. Nous avons donc ici un exemple où Spinoza a dû penser qu’il avait fait le pire alors qu’il croyait faire le meilleur en faisant lire son TTP par Velthuysen.

Son interlocuteur idéal doit avoir atteint une certaine maturité. Ce qui explique, selon nous, qu’il ne fut pas attiré par l’enseignement à la jeunesse.

Dans une lettre adressée à Simon de Vries, Spinoza le prie de ne pas parler de sa philosophie avec Casearius, de qui il se méfiait tout en l’aimant; « personne, en effet, ne me pèse plus que lui, et il n’est personne pour qui j’aie plus de méfiance. C’est pourquoi je veux que vous sachiez, ainsi que tous les autres, qu’il ne faut pas lui communiquer mes idées avant qu’il n’ait acquis plus de maturité. Il est encore trop enfant et trop inconsistant, plus soucieux du nouveau que du vrai224». Pour Spinoza, l’inconstance, l’insouciance,

l’attrait pour le nouveau qui disqualifiait Casearius à l’initiation à sa philosophie, étaient, ce qu’il appelait les défauts de la jeunesse parce que ces défauts guérissent avec l’âge. Spinoza craignait d’être mal interprété par Casearius car il était conscient que sa pensée exigeait une très grande application. Mais comme il était aussi généreux que prudent, il eut à cœur de satisfaire quand même le désir de Casearius pour la connaissance. Il lui dicta la deuxième partie des Principes de la philosophie de Descartes dont les idées étaient déjà largement acceptées.

Spinoza ne voulait donc pas d’un lecteur trop jeune car il considérait que le bon raisonnement nécessite un homme aguerri au discernement.

Or, la raison pour laquelle il est si rare que, dans l’étude de la Nature, l’investigation soit conduite dans l’ordre convenable, réside d’abord dans les préjugés dont nous expliquons plus tard les causes dans notre philosophie.

223 TTP, chap.4, p. 89.

Ensuite, qu’il est besoin de beaucoup de précision et de différenciation, comme nous le verrons, ce qui demande une grande application. Enfin, cela tient aussi à l’état des affaires humaines qui, comme on l’a déjà montré, est fort instable. Il y a encore d’autres raisons que nous ne rechercherons pas225.

Ce qui fait que même s’il aima la jeunesse, Spinoza n’était pas du tout attiré par la jeunesse de son temps, ni par l’enseignement public. Ainsi en témoigne sa réponse à Fabritius226 où il refuse poliment l’offre que lui faisait l’Électeur Palatin d’occuper une

chaire professorale à l’Université de Heidelberg.

À première vue, il peut sembler surprenant, de la part d’un homme qui vit dans la précarité financière et désire éduquer (« (…) chacun ne peut donc mieux montrer sa valeur acquise ou naturelle (arte et ingenio) qu’en éduquant les hommes de sorte qu’ils vivent enfin sous l’autorité propre de la Raison227»), de lire qu’il n’a jamais été tenté par

l’enseignement en public228. L’homme qui voulait « donner ses soins à ce que beaucoup

d’autres comprennent comme moi, de sorte que leur entendement et leurs désirs s’accordent à mon entendement et mes désirs229 », manquait-il d’ambition devant l’opportunité qui lui

était offerte?

Voici les quatre raisons qu’il donna pour justifier son refus : 1. Il n’a jamais été tenté par l’enseignement public. 2. Il préfère poursuivre ses travaux philosophiques au lieu de se consacrer à la jeunesse. 3. Il ignore les limites à donner à sa philosophie. 4. Il est fidèle à l’amour de sa tranquillité.

Spinoza ne s’identifiait pas à un professeur d’université, et cela pour plusieurs raisons : 1) Il ne voulait pas enseigner à un groupe car alors il aurait dû adapter son enseignement au niveau de la majorité. 2) Il ne voulait pas enseigner à la jeunesse car ses défauts lui étaient pénibles. 3) Il ne désirait pas avoir une notoriété, faire des émules, appartenir à une institution. Son ambition s’était intériorisée en humanité. 4) Il ne tenait pas les universités en haute estime, ce qu’il exprime dans le TP. « Les universités, dont la fondation est supportée pécuniairement par l’administration publique, sont des institutions

225 TRE, par. 45.

226 Lettre XLVII, Fabritius à Spinoza, p. 1227. 227 E 4 App. Chap. 4

228 Lettre XLVIII, Spinoza à Fabritius, p. 1228. 229 TRE, par. 14.

destinées, non à cultiver, mais à contraindre les esprits230. » 5) Spinoza était très

conscient que tôt ou tard, il serait mal interprété. « D’autre part, j’ignore dans quelles limites ma liberté de philosopher devrait être contenue pour que je ne parusse pas vouloir troubler la religion établie231. » Il savait très bien qu’il ne dépendait pas de lui, mais de la

manière dont le corps de son auditeur aura été affecté par ses paroles, qu’il soit bien ou mal interprété. « Contre de tels abus, nul recours n’est possible, en vertu de cette vérité banale qu’il est impossible de ne rien dire si droitement qu’on ne puisse le détourner de son vrai sens en l’interprétant mal232. »

Comme il vécut dans une époque où il pouvait écrire et publier sa pensée, il considéra qu’il pouvait enseigner à un lecteur philosophe inconnu conçu sous le regard de l’éternité. L’écriture lui offrait le grand avantage de pouvoir retravailler ses idées de façon à les exprimer le plus précisément possible. Il réduisait ainsi les risques d’une mauvaise interprétation ou d’une déformation. De plus, l’enseignement par le livre éliminait complètement les affects passifs qui peuvent se produire entre les hommes pour toutes sortes de raisons extérieures.

Il ne chercha pas d’autre façon de propager son enseignement. Il a demandé à ce que ses écrits soient publiés de façon anonyme. Spinoza fut donc très lucide dans sa décision. Il ne fut pas affecté par l’honneur d’avoir une chaire de professeur, mais par la crainte d’avoir à subir les (pénibles) défauts de la jeunesse, et la contrariété d’être empêché de consacrer tout son temps à l’écriture de sa philosophie.

Spinoza était convaincu qu’un homme est d’autant plus utile aux autres qu’il est utile à lui-même. Il était d’accord pour concevoir qu’éduquer les autres était la chose la plus utile à faire. Cependant, il ne voulut pas aliéner la paix et la tranquillité de son esprit qui étaient nécessaires à la formulation écrite de ses idées et à la jouissance de l’amour intellectuel de Dieu. « Mon seul but est de pouvoir goûter l’union avec Dieu et de produire en moi des idées vraies et de faire partager ces choses à mon prochain233. » Son prochain, c’est le

230 TP, chap. 8, par. 49.

231 Lettre XLVIII, Spinoza à Fabritius, p. 1228. 232 TTP, chap. 12. p. 218.

lecteur philosophe conçu sous le regard de l’éternité, et pas du tout la jeunesse de son temps.

Heureusement, il jouissait d’une indépendance financière élémentaire pour assurer sa subsistance. Son ami Simon de Vries l’avait pourvu d’une petite rente qu’il complétait avec le revenu qu’il tirait de son métier de tailleur de lentilles. Il eut ainsi toute la liberté de refuser l’offre de l’Électeur Palatin et le salaire qu’il l’accompagnait. Il fut donc en accord avec sa complexion particulière de philosophe solitaire qui n’a pas besoin d’émules. Il se consacra à une œuvre intellectuelle et comme nous l’avons lu dans la lettre à Blyenbergh, il en tira la plus grande joie et la plus grande satisfaction, comme il convient à quiconque réalise quelques progrès.

En conclusion, le lecteur idéal pour Spinoza est un homme conduit par la raison, un intellectuel qui peut être affecté par l’amour intellectuel de Dieu, un homme libre et mature qui voit l’utilité de consulter un autre homme conduit par la raison et de réfléchir à ses conseils fraternels.

Conclusion

Au terme de ce chapitre, nous estimons avoir fait un portrait assez précis de l’éducateur conduit par la raison, en lui opposant l’éducateur conduit par la passion et en traçant aussi le portrait du lecteur à qui Spinoza voulait s’adresser.

Ainsi, l’éducateur tel que Spinoza le conçoit est bien un homme conduit par la raison qui veut être utile à lui-même et aux autres en faisant des raisonnements rationnels, que les autres pourront imiter. Cet homme a beaucoup de qualités. C’est un homme joyeux. Il tire sa joie de la compréhension rationnelle des choses, et de l’amour intellectuel de Dieu. Il agit de manière à être utile à lui-même en même temps qu’aux autres. Il a conscience de réaliser quelques progrès en formant des idées adéquates. Il est mû par l’amour de la liberté. Il comprend l’utilité du corps dans la connaissance des vérités éternelles. Il s’intéresse à comprendre les vertus et leurs causes. Il porte un regard de docteur sur les affects. Lui-même ne se laisse pas envahir par les affects passifs. Il ne cherche pas à faire des émules. Il a une conception positive de l’homme. Il est prudent, clairvoyant, en possession de soi. Il connaît la stratégie paradoxale de l’amour propre. En lui l’ambition

s’est modifiée en humanité et en bienveillance. Il est conscient que le progrès ou la puissance d’un homme, de même que son souverain bien, dépendent de la proportion des idées adéquates que contient son esprit. Il pense donc pouvoir augmenter le nombre d’idées adéquates dans le monde, guérir la passivité de l’esprit inhérente à la condition humaine au moyen du remède qu’il propose, la connaissance rationnelle de ses affects, et induire un comportement éthique pour vivre en paix dans un État prospère.

Il écrit son œuvre en désirant le salut des hommes et la paix de l’État. Il anticipe la joie de partager le souverain bien intellectuel avec ses semblables. Il est donc très différent