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Les villes sibériennes dans lesquelles les Républicanistes ont séjourné au cours de leur exil conservent toutes des musées et quelques archives. En 2000-2001, lors d’un séjour en Transbaïkalie (Sibérie orientale), j’ai travaillé sur les archives laissées par les Républicanistes à Tchita, lieu de leurs premières années de bagne, mais aussi dans d’autres villes plus petites, telles que Nertchinsk (mines argentifères dans lesquelles on faisait travailler les prisonniers politiques) et Petrovskij zavod (second lieu de détention). On y trouve peu de traces écrites : quelques aquarelles réalisées par les Républicanistes en réclusion, des extraits de leurs mémoires, et leur correspondance avec leurs épouses ; en revanche, tous les objets leur ayant appartenu sont conservés avec un soin scrupuleux77. Dans la mesure où de nombreux Républicanistes

s’installèrent à Irkoutsk – ville florissante et ouverte à la culture – après leurs années de bagne, j’ai effectué quelques recherches à la Bibliothèque de la ville, au cours de l’été 2002. Le résultat fut relativement décevant : aucun texte à teneur politique, mais quelques lettres et de nombreux objets ; la maison de S.G. Volkonskij, transformée en musée, permet toutefois de reconstituer la vie de ces officiers insurgés en exil et de déceler leurs centres d’intérêt, notamment à travers les revues et journaux auxquels ils étaient abonnés.

En France, en dehors des bibliothèques universitaires consultées78, mes recherches se sont concentrées sur l’étude des fonds russes des archives du Ministère des Affaires

77 Voir la Bibliothèque de Nertchinsk, l’église-musée de Tchita, les maisons construites par les épouses

des Républicanistes à Tchita (notamment « l’allée des Dames »), etc.

78 Bibliothèques consultées lors de séjours de travail : INALCO, B.D.I.C., Bibliothèque de l’Université

Paris I/Sorbonne, I.E.S., Bibliothèque Denis Diderot (Lyon) ; par prêt entre bibliothèques : Bibliothèque de l’Université d’Aix-Marseille, Bibliothèque de l’Université de Lille, Bibliothèque de l’Université de Grenoble, Bibliothèque de l’Université de Strasbourg, Fondation des Sciences

Etrangères (Quai d’Orsay) : les documents du début du XIXème siècle, conservés sous

forme de micro-films, présentent les rapports des ambassadeurs français en Russie à cette époque, ainsi que le séjour des Russes en France. Deux ambassadeurs ont retenu notre attention : François-René de Chateaubriand, qui assura les fonctions de ministre des Affaires Etrangères, du 28 décembre 1822 au 5 juin 1824 ; et le lieutenant-général baron de Damas, qui occupa le même poste du 4 août 1824 au 4 janvier 1828. D’autres documents précisent les rapports entre la Russie d’Alexandre Ier et de Nicolas Ier et la France ; les sources sur la diplomatie de Napoléon Ier abondent également79. Cette approche permet de privilégier le regard français posé sur la Russie et les insurrections de décembre 1825 et janvier 1826.

Mais l’ensemble des recherches présentées ici a été réalisé grâce à un travail régulier dans le fonds slave des Jésuites, travail lié à mon poste de Chargé de Recherche Documentaire (C.R.D.). Ce fonds provient de la réunion de deux Bibliothèques, la Bibliothèque Slave de Paris, créée au milieu du XIXème siècle par I.S. Gagarin, et la Bibliothèque Saint-Georges, fondée dans les années 1920 et agrémentée d’un internat, pour offrir aux jeunes Russes, qui fuyaient la guerre civile et le pouvoir soviétique, la possibilité de se former dans leur langue maternelle. Les très riches collections de ces deux fonds m’ont permis d’avoir accès aux textes majeurs du XIXème siècle, que j’ai pu

consulter dans les éditions originales80. Par ailleurs, la recherche des sources est grandement facilitée par le travail consciencieux d’édition réalisé par les historiens soviétiques : tous les textes du procès81 ont été publiés dans une collection intitulée

Politiques.

79 Dans les archives du Quai d’Orsay consacrées à la Russie, on signalera les tomes 28 à 32, et

notamment le tome 28 intitulé « Russie, 1821 à 1834 – Mémoires et documents, 53 pièces ». Ce tome contient des indications sur le coût des journaux, des mémoires anonymes sur la Russie, des observations de voyageurs, de marchands, etc., ainsi qu’un projet d’entente, non abouti, entre Napoléon Ier et Alexandre Ier. Voir aussi SCHNITZLER, J.-H., Histoire intime de la Russie sous les

Empereurs Alexandre et Nicolas, Paris, éd. Jules Renourard et Cie, 1847, en deux tomes.

80 Par exemple les revues Polârnaâ zvezda et Kolokol d’A.I. Gercen, les textes de N.I. Turgenev

publiés en France, les mémoires des Républicanistes publiés à Leipzig, ainsi que quelques textes du XVIIIème siècle (on signalera notamment une édition originale du Nakaz de Catherine II ainsi qu’une édition originale du rapport de la Commission d’enquête sur les Décembristes).

81 Les documents relatifs aux insurrections de décembre 1825 et janvier 1826, et surtout au

déroulement du procès, sont conservés dans les archives d’Etat de la Fédération de Russie (RGIA – Rossijskij Gosudarstvennyj Institut Arhiva). Le fonds correspondant est le n°48, 2e section (Dela

Sledstvennoj Komissii i Verhovnogo ugolovnogo suda nad dekabristami) ; il contient 25 documents,

rédigés par la Commission d’enquête entre décembre 1825 et septembre 1826. A cela il faut ajouter les archives secrètes du IIIe Département de la Chancellerie particulière de Sa Majesté Impériale. On trouvera une analyse détaillée dans l’ouvrage de FËDOROV, V.A., Dekabristy i ih vremâ, Moskva, MGU, 1992.

Vosstanie dekabristov82. Les autres textes des Républicanistes – mémoires, projets

constitutionnels, correspondance, etc. – ont fait l’objet d’anthologies, conservées elles aussi dans le fonds slave des Jésuites : leur accès m’a donc été grandement facilité.

Curieux de tout, les Républicanistes ont des centres d’intérêt extraordinairement vastes, ce qui explique la multiplicité de leurs écrits sur des sujets très variés. Pour comprendre la formation de leur pensée, le chercheur dispose de leurs ouvrages, mais aussi de documents officiels de la Russie impériale, ainsi que d’écrits théoriques des penseurs du XVIIIème siècle.

Ecrits des Républicanistes.

Dans la perspective énoncée, une attention spécifique a été apportée aux écrits des Républicanistes, notamment à leurs productions de caractère politique, économique ou philosophique. Les documents internes aux sociétés politiques secrètes – la Société du Nord, la Société du Sud et la Société des Slaves Unis – sont les premières sources auxquelles il faut s’adresser pour déceler les problèmes politiques dont on débattait au sein de ces sociétés. Ces textes répondent à des canons d’écriture précis, et diffèrent peu les uns des autres ; il n’en demeure pas moins qu’ils témoignent des aspirations et des activités des membres de ces sociétés secrètes.

Ces sources sont peu nombreuses en regard de l’intense activité déployée par ces sociétés. Cet état de fait est dû à l’interdiction, pour tout membre des sociétés secrètes, de conserver des documents écrits. Ainsi, la Société du Nord possède quelques documents courts et centrés sur des rites d’initiation83. La Société du Sud est tout aussi pauvre en documents ; on ne sait toujours pas s’il existait un règlement propre à cette société. En effet, l’arrestation de P.I. Pestel’ dès le mois de septembre 1825 a conduit ses membres à faire disparaître prudemment tous les documents compromettants. Il ne

82 Vosstanie dekabristov, Moskva, Leningrad, Gosudarstvennyh arhiv puis Gosudarstvennoe

izdatel’stvo Političeskoj Literatury puis Gospolitizdat, 1925 à 2001, tomes I à XXI. Le fonds slave des Jésuites en possède la collection complète.

83 La recherche fait état du Règlement (Pravila), rédigé par N.M. Murav’ëv en 1821 ; du Projet

(Proekt) d’A.V. Podžio et du Règlement (Pravila) de N.I. Turgenev, qui datent tous deux de 1823 ; et des Articles de la Société du Nord (Artikuly Severnogo Obŝestva), publiés en 1824. Néanmoins, ces textes n’ont pas été publiés à ce jour. Les lettres de N.M. Murav’ëv ont fait l’objet d’une récente publication : N.M. Murav’ëv. Pis’ma dekabrosta : 1813-1826 gg., Moskva, Pamâtnik istoričeskoj mysli, 2001.

reste donc qu’un Statut (Ustav) et une brève formule de Serment (Klâtva), prêté lors de l’entrée dans la société84. Quant à la Société des Slaves Unis, elle a produit peu de

documents, mais qui ont été conservés ou restitués lors des interrogatoires : on recense un Règlement (Pravila), ainsi qu’un Catéchisme orthodoxe (Pravoslavnyj Katehizis). On trouve aussi le texte du Serment (Prisâga)85 prêté lors de l’entrée dans la société. Tous ces textes sont relativement brefs, ce qui rend plus difficile l’identification des conceptions politiques de leurs auteurs. Un autre document est à signaler : une Note (Zapiska) d’I.I. Gorbačevskij, concernant la préparation à une insurrection86. Ces deux textes (le Serment et la Note) sont reproduits dans le dossier d’instruction de N.I. Lorer87.

Face à ces renseignements relativement pauvres, les projets constitutionnels des Républicanistes sont de première importance. Le colonel P.I. Pestel’, directeur de la Société du Sud, rédigea un projet de constitution approfondi, intitulé la Justice russe (Russkaâ Pravda)88. Seuls les cinq premiers chapitres nous sont parvenus, les autres ont été détruits par crainte des perquisitions. Il existe quatre variantes de ce texte : la première a été rédigée par P.I. Pestel’ en 1823 ; la deuxième est la version épurée de I.F. Šimkov, reproduite dans son dossier d’instruction ; la troisième variante porte le titre de

Bref aperçu de la Justice russe (Kratkoe načertanie Russkoj Pravdy), écrite en français

et datant de 1823. Enfin, une dernière variante, sans doute élaborée en 1825, est un résumé des idées principales, accompagné d’une critique du projet constitutionnel de N.M. Murav’ëv : ce texte est de la main de P.I. Pestel’. Le deuxième projet constitutionnel achevé est de la main de N.M. Murav’ëv, directeur de la Société du Nord, qui rédigea son texte en 1821 et 1825 ; il porte le titre – apparemment – transparent de Konstituciâ. Le texte de ce projet de constitution fut brûlé en septembre

84 En revanche, la correspondance des membres de la Société du Sud a été mieux conservée : on

dénombre trois lettres de M.P. Bestužev-Rûmin (1823-1825), une lettre du prince S.G. Volkonskij (1824), une lettre de V.L. Davydov (1824), ainsi que les lettres de S.I. Murav’ëv-Apostol pour les années 1823-1825. Voir l’ouvrage de FËDOROV, V.A., Dekabristy i ih vremâ, op.cit., pp.264-270.

85 Le terme prisâga désigne un engagement solennel, pris devant témoins ; c’est le terme utilisé pour

parler du serment des troupes à leur souverain.

86 Il existe une autre Note (Zapiska) de P.I. Borisov, sur les munitions d’artillerie, mais elle présente

peu d’intérêt pour notre analyse des conceptions politiques des Républicanistes.

87 Le dossier d’instruction de N.I. Lorer est reproduit dans la collection Vosstanie dekabristov, op.cit.,

tome XII, pp.24-52.

88 Ce texte fait environ 200 pages. Nous en avons effectué une traduction en français, dont nous

1825, mais il nous est malgré tout parvenu dans son intégralité, selon trois variantes. La plus récente a été reproduite de mémoire par l’auteur en prison, à la demande de la Commission d’enquête, et porte le titre de Statut constitutionnel (Konstitucionnyj

ustav) ; elle date de 1826. Une copie fut trouvée dans les papiers du prince S.P.

Trubeckoj ; elle porte le nom de « variante de Minsk », parce qu’elle fut sans doute rédigée à Minsk en 1821. Une troisième et dernière variante – qui remonte à 1824 ou 1825 – a été retrouvée dans les papiers d’I.I. Puŝin, qui avait transmis ce document à P.A. Vâzemskij en toute hâte, le soir même de l’insurrection à Saint-Pétersbourg. Les trois variantes sont reproduites dans la collection Vosstanie dekabristov89.

Outre les projets constitutionnels, les écrits à teneur philosophique et économique présentent un grand intérêt pour identifier les influences reçues. Très peu de textes philosophiques nous sont parvenus, à l’exception d’un poème d’A.P. Barâtinskij, intitulé A propos de Dieu (O Boge), proclamant avec force une théorie athée. En revanche, les traductions réalisées par les Républicanistes témoignent de l’intérêt de ces derniers pour la philosophie politique : avant son arrestation en 1825, P.I. Borisov s’était attaché à traduire les œuvres de Voltaire et Helvétius ; N.A. Krûkov traduisit les œuvres de Condillac ; M.M. Spiridov traduisit Weiss. Dans le domaine économique, l’économie politique, nouvelle discipline scientifique fort prisée à l’époque en Russie comme en Europe, semble avoir passionné ces jeunes nobles russes. Un ouvrage majeur, à cet égard, est l’Essai de théorie des impôts (Opyt teorii nalogov) rédigé par N.I. Turgenev. M.F. Orlov, quant à lui, publie en 1833 son étude Du crédit de l’Etat (O

gosudarstvennom kredite), salué par l’ensemble de la société éclairée comme un

ouvrage remarquable.

En Russie impériale, la controverse politique ne peut avoir lieu de manière directe : l’espace public n’est en aucun cas le lieu d’une expression libre et polémique ; il désigne le lieu où s’accomplit et s’exécute la volonté du souverain. Toutefois les polémiques et les débats ne sont pas absents de la vie publique russe, mais il faut les chercher dans d’autres lieux : la littérature est le support privilégié des publicistes et écrivains désireux d’influencer l’opinion publique naissante ; une revue littéraire s’avère précieuse et devient une tribune d’idées sociales et politiques. Dans ce domaine,

89 La variante la plus étoffée de la Konstituciâ de N.M. Murav’ëv ne dépasse pas 80 pages. Nous en

les Républicanistes sont particulièrement novateurs : l’exemple le plus saisissant de leurs convictions demeure l’almanach de K.F. Ryleev et A.A. Bestužev90, L’étoile polaire (Polârnaâ zvezda), dont les pages sans complaisance dénoncent l’atavisme de la

société russe et tentent de diffuser parmi l’élite intellectuelle les principes d’une instruction civique. Dans les thèmes favoris de cet almanach, on trouve nombre de notions (nation, peuple, gouvernement représentatif, Etat) qui participent aussi de l’élaboration d’une pensée politique en Russie. Dans le même souci d’établir la généalogie de cette pensée politique, on a également traité de sources mineures, tels les pamphlets politiques – notamment à l’occasion de la mutinerie du régiment de Semenov – , les chansons de tables et les comptines, qui, à travers des caricatures récurrentes du tsar et de ses favoris, dénoncent une certaine conception du pouvoir.

A ces textes fondamentaux s’ajoutent d’autres écrits, moins importants de prime abord, mais qui pourtant participent eux aussi de la maturité intellectuelle des Républicanistes. Parce que le politique se joue aussi à un plus bas échelon, celui des entrelacs de la vie quotidienne, des débats entre étudiants, des réunions entre amis, on s’est attaché à travailler les journaux intimes, notamment celui que N.I. Turgenev91 tint

de 1806 à 1824, pendant sa période de formation à l’Université de Göttingen, ainsi que les échanges épistolaires entre les frères N.I., S.I. et A.I. Turgenev. On citera également le journal d’A.A. Bestužev pour les années 1823-182492. Les lettres échangées entre les frères S.I. et M.I. Murav’ëv-Apostol, la correspondance de P.I. Pestel’ avec son père, celle des frères A.I. et P.I. Borisov sont autant de sources précieuses pour l’historien qui souhaite faire apparaître les liens entre les personnes et les empreintes laissées par telle ou telle amitié. Dans le but de rendre manifestes les influences intellectuelles et la réception de certaines théories européennes, on analyseta également les cours professés par le professeur A.P. Kunicyn93, ainsi que les notes prises par P.I. Pestel’ lors de cours

90 Les trois numéros de cette revue ont fait l’objet d’une réédition en fac-similée : Polârnaâ zvezda,

izdannaâ K. Ryleevym i A. Bestuževym, Moskva, AN SSSR, 1960. Cette édition est accompagnée

d’un appareil critique extrêmement précieux.

91 Tous les documents concernant N.I. Turgenev se trouvent dans les archives des trois frères A.I., S.I.

et N.I. Turgenev : Arhiv brat’ev Turgenevyh, Sankt-Peterburg, Petrograd, 1911-1922, fascicules I à VII.

92 Voir les mémoires des frères N.A., A.A. et M.A. Bestužev, Vospominaniâ brat’ev Bestuževyh,

Moskva, Leningrad, AN SSSR, 1951.

93 Ces cours sont reproduits dans le recueil Izbrannye social’no-političeskie i filosofskie proizvedeniâ

du soir à l’Université de Saint-Pétersbourg. Ces deux textes permettront d’identifier avec certitude les sources théoriques de la pensée des Républicanistes – droit naturel et économie politique – et d’établir la généalogie de leurs conceptions de l’Etat.

Documents officiels.

Les documents relatifs à l’enquête et au procès des officiers insurgés constituent une source de premier ordre pour saisir tant la formulation de leurs idées, que la réception de leurs conceptions politiques par les autorités officielles ; sur ce point, on consultera avec profit le Rapport de la Commission d’enquête94. Il convient également de lire l’ensemble des Dossiers d’instruction, qui reproduisent dans leur intégralité les interrogatoires et les réponses des officiers insurgés aux questions posées ; ces dossiers sont accessibles grâce à la collection déjà citée Vosstanie Dekabristov95. Les

interrogatoires sont à utiliser avec circonspection. Ils présentent malgré tout un vif intérêt pour l’historien : même si les réponses sont souvent approximatives, parfois contradictoires ou au contraire exagérées pour détourner la colère du tsar, elles contiennent des éléments que l’on ne trouve ni dans les mémoires, ni dans la correspondance. C’est à travers ces réponses parfois évasives que l’on peut tracer la chronologie des différentes sociétés et établir les réseaux qui unissaient les membres des sociétés politiques secrètes. Les réponses aux interrogatoires sont aussi une source précieuse d’informations pour la Société des Slaves Unis, pour laquelle il reste fort peu de documents écrits.

Outre ces documents officiels, la correspondance d’Alexandre Ier avec Adam Czartoryskij ou Frédéric de Laharpe, et celle de Nicolas Ier avec son frère le grand-duc

94 Titre complet : Conspiration de Russie. – Rapport de la commission d’enquête de St.-Pétersbourg à

S.M. l’Empereur Nicolas 1er sur les sociétés secrètes découvertes en Russie et prévenues de conspiration contre l’Etat, Paris, chez Ponthieu et Cie, 1826. Le texte, qui présente les conclusions

de la Commission d’enquête, est en français.

95 Vosstanie dekabristov, collection dirigée par M.V. NEČKINA, tomes I à XXI, Moskva, Leningrad,

Gospolitizdat, 1925 à 2001. L’édition des textes des interrogatoires est réalisée de manière très rigoureuse, et les documents qui y sont publiés sont parfaitement fiables. En revanche, l’ordre de publication ne suit pas une logique spécifique : les membres des Sociétés du Nord et du Sud sont disséminés dans tous les tomes. Les cinq premiers tomes présentent les dossiers d’instruction des membres les plus actifs et les plus charismatiques du mouvement républicaniste. Quelques tomes ont davantage attiré notre attention ; à titre d’exemple, on signalera que le tome VII est consacré à la

Russkaâ Pravda, et le tome VIII à une présentation biographique de chaque insurgé (Alfavit dekabristov).

Constantin, sont des documents essentiels pour comprendre l’ensemble des courants libéraux sous le règne d’Alexandre Ier, et la réaction de Nicolas Ier face aux insurrections

de décembre 1825 et janvier 1826. Ces correspondances ont été publiées pour partie par l’historien J.-H. Schnitzler96, et pour partie par le grand-duc Nikolaj Mihajlovič97. Par ailleurs, les écrits des conseillers et des proches du tsar apportent un complément indispensable pour évoquer l’atmosphère régnant à la cour impériale de Russie après les deux insurrections.

Enfin, un dernier témoignage de la réception des idées des Républicanistes est à chercher dans les rapports diplomatiques des ambassadeurs étrangers résidant à Saint- Pétersbourg, tel le comte de La Ferronays. Les réactions des cours européennes, à travers les lettres du prince de Metternich, du comte de Lebzeltern, du comte de La Ferronays ou de lord Castlereagh98, sont particulièrement riches de détails sur la réception des insurrections de 1825 et 1826. Et pour mieux saisir les réactions de l’Europe, tous les témoignages écrits, anonymes ou non, présentent un grand intérêt ; on citera, pour mémoire, les souvenirs de baron Löwenstern, ceux de la comtesse de Choiseul-Gouffier, d’A.P. Ermolov ou encore de P. Bourgoing99.

Les influences européennes.

Un dernier volet de sources à exploiter regroupe tous les écrits théoriques des philosophes des Lumières, entre 1760 et 1820. Il s’agit essentiellement des auteurs

96 SCHNITZLER, J.-H., Imperator Aleksandr Pervyl, ego žizn’ i carstvovanie, en quatre tomes, Sankt-

Peterburg, izdanie A.S. Suvorina, 1897 ; ou Histoire intime de la Russie sous les empereurs

Alexandre et Nicolas, Paris, Jules Renourard et Cie, 1847, tomes I et II.

97 Velikij knâz’ NIKOLAJ MIHAJLOVIČ, Les relations diplomatiques de la Russie et de la France

d’après les rapports des ambassadeurs d’Alexandre Ier et de Napoléon Ier, Saint-Pétersbourg, Manufacture des papiers de l’Etat, 1897-1898.

98 On citera pour exemples : LEBCEL’TERN, Z.I., Doneseniâ avstrijskogo poslannika pri Russkom

dvore Lebcel’terna za 1816-1826 gody, Sankt-Peterburg, Manufacture des Papiers de l’Etat, 1913 ;

NESSELRODE, Lettres et Papiers du Chancelier Comte de Nesselrode : 1760-1850, Paris, H.

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