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Le XVe siècle, de Jacques Cœur à la découverte de l’Amérique

À la fin du Moyen Âge, la France n’a plus vraiment de lien avec le monde musulman, hormis le commerce. En 1454, un homme est enfermé dans une geôle d’une chaleur suffocante à Poitiers. Il s’agit de Jacques Cœur, qui vient de voir sa condamnation à mort commuée en détention à perpétuité pour crimes contre le roi. Cet homme était, quelques années plus tôt, l’un des hommes les plus puissants du royaume ; à cet instant, il n’est plus rien qu’un malfrat accusé des pires crimes. Le destin de Jacques Cœur dévoile de la plus belle des manières l’état et l’évolution de la vision qu’a le royaume de France du monde musulman.

Entre la fin des croisades (XIIIe siècle) et la Renaissance (XVIe siècle), près de deux cents ans se sont écoulés. Même si les incursions ont toujours lieu sur les côtes européennes, même si les razzias marquent toujours les esprits, elles restent sporadiques, et la France vit désormais avec un relatif sentiment de sécurité, l’islam cesse d’être perçu comme une menace directe. Les conflits meurtriers ne sont plus de mise. Les royaumes latins de Palestine ont disparu, et les papes n’appellent plus à la croisade en Terre sainte.

Le XIIe siècle est l’apogée du Moyen Âge. Dans les campagnes, les conditions de vie se sont beaucoup améliorées ; les moines cisterciens ont défriché les forêts ; le servage ayant progressivement disparu, le paysan libre cultive sa terre comme il l’entend : c’est peut-être l’un des âges d’or de la paysannerie. Les villes se sont constituées, Paris est devenue la

capitale politique et administrative du royaume. Un temps heureux qui ne dure pas.

La guerre de succession de Philippe le Bel laisse des traces terribles : la couronne échappe au roi d’Angleterre et revient, en 1328, à un autre prince capétien, Philippe de Valois. Voilà l’une des nombreuses causes de la guerre de Cent Ans. À la guerre s’ajoutent la famine et les épidémies. La peste noire ravage le royaume, faisant des millions de morts. Après bien des batailles, tout le Sud-Ouest et Calais deviennent anglais. Vingt ans plus tard, sous le règne de Charles V, et grâce, notamment, à Du Guesclin, les Anglais vacillent. Mais, dans le même temps, sous le règne de Charles VI, à moitié fou, la guerre civile éclate entre les Armagnacs et les Bourguignons1. Affrontements sanglants à Paris, avec la prise de la Bastille le 27 avril 1413 et, surtout, lors de la nuit du 28 au 29 mai 1418, une des plus violentes révoltes qu’ait jamais connue la capitale. Dix mille morts ? Vingt mille2 ? Paris est couvert de sang, présageant la Saint-Barthélemy (massacre des protestants), qui se produira près d’un siècle plus tard, provoquant entre 3 000 et 5 000 morts3. Pour mieux comprendre cette époque, souvenons-nous que, à la suite d’alliances entre Bourguignons et Anglais, ceux-ci occupent, en 1422, tout le nord de la Loire, tandis que le sud (sauf la Guyenne) dépend de Charles VII, qui réside à Bourges, sans argent. Avec Jeanne d’Arc, le petit roi de Bourges, comme il est appelé, boutera les Anglais hors de France, et Français et Bourguignons se réconcilieront.

Et l’islam ? La confrontation entre ces deux mondes, ces deux cultures et religions, change d’environnement géographique. Si, en 1092, les Turcs seldjoukides sont aux portes de Constantinople, la capitale byzantine, l’Empire romain d’Orient est sauvé de la disparition par l’arrivée des croisades. Mais, affaibli, l’Empire se détériore d’année en année. Une nouvelle porte s’ouvre vers l’Europe, laissant la place libre aux invasions, mais seulement à l’est, car, à l’ouest, l’Espagne reconquise devient un barrage hermétique à toute armée musulmane. Dès le milieu du XIVe siècle, une autre tribu turque prend l’ascendant à la place des Seldjoukides, les Ottomans. Venant des steppes d’Asie, elle prend pied sur le continent européen, contournant Constantinople. Une nouvelle menace arrive sur l’Europe et dure près de cinq siècles (les apogées guerriers étant les deux sièges de Vienne en 1529 et 1683 et la bataille de Lépante en 1571). Mais cette menace ne concerne pas la France, qui, désormais, change de stratégie face au monde islamique.

Guerre civile, changement de puissance du royaume, nouvelle perception du monde musulman… C’est donc à cette époque charnière que vit Jacques Cœur. Témoin de premier ordre, il est un des hommes qui incarne ce changement radical. Connu pour sa devise À vaillant cœur, rien d’impossible, cet enfant de Bourges devient un des hommes les plus influents de son temps. Né vers 1400, il grandit dans la ville du futur roi de France (Charles VII), une ville au centre d’une des plus riches provinces du royaume, le Berry. Fils d’un pelletier, marchand de fourrure, il fait fortune.

Fermier de la monnaie de Bourges, il surveille la fabrication des pièces d’or et d’argent, et doit veiller au respect de la qualité des pièces, d’autant que circule alors, outre celle de Bourges, la monnaie parisienne et que les deux sont de valeur différente. Des scandales éclatent : il sera notamment soupçonné d’avoir fraudé sur la qualité de la monnaie. Est-ce pour fuir cela, pour se faire oublier, qu’il décide, en 1432, de partir pour le Moyen-Orient ? Des questions restent en suspens.

Une chose est sûre, il embarque de Narbonne pour Beyrouth, puis Damas. Les routes du commerce sont donc ouvertes entre les deux pays. Y va-t-il comme marchand ou pour préparer des expéditions ? Il semble pourtant qu’il n’y fasse pas d’achat personnel. Y va-t-il pour un pèlerinage ? Et, dans ce cas, pourquoi Damas ? Pour une mission de renseignement ? Pour observer les forces musulmanes, s’informer du traitement réservé aux chrétiens d’Orient ? Là encore, toutes les hypothèses sont possibles. Mais, lors de cette première expédition, Bertrandon de la Broquière, premier écuyer tranchant du duc de Bourgogne, Philippe le Bon, est dans les bagages et observe, en vue d’une éventuelle croisade4. En effet, cet écuyer rapportera ses observations, notant, par exemple, que, à Damas, les marchands sont enfermés la nuit chez les chrétiens par des agents du pouvoir. Ces écrits donnent à voir deux mondes qui deviennent de moins en moins hermétiques entre eux.

Le retour de l’expédition tourne au fiasco. Le bateau fait naufrage près de Calvi, leurs marchandises sont prises, les hommes rançonnés après emprisonnement. Cela semble mettre fin aux ambitions de Jacques Cœur.

D’ailleurs, il ne repartira qu’en 1457, soit vingt-cinq ans plus tard. De retour en grâce auprès du roi, Jacques Cœur devient le grand argentier du pays. Il réforme la politique monétaire, combat la fausse monnaie.

Propriétaire de mines de cuivre, de plomb et d’argent5, il développe, à côté de ses fonctions bancaires, une activité commerciale importante. Draps,

étoffes, laines, mais aussi huiles, papiers, parchemins, épices, poivre et gingembre, et la soie. Cette soie si recherchée n’est pas encore produite à Tours ou Lyon. Elle vient d’Orient et passe par Damas, Bagdad et Constantinople ou l’Italie. Jacques Cœur la fait venir de Florence, contribuant, par ses investissements italiens, à l’installation de certaines familles dans ce qui allait devenir la plus grande ville de la soie du royaume, la ville de Lyon. Les produits du Levant, comme ils sont appelés à l’époque, ne mettent pas plus de vingt-quatre jours à voyager, sauf incident, entre le port d’arrivée et Paris.

La légende dorée de Jacques Cœur le voit parcourir tout le Levant. Ses

« grands vaisseaux […] allaient en Barbarie, et jusqu’à Babylone quérir toutes les marchandises par la licence du Souldan et des Turcs infidèles6 ».

Pour le conseiller de Philippe le Bon : « Tout le Levant il visita avec son navire, et il n’y avait en la mer d’Orient mast revestu sinon des fleurs de lys7. » Selon l’évêque de Lisieux, conseiller du roi de France : « des galées […] parcouraient les rivages d’Afrique et d’Orient. » Tout cela est évidemment excessif, le prestige du grand argentier rehaussait le prestige royal de Charles VII. Les bateaux des cités italiennes parcouraient, eux, déjà ces eaux. Mais il est vrai que Jacques Cœur semble être le premier Français à se lancer à grande échelle dans le commerce avec les populations musulmanes.

Montpellier, ou plutôt son port de Lattes, est une place stratégique pour le commerce avec les pays musulmans de la Méditerranée. On estime que le développement de la médecine dans cette ville tient au commerce de plantes exotiques acclimatées. L’or et l’argent circulent par mer à partir de là. Les draps de laine teintés en rouge à Montpellier sont recherchés par une certaine clientèle des pays d’Orient8. Un des papes d’Avignon, Urbain V, autorise même les marchands à trafiquer avec les musulmans d’Égypte, à condition de ne pas dépasser un navire par an ! Ces bateaux allaient à Alexandrie, à Beyrouth, non sans grands risques. Ainsi, vers 1403, à Alexandrie, les marins et les marchands d’un bateau venant de Montpellier sont dépouillés de leurs marchandises, certains massacrés, d’autres vendus comme esclaves sur le marché du Caire9.

Jacques Cœur, pour le compte du roi, fonde une compagnie royale, afin de développer le commerce avec les pays du Levant. Il commande des navires, des galées (La Dame-Saint-Denis, La Madeleine, La Notre-Dame-Saint-Jacques, La Notre-Dame-Saint-Michel…). Ils sont d’un

tonnage modeste par rapport aux nefs de Gênes ou de Venise. Pragmatique, il négocie cependant la liberté du commerce pour les bateaux français avec les sultans mamelouks d’Égypte, qui recherchent les produits de luxe demandés par les épiciers et les apothicaires.

De l’autre côté de la Méditerranée, les chrétiens ont toujours un statut de sous-citoyen, la dhimmitude. Les deux mondes ne sont pas en paix. Il convient donc d’encadrer le commerce avec les musulmans, pour éviter de leur vendre tout ce qui peut renforcer leurs armées. Ce n’est ni plus ni moins qu’un embargo du marché de l’armement sous le contrôle des rois et des papes. Sont interdits les armes, mais aussi le bois d’œuvre et le métal. À rebours, les draps, le corail de Provence et l’argent sont échangés contre de l’or et des épices. L’argent, abondant en Europe, est rare au Levant.

L’échanger contre de l’or, plus courant de l’autre côté, enrichira le grand argentier, mais sera aussi la cause de sa perte.

Si la France cherche péniblement à commercer avec les pays du Levant, la Provence le faisait déjà depuis plus longtemps. Marseille, ruinée par les guerres entre Provençaux et Catalans, se reconstruit à partir de 1431. Les navires peuvent à nouveau accoster, et les Génois, les Narbonnais et les chevaliers de Rhodes commercent ainsi avec la Syrie et avec l’Égypte.

Jacques Cœur devient donc citoyen de Marseille pour y placer ses commis.

Son ambition est de mettre en place un circuit régulier de transport de marchandises. Il n’aboutit qu’à une ébauche. Mais, au-delà de ses contacts purement commerciaux, il semble que, en réalité, Jacques Cœur œuvre à nouer des relations diplomatiques avec le sultan d’Égypte. Si les besoins n’avaient été que commerciaux, il eut mieux valu aller à Constantinople, où toutes les marchandises s’échangent. Avec Beyrouth et, surtout, Alexandrie, au Caire, c’est assurément le pouvoir politique qui est visé. Ainsi, le roi de France devient un négociateur face au plus puissant souverain de l’Orient musulman. Il y gagne aussitôt un rôle de protecteur des marchands et des pèlerins10.

N’oublions pas, en effet, que les bateaux de pirates ou de corsaires musulmans pillent les navires marchands, réduisent les marins, marchands et pèlerins en esclavage. Des corsaires chrétiens font de même, partant des ports de Majorque, de Catalogne, de Rhodes. En 1408, des marchands berbères, musulmans, sont pris et vendus comme esclaves à Barcelone. Or, les navires français n’ont pas cette image de pillards et redoutent d’être assimilés à ces autres Européens qui n’hésitent pas à utiliser les mêmes

méthodes que les Orientaux. Jacques Cœur obtient du sultan l’autorisation d’envoyer d’autres bâtiments. Il fait négocier avec les chevaliers de Rhodes et l’empire mamelouk une trêve. Les bateaux français peuvent aller dans tous les ports de l’empire avec la garantie d’être protégés contre les abus ou les persécutions. Dans les chroniques du règne de Charles VII, on rappelle que le roi a reçu des lettres du sultan de Babylone, comme on l’appelle parfois. Notre roi y est qualifié « amy des Mores et de leur seigneur », et le sultan lui ouvre les voies du pèlerinage en Terre sainte : « ay commandé qu’il soit fait bonne compagnie aux pèlerins de ton pays, qui vont de Jérusalem et à Sainte-Catherine, car le tien ambassadeur m’a du tout prié », et ce, sans aucun droit de passage ou taxe !

Obtenir les bonnes grâces du sultan amène Jacques Cœur à prendre des décisions réprouvées par la morale chrétienne européenne. En effet, en 1445, un jeune Éthiopien chrétien, esclave, s’échappe et cherche refuge sur le bateau la Notre-Dame-Saint-Denis. Il arrive en terre de France, à Montpellier, et se met au service, notamment, de l’archevêque de Toulouse.

Or, Jacques Cœur le fait emprisonner et renvoyer en Égypte, chez son maître, au grand dam de l’élite de l’époque. L’accord négocié prévoit que nul ne prendrait esclave de l’un ou de l’autre. Cette décision risquait de mettre fin aux relations diplomatiques et commerciales. Le sultan aurait menacé de noyer et faire périr tous les Français présents sur son territoire.

Mais renvoyer le jeune esclave, c’est faire fi de l’édit du 3 juillet 1315 du roi de France Louis le Hutin qui dit que « selon le droit de nature, chacun doit naître franc (libre), le sol de France affranchit l’esclave qui le touche ».

Quel dilemme pour Jacques Cœur : faut-il respecter les principes chrétiens et la loi française et risquer de casser tous les accords ? La raison d’État l’emporte. Difficile décision, d’autant que, en même temps, des ordres de moines, de religieux sont organisés dans le seul but de racheter des esclaves chrétiens et de les libérer. L’ordre le plus connu est celui de La Trinité, qui œuvre de Marseille ou de Barcelone, et a été fondé en 1194 par deux moines français11. Son sigle est OSST12. Une mosaïque de 1210, encore visible sur le fronton de l’hospice Saint-Thomas-in-Formis, à Rome, montre deux esclaves libérés, un noir et un blanc, traités à égalité. L’ordre va racheter des dizaines, voire des centaines de milliers d’esclaves durant sept siècles. Cependant, le pape ne reprochera pas à Jacques Cœur son attitude, ce qui renforce l’idée que, lors des missions, il devait également

surveiller, observer et informer, l’idée de nouvelles croisades n’étant pas totalement abandonnée.

À toute époque, il est dangereux d’être un homme de pouvoir ! Jacques Cœur va en faire l’expérience : « Le roi fait ce qu’il peut, et Jacques Cœur, ce qu’il veut », entend-on. Les concurrents évincés, les conseillers moins écoutés et moins influents, deviennent jaloux ; des créanciers peinent à rembourser leurs dettes. Même si Jacques Cœur avait comme principe :

« Dire, faire, taire », il a sous-estimé le moteur qu’est la jalousie. Nombreux sont, alors, ceux qui se liguent contre lui. Arrêté en juillet 1451, déclaré coupable de crime contre le roi, il est condamné à mort, ses biens sont confisqués, puis il est commué en détention à perpétuité avec une forte amende. La sévérité de la condamnation choque ses contemporains. Il s’évade de Poitiers en 1454. Reconnu à Beaucaire, il trouve refuge dans un couvent des Cordeliers, aussitôt assiégé. De nuit, par une brèche faite dans le mur à coups de pioche, il file jusqu’à Marseille et, de là, jusqu’à Rome pour se mettre sous la protection du pape Nicolas V.

La situation internationale vient de basculer. Déjà, en 1430, les Turcs prennent la ville de Thessalonique et réduisent en esclavage la population.

Et c’est au tour de Constantinople le 14 mai 1453. C’est la fin du vieil Empire byzantin, moribond depuis trois siècles. Sont racontées les mêmes descriptions que lors de la prise de Jérusalem par les Turcs. À Constantinople, la population entière est faite prisonnière. Ceux qui n’ont pas de valeur marchande sont tués, les autres réduits en esclavage ou retenus contre rançon. On parle de 50 000 prisonniers et 4 000 civils tués13. Lucas Notaras, le deuxième personnage de l’ex-Empire byzantin, est décapité avec son fils et son gendre14. Sont répétés le viol des femmes, la destruction ou la transformation des églises en mosquées. Mehmet II, le sultan ottoman, affichant sa bisexualité, emporte pour son harem garçons et filles15. On lui prête l’intention de poursuivre jusqu’à Rome16.

Le pape Nicolas V lance alors un appel à la croisade pour reprendre Constantinople. Calixte III, son successeur, organise l’expédition malgré son âge avancé, 77 ans. L’Empire romain germanique et les cités italiennes répondent à l’appel. Un cardinal français, Alain de Coëtivy, est chargé par le pape de préparer les prêches. Il n’y a quasiment aucun Français, sauf Jacques Cœur ! « Capitaine général » de la nouvelle croisade ou simplement un expert – on ne sait –, il met à disposition de l’expédition deux de ses vaisseaux. Les bateaux partent d’île en île pour rassurer les

populations chrétiennes, renforcer les fortifications et éloigner la menace militaire turque. Mais aucun ne va à Constantinople. C’est sur une des îles de la mer Égée, l’île de Chio, que serait mort Jacques Cœur, lors de cette dernière expédition où un Français a pris la croix. À sa mort, la condamnation est assouplie sans aller jusqu’à une totale réhabilitation, hormis dans la mémoire des hommes. N’est-ce pas, finalement, le seul jugement qui compte ? Celui de l’histoire ? Celui de la littérature, de la poésie qui magnifia l’homme dévoué à son roi, à son pays ?

La chute de Constantinople entraîne l’arrivée massive de savants, lettrés17 et artistes grecs en France, à Rome et à Florence18, contribuant au renouveau de l’Europe avec la Renaissance. En bloquant aussi le commerce avec l’Asie, l’Europe doit trouver de nouvelles voies maritimes. Magellan, puis Christophe Colomb et la « découverte » de l’Amérique, une des conséquences inattendues de la chute de l’Empire romain byzantin.

L’Europe quitte le Moyen Âge.

Le rôle de l’État se renforce avec un certain interventionnisme économique, avant même Colbert et d’autres, lorsque cela est indispensable pour la reconstruction et l’indépendance du pays. Quelques années plus tard, le roi Louis XI (1461-1483) marque définitivement l’indépendance de la France face aux velléités de croisades que certains veulent encore lancer.

« Et même s’il fallait aller plus loin et reconquérir Constantinople, vous êtes plus tenus au roi et à son pays que vous ne l’êtes à l’empereur de Grèce et autres seigneurs du Levant et ce ne serait pas grand honneur à vous que de le vouloir tout en laissant détruire le roi et les royaumes par les Anglais. » Cependant, comme tout politique qui ne veut pas sortir de l’ambiguïté à ses dépens, il laisse penser qu’il n’est pas opposé à une éventuelle croisade, mais n’agit jamais en ce sens.

Désormais, en l’absence de confrontation directe, de revendication territoriale, de pillage d’État, la France aborde la Renaissance en changeant

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