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Changement de stratégie de Louis XIV et renouveau de l’alliance avec les Turcs

Louis XIV en est persuadé : il faut relancer la politique d’alliances militaires et économiques avec les Turcs, d’où de nouvelles

« capitulations », ainsi qu’on appelle les accords économiques de libre circulation de la marine marchande française. Reconnu comme seul protecteur des catholiques sur l’Orient, le roi de France veut encourager le sultan à affronter à nouveau les forces de l’Empire des Habsbourg.

Comment renouer l’alliance alors que le sultan est furieux de l’engagement des forces françaises contre lui, en Crète notamment ?

Pour cette occasion, la France va voir un drôle de personnage se présenter : un soi-disant ambassadeur turc mais qui n’est, en réalité, qu’un escroc. En 1668, Bassa Sigale, alias Mehemet Bey, un simple aventurier, se fait passer pour un prince de sang ottoman, et la cour se ridiculise en le recevant comme son prétendu rang l’exige, quand le sultan annonce enfin un émissaire, Soliman Aga. Est-ce la reconnaissance que la France attend ? Seul l’empereur romain germanique avait un ambassadeur turc. Les autres nations devaient se contenter d’envoyer à Constantinople leur ambassadeur, mais n’avaient pas l’honneur d’accueillir un Ottoman. Le sultan, qu’il fallait appeler le « Grand Seigneur », se considérait comme le souverain à vocation universelle, devant conquérir toute l’Europe1 et n’ayant pas à s’abaisser à aller vers les autres puissances.

La France avait rappelé son ambassadeur Denis de La Haye à la suite de la rupture diplomatique, et l’envoyé turc était en réalité venu à Versailles

pour en comprendre la raison. Mais le roi s’attend à un ambassadeur, et non à un simple exécutant. Tout le faste est déployé pour recevoir l’hôte attendu.

Un accueil triomphal lui est fait de Toulon à Paris. Après deux rencontres avec le secrétaire d’État aux Affaires étrangères, Monsieur de Lionne, Louis XIV souhaite recevoir cet Oriental à fière allure, il lui offre une boisson exotique, du café. En effet, ses serviteurs en turban le proposent sucré aux invités, dans de délicates tasses en porcelaine de Chine. Ce qui devient un véritable phénomène de mode dès l’arrivée de cette boisson chaude, qui serait déjà passée par Marseille en 16442.

Le château de Saint-Germain-en-Laye est choisi comme lieu de réception, le 5 décembre 1669. Louis XIV décide d’illuminer cette réception prévue pour celui que l’on croit être le futur ambassadeur de la Sublime Porte. Un faste à l’ottomane est imaginé. Des habits de lumière, or et diamant, chapeau à plumes, pour le roi, qui s’attend à recevoir les lettres de créance accréditant le nouvel ambassadeur. Mais le courrier qu’il reçoit n’est pas la nomination attendue. De plus, l’envoyé prend fort mal le faste prétendument oriental, l’inter-prétant à tort comme une moquerie ou une provocation du roi de France. Incompréhension des deux côtés. Furieux, le roi met fin à la cérémonie. On ne sert pas les sorbets ni le café, et, lorsqu’un courtisan questionne le Turc sur l’habit du roi, celui-ci répond que le cheval de son maître est plus richement orné lorsqu’il se rend à la mosquée.

Outrage pour le roi, qui commande alors à Molière et à Lully une pièce ridiculisant les Turcs. Ce sera le Bourgeois gentilhomme, et la scène de la marche pour la cérémonie des Turcs (acte IV), mettant en scène monsieur Jourdain en « Mamamouchi », nom ridicule qui fait désormais autorité pour désigner un homme d’apparence supérieure mais ridicule.

Difficile de mener une politique extérieure dans ce contexte. Mais Louis XIV, une fois l’affront digéré, décide de renommer un ambassadeur, le marquis de Nointel, en 1670. Celui-ci aura toutes les peines du monde à recréer la proximité qui régnait entre François Ier et Soliman le Magnifique.

Il lui est interdit, par exemple, de s’asseoir sur un sofa, et il doit se contenter d’un tabouret en bas de l’estrade, de façon à ne pas être au même niveau que le vizir.

Avant de retrouver la parfaite entente d’antan, Louis XIV se fait même influencer par Ahmad Celebi, fils aîné du dey de Tunis, Ahmad Khodja.

Converti au christianisme – au cours d’une cérémonie fastueuse en la cathédrale de Palerme le 6 mai 1646 – après avoir fui sa terre natale, il se

fait désormais appeler don Philippe, avant de redevenir musulman à Tunis.

Nommé en 1670 gouverneur de La Goulette3 et membre du divan4, il correspond avec Louis XIV et le pape pour faire passer la régence de Tunis aux mains des chrétiens. Son complot échouant, il trouvera refuge au Bastion de France5.

Mais le temps n’est plus à l’affrontement. Quelques accords sont signés en 1673. Or, la France, du fait de son manque de constance dans ses alliances, est tout juste traitée de la même manière que l’Angleterre ou les Provinces unies. Finie, la situation privilégiée de la France sur les mers ottomanes… Cependant, la culture française est profondément influencée, désormais, par la civilisation turque. La pièce de Racine, Bajazet, en 1672, montre encore cet empire sous des traits violents. Le sultan Amurat (Mourad IV) est présenté avec férocité, puisqu’il fait exécuter son frère Bajazet et Orcan pour qu’ils ne puissent lui disputer son trône. Cette tragédie rappelle ainsi de manière plus détournée l’affront fait à Louis XIV, alors que le Bourgeois gentilhomme ridiculisait davantage le roi que l’Ottoman.

Mais au-delà de l’amour propre des grands de ce monde, la réalité rattrape la raison d’État. Par l’intermédiaire de Gabriel Joseph de Lavergne, comte de Guilleragues, nommé ambassadeur à la cour ottomane en 1677 (il arrive à Istanbul en 1679), Louis XIV fait relancer les négociations délicates avec un pouvoir turc qui entend rester l’empire le plus puissant et ne pas reconnaître à égalité le roi de France, tout Roi-Soleil qu’il pense être.

Louis XIV, susceptible depuis l’incident de Soliman Aga, exige que le nouvel ambassadeur refuse d’être abaissé de la sorte. Le grand vizir, Kara Mustafa (1634-1683), qui va mourir ensuite pendant le siège de Vienne, refuse de recevoir l’ambassadeur pendant plusieurs années, considérant qu’un chrétien ne peut pas se mettre à son niveau de bienséance. Cela n’empêche toutefois pas la reprise des alliances entre le roi et le sultan.

La première cause commune concerne le soutien direct à la rébellion hongroise contre les Habsbourg. En 1677, Louis XIV envoie 100 000 thalers aux rebelles, ainsi que 2 000 soldats6, mais il est obligé de stopper cette aide après le traité de Nimègue en 1679. L’alliance entre les deux pouvoirs, soumis aux mêmes intérêts, bien que discrète, est tout à fait fonctionnelle, puisque le sultan, pour sa part, envoie au prince de Transylvanie, en juin 1681, 6 000 soldats chrétiens dépendant des

principautés de Moldavie et de Valachie, régions sous domination ottomane mais restées chrétiennes, ainsi que 3 000 soldats turcs.

La realpolitik va enfin se jouer des positions de principes et d’orgueil de part et d’autre. En 1681, des navires français poursuivent des pirates tripolitains jusque dans le port de Chios, île grecque sous domination turque. Cet incident diplomatique relance la discussion franche entre les deux puissances, et c’est ainsi que, le 28 octobre 1684, l’ambassadeur est enfin autorisé à s’asseoir sur le sofa et non le tabouret. La Sublime Porte a besoin de cette alliance avec un des rares pays européens qui l’accepte, la France. L’ambassadeur obtient pour son pays, une fois de plus, la protection des Lieux saints, et les corsaires barbaresques ont interdiction d’attaquer les vaisseaux français « sous les canons des ports ottomans ».

La garantie des Lieux saints permet au roi très-chrétien de tenter de justifier ses alliances militaires avec les Turcs. Louis XIV s’engage à ne pas intégrer la Sainte Ligue menée par le Saint-Empire romain germanique de Léopold Ier. Le sultan Mehmet IV lance son attaque, qui initie la cinquième guerre austro-turque (1683-1699). À l’occasion du siège de Vienne en 1683, Louis XIV refuse d’aider les Autrichiens et en profite pour attaquer l’Alsace. C’est un choc pour toute l’Europe. Les Anglais, pourtant anglicans, s’en offusquent en 1689 : « […] le pire. Le roi de France, non content d’avoir fait alliance avec les musulmans contre les chrétiens, est lui-même un traître aux chrétiens avec une barbarie telle que cela aurait choqué les musulmans sincères7. » Il n’est pas reproché au roi l’inaction, mais une quasi-complicité. Il semble avoir été tenu au courant des intentions des Turcs d’attaquer Vienne, et son ambassadeur lui a transmis un calendrier (par déduction ou information ?) des opérations8. Le grand vizir, Kara Mustafa, escomptait une aide des Français et lancera l’action contre Vienne sans l’accord du sultan, qui la considérait prématurée. Il paiera de sa tête la défaite des Turcs.

Comme tout bon diplomate, Louis XIV félicite alors l’empereur de

« l’heureux succès de ses armes », déclenchant une réponse tout en finesse de Léopold Ier, qui n’est pas dupe et répond ne pas désespérer « qu’il pût se trouver des conjonctures favorables à la chrétienté qui pourraient (lui) donner d’employer ses forces contre l’ennemi commun ». Le pape lui-même va jusqu’à blâmer le roi de France qui, malgré sa qualité de fils aîné de l’Église, avait refusé d’intervenir lorsque le nonce l’avait supplié en août, et a fait courir à la chrétienté un extrême péril. Pour le faire changer

d’avis – et d’alliance –, il le flatte et lui propose d’aller reconquérir Constantinople pour devenir un jour, pourquoi pas, empereur d’Orient.

Mais la France reste dans la droite ligne fixée par la politique de François Ier qui fait passer les intérêts primordiaux de la France avant toute autre considération. Cependant, au-delà de son ancêtre, le roi chevalier, Louis XIV a désormais une vision quasi mondiale de son royaume qui englobe les colonies ainsi que, paradoxalement, l’Afrique, à tel point que Tidiane Diakité, historien, en vient même à le qualifier de Louis l’Africain9. En effet, au-delà de la puissance militaire, se révèle désormais la puissance économique de la France. Les compagnies des Indes, du Levant, du Sénégal se développent. Le commerce maritime français prend de l’ampleur, et, avec lui, le sinistre commerce d’esclaves qui, déjà présent en Méditerranée du fait des Barbaresques d’Alger, de Tunis et de Tripoli, mais également en Espagne et Italie, s’étend désormais sur l’Atlantique. Le développement des colonies et son besoin de main-d’œuvre font émerger un trafic qui est toléré par certains, voire profitable pour d’autres, ignominie d’une époque pourtant civilisée.

L’hypocrisie de la France, qui interdit toute détention en esclavage sur son sol mais l’autorise dans les colonies, équivaut à la position ambiguë de la papauté, qui varie indéniablement selon les papes. Le pape Jean VIII exhortera, en 873, à libérer les esclaves10 ; le pape Eugène IV condamnera l’esclavage et excommuniera les esclavagistes en 143511. Même si les propos du pape Nicolas V sont d’une totale argutie et contraires à ses prédécesseurs, Pie II déclare, lui aussi, en 1462, que l’esclavage est un grand crime12, et Paul III ne cessera de le rappeler en 153713. Cependant, la position du pape, qui est changeante selon l’élu, n’est ni écoutée ni respectée, tant par les catholiques que, a fortiori, par les protestants.

C’est ainsi que les Anglais commencent à développer un esclavage de blancs européens chrétiens qu’ils vont déporter en Amérique. Il s’agit d’abord de quelques centaines d’Écossais réduits en esclavage par Cromwell (1599-1658) et envoyés aux Indes occidentales (l’Amérique et les Antilles)14. Puis près de 30 000 Irlandais aux Caraïbes, où ils sont vendus à La Barbade. L’esclavage des Irlandais se poursuit durant quelques décennies15 pour aboutir à des centaines de milliers d’individus. Mais, peu habitués à la chaleur des Antilles, malades, ils sont rapidement remplacés par des esclaves noirs issus d’Afrique, plus robustes, plus « adaptés ».

L’alliance économique entre les marchands marins et les marchés d’esclaves du monde ottoman va se mettre en œuvre. Les fournisseurs africains et arabes vont fournir les esclaves pour la déportation, et la traite transatlantique va utilement utiliser la traite arabo-musulmane et la traite intra-africaine, aboutissant à déporter environ 42 millions d’Africains16 (pour la totalité des traites négrières), une responsabilité partagée par les chrétiens et les musulmans. Il y avait aussi des esclaves blancs en Afrique, comme ce fut le cas de Jacques Imbert, marin vendéen capturé vers 1610 et emmené au Soudan17.

Si la France ne met pas en œuvre d’esclavage européen, contrairement aux Anglais, Louis XIII tolère la traite négrière dès 1642, avec moult et fortes circonvolutions pour autoriser l’esclavage en France. En 1664, il est fait obligation dans toutes les terres d’Amérique d’appliquer l’interdiction18 de l’esclavage. En 1672, la loi fait obligation aux maîtres d’instruire la

« main-d’œuvre » (le mot esclave n’est pas utilisé) et de la conduire à la messe le dimanche19. Mais la traite est pourtant tarifée dès 1670 par un arrêt du Conseil d’État du 26 août. Ainsi, pour clarifier cette situation contraire au droit, le plus simple consiste à modifier le droit, et c’est alors que Louis XIV valide le fameux Code noir de 1685. Ce code, inspiré du droit romain, s’il fixe des obligations pour les maîtres qui n’en avaient pas auparavant, valide en droit, pour les Français, l’esclavage fait par ses sujets, l’esclave étant alors un bien meuble. Une différence apparaît toutefois entre l’esclavage chrétien et musulman. Alors que les harems sont peuplés d’esclaves, un maître français célibataire qui aurait eu un enfant avec une esclave doit se marier avec elle, l’affranchissant alors, ainsi que l’enfant.

S’il est déjà marié, il sera condamné à une peine d’amende fixée à 2 000 livres de sucre20. Si le Code noir fixe une telle sévérité, c’est pour sanctionner l’exploitation à des fins sexuelles des jeunes femmes esclaves.

Il est surprenant d’en même temps avoir des philosophes de premier plan tels que Fénelon, qui écrit en 1669 dans Télémaque : « Heureux celui, qui n’étant point esclave d’autrui, n’a point la folle ambition de faire d’autrui son esclave21 » et tolérer dans les colonies une pratique pourtant condamnée par ces mêmes philosophes. Mais, surtout, il suffit de relire Blaise Pascal (1623-1662), qui condamne sans autre forme de procès l’esclavage avec une modernité qui surprend : « Arracher des hommes de leur pays, par la trahison, la violence […], voilà comment nous traitons d’autres hommes ; ce serait une horrible barbarie si ces hommes étaient

blancs, mais ils sont noirs, et cela change nos idées. L’Américain oublie que les Nègres sont des hommes […], revenu en Europe, il s’indigne de les voir vêtus comme des hommes et placés à côté de lui […] il viole les droits de la nature […]. Ces crimes sont publics, la loi les tolère, l’opinion ne les flétrit pas. On ose même en faire l’apologie ; sans cela, dit-on, nous ne pourrions avoir de sucre. Eh bien ! Si on ne peut en avoir qu’à force de crimes, il faut savoir se passer de sucre, il faut renoncer à une denrée souillée du sang de nos frères […] si au lieu d’apprendre aux nègres d’Afrique à vendre leurs frères, nous leur avions appris à cultiver leur sol […]22. »

Mais sous l’influence de cette pratique à l’étendue presque mondiale, la France a suivi le mouvement jusqu’à son abolition, d’abord en 1794 sous l’influence de l’abbé Grégoire, puis en 1848 sous l’action de Victor Schœlcher.

Ce brassage de population est l’élément déclencheur de la construction de la première mosquée en France, qui daterait de cette époque. Louis XIV, soucieux de ses galères, a pour sa chiourme23 des galériens prisonniers français, chrétiens ou protestants, mais aussi des musulmans, prisonniers de guerre ou esclaves, pour certains. Nous connaissons quelques cas d’esclaves comme Abd es-Selam Fennich, esclave en France durant 28 ans avant d’être libéré. Sur les 40 galères du roi, 34 sont basées à Marseille.

Il est réducteur de parler de galérien tant les diversités de statuts existent. De nombreux délinquants de droit commun sont condamnés à des peines de 3 à 9 ans de galères. Des huguenots viennent en appoint de ces condamnés. Pour les crimes de droit commun, les peines de mort sont commuées en peine de galère à perpétuité. Il y a aussi des buonavoglia, des marins engagés volontaires qui sont payés pour un engagement précis. Il y a également des esclaves. Louis XIV mandate d’ailleurs un des fils de Colbert, chevalier de Malte, afin d’acheter des « Turcs pour servir sur mes galères ».

Les galériens subissent un fort taux de mortalité à cause des maladies, de l’épuisement. Leurs obsèques tiennent compte de leurs origines religieuses. À Marseille vivent près de 12 000 galériens, hommes de chiourme ; 2 000 sont turcs, des prisonniers de guerre et des esclaves (dont l’origine est souvent mise de côté, puisqu’on y retrouve en réalité aussi des Grecs, des Polonais, des Russes, des Noirs d’Afrique, etc.24). Un lieu de culte est évoqué à la fin du XVIIe siècle dans la cité phocéenne. C’est sans aucun doute le plus ancien lieu de prière musulman de France. Ce qui est

certain, c’est l’existence du cimetière musulman de Marseille. Le dey d’Alger avait adressé une lettre au roi Louis XIV en 1691 dans laquelle il avait demandé un cimetière pour les musulmans, car « il y a en ce pays des cimetières pour les étrangers et pour les esclaves chrétiens, mais à Marseille, il n’y a point de cimetière pour les musulmans, et il est impossible de creuser des fosses sur le bord de la mer, parmi les rochers.

C’est une grande punition pour eux que cela soit ainsi25. » Entre 1691 et 1698, il est situé près du vieux port, à l’emplacement de l’arsenal des galères, puis transféré en 1725 vers un autre lieu pour une surface de près de 2 000 m². Ainsi, un respect vis-à-vis des morts musulmans se met en place. Il suffit de lire la correspondance entre les deys d’Alger et la cour pour se rendre compte que le contact était régulier, même si, le plus souvent, il s’agissait d’évoquer le rachat d’esclaves français ou des exactions de part et d’autre.

La France n’est plus la seule à nouer une alliance avec l’Empire ottoman. Les Anglais négocient également, grâce à Paul Rycaud pour le compte du roi Charles II en 1661. Il rapporte de ces huit années un livre qui permet alors à toute l’Europe de mieux connaître la vie des Turcs26. La France négocie également avec les Perses, un traité est signé en 1708, puis le 13 août 1715, entre Colbert et l’ambassadeur du shah Hussein de Perse.

Cet accord commercial autorisait l’accès au port de Marseille sous condition de contrôle des marchandises et le respect d’un État de droit pour les commerçants respectifs.

Ce Grand Siècle scelle une nouvelle fois la rencontre des deux cultures.

Phénomène de mode, les turqueries deviennent le pendant des chinoiseries, dans la décoration. La manufacture de la Savonnerie présente, pour le Louvre, des tapis à motifs turcs, dessinés par Le Brun. La première version des Milles et Une Nuits est publiée en français en 1704. On pense que le poète Jean de La Fontaine a eu connaissance de quelques fables de langue arabe. Les fameuses fables d’Ésope, sa source d’inspiration, reprennent des histoires multiséculaires d’origine sans doute sumérienne, voire assyrienne.

Mais on retrouve aussi en Inde des fables issues du Panchatantra, aussi appelées fables de Bidpaï, qui sont traduites en persan, puis en syriaque et en arabe par le perse Rûsbeh (720-756), devenu, après sa conversion à

Mais on retrouve aussi en Inde des fables issues du Panchatantra, aussi appelées fables de Bidpaï, qui sont traduites en persan, puis en syriaque et en arabe par le perse Rûsbeh (720-756), devenu, après sa conversion à