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Le pluriel de genres renvoie ici aux contraintes systémiques qui s’exercent sur trois niveaux dans la langue française:

- Le niveau grammatical, - Le niveau lexical, - Le niveau référentiel. Niveau grammatical

Le genre grammatical, possiblement traduit en anglais par « agreement » se lit dans le discours ou énonciation orale ou écrite comme indice de compréhension. Il s’apparente aux déclinaisons dans les langues à déclinaisons, il s’apparente aussi aux terminaisons de verbe et en a parfois la même redondance indicielle à l’écrit, mais il permet aussi de lever de possibles ambiguïtés, ce qui lui donne une fonction informative.

Niveau lexical

Le genre lexical est du domaine de la langue, possiblement évolutif en fonction des usages, eux-mêmes mis en place par des habitudes pouvant engendrer des conflits sociaux de même qu’elles peuvent être engendrées par eux en lien justement avec le genre référentiel.

Niveau référentiel

Le genre référentiel que Meillet appelle « genre objectif » a pu être dit « genre naturel » avec le danger de débordement conceptuel d’un tel adjectif. Ce troisième genre, que l’on pourrait dire premier chronologiquement parlant dans l’apparition de l’espèce humaine, renvoie aux différents sexes du genre humain.

Les animaux peuvent être également considérés dans la mesure où ils sont présentés avec des attributs humains, mais, quoi qu’il en soit, c’est le signe linguistique qui nous intéresse. Plus de précision sera donné à ce sujet dans la partie « Corpus ».

Enfin, si nous nous intéressons au contenu informatif que peut véhiculer un affichage urbain c’est que nous avons été interpelée en amont, comme on l’a vu, en tant que productrice d’informations, par l’utilisation de notre outil langue française qui ne pouvait pas servir notre rigueur déontologique si nous appliquions pour le genre humain la même règle d’accord que pour les objets avec son masculin économique.

Parler des hommes et des femmes suppose en effet les mêmes contraintes de genre au niveau grammatical et lexical et dans la mesure où les deux peuvent avoir des désignations communes, une moitié d’information est perdue et l’autre moitié est dévoyée quand est appliquée la « règle du masculin qui l’emporte ».

Notre lectorat étant plus important à nos yeux que la sacralité, de quelque religion qu’elle vienne, nous avons mis notre énergie, notre temps et nos connaissances au service d’une recherche qui permettrait d’utiliser toute la potentialité de la langue française dans l’élégance et la clarté dont nous la savons capable, pour qu’elle devienne un outil performant de communication et d’information.

A propos de ces outils transversaux que Charaudeau évoque, « informatique et calcul statistique », il poursuit :

« L’utilisation de ces outils s’inscrit dans une démarche inductive cherchant à recueillir, décrire et classer les données observées dans différents objets et phénomènes, selon des critères de forme, avec un idéal d’exhaustivité. »

Il se trouve que le recueil de données fait durant ces quatre années à partir de ma focale oculaire ne pourrait pas l’être par ordinateur mais son étude permettra peut-être de construire un logiciel de reconnaissance de mesure de genre en français. Ce serait en quelque sorte un prolongement et une réorientation de mon premier projet d’informatisation linguistique.

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Mais pour considérer la mesure du genre en français il faut lui accorder toute l’attention qu’elle mérite sans a priori et se dégager des carcans du masculin totalitaire, en considérant la langue comme un outil d’information : le masculin comme le féminin étant soit des indices grammaticaux, soit des indices référentiels.

Ainsi, lorsque nous serons face à un masculin dans la désignation de l’humain, nous le prendrons pour un masculin à part entière, un masculin qui exclut le féminin comme le féminin exclut le masculin, sauf dans les cas d’épicénie, un mot épicène est un mot dont le genre grammatical unique permet malgré cela de désigner les deux sexes, par exemple : une

personne, un individu, un être humain, dans les trois cas il peut s’agir d’un homme ou d’une

femme276.

Ici, il ne s’agit pas de décider qu’il n’existe pas d’intermédiaire sexué entre les hommes et les femmes dont les caractéristiques permettent, en s’accouplant, la continuation de l’espèce humaine. Il s’agit de décider que la hiérarchie historique qui a pu s’instaurer entre les hommes et les femmes n’est plus d’actualité, même si elle empoisonne toujours non seulement le quotidien des unes et des autres mais aussi l’épanouissement de la société.

Quand bien même il existe des individus qui, dans les deux camps, celle des dominant·es et des dominé·es, souhaitent conserver cette hiérarchie, nous nous situons du côté du discours public qui affirme l’égalité des êtres humains entre eux, même si cette égalité a été formulée de façon particulièrement maladroite en s’appelant « Déclaration des droits de l’homme » dans la mesure où « homme » peut être entendu comme « non femme ». C’est pourquoi, nous comprenons bien mieux la traduction en francophonie qui se dit « Déclaration des droits de la personne ».

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Constitution d’un corpus