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Structure du niveau représentationnel

La question qui nous amène à interroger le niveau représentationnel est celle de l’interprétation du contexte par l’acteur. Certains éléments de l’environnement n’influencent le comportement de l’individu, et donc participent à l’explication de l’action, que parce qu’ils sont perçus puis interprétés d’une certaine manière. Plus précisément, la représentation que

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Sabatier P. et Jenkins-Smith H., « The Advocacy Coalition Framework: An Assessment », in Sabatier P. (ed.), Theories of the Policy Process, Boulder, Westview Press, 1999, p.117–168.

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l’acteur se forge des éléments contextuels est une part de l’explication de l’action en ceci qu’elle figure par la suite dans les croyances qui constituent ses raisons, ou bien en cela qu’elle incite l’individu à une révision ou un réaménagement de ses autres représentations, qui participeront plus tard de croyances constitutives de raisons, ou en ceci qu’elle sollicite, réactualise et donc renforce une disposition qui sera explicative d’une action ultérieure. On aurait tort cependant de limiter l’étude du niveau représentationnel à sa seule dimension de perception-interprétation du contexte. C’est pourquoi nous nous attachons à présenter un modèle général de la production des représentations, qui reprend certains points relatifs aux raisons et aux dispositions.

L’entrée la plus simple pour aborder l’étude de la structure générale du niveau représentationnel est une analyse de la croyance. L’objectif d’une explication des croyances est de répondre à quatre questions : qu’est-ce qui produit, autorise, sélectionne ou prédispose à telle ou telle représentation ? On retrouve les quatre fonctions causales propres à l’orientation multicausale identifiées précédemment. Sur cette base logique, on peut distinguer trois types de production (pris au sens large et non dans le sens restreint de la production comme fonction causale) de représentation. La première est la perception-interprétation de données externes. C’est là le point relatif à l’explication contextuelle, qui nécessite le passage par le niveau représentationnel. La seconde renvoie à la production interne de représentations, notamment à travers la mise en cohérence de celles-ci entre elles. Dans les deux cas on peut choisir une approche rationaliste et ou dispositionnaliste. Le troisième type de production est la mise à disposition, par l’environnement, de représentations déjà formulées. On voit ici apparaître sous un angle nouveau le rôle explicatif du contexte. Ce processus repose sur l’idée défendue notamment par Bourdieu208, et largement confirmée par la psychologie sociale et cognitive209, qu’une opinion ne se forme jamais ex nihilo, et qu’un individu se forge une croyance à partir de celles formulées par d’autres dans son environnement, soit pour la suivre, soit pour la nuancer, soit pour s’y opposer. Dès lors, on

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Bourdieu P., « L’opinion publique n’existe pas », Les Temps modernes, 318, 1973, p.1292-1309.

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L’ensemble des travaux sur les représentations sociales le montre. Voir entre autres Jodelet D., « Représentation sociale : phénomène, concept et théorie », in Moscovici S. (dir.), Psychologie sociale, Paris, PUF, 1997.

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peut considérer que toute opinion et donc toute représentation est en partie tributaire des opinions et représentations publiques disponibles pour l’individu, dans sa situation.

Dans le cadre de cette recherche nous ne pouvons développer davantage ces éléments et proposer un modèle explicatif complet de la production des représentations. Les analyses cognitives solides utilisées en science politique qui visent à expliciter les conditions et les processus de perception, d’interprétation, de raisonnement et de mise en cohérence des représentations entre elles, sont celles qui se sont appuyées sur les résultats et les théories de la psychologie sociale et de la psychologie cognitive210. C’est principalement dans le champ d’étude de la politique étrangère que se rencontrent depuis les années 1970 et aujourd’hui encore de telles analyses211. Depuis une quinzaine d’années, elles apparaissent dans le champ dénommé « analyse des politiques publiques »212 qui, paradoxalement, devrait inclure l’analyse des politiques étrangères mais qui, pour des raisons étranges, ne les a jamais sérieusement étudiées ou intégrées, que ce soit en France, en Europe en général ou en Amérique du Nord213. La psychologie politique regroupe aujourd’hui au sein de la discipline les travaux les plus aboutis dans ce domaine214.

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L’ouvrage séminal de R. Jervis intitulé Perception and Misperception in International Politics (Princeton, Princeton University Press, 1976) ou l’étude proposée par D. Larson sur les débuts de la Guerre froide (Origins of Containment: A Psychological Explanation, Princeton, Princeton University Press, 1985) fournissent de nombreux exemples de recours critique à des théories de la psychologie.

211

Pour un aperçu, voir Rosati J., « A Cognitive Approach to the Study of Foreign Policy », in Neack, L., Hey, J. et Haney P. (eds.), Foreign Policy Analysis, Englewood Cliffs, Prentice Hall, 1995, p.49– 70.

212

Gouin R., Harguindéguy J.-B., « De l’usage des sciences cognitives dans l’analyse des politiques publiques », Swiss Political Science Review, 13(3), 2007, p.369–393.

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C’est l’un des points développés dans une communication (Gouin R., Harguidéguy J.-B., « Weak Cognition, Strong Cognition. The Use of Cognition as a Determinant of Policy Change ») présentée aux Joint Sessions de l’ECPR en mai 2007 au sein de l’atelier Policy Change organisé par M. Howlett et G. Capano. La discussion qui a suivi, de l’aveu même des participants, a largement confirmé l’absence totale de connaissance et d’intérêt des analystes des politiques publiques pour les études sur la politique étrangère.

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Voir entre autres Renwick Monroe K., Political Psychology, Mahwah, Erlbaum, 2002 ; Cottam M., Dietz-Uhler B., Mastors E., Preston Th., Introduction to Political Pychology, Mahawah, Erlbaum, 2004 ; Kuklinski J. (ed.), Thinking About Political Psychology, New York, Cambridge University Press, 2002.

Rodolphe Gouin – La transformation des protopartis – Thèse IEP de Bordeaux – 2008 On peut schématiser le modèle de la manière suivante :

Figure 13 – Modèle logique de la production des représentations

Fait brut Cntxt Situation Disposi-tions Rep pub dispo Rep pub dispo Rep pub dispo Fait brut Interpré-tation Perception Interpré-tation Interpré-tation Représen-tation Niveau 2 Niveau 1 Niveau 3 Rep 1 Rep 2 Traitement interne Représen-tation Fait brut

Légende : se référer aux figures 4, 5, 6, 7. « Cntxt » = contexte ; « Rep pub dispo » = représentation publique disponible ; « Rep 1 » = représentation 1. Les pointillés clairs indiquent les séparations entre niveaux.

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Nous devrons nous en tenir ici à un modèle relativement simple des relations causales au niveau représentationnel215. Celui-ci pose qu’une représentation, qui est du point de vue de la transformation d’un protoparti un élément explicatif de niveau 1 (puisqu’elle est le contenu des croyances constitutives d’une raison) est : soit le produit de l’interprétation d’une perception d’un fait brut ; soit le produit de l’interprétation d’une perception d’une représentation publique ; soit le produit d’un traitement interne des représentations. Précisons chacun de ces processus causaux.

Le premier dessine d’abord la perception d’un fait brut, défini comme un fait non déjà interprété, ce qui ne signifie pas non construit. Par exemple, la lecture de résultats chiffrés de sondages d’opinion, sans aucun commentaire, est bien la perception d’un fait brut que l’acteur interprète à sa manière ; il ne perçoit pas l’interprétation de ces résultats de sondages par quelqu’un d’autre. Pour autant, ces chiffres sont bien le produit d’un long travail de construction216. La situation, définie comme la double condition de position et de disposition au sens boudonnien, joue alors un premier rôle important en sélectionnant ces faits bruts. Pour le dire simplement, un acteur, étant donné le lieu ou la position sociale dans lesquels il se trouve, peut ne pas avoir accès au fait brut ; c’est un des effets de position. Ce même acteur peut aussi ne pas être en mesure de le percevoir parce qu’il ne sait pas le reconnaître ; c’est un des effets de disposition. Les dispositions, au sens bourdieusien cette fois, jouent le même

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À titre de comparaisons, on renverra à d’autres modèles comme ceux de la Schema Theory, proposé par R. Axelrod (« Schema Theory: An Information Processing Model of Perception and Cognition », The American Political Science Review, 67(4), 1973, p.1251), ou celui de M. Shapiro et G. Bonham sur le processus de décision en politique étrangère (« Cognitive Process and Foreign Policy Decision-Making », International Studies Quarterly, 17(2), 1973, p.162).

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À ce stade, la distinction entre fait brut et représentation publique peut être encore expliquée à travers l’exemple suivant : si X voit la porte fermée, l’information « la porte est fermée » est un fait brut ; si X apprend par Y que la porte est fermée, alors l’information « la porte est fermée » est une représentation publique à disposition, parce qu’elle inclut, pour X, la perception-interprétation de Y. Si maintenant X lit l’interprétation qu’un journaliste fait de combats militaires, l’information « deux morts et dix blessés » est une représentation publique, mais l’information « le journaliste rapporte qu’il y a eux morts et dix blessés » est un fait brut, que X perçoit directement. Si en revanche Y vient lui raconter le contenu de l’article, alors l’information « le journaliste rapporte qu’il y a deux morts et dix blessés » devient une représentation publique. La distinction entre fait brut et représentation publique s’apparente donc à celle du contenu d’un discours direct et du contenu d’un discours indirect. Comme on va le voir, une autre distinction entre fait brut et représentation publique doit être précisée, relative à l’étendue de la diffusion de l’information

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rôle vis-à-vis des faits bruts que les dispositions précédentes, mais reposent sur les processus spécifiques à l’approche dispositionnaliste. Situation et dispositions jouent à nouveau un rôle dans la production de la représentation en autorisant ou en sélectionnant l’interprétation qu’en fera l’acteur. Par exemple, un individu peut, étant donné sa culture, ne pas avoir les moyens d’interpréter un fait brut exotique autrement qu’à travers ses propres catégories. L’interprétation autorisée, ou plutôt ici la seule qu’il soit en mesure de produire, deviendra alors la représentation faisant l’objet d’une croyance.

Le second processus causal, qui fait de la représentation le produit de l’interprétation d’une perception d’une représentation publique, reprend les mêmes éléments et les mêmes mécanismes. La seule différence se joue en amont de la perception : le fait n’est pas brut mais a déjà été interprété par d’autres individus. Conformément au processus causal précédent, ces représentations publiques ont subi des interprétations conditionnées par le poids de la situation et des dispositions pesant sur les interprétants. Le point qui mérite développement est le qualificatif de « publique ». La représentation publique n’est pas dans une opposition directe avec le fait brut. Ce dernier peut en effet être interprété par un individu de mon entourage, donc devenir une représentation, puis me parvenir sans pour autant constituer une représentation publique, même si elle a été extériorisée et par conséquent rendue accessible au moins à quelques-uns. Pour recevoir cette qualification, une représentation doit être largement connue des individus qu’on estime intéressés par le domaine de la réalité à laquelle elle appartient. Ce critère est de toute évidence assez peu satisfaisant, mais il est le seul valable et s’appuie sur des éléments concrets assez aisément identifiables. Par exemple, la présence d’une telle représentation dans des canaux d’information massivement consultés par le groupe ou la catégorie d’individus concernés, pour peu qu’on possède de telles données, devient un outil relativement fiable. Il ne garantit pas tout cependant, puisque le critère de la « présence suffisamment importante » est difficile à évaluer. L’avis donné par un politologue sur les effets d’un nouveau mode de scrutin dans un ou deux articles publiés dans des journaux lus par 80% des candidats et des organisations impliquées devient-il une représentation publique ? Faut-il que cet avis soit repris par 20% des candidats pour qu’on le considère comme une représentation publique ? Par 40%, 60% ? Nous avons conscience de toucher ici à des phénomènes très diffus. L’enjeu pour notre recherche est de savoir si un individu ou un

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mouvement est au courant de l’existence de telle représentation publique, c’est-à-dire la perçoit, et éventuellement l’interprète. On ne peut en dire plus pour le moment. L’étude des théories des représentations publiques qui nous fourniront les hypothèses explicatives pour notre modèle permettra de préciser la méthodologie adéquate.

Enfin le dernier processus renvoie au traitement de représentations déjà possédées par l’individu. Ordonner, classer, hiérarchiser, induire, déduire sont autant d’opérations réalisables sur nos propres représentations. Cherchant à expliquer au niveau 2 la production des représentations de niveau 1, il s’agit alors de mettre en lumière des types de traitement produisant de nouvelles représentations. On ne peut malheureusement entrer ici dans le détail de ces processus. Précisons simplement que trois voies opposées, mais toutes d’orientation causaliste (par opposition à l’approche ethnométhodologique qui ne fera que décrire ces processus), peuvent être suivies : celle tracée par la sociologie cognitive de R. Boudon217, qui travaille à partir d’un individu idéal-typique et développe une théorie de la rationalité cognitive posant que cet individu raisonne systématiquement sur la base d’inférences inductives (ce qui explique notamment pourquoi il peut avoir de bonnes raisons d’adhérer à des croyances objectivement fausses)218 – comme on l’a vu précédemment, cette théorie s’oppose à la fois aux sociologies dispositionnalistes et à la psychologie cognitive ; celle tracée par les sociologues dispositionnalistes qui expliquent comment l’apprentissage fixe dans l’esprit des schèmes de pensée, de perception et de raisonnement que l’adulte continue de mobiliser dans les situations similaires à celles de l’apprentissage – certains auteurs de ce paradigme rejettent tout intérêt voire toute possibilité d’un rapprochement entre dispositions sociales et dispositions cognitives219 ; enfin la voie de la psychologie sociale cognitive qui met en évidence l’existence de certains raisonnements naturels produisant ou modifiant des

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Boudon R., L’art de se persuader des idées douteuses fragiles ou fausses, Paris, Seuil, 1992 ; Le juste et le vrai. Études sur l’objectivité des valeurs et de la connaissance, Paris, Fayard, 1995.

218

Voir Robillard J., « La transsubjectivité et la rationalité cognitive dans la méthode de la sociologie cognitive de Raymond Boudon », Cahiers d’épistémologie, Montréal, UQAM-Groupe de Recherche en Épistémologie Comparée, n°287, 2002.

219

Par exemple, Lahire B., L’esprit sociologique, Paris, La Découverte, 2007, chapitre 10 intitulé « Prédispositions naturelles ou dispositions sociales ? Quelques raisons de résister à la naturalisation de l’esprit », p.261-307.

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représentations, par exemple la réduction de la dissonance cognitive, l’erreur d’attribution, les biais et les heuristiques de toutes sortes, etc.220

Ce modèle nous permet d’identifier en définitive deux types de production des représentations, et par conséquent deux types d’explication complémentaires du fait qu’un acteur possède telle et telle croyance: le traitement interne (l’individu infère une croyance de ses propres représentations mentales – de manière rationnelle ou dispositionnelle – ou de la perception et de l’interprétation qu’il fait d’une donnée externe) et la mise à disposition de représentations publiques (qui nécessite, dans un deuxième temps, un traitement interne). Deux types de dispositifs producteurs de représentation doivent alors être distingués : des dispositifs internes, qui agissent dans le premier processus, et des dispositifs externes qui agissent en interaction avec les dispositifs internes.

Quel est l’intérêt de ces analyses de deuxième niveau ? Lorsque les représentations en jeu, objets de croyances ou d’interprétations, sont des représentations de sens commun ou, si l’on veut, conforme au principe de rationalité, le recours à l’explication de ces représentations est sans intérêt. Si Paul se sert un verre d’eau et le boit (action à expliquer), et si le désir qu’on lui attribue d’étancher sa soif est vérifié, la croyance corollaire à attribuer, qui consiste à croire qu’un verre d’eau peut étancher la soif, n’a que peu d’intérêt. Il devient même inutile d’entamer une analyse de niveau 2 en cherchant à expliquer pourquoi il serait rationnel d’attribuer à Paul (étant donné sa biographie, sa position, ses dispositions, etc.,) la croyance qu’un verre d’eau étanche la soif. Prenons un exemple plus proche de notre sujet : les dirigeants d’un mouvement habitué à une stratégie de mobilisation constatent dans la rue que l’armée exerce une répression sanglante sur les manifestants. Ils décident alors d’annuler le rassemblement du lendemain. Est-il nécessaire de rechercher pourquoi ils se représentent la situation comme dangereuse, ou pour le dire selon la posture intentionnelle, pourquoi il serait rationnel de leur attribuer, étant donné leurs situations et dispositions, la croyance que le danger est grand ? La question n’est pas de savoir s’il y a effectivement danger ou pas, mais

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Voir entre autres Beauvois J.-L., Deschamps J.-C. (dir.), Des attitudes aux attributions. Sur la construction sociale de la réalité, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 1996 ; Tversky A., Kahneman D., Slovic P. (eds.), Judgment under Uncertainty. Heuristics and Biases, Cambridge, Cambridge University Press, 1982.

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de savoir s’il est nécessaire d’expliquer pourquoi les acteurs le pensent. En revanche, si, malgré le constat opéré, les leaders décident de maintenir le rassemblement, alors il devient particulièrement intéressant de mettre au jour leur interprétation de la situation, et d’expliquer pourquoi ils font celle-ci, qui manifestement va contre le sens commun. Il va sans dire que ce critère du principe de rationalité, que nous nommons aussi sens commun221, est scientifiquement peu satisfaisant, mais s’il est utilisé avec prudence pour les cas qui ne souffrent guère de discussion, il peut être raisonnable de s’en contenter. En revanche, si le sens commun ne permet pas de passer rationnellement du désir supposé à l’action réalisée ou inversement de l’action réalisée au désir supposé, alors il devient indispensable de s’intéresser au troisième terme du raisonnement que sont les croyances attribuées (ou mobilisées par l’acteur au sein du modèle). De même lors d’une comparaison entre deux acteurs, s’il apparaît que des désirs identiques coïncident avec des comportements différents (ou inversement), les croyances doivent être explicitées, et éventuellement expliquées si l’attribution de ces croyances ne répond pas au principe de rationalité.

L’étude du niveau représentationnel nous a donc permis de préciser la structure des relations causales qui expliquent de quelle manière le contexte joue un rôle quand il passe par les représentations des acteurs. Le modèle proposé va au-delà de cette seule question et précise la part des dispositions et des effets de situation dans la production des croyances en général. C’est sur la base de ce modèle logique que les théories des représentations pourront être intégrées en tant qu’hypothèses explicatives de la transformation des protopartis.

221

Notre définition du sens commun s’inspire de celle du principe de rationalité de Davidson : relativement à une culture partagée, les interprétations et raisonnements de sens commun sont ceux qui sont opérés intuitivement de manière identique par tous les membres d’une communauté et qui se conforment aux règles minimales de la raison logique (cognition) et pratique (action).

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F - Le temps dans l’explication de l’action

Pour plus de clarté, nous avons depuis le départ tenté de restreindre au maximum l’analyse de l’orientation multicausale et des différentes logiques explicatives de l’action aux causes de premier niveau, autrement dit à celles qui ont un rapport direct avec le phénomène à expliquer. Seule l’étude du niveau représentationnel a explicitement mis en lumière des distinctions de niveaux. Mais il va de soi qu’il manque à cette présentation générale une dimension fondamentale pour produire une explication multicausale satisfaisante de la transformation des protopartis : le temps222. Plus exactement, deux dimensions temporelles doivent maintenant être introduites : l’histoire et la dynamique. Une telle approche nécessite