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Dans l’espace des disciplines et sous-disciplines attachées à l’analyse du politique, notre travail s’inscrit d’abord dans une démarche de sociologie politique, plus exactement de sociologie des mouvements sociaux. Contrairement à la grande majorité des travaux de sociologie des mobilisations cependant, la finalité poursuivie n’est ni l’explication de l’émergence d’un mouvement social, ni l’explication de la participation ou de l’engagement des individus dans des actions collectives, ni encore l’explication du succès ou de l’échec des mobilisations. Il s’agit d’expliquer la transformation d’un protoparti, c'est-à-dire de déterminer les configurations de causes qui expliquent pourquoi un mouvement social présente un jour, seul, un ou plusieurs candidats à des élections.

Dans quelle mesure cependant un protoparti peut-il être défini comme un mouvement social ? Un protoparti est-il un mouvement social spécifique, ou faut-il voir dans ce concept une catégorie d’analyse supplémentaire, intercalée entre mouvement social et parti politique ? Avant même d’aborder le difficile problème de définition, c’est l’optique dans laquelle nous travaillons qui doit être précisée, et sur laquelle nous devons être très clairs : nous ne travaillons pas, dans cette étude, à l’élaboration d’une nouvelle catégorie d’analyse (ni d’un nouveau type), le « protoparti », qui serait un mouvement ou une organisation distinct du « mouvement social » et du « parti politique ». Un tel travail nous semble d’un réel intérêt, et nous ambitionnons dans des recherches futures de nous atteler à cette tâche pour laquelle la présente étude constituera sans doute un point de départ important. Mais « mouvement social », « protoparti » et « parti politique » ne sont ici que des formes de désignation relatives au passage que constitue la première présentation de candidats à une élection. Ainsi le protoparti n’est que la dénomination adoptée pour un mouvement social dont on sait après coup, qu’il s’est transformé en parti. C’est une logique purement rétrospective qui gouverne la qualification d’une organisation comme « protoparti ». Celui-ci est donc défini comme un mouvement social dont on sait qu’il s’est transformé en parti, c'est-à-dire dont on sait qu’il a présenté, seul, un ou plusieurs candidats à une élection. Pour le dire de manière quelque peu brutale, il faut bien nommer cette organisation, et il faut bien donner un nom à l’état nouveau dans lequel elle se trouve après cette élection. Or, puisque après l’élection, elle se rapproche

Rodolphe Gouin – La transformation des protopartis – Thèse IEP de Bordeaux – 2008

très nettement du concept du parti politique tel qu’il est couramment défini, alors la phase antérieure à l’élection est nommée proto-parti.

C’est aussi dans cette perspective que B. Rihoux utilise ce concept. Dans son étude sur « le changement organisationnel » dans les partis politiques28, il s’inspire du travail de M. Pedersen29 sur la naissance, la vie et la mort des petits partis danois, qui propose une analyse des phases et des seuils de transition entre les phases de l’existence d’un parti. Le « lifespan model »30, que B. Rihoux traduit par « modèle de l’empan de vie »31, indique chez Pedersen que certaines organisations doivent être considérées comme des partis politiques, alors qu’elles ne font pas partie des formations présentes au Parlement ni de celles qui ont participé aux élections. Mais parce qu’elles se considèrent elles-mêmes comme des partis nationaux, Pedersen les compte comme tels. Il précise cependant qu’en raisons de ces différences avec la catégorie habituelle, on peut les nommer protopartis (« proto-parties »32). Il en donne la définition suivante : ce sont des groupes qui travaillent dans le but d’être un jour considérés comme des partis qui présentent des candidats aux élections. Il s’agit donc chez Pedersen d’une catégorie d’analyse, d’un type d’organisation à part entière, qui se situent avec d’autres types, dans le modèle de l’empan de vie, à la naissance d’un parti, après le premier seuil qui est celui de la déclaration. C’est la déclaration de la volonté de conquérir à court, moyen ou long terme le pouvoir, qui est, pour cet auteur, le critère faisant basculer une organisation de la sphère des mouvements sociaux à celle des partis et proto-partis. Ce n’est pas la participation aux élections. En revanche, la distinction entre ces deux dernières catégories « partis » et « protopartis » est le passage du deuxième seuil, celui de l’autorisation, qui est la reconnaissance légale du statut de parti politique. Cette autorisation est donnée aux

28

Rihoux B., Les partis politiques: organisations en changement. Le test des écologistes, Paris, L’Harmattan, 2001.

29

Pedersen M., « Towards a New Typology of Party Lifespans and Minor Parties", Scandinavian Political Studies, 5, 1982, p.1-16, ainsi que « The Birth, Life and Death of Small Parties in Danish Politics », in Müller-Rommel F., Pridham G. (eds.), Small Parties in Western Europe. Comparative and National Perspectives, Londres, Sage, 1991, p.95-114.

30

Pedersen M., art cit., p.97.

31

Rihoux B., op. cit., p.124.

32

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groupes qui désirent présenter des candidats aux élections nationales. On retrouve alors chez Pedersen le critère de l’élection comme critère distinctif entre protoparti et parti, ou plus exactement celui de l’intention de présenter des candidats combinée à l’autorisation accordée par les gouvernants.

Dans le travail de B Rihoux, en revanche, le « protoparti » est considéré comme l’état originel d’une organisation partisane, qui précède le premier seuil qu’est la déclaration publique de la création d’un parti. Ici, l’utilisation du terme ne vise qu’à désigner une étape du modèle de l’évolution d’une organisation partisane, et non un type d’organisation spécifique, aux caractéristiques le distinguant d’un mouvement social. Le protoparti n’est ni plus ni moins que le parti avant la déclaration officielle de sa constitution : « Avant que ce seuil ne soit franchi [celui de la déclaration], une période parfois longue peut s’être écoulée, durant laquelle un mouvement politique a, par exemple, présenté des candidats à l’échelon local, voire à l’échelon régional ou national. Entre T0 et T1, il s’agit de protopartis ».33 C’est bien cette même perspective évolutionniste, et par conséquent rétrospective, que nous adoptons. Le passage qui nous intéresse dans cette recherche est celui de la présentation de candidats à une élection politique, quelle qu’elle soit. C’est ce passage, cette transformation, qui sépare d’un côté ce que nous désignerons par le terme « protoparti », de l’autre ce que nous nommerons « parti ».

Il faut noter que l’utilisation (rare toutefois) qui est faite du terme « protoparti » suit le plus souvent l’optique de recherche que nous écartons, à savoir l’élaboration d’un type ou d’une catégorie d’analyse dans une articulation avec celles de mouvement social et de parti politique. Les protopartis sont quelquefois considérés comme des ancêtres des partis politiques modernes. C’est le cas, par exemple, dans le commentaire que D.-L. Seiler propose des analyses de Weber : « Ce dernier oppose les partis créés avant l’instauration du suffrage universel, qu’il considère comme des proto-partis, et les partis modernes qui sont les “enfants de la démocratie” »34 ; au sujet des forces politiques dans l’Angleterre victorienne, A. Corvisier en fait le même usage : les protopartis constituent des « stades

33

Rihoux B, op. cit., p.124.

34

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intermédiaires »35 ; S. Berstein nomme protopartis les comités électoraux qui, au début de la IIIème République, ont une existence permanente : « ils servent en quelque sorte de clubs pour leurs adhérents, d’une élection à l’autre, et constituent ce que l’on peut appeler un protoparti. »36 ; enfin J. Sharp, dans son étude sur la construction de la scène politique américaine37, considère que le regroupement des fédéralistes autour de Hamilton et celui des républicains autour de Jefferson constituent des protopartis. La dimension historique de cet usage nous paraît légitime en dépit de la critique de M. Offerlé, qui précise que « tout groupe est enclin à se donner des ancêtres et à se doter de points de repère qui donneront lieu à des célébrations commémoratives ; et [que] le travail historique consiste bien souvent à entériner ces “faits objectifs” quitte à repousser dans le temps pour mieux repérer les archaïsmes antécédents et réveiller les proto-partis appelés à servir de faire-valoir et d'ancêtres légitimes aux vrais partis politiques modernes. »38

Les protopartis sont d’autres fois définis comme des formes d’organisation contemporaines des partis modernes, mais approximatives ou incomplètes. De même que dans l’approche historique, il s’agit de quasi-partis, mais les caractéristiques distinctives ne sont cette fois pas l’effet d’une époque. Cet usage est aussi bien celui de spécialistes des partis39, notamment des partis ou fédérations de partis au niveau européen40, et des partis de l’Europe post-communiste41, que celui d’acteurs politiques extérieurs aux formations

35

Corvisier A., « La guerre entre la sociologie et l’histoire », Revue historique, 1977, p.61,68.

36

Berstein S., « Débat », in Hamon L. (dir.), Les Opportunistes : les débuts de la République aux républicains, Paris, Maison des sciences de l’homme, p.104.

37

Sharp J., American Politics in the Early Republic : The New Nation in Crisis, New Haven, Yale University Press, 1993.

38

Offerlé M., Les parti politiques, Paris, PUF, 1987.

39

Entre autres, Villalba B., Laurent A. (dir.), Les petits partis : de la petitesse en politique, Paris, 1996.

40

Voir par exemple Mair P., « The Limited Impact of Europe on National Party Systems », West European Politics, 23(4), 2000, p.27-51.

41

Notamment Nalewajko E., Protopartis et protosystème ? Esquisse d’une description du multipartisme polonais [nous traduisons], Warszawa, IS-PAN, 1997 ; Hanley S., The New Right in the New Europe, Londres, Routledge, 2007, p.70. ; Ishiyama J., « The Russian Proto-Parties and the

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partisanes et pourtant engagés dans la défense d’une cause de nature politique. Par exemple, dans un article paru le 13 septembre 2006 sur le site d’ATTAC 93 Sud (comité local d’ATTAC), intitulé « ATTAC France : Sortie de crise ? »42, C. Delarue, secrétaire national du Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples (MRAP), membre élu du Conseil d’administration d’ATTAC, analyse la crise que traverse le mouvement à travers les trois conceptions opposées de l’organisation qui sont discutées parmi les militants : une première « option mouvementiste » se focalise sur les forums sociaux et délaisse la clarification du positionnement politique du mouvement, une deuxième « option altermondialiste » envisage la possibilité d’une intervention dans les futures élections françaises, sans perdre de vue la vocation altermondialiste, enfin la troisième est nommée

« option proto-parti : Il s’agit de transformer ATTAC en quasi-parti pour qu’il puisse intervenir dans les élections françaises […]. Comme pour la création de la liste politique “100% Alter”, la solution “proto-partidaire” suppose de se séparer des syndicats car ils doivent maintenir leur indépendance à l’égard du patronat mais aussi du gouvernement. […] Pour les “proto-parti” le Manifeste d’ATTAC doit servir principalement voire exclusivement lors des prochaines élections. C’est un outil de combat contre les libéraux et sociaux-libéraux. »

Nous ne discuterons pas le fond de l’argumentation ni la définition du concept de protoparti employée ici. Notons simplement qu’il s’agit d’un « quasi-parti » et qu’une intervention (mais de quel genre ?) dans les élections françaises est prévue par cette option. Une seconde illustration est fournie par l’Union des Familles laïques (UFAL) – Mouvement laïque d’éducation populaire tourné vers l’action. Un article paru sur son site le 4 janvier 2007, écrit par B. Teper, président, intitulé « Quelles tâches avons-nous pour œuvrer pour un

National Republics : Integrative Organizations in a Disintegrating World ? », Communist and Post-Communist Studies, 29(4), 1996, p.395-411.

42

Delarue C., « ATTAC France : Sortie de crise ? », site d’ATTAC France, 13 septembre 2006. http://www.attac93sud.fr/spip.php?article213

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internationalisme laïque et républicain ? »43, pose la problématique actuelle du mouvement dans ces termes :

« Les camarades aliénés par des leurres idéologiques résistent à la critique de leur incohérence par le refus de travailler sur l’ensemble du champ de la pensée et de l’action prétextant que cela les entraînerait dans un “proto-parti”. Rien n’est plus faux. Le refus de soutenir ou de présenter des candidats aux élections et de ne pas travailler à un programme précis suffit pour ne pas être dans le “champ politique” et de rester dans le champ du mouvement social. Notre seul objectif doit être notre travail d’éducation populaire tourné vers l’action dans le mouvement social. Nous ne pouvons donc pas ne pas prendre ce problème à bras le corps. »

Ici un protoparti est assimilé à un élément du champ politique, lui-même défini comme espace de la compétition électorale et des programmes politiques précis. Pour l’auteur, se tenir à l’écart de ces deux caractéristiques, c’est rester en dehors du champ politique et donc ne pas se transformer en protoparti.

L’ensemble de ces références aux travaux de chercheurs et aux discours d’acteurs sociaux montre tout l’intérêt qu’il y aurait aussi à travailler à l’élaboration rigoureuse d’un concept de protoparti compris comme type distinct du mouvement social et du parti politique. Défini dans cette perspective, le protoparti tiendrait probablement du mouvement social très politisé, c'est-à-dire se situant subjectivement dans un réseau de relations avec des partis déjà constitués, notamment des relations d’opposition et de critique, et se mobilisant pour la défense d’une cause présentée comme étant de dimension sociétale ou d’intérêt général. Pour recevoir le qualificatif de protoparti, il ne serait pas nécessaire que le mouvement présente un jour, seul, un ou plusieurs candidats à une élection. Ainsi, à la différence du mouvement social, le type « protoparti » ferait montre d’une volonté de conquête du pouvoir, mais sans en

43

Teper B., « « Quelles tâches avons-nous pour œuvrer pour un internationalisme laïque et républicain ? », UFAL, 4 janvier 2007.

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passer par la voie de l’élection, ce qui le distinguerait du type « parti politique ». Il serait différent du type « groupe d’intérêt » dans la mesure où la cause défendue serait liée à un grand nombre de problèmes publics, et pas seulement à une question ou à un intérêt précis, comme c’est le cas des groupes d’intérêts (quand bien même l’intérêt défendu est l’intérêt général, ils n’interviennent que sur des thèmes particuliers). On pourrait alors proposer la typologie suivante : le mouvement social se transformerait en protoparti sous l’effet d’une politisation intense (c'est-à-dire d’une prise en compte progressive de la question du pouvoir ou d’une extension de la cause à une visée d’intérêt général), et le protoparti se transformerait en parti politique à travers le recours à l’élection. Il ne pourrait bien entendu s’agir que d’une typologie, à laquelle on comparerait ensuite les différents cas d’étude. Une recherche intitulée « la transformation des protopartis » s’attacherait alors, tout autant que dans notre optique, à expliquer les configurations de causes amenant un protoparti à présenter des candidats aux élections. Mais elle le ferait dans une optique comparative, sur la base de définitions rigoureuses du parti politique, du mouvement social, de la politisation et de l’élection, et dans un travail d’articulation entre ces concepts. Notons simplement qu’une telle typologie nous semble effectivement possible à partir de la définition que donne D.-L. Seiler du parti :

« On définira donc les partis comme étant des organisations visant à mobiliser des individus dans une action collective menée contre d’autres, pareillement mobilisés, afin d’accéder, seuls ou en coalition, à l’exercice des fonctions de gouvernement. Cette action collective et cette prétention à conduite la marche des affaires publiques sont justifiées par une conception particulière de l’intérêt général. »44

Les trois logiques qui sont ici présentes sont celles du projet, de l’organisation et de la mobilisation. Or il apparaît que dans la définition du protoparti esquissée ci-dessus, on retrouve ces trois mêmes logiques. Sur la base de la définition du parti de D.-L. Seiler, la différence avec le protoparti réside dans l’objectif d’exercice du pouvoir. Or, si on considère

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la participation à la compétition électorale comme une marque de cette volonté de pouvoir, alors le protoparti tel que nous l’avons défini se transforme bien en parti politique à travers le recours à l’élection45. Il suffit pour terminer cette typologie de définir le type « mouvement social » par rapport au type « protoparti » en lui ôtant sa dimension politique. Apparaît alors une première typologie cohérente articulant mouvement social, protoparti et parti politique autour de deux transformations que sont la politisation et le recours à l’élection. Une telle typologie ne constituerait, à nouveau, qu’un point de départ exigeant des définitions plus solides et plus approfondies des concepts de cause, d’intérêt général, de politisation, de recours à l’élection.

Dans la perspective qui est la nôtre, orientée vers l’explication des processus plus que vers la construction de contenus, le concept de protoparti est une forme de désignation. Cette orientation n’implique pas pour autant que nous puissions faire l’économie d’un travail de définition. Celui-ci ne sera simplement que préalable à l’étude, non son objet même, et limité dans ses développements aux besoins de désignation de l’objet, et de sa circonscription nécessaire au repérage et à la sélection du cas empirique. La difficulté de mener à bien ce travail de définition est double. D’un côté, aux conflits théoriques déjà complexes quant à la définition d’un mouvement social s’ajoutent des enjeux politiques, si bien que la justification du choix de la définition s’en trouve très compliquée. De l’autre côté, comme on l’a vu, le concept de protoparti n’a pas été formalisé rigoureusement dans la littérature sur les partis ou l’action collective. Double difficulté donc, induite par la nécessité d’une double conceptualisation. Le concept de protoparti constitue notre outil premier, puisqu’il est utilisé comme idéal-type sur la base duquel le cas d’étude a été choisi parce qu’il s’en approchait

44

Seiler D.-L., op. cit., p.24.

45

Cette présentation laisse cependant de côté les organisations qui entendent conquérir de pouvoir sans pour autant participer aux élections, soit parce qu’elles en refusent le principe soit parce qu’elles n’en ont pas le droit. Ainsi le parti bolchevik avant 1917 ou le Hamas avant sa participation aux municipales de 2004-2005 et aux législatives de 2006, seraient nécessairement des protopartis, non des partis. Cette remarque suffit à montrer que la tentative d’élaboration de la catégorie ou du type « protoparti » nécessite une tout autre recherche.

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fortement. Ce concept possède une intension46 à la fois téléologique et structurale : téléologique en ceci qu’un protoparti se définit dans notre recherche comme destiné à se transformer en parti politique (définition rétrospective), et structurale en ceci qu’il n’est constitué que d’une seule et unique entité (qu’on qualifiera plus tard de groupe, d’organisation, etc.). C’est ici que la deuxième conceptualisation intervient : cette unique entité est définie comme un mouvement social. Nous commençons par discuter de ce point qui est logiquement antérieur, puisque un protoparti apparaît finalement comme un type particulier de mouvement social, puis nous abordons la spécificité du concept de protoparti et ses liens avec la définition d’un parti politique.

La littérature sur les mouvements sociaux abonde en définitions de son objet ainsi que d’introductions, de chapitres ou de parties entières consacrés à cette difficile question47. Il serait fastidieux et finalement inutile de se livrer à un énième exercice de ce style, pour conclure avec la quasi-totalité des auteurs que : premièrement, sitôt qu’on prend en compte