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La sphère groupale aux prises avec une triangulation autrement agencée.

1.2 à la (re)mise en jeu de codes.

2.3. De la vie affective comme organisatrice du lien dans la « meute ».

2.3.1. La sphère groupale aux prises avec une triangulation autrement agencée.

Appréhender le groupe comme lieu d’une relation à un autre nous conduit à penser celui qui, au- delà du pair, devient le camarade, voire, l’ami ; et ce dernier, d’incarner le lien. Traduits du grec philia, se présentent alors dans le champ de l’amitié, filiation et affiliation. Toutes deux souli- gnent alors l’alliance, certes, mais une alliance différenciée. Les définitions de l’amitié s’accordent à préciser un lien d’attachement, d’affection, de tendresse et de bienveillance, ne reposant ni sur l’attrait sexuel ni sur la parenté. Elle est donc bien le produit d’un choix du sujet en dehors d’une considération généalogique qui impliquerait tantôt une descendance commune, tantôt une origine commune, conformément à la chaîne qui nous fait fils de et père de.

Un choix donc, a priori désintéressé, dont faisait déjà état Hegel dans son premier tome de l’Esthétique. Choix fait d’un autre, qui participe de la formation et de la composition d’un ensem- ble ; ensemble qui trouve ses limites dans la confrontation aux ennemis mais également, qui conserve sa richesse dans une multiplicité.Comme l’ajoute l’auteur en effet, « les amis [sont] des individus qui conservent leur caractère propre et particulier »1. Mais de ce texte nous retien-

drons la qualification même du lien qui unit : « si étroi[t] que, pour deux amis, l’entreprise de l’un devient également celle de l’autre »2. Et c’est bien là ce sur quoi va insister la philosophie.

L’on retrouve chez Kant3 cette idée d’égalité et de réciprocité dans la relation d’amitié. Allant

jusqu’à penser l’amour comme cette force d’attraction qui rapproche et le respect, comme ce qui maintient à distance − la réciprocité telle que nous en conviendrons dans l’échange.

La question groupale se pose alors dans la dynamique affective et relationnelle créée. Chacun

1 Hegel, G,. F.,W., (1835), Esthétique, Tome 1, 2003, 181. Document téléchargeable en ligne sur http://classiques.

uqac.ca/classiques/hegel/hegel.html.

2 Ibid., p.203.

des membres représente une existence singulière, quand bien même celle-ci peut se rattacher en certaines circonstances à celle de l’ensemble. S’agrègent des forces, des expériences et des per- sonnalités différentes, complexes, qui, selon leur mouvement et à leur mesure, vont venir faire évoluer la forme groupale qui les rassemble. C’est du moins l’hypothèse que nous pouvons for- muler compte tenu des observations faites auprès de la population adolescente : une « unité » qui se meut, aux contours relativement flous, tributaire des proximités et des distances qui, en- tre les membres, se font, se défont ou se font à nouveau.Mais le groupe reste, le lien tient, face à d’autres qui peuvent eux aussi imprégner son organisation et réciproquement. Des processus s’institutionnalisent en quelque sorte, donnant au groupe sa consistance, son assise, tout en ga- rantissant à chacun sa place en tant que sujet.

Si donc au niveau inter-groupal des frontières se dessinent, au niveau intra-groupal, des profils s’inscrivent, sans toutefois préjuger d’une détermination rigide. C’est là, nous semble-t-il, l’assurance à un moment donné d’une parité qui ne prescrirait pas de l’indifférenciation et per- mettrait à chacun de poursuivre dans l’échange engagé sur le mode de l’aménagement et sur la base d’affects qui tiennent là leur place – le jeu possible dans la relation différenciée permettant la reconnaissance de cette singularité et son cheminement.Reprenant les propos de C. Papilloud, nous pouvons avancer que le sujet « se forme pour, contre, avec l’autre, c'est-à-dire en face d’autrui, dans la Wechselwirkung co-vécue »1, se trouvant de fait marqué du sceau de la relation

sans y être réduit.

Semble donc se percevoir au sein du groupe, une relation à l’autre qui, en opérationnalisant l’échange entre pairs, situerait ses enjeux sur l’axe d’une certaine horizontalité. En effet, pour C. Papilloud, le seul point transcendant de la relation serait la totalité du groupe en tant qu’elle résulte de la multiplicité et de la signification des échanges individuels pour tous, dans leurs rapports aux uns et aux autres. En tant qu’elle est plus simplement « relation humaine » et qu’elle détermine en son sein ceux qui la tissent et y évoluent, selon une dynamique « loin de se répéter à l’identique »2. Dès lors, comment envisager le leader ?

Si dans la tradition freudienne, l’on assimile le leader de la foule, de la masse, et du groupe au représentant paternel, il est intéressant de remarquer que dans la théorie kleinienne, l’objet s’est déplacé. Pour J. Rivière,

« Le besoin de pouvoir prend sa source directement dans une incapacité de tolérer le sa- crifice pour les autres ou la dépendance des autres [alors que l’] amour véritable suppose

1 C. Papilloud, Le don de relation, op.cit.,p.114. Traduction faite de l’auteur en « effet de réciprocité ». 2 Ibid., pp.142-144.

une aptitude à se sacrifier, à supporter la douleur, un degré de dépendance »1.

C’est là l’exercice d’une forme de pouvoir qui déplace dans la théorie kleinienne les figures pa- ternelle et maternelle eu égard aux positions qui leur étaient prêtées dans la théorie freudienne. Si le père, premier objet de haine du garçon, demeure dans la rivalité, la mère, à qui ce dernier voue un amour fusionnel, se situe au fondement du lien. Ce serait là, dans notre lecture, un point de bascule théorique, celui qui, suite à la perte induite, oedipienne, accorderait à la figure mater- nelle tout son rôle au sein du groupe.

En effet, pour J. Rivière, l’instinct grégaire vient traduire

« Le besoin de rassembler et d’accumuler de grandes quantité d’amour, de soutient et de sécurité qui constitueront une réserve toujours disponible sur laquelle on pourra tirer si nécessaire »2.

Tout se passe comme si cet entourage paritaire affectif permettait au sujet de recréer pour lui un « substitut du sein maternel »3 perdu, dans une dynamique défensive, imaginaire4, à même de

maintenir la chose bonne. Tout se passe comme si la formation du groupe était pour le sujet le moyen de conserver la mère, lui rendre hommage, pour soi, et compenser la distance nécessai- rement prise par rapport à elle pour s’engager auprès de nouveaux objets sociaux. M. Klein évo- que « le processus de déplacement de l’amour »5, de l’amour de la mère à l’affection de l’autre

« social ». Le groupe, mère-patrie à moindre échelle, devient alors l’objet conquis ou à conquérir, un nouveau territoire à explorer et investir, une nouvelle terre pour être la nouvelle mère, la « terre promise [où] coulent le lait et le miel »6.

C’est en quelque sorte l’objet transitionnel que D.W. Winnicott a pu développer, en lieu et place du premier objet, et engageant l’épreuve de la réalité. En s’affiliant aux pairs, le sujet fait l’expérience d’une réalité partagée et tient compte en retour de cet « autre-que-moi »7. Pour

l’auteur, c’est au jeu que revient de poser le cadre initial du développement des relations affecti-

1 Rivière, J., La haine, le désir de possession et l’agressivité, in Klein, M., Rivière, J., (1984), L’amour et la haine, Paris,

Payot, p.56.

2 Ibid., p.36. 3 Idem.

4 Pour P . Gutton, la communauté d’amis reste suspendue à l’expérience maternelle, comme signe d’évitement à la

soumission de la loi du père, menace patriarcale que seul l’amour d’une mère peut dépasser. Comme il l’écrit, « Ainsi, rester à la maison ou sortir voir des amis seraient des décisions soumises au même référentiel porté le premier par l’imaginaire paternel, le second maternel » (Culture d’amis, in Adolescence, 25, 3, 2007, pp.623-644).

5 Klein, M., L’amour, la culpabilité et le besoin de réparation, op.cit., p.116. 6 Ibid., p.132.

ves en dehors du contexte strict de la relation à la mère, qui demeurait jusque là une forme de « relation au moi »1. Là encore, la figure maternelle, omniprésente, prend toute son importance

puisque c’est à partir de cette relation matrice que va se former l’amitié.L’autre, objet d’un in- vestissement nouveau, vient « à la place du sein »2, amenant le sujet à sortir de la toute-

puissance. Un groupe de pairs donc, qui s’organise sur l’axe d’une génération mais qui reste sus- pendu à la figure de la mère. C’est elle qui protège et garantit au sujet sa sécurité, et qui se pose à l’origine de la formation du groupe, le faisant ainsi tenir – the holding mother3 ou the mother who

supplies covering4 – intervenant pour certains en amont, à travers ce que D.W. Winnicott qualifie de processus d’intégration, pour d’autres, en cours même de formation groupale ; et leur appor- tant cette image – incarnée – protectrice d’une angoisse.

La formation groupale convoque donc les figures parentales : le groupe comme figure de la mère perdue, et le leader comme figure du père, tyrannique. Mais, bien qu’un déplacement se soit opé- ré, nous restons d’un côté comme de l’autre, dans une conception oedipienne marquant de sa trace l’appréhension possible du groupe via la filiation verticale, originaire, qui transcenderait la formation groupale et ferait de l’une ou l’autre de ces deux figures, celle qui fait tenir le lien.La prégnance de celle maternelle posée en contraste par rapport à celle paternelle dans la littéra- ture anglosaxone, n’est pas sans rappeler le temps du matriarcat faisant suite à l’éviction du père chez Freud, avant l’élection du totem5, et de fait, implique la même transcendance organisatrice

bien que différemment incarnée. L. Gageiro Coutinho l’évoque, « la tentation de la horde sera toujours présente comme trace originaire du lien social »6.

Plus récemment, les écrits de J.B. Chapelier7 sur la groupalité à l’adolescence mettaient juste-

ment en relief l’oedipe comme principe organisateur des groupes – l’exemple étant pris des groupes thérapeutiques – avec pour loi, la figure paternelle, éventuellement celle du thérapeute, et pour contenant, l’institution dans laquelle il s’inscrit, figure maternelle.Le groupe devient le reflet d’une triangulation où chaque membre adopte la position de l’enfant, au sein d’une fratrie

1 Winnicott, D.W., (1958), La capacité d’être seul, in Winnicott, D.W., (1969), De la pédiatrie à la psychanalyse, Paris,

Payot, p.210.

2 D.W. Winnicott, Jeu et réalité, l’espace potentiel, op.cit, p.31.

3 Winnicott, D.W., (1994), Déprivation et délinquance, Paris, Payot, p.227. 4 Ibid., p.228.

5 S. Freud, Totem et Tabou, op.cit., p.203; Freud, S., (1939), L’homme Moïse et la religion monothéiste, Paris, Gallimard,

1986, p.172.

6 Gageiro Coutinho, L., (2001), Les tribus et les collectifs dans la psychanalyse : de la horde à la fratrie, Conférence pro-

noncée devant le GREMES, Groupe de Recherche et d’Etude sur la Musique et la Socialité, Mars 2001. Document télé- chargeable en ligne sur http://www.ceaq-sorbonne.org/node.php?id=1046&elementid=708.

7 Notamment, Chapelier, J.B., Emergence et transformation de la groupalité interne à l’adolescence. A partir des psy-

issue de la scène primitive. Il est alors appréhendé comme pris, formé et organisé entre l’identification à la toute-puissance maternelle et l’identification à la toute-puissance paternelle, registres de l’illusion groupale conceptualisée par D. Anzieu, et repris par J.-B. Chapelier qui leur associe respectivement fusion et idéal tout-puissant.

Or, comme l’évoque l’auteur, et comme le remarquait H. Deutsch avant lui, la clinique donne à voir à un moment donné de cette formation, l’affranchissement d’une génération par rapport à la précédente que venait asseoir ces figures, témoins de filiation. Le « fantasme d’auto- engendrement »1, de parthénogenèse, vient se substituer à la scène primitive ; celui qui nous

rappelle justement à l’association des frères pour le meurtre du père, annulant en quelque sorte la filiation par le pacte, et accordant ainsi sa primauté à la génération – sur la généalogie. En ef- fet, quand bien même la figure paternelle, totémique, est successivement pensée au niveau de la horde puis de la communauté, le père se voit dans l’entre-deux, dévoré, tué.

Pourtant, l’auteur de préciser dans un récent article2 que ce passage du groupe familial au

groupe social serait médiatisé par la transformation de la sexualité infantile à la sexualité ma- ture, elle-même attenante au complexe oedipien. On le voit, bien que la thèse de J.-B. Chapelier présente le groupe « homogénérationnel » en dehors d’une référence stricte à la filiation généa- logique, familiale, fraternelle, qu’il estime réductionniste, elle demeure liée aux conceptualisa- tions freudiennes. Son point de saisissement étant l’espace préoedipien, archaïque, via un méca- nisme de régression important. La « désoedipianisation » qu’il souligne à travers cette concep- tion du lien social, convoquant l’argument supplémentaire de la culpabilité pour justifier de l’union, reste donc, et d’une certaine manière, en suspend. Œdipe apparaît comme un complexe à venir une fois le temps de l’illusion indifférenciatrice terminé. D’ailleurs, il le rappelle, Anzieu et Kaës, qui se sont particulièrement investis dans cette réflexion, précisaient qu’ « Œdipe n’[était] pas le premier organisateur des groupes » 3 [nous soulignons]. La clinique actuelle, comme la

littérature relevée précédemment, conduit à penser que la différenciation au sein du groupe peut demeurer même lorsque ce dernier trouve dans son horizontalité, son propre fondement4.

Pourquoi donc toujours ramener au risque d’une position oedipienne incestueuse, ce qui relève-

1 Ibid., p.56.

2 Chapelier, J.-B., (2008), « Liberté, égalité, fraternité », Liens fraternels et adolescence, in Dialogue, 1, 179, pp.59-74. 3 Nous retiendrons les propos suivants « Ainsi, la période initiale renvoie à une famille fusionnelle, l’illusion groupale

à la famille égalitaire et la fin du groupe à une famille différenciée de type oedipien » (Ibid., p.64-65), et d’ajouter que « chez les adolescents on passe d’un groupe familial dénié, à un groupe fraternel gémellaire puis à un groupe associa- tif » (Ibid., p.69).

4 La seule condition pour penser le groupe hors référence paternelle, apparaît être pour J.-B. Chapelier, le recours à

l’illusion groupale qui induit une fratrie indifférenciée. Or, on le voit avec la clinique, il peut exister du groupe horizon- tal, emprunt d’une structure rhizomatique autorisant toujours une certaine forme de différenciation.

rait d’une logique anti-cannibalique ? En 1967, H. Deutsch évoquait, relativement à la formation des groupes adolescents, la « carte d’identité : nous ». Caractérisant ce processus de « mascarade uniformisée », elle notait qu’il était question pour ces adolescents d’être « « différents de… » la génération plus âgée ! »1. Faux semblant ou non, c’est bien l’existence d’une génération dans la

négation de l’autre, ou de l’autre comme différente, dont il s’agit à un moment donné. Une néga- tion vécue et affirmée comme telle, qui, à ce titre, prend son importance et légitime nos interro- gations quant à l’émergence d’un lien social se soutenant de son horizontalité. S’auto-affirmer dans l’opposition à l’autre, ce serait là ce que nous donne à voir le pubertaire, quand bien même ce ne serait qu’un passage, pré-requis d’un système à venir.

Le « nous » sécure que forme le groupe de pairs et dont fait partie le sujet, vient garantir une nouvelle assise. « De génération en génération, se répète le même effort en vue de renverser l’ordre social, de délier l’ordre établi (…) en protestant contre les prédécesseurs immédiats »2

écrivait H. Deutsch. La « mascarade » se rejoue alors jusqu’à nous amener à questionner les pos- sibles variations auxquelles nous assistons parfois aujourd’hui, et plus avant, à réinterroger un fondement anthropologique non sans enjeux quant aux répercussions qu’il suscite dans le social. La crise du pubertaire, oui, mais cela doit-il s’y résumer ? Cette crise n’est-elle pas le support de nouveaux aménagements de l’altérité dans le social ?

La rupture marquée d’avec l’enfance et tout ce qui en sous-tendrait l’existence passée, amènerait le sujet, fils d’antan, à s’affirmer par le groupe comme sujet en soi, sujet d’un groupe, autre parmi l’autres, voire même, comme sujet d’une hiérarchie à ceci près qu’elle ne serait pas d’ordre gé- néalogique. Ceci pourrait expliquer en partie que certaines figures d’autorité, ou du moins per- çues comme telles par le social, incarnant généralement la précédente génération, ne soient plus considérées comme elles pouvaient l’être il y a plusieurs années ; et que de nouvelles idéalités aient pris le relais pour étayer un rapport à l’autre autrement structuré – cet (a)utre ne siégeant a priori plus au-dessus.

Penser l’adolescence comme un entre-deux nous laisse envisager un passage, espace de chan- gements, et critique sous plusieurs formes comme il nous a été donné de l’expliquer en amont de ce travail. Ainsi, elle s’apparente à un territoire problématique pour le sujet. Se manifestent no- tamment là les enjeux particuliers de la relation à l’autre, alter ego, matérialisant une part de l’échange : l’autre est celui vers qui le sujet s’avance tout en percevant la menace qu’il peut po- tentiellement représenter pour son territoire. La distance alors préservée témoigne d’une géo-

1 Deutsch, H., (1967), Problèmes de l’adolescence, 2003, Paris, Payot, p.105. 2 Ibid., p.126.

graphie intersubjective que P. Jeammet1 rattache en partie à l’importance du regard pour

l’adolescent, le regard qui le persécute quand il l’a, ou qui le méprise quand il pense ne pas l’avoir. De quelque obédiences théoriques qu’ils soient, de quelque orientations disciplinairesils se réclament, les auteurs s’accordent sur ce point : le regard est celui qui valorise, qui donne une certaine consistance au sein du groupe de pairs, qui reconnaît au sujet son existence ; mais aussi, celui que le sujet peut refuser pour ne pas être considéré comme un « moins que », sachant qu’au-delà, la valeur qui peut être attribuée au sujet n’est autre que le prolongement du regard porté par l’autre, pair ou « impair », sur lui.

L’offre ainsi proposée au sujet est-elle la même selon le lieu de cet autre, celui qui le soumet au regard ?N’est-il pas possible d’imaginer des défenses de territoires ou des résistances aux terri- toires alentours, qui puissent être différentielles ? Qu’en est-il par-là même des modèles que peut observer le sujet adolescent, en mesure de faire autorité ?Ce qui fait la situation actuelle de l’autorité, comme pensée dans son acception générale, nous laisse entrevoir deux hypothèses. Soit, elle existe en ce lieu commun, que ce soit dans un trop ou dans un pas assez, dans son effi- cience ou dans sa défaillance. Soit, elle existe autrement, et surtout, ailleurs au point d’être un au-delà d’elle-même.

Comme l’avançait P. Jeammet, « maintenant, il n’y a plus de modèle, tout le monde est au même niveau »2. Et la prégnance clinique d’une configuration paritaire, de faire écho à ce constat, sans

pour autant confirmer l’hypothèse d’une disparition de l’idéal partagé. Penser la triangulation revient à penser à trois, sans que ne soit prescrit la place de ces éléments les uns par rapport aux autres. L’autorité, « vectorisée » par la relation, doit pouvoir être pensée sur le versant d’une horizontalité3.Le sujet, qui plus est adolescent, ne se réduit plus au fils de, il est aussi celui qui

existe dans le face à face, autre d’un échange où émergent précisément autorité et pouvoir. C’est

1 Jeammet, P., Actes éducatifs et prises en charges thérapeutiques, Séminaires « réussite éducative », Rennes, Septembre

2007.

2 Idem.

3Qu’est-ce que l’autorité si ce n’est l’accomplissement, la caractéristique de l’auctor, celui qui, en latin, produit, et se

trouve être à l’initiative d’une chose. Au-delà de l’idée commune qu’il s’agit d’un exercice de puissance, d’un pouvoir, auctoritas en latin nous présente l’invention, l’exemple, la garantie, la responsabilité, l’opinion, la volonté. Autant de mises en perspectives possibles qui d’aucune manière que ce soit n’impliquent l’idée d’une verticalité sous-jacente. Ce n’est qu’adjointe à l’idée du Père, du gouvernement, de l’administration ou de l’institution qu’elle en prend l’orientation. Si pour certains auteurs dont P. Legendre (L’amour du censeur. Essai sur l’ordre dogmatique, op.oit.,

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