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humaine, op.cit., p.104).

3.3. Le frater et quelques unes de ses figures.

Nous l’avons vu, le groupe apporte au sujet une sécurité et la possibilité d’un partage d’expériences communes, tout aussi objectives que subjectives. Il créé un monde propre, avec ses normes et ses règles, suivant une utopie qui lui est singulière et le distingue des autres.La littérature traitant du groupe fraternel n’échappe pas à ces conceptualisations et à ce titre, nous incite à cette confrontation illustrative.

3.3.1.Quelques modèles préfigurant l’illusion.

Un point de départ : la « fratrie magique » de R. Kaës3 qui pourrait illustrer d’une certaine ma-

nière ce à quoi nous sommes confrontés dans la clinique adolescente non adelphique. En concep- tualisant la fratrie magique, l’auteur insiste sur l’idée d’une dynamique et d’une économie spéci- fique à l’ensemble groupal de l’enfance, mise en perspective depuis « l’association des Frères-et- Sœurs » – opposable au père si l’on se réfère au mythe de la horde – et « l’amour du semblable » – non l’amour pour le semblable. Cette fratrie repose sur la recherche de ressemblances, la syn- chronicité, supposant elle aussi une interchangeabilité des sujets qui y évoluent au point parfois

1Ibid., p.42. 2 Ibid., p.47.

3 Kaës, R., (1993), Le complexe fraternel, aspects de sa spécificité, in Topique, revue freudienne, 51, pp.5-42 ; Kaës, R.,

de voir le caractère impersonnel des relations se substituer à l’intersubjectivité1. Cette formation

« merveilleuse » qui fait écho à ce que R. Kaës a pu nommer « l’effet Geschwister »2, nous

confronte donc bien à un processus de co-construction imaginaire fraternelle, initiant cette nou- velle sphère sociale. Celle-ci s’organise de la même manière, avec son langage, ses symboles, son pouvoir, ses ennemis, ses droits3, à ceci près qu’elle tient d’un fantasme d’auto-engendrement,

d’une forme d’auto-assignation et de diverses confusions de genre. Pour son auteur, elle sera cette unité une et forte, toute-puissante, alimentée par un narcissisme primaire et constituée à des fins défensives face à l’imago maternelle pré-oedipien, menaçant pour le sujet4.

Ainsi se précise la figure des Frères-et-Sœurs tels des « pairs sans père »5. Pourtant, loin d’une

tradition théorique ancrée, nous sommes forcés de constater que quelque chose fonctionne, au moins pour un temps ; quelque chose qui trouverait ailleurs que dans le sang, son fondement primordial. Pour l’auteur, en effet, il ne suffit pas d’une même origine biologique pour se dire frère et sœur, plusieurs facteurs seraient à considérer ; et c’est là toute l’importance de ceux qu’il souligne, notamment, l’effet de même génération, l’effet de rang dans l’ensemble égalitaire et les repères identificatoires et symboliques, que la clinique nous permettra de repérer diversement. Il s’agit là d’un moment de l’histoire où le groupe est investi lui-même comme objet, en ce qu’il est à la fois sécurisant et protecteur. Ses ressources : le fantasme unificateur certes, mais aussi le déni des désirs inconscients, le rejet et la complaisance, qui vont asseoir ce marquage net entre générations. Selon O. Bourguignon6, ce sont de ces éléments que seraient garantis construction

identitaire, gain d’autonomie et régulation des relations instaurées avec l’autre génération. Et l’on voit ici s’annoncer le processus de « l’illusion groupale » telle que développée par D. Anzieu dont R. Kaës était l’élève.

L’illusion groupale, émergeant du groupe en lieu et place d’un mythe familial qui aurait été héri- té, n’est pas sans lien avec le fantasme d’être un tout, alimenté par un idéal d’égalité. C’est au cœur de ce tout, érigé en objet libidinal, que vont pouvoir s’accomplir, sur le registre de l’imaginaire, les désirs socialement interdits. Et nous, de retrouver toute la dimension utopique de la construction groupale que nous évoquions plus haut, celle qui va permettre la « restaura-

1 R. Kaës, Le complexe fraternel, aspects de sa spécificité, op.cit., p.37. 2Ibid., p.23.

3Bourguignon, O., (1999), Structures et dynamismes psychiques inconscients, in O. Bourguignon, Le fraternel, op.cit.,

p.64.

4R.Kaës, Le complexe fraternel archaïque, op.cit., p.395.

5R. Kaës, Le complexe fraternel, aspects de sa spécificité, op.cit., p.37.

tion collective des narcissismes individuels menacés »1, particulièrement au moment du puber-

taire. L’illusion groupale est cet état psychique collectif qui donne au groupe le sentiment d’être bon et fort, confiant et euphorique, d’être, comme nous l’avons retrouvé dans le discours de cer- tains adolescents, « le meilleur [de sa] génération »2. Mais aussi, et nous le verrons, elle est ce qui

donne au groupe les clés d’un roman l’amenant à penser qu’il ne tient que de lui-même, « ce qui nous fait bouger, c’est nous, c’est tout »3. Par ce processus illusoire et les étapes qu’il suppose, le

groupe de frères serait à même de gagner unité et identité, et de faire face aux attaques internes qui le menacent, en l’occurrence, la réactualisation de la problématique Oedipienne et la dépres- sion consécutive à la perte de l’objet primordial.

Il s’agit donc là du concept à partir duquel J.-B. Chapelier a pu élaborer ses réflexions sur le lien groupal à l’adolescence, tenté par le renversement d’une application théorique traditionnelle qui consistait jusqu’alors à observer le groupe social comme le groupe fratrie. Chaque phénomène ayant son envers, l’illusion groupale, ne saurait y échapper. L’illustration est faite par l’auteur, de son versant pathologique. Le cas des Dalton4, syndrome donné en exemple, témoigne du risque

de fixité de ce processus illusoire qui manque à rendre l’organisation efficace comme pouvait l’être, à un moment donné, la fratrie magique. Cette « fratrie fantasmatique »5 serait selon lui

l’organisation adoptée par les frères pour maintenir une cohésion familiale indemne, leur évitant les ruptures et pertes caractéristiques du pubertaire. L’illusion groupale persisterait au-delà des différenciations qu’impose généralement et de fait l’organisation familiale, entre distinction de génération et de genre ; organisation familiale qui échoue alors à dégager les membres de l’ensemble de ces fantasmes de fusion.

Assimilé à une organisation chronique ainsi illusoire, le syndrome des Daltons met en avant un « rapport complexe entre différenciation-indifférenciation »6 et fragile. J.-B. Chapelier y fait re-

marquer le caractère ordonné des différences, prescrivant une organisation immuable où cha- que rôle est déterminé, assigné, tout autant que dépendant des autres. L’unité devient parfaite, indissociable, inscrite dans la continuité que représente la succession de ses membres. Alors que la proximité, créatrice d’intimité, se voit marquée par l’altérité à l’issue de la fratrie magique, le clan Daltons dont participe ‘Ma’ – la mère – progresse dans la duplication spéculaire intra et in-

1Anzieu, D., (1975), Le groupe et l’inconscient, l’imaginaire groupal, Paris, Dunod, 1999, p.186. 2Cf. Le Cas d’Inès.

3Cf. Le cas de Jonathan.

4 Chapelier, J.-B., (1993), Groupe de frères et le syndrome des Daltons, in Adolescence, 11, 2, pp. 327-343. 5Ibid., p.328.

tergroupe1 et se fait de plus en plus auto-suffisant. Aux prises avec la toute-puissance mater-

nelle, hors-la-loi, mais aussi hors champ social, la fratrie des Daltons nous confronte à l’imaginaire d’une relation symétrique proche du cadavre, sans jeu possible ; un idéal narcissi- que de complémentarité et de transparence ne renvoyant le groupe qu’à lui-même2.

L’on voit donc bien ici que, tramés autour de l’illusion groupale, la fratrie magique et le syn- drome des Daltons trouvent deux issues différentes, l’une a priori porteuse dans le développe- ment, l’autre, chronique et morbide. L’une ponctue le cheminement du groupe, pour finalement le rendre accessible à la relation ; l’autre, le clôt, soustrayant le sujet aux possibles à venir. C’est là toute la coloration transgressive ou non que peut prendre l’illusion groupale. Transgression dans le temps, dans l’histoire et dans le rapport à l’autre qui ne trouve réellement ses limites intersubjectives. Aussi, cette dimension est à considérer dans la clinique, avec pour principe l’idée qu’il s’agit là de manifestations participant, dans une certaine mesure, au système concep- tuel que nous adoptons dans ce travail.

Où situer les différences en jeu dans ces organisations, porteuses d’un destin plus ou moins effi- cient, eu égard à la promesse d’inscription de sujets dans le lien social ? Au niveau de la relation, de son caractère plus ou moins différencié, de son point d’attachement, et de ce qui vient ou non lui faire obstacle. En effet, dans le cas de la fratrie magique, bien qu’animée par la recherche de ressemblances, la relation à l’autre se veut, au cœur du groupe, différenciée a minima par l’établissement de places à investir et de rôles à jouer ; et au cœur de l’ensemble social ou fami- lial qui le contextualise, différenciée par la génération. C’est là l’exemple emprunté à O. Bourgui- gnon du groupe des « Babu »3. L’illusion groupale fonctionne ici via l’exclusion de la sphère

adulte alors qu’elle se soutient de cette référence dans la pathologie des Daltons ; c’est toute l’importance de Ma Dalton qui enveloppe la fratrie des fils sur un mode fusionnel là où l’illusion groupale, magique, n’alimentait finalement que des proximités.

Le rapport différenciation-indifférenciation présenté n’est donc pas le même. D’une unité où la parité n’ôtait en rien les possibilités d’une distinction intragroupe, l’on glisse dans un rapport adelphique où finalement, la différenciation ne tient qu’à l’ordonnancement d’une série de tailles

1 Comme le rappelle l’auteur, les Daltons trouvent leur image dans la fratrie symétrique que constituent leurs cousins. 2 Ibid., p.340.

3 « Babu » est le nom d’un groupe fraternel dont O. Bourguignon relate le cas, un groupe constitué à l’arrivé de la petite

dernière de la fratrie. Comme l’évoque l’auteur, « Une fois l’enfant née, la société s’organisa progressivement pour durer. Elle inventa un langage, (…) tint un carnet de comptes, (…) s’inventa un hymne, (…) prêta serment (…) et eut son code d’honneur » (Structures et dynamisme psychiques inconscients, op.cit., p63).

et de composantes de l’action commune1. L’une et l’autre fratrie se trouvent prises dans le sein

maternel, la première, dans la reconstitution du phallus maternel magique, la seconde, dans l’emprise. Or, si la magie consiste justement à s’en défendre, la chronicité sert à la maintenir. Et R. Kaës, de préciser d’ailleurs que l’advenue de ce complexe fraternel, initialement archaïque, dans le registre symbolique, suppose que les Frères-et-Sœurs soient détachés du corps maternel, distinct de la fratrie2, celui-là même que les Daltons investissent par les voies du déguisement

notamment.

Alors, les figures investies sont différentes et ce sont de ces différences que vont venir s’organiser les relations à l’autre du dehors, tant dans l’identification positive que négative, et nous entendons par là, ce qui sous-tendra la relation à l’ami et à l’ennemi. A l’une correspondra davantage la victime émissaire, à l’autre, le bouc émissaire. Lucky Luke, obstacle majeur à la conquête des Daltons, est le mauvais objet extérieur, précipité d’un clivage, d’une illusion grou- pale salvatrice mais symptomatique, d’une configuration en mal d’espace… en mal de contrat. Et nous en revenons finalement à ce qui vient fonder en quelque sorte le groupe, ce qui le fait émerger et ce qui le maintient, au moins pour un temps. Si le groupe fraternel garde sa magie, cela ne signifie pas pour autant qu’il tient son enchantement d’un héritage improbable, mais bien d’un investissement de ses membres eux-mêmes et du destin qu’ils souhaitent lui réserver. Point de libre cours n’est laissé à la nature de ces relations fraternelles, mais une institution dans le pacte, non advenu du côté des Daltons puisque soumis à la toute-puissance maternelle. Implicite ou explicite, il demeure ce qui va lier, de manière opératoire, voire, technique, le groupe.

Là encore, la clinique n’est pas sans nous faire écho : la parité, l’indifférenciation relative, l’assignation des rôles aux figures, les limites de la contractualisation, et enfin, la construction d’un univers propre. Un univers propre, à ceci près que l’autre existant n’est pas systématique- ment nié. Et c’est là que nous nuançons l’application du modèle de la fratrie magique et à travers elle, de l’illusion groupale, aux groupes de certains adolescents d’aujourd’hui. Nous le constate- rons au dernier chapitre, au pacte vient s’adjoindre la conscience de ces coexistences topologi- ques créant des écarts entre définitions sociales et définitions personnelles, entre normes socia- les et normes groupales, légalité et légitimité, morale et éthique… finalement, entre roman et mythe. Ecarts qui à leur tour, justifient des comportements, des affirmations, des transgressions, des modes relationnels, et insistent sur l’échange tel que nous le définirons à suivre : l’espace d’une logique anti-cannibalique à entendre en tant que telle et non comme le détournement

1 Comme nous le rappelle J.-B. Chapelier, les corps des Daltons s’inscrivent dans une parfaite continuité, « quand l’un

boit, le second éructe, le troisième a le hoquet et le quatrième est ivre », Ibid., p.339.

d’une position oedipienne incestueuse à la manière de J.-B. Chapelier1.

3.3.2.Une hiérarchisation autrement située.

Que les théoriciens s’essayent à définir le groupe selon le modèle adelphique, ou la fratrie selon le modèle du groupe, le frater apparaît comme un référent anthropologique majeur instituant du lien. Allant de la fraternité généalogique, verticale, à la fraternalité générationnelle, horizontale, il convoque le proche… son reste. Or, ce proche – ces proches – de n’être pas assigné à même distance sur l’axe différenciation-indifférenciation : la proximité variable des figures qui l’incarnent se joue d’une distribution différentielle des coordonnées auxquelles il est assigné dans la relation au sujet, même horizontale. C’est donc précisément là qu’il convient de réaffir- mer la non-identicité stricte à laquelle autorise la parité. La parité ne signifie pas l’identique mais la semblance, pas plus qu’elle ne signifie le recollement mais bien l’équi-valence ; l’équivalence responsable d’une hiérarchisation (affective) des pairs, organisatrice des liens et manifeste dans la clinique.

Aussi, nous rejoignons O. Douville2 lorsque, remettant en cause l’égalité telle qu’elle pourrait

être intrinsèquement associée à la fratrie, il y invoque un ordre nécessairement hiérarchique. Pour l’auteur, quand bien même la fraternité implique une participation de tous sur un même plan, la valorisation des places qu’occupent les pairs les uns par rapports aux autres, dans l’ensemble, n’est pas à négliger. En effet, elles traduisent des investissements, des aménage- ments et des vécus différents nous amenant à penser les conditions d’une distribution au sein même d’une parité. D’une hiérarchie verticale, posant le plus ou moins haut, l’on glisse vers une hiérarchie horizontale, posant le plus ou moins loin. Et l’interchangeabilité évoquée précédem- ment, de ne caractériser, nous le constatons à travers la clinique, que certaines des positions occupées sur ce plan.

Si les adolescents que nous avons rencontrés se plaisent à se dire semblables, ils ne reconnais- sent pas moins certaines différences au sein de leur « groupe », ou plus largement, de leur envi- ronnement paritaire. Ce sont d’ailleurs, nous y reviendrons, les seules différences qu’ils sem- blent tolérer, les différences qui se manifestent sur un même axe d’horizontalité, cherchant sans cesse à évacuer celles qui pourraient s’exercer depuis une position de supériorité affirmée ou

1J.B. Chapelier, « Liberté, égalité, fraternité », Liens fraternels et adolescence, op.cit., p.68.

2 Douville, O., (2003), La fratrie et le frater, approche d’anthropologie clinique, in P. Lévy, Le lien fraternel, op.cit.,

perçue, quelle qu’elle soit. L’on voit là la tentative de ramener envers eux – pour neutraliser – ce qui tendrait à s’élever. La limite affective s’établira face à celui qui, dans le groupe ou en dehors, se présentera (illégitimement) comme supérieur, sous couvert d’une attitude, d’un rôle, voire, d’une fonction.

Dans cette configuration pseudo-filiative et autrement hiérarchisée, c’est bien toute une cons- truction affective et imaginaire qui se dégage ; une construction à laquelle renvoie le mythe ado- lescent, lui-même opérationnalisé dans le pacte supplantant le totem. Ainsi, le primat de l’immanence sur la transcendance retrouverait de son assise actuelle. Plus avant, transcendance et immanence ne seraient plus les caractéristiques respectives des sphères filiative et affiliative. Quelque chose de l’ordre de la régulation des différences se jouerait dans l’entre-deux « frère- pair » quant au lieu d’assujettissement auquel l’un et l’autre sont soumis. Et c’est sur ce modèle- ci que nous envisageons le passage du fraternel à la fraternalité, du généalogique au génération- nel, avec cette insistance toutefois à reconnaître que si les sujets s’affranchissent de la transmis- sion qu’inaugure l’ancêtre pour advenir comme des frères, cela ne signifie pas qu’ils s’affranchissent de toute référence.

Considérer l’autre, pair, comme un frère n’est pas simplement l’apprécier. Les mots qu’utilisent les adolescents pour parler de ces relations singulières en témoignent. Nous ne sommes plus face à du « je l’aime bien » mais « on a grandis ensemble, on est comme des frères ». Il y a quel- que chose ici de l’ordre d’une traversée commune, mobilisant des affects et des forces différen- tes, des attentes particulières qui guident et formalisent la relation, la colorent, et, pouvons-nous le supposer, qui orientent les subjectivités elles-mêmes, entre spécularité et identification, diffé- renciation et individuation.

L’ « homomorphisme fraternel » tel qu’il peut apparaître dans la littérature, ne saurait recouvrir cette dynamique, au moins pour une partie d’entre eux ; et c’est bien là leur discours fait à l’adulte, dans un langage qu’ils espèrent entendable pour lui : on n’est pas nés des mêmes parents et alors ? Il n’empêche que… c’est le lieu de la référence qui est souligné comme différent, et non la qualité de l’investissement. L’empreinte biologique se fait inscription imaginaire, et le frère adelphique, un frère de l’intime ou du politique. L’origine apparaît de plus en plus relative au profit d’un référentiel actuel partagé. En deçà donc d’un clivage conceptuel, il importe désormais d’envisager un lien fondamental, résultat d’un processus, d’une opération subjective − et non d’une « alchimie miraculeuse »1− qui se déclinerait de différentes manières pour faire émerger

différentes figures de l’autre paritaire, et notamment, celle toute singulière du comme-un-frère,

que l’on ne consomme mais auquel on s’identifie.

3.3.3.Le pair et l’impair comme figures anthropologiques d’une altérité.

Pour finir alors, que reste-t-il de l’autre une fois dépossédé de ses empreintes, de ces appréhen- sions conceptuelles ? Les désaccords, voire, les clivages théoriques qui viennent trouver place là où le frère ne trouve pas l’unanimité conceptuelle, nous amènent à poursuivre le travail de dé- construction pour en saisir le précipité et envisager à partir de là une configuration qui ne pres- crive pas de tiers uniquement biologique ou ancestral, nécessairement culminant, et qui puisse respecter la complexité clinique qui nous a été témoignée autour du « pair-frère » avec qui l’on crée du lien. Il s’agit là d’envisager des indicateurs témoins d’une clinique, soulignant ce qu’il pourrait en être de cette « nouvelle réalité » subjective à l’adolescence, celle du pair avec qui le sujet aura ou non fraternisé en l’absence d’un seul et unique leader.

A l’issue de ce que nous venons de développer, nous pouvons penser que frères ou pairs, l’axiome sous-jacent reste la fraternalité. Les frères sont les pairs d’une famille, d’une filiation quelle qu’elle soit – pas seulement d’une généalogie – leur expression sociologique en quelque sorte1. Si tous sont systématiquement assujettis, ce ne sera pas toujours à un point d’autorité

unique et extérieur. Le père est l’organisateur d’une configuration paritaire particulière : la pari- té génétique. Et de comprendre plus précisément ce que nous avancions plus haut, à savoir : la

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