• Aucun résultat trouvé

1.2 à la (re)mise en jeu de codes.

2.2. L’exception fondatrice de l’ensemble.

2.2.1. La remise en cause d’un unique lieu de l’Un-ique.

Pour P. Legendre, le fameux triptyque « liberté, égalité, fraternité », alimentant le fantasme des frères sans père ne serait qu’une parade rhétorique au dogmatisme de l’Un3. « Le mythe patriote

1 Ibid., p.367.

2 Legendre, P., (1974), L’amour du censeur, essai sur l’ordre dogmatique, Paris, Seuil, 2005, p.73

3L’entrée en scène de l’ordre dogmatique, et son illustration à travers la question du Droit, serait instrument politi-

que. Religion, politique et pouvoir seraient intimement liés. Le lien social s’enracinerait sous l’égide du Chef divin, faisant des fidèles un groupe de frères, objet de dressage et de censure3. A lire P. Legendre, le nœud primitif n’est

autre que la Scolastique. En tant que conciliatrice de la foi chrétienne et de la raison, elle se retrouverait au cœur de toute dimension au point de ne rien permettre en dehors de l’institution, constituant l’ensemble des règles, la Loi à laquelle se soumettre, la structure… voile du dogmatisme. On comprend dès lors comment ce qui n’était que maxime ou précepte a pu s’établir en tant que Loi, et comment la sphère religieuse a pu s’en saisir pour asseoir son autorité. C’est d’ailleurs bien ce que souligne l’auteur, traitant de cette doctrine comme ce qui « n’opérait pas sur un mode purement déductif, mais plus subtilement en suivant l’art du juge, les détours de la procédure judiciaire ». C’est ainsi que l’auteur en vient à poser le couple « lois divines et naturelles/lois humaines », relevant de « deux types de savoir sur la censure : le théologique et le juridique, selon le rapport supérieur/inférieur ». Un schéma qui n’est pas sans retenir notre attention dans la continuité des interrogations que nous formulions à la lecture d’E. Enriquez. Souligner de cette manière l’existence d’un savoir sacré posé aux côtés d’un second, diamétralement différent, ne fait que poin- ter le retranchement d’un lieu de croyance par rapport à un autre. Celui d’En haut face à celui d’En bas, au point de

des citoyens-frères, libres et égaux dans le face-à-face de chacun »1, serait sous-tendu par un

dogmatisme qui distingue non plus l’univers sacré des clercs de l’univers profane des laïcs, mais par déplacement, celui

« sacré des propriétaires avec son bien érotisé [de] l’univers profane d’en dessous associé à la déficience, au mal du non-propriétaire, au crime, à la saleté, plus tard à la sauvagerie du nègre »2.

L’actualité sociale et politique s’arrête là.

Et « l’ennemi » dans tout cela, l’élémenthors cadre, celui qui ne relève pas du même ordre, de la même règle, ou encore, de la même norme que l’ensemble : une exception en quelque sorte. Là encore, la considération de l’Un nous y conduit. Selon E. Enriquez, « les nations ont besoin de victime. Et il existe des victimes privilégiées »3. Il ajoute,

« Autrement dit, le phantasme de l’Un, l’Etat comme corps unifié dans lequel le peuple, dans sa diversité, trouve son enveloppe corporelle, ne peut se construire sans qu’un en-

nemi soit envisagé »4.

C’estlà toute la question de la victime émissaire, sacrifiée pour l’Un, pour que la communauté forme un tout, et à travers elle, l’idée d’une violence sacrificielle. Inscrivant ses propos dans la tradition du mythe originaire freudien, l’auteur défend l’idée selon laquelle cette violence, fra- ternelle, ne serait que dérivée d’autres formes de violences. Il cite à ce titre celle du chef de la horde et celle des fils, conduite en retour.Or, et il s’agit d’un point de tension entre auteurs, pour R. Girard, cette violence serait fondatrice de la communauté5. La référence à l’Un s’envisage alors

différemment. Dans le premier cas, il est question du rapport à l’autre de la généalogie, père ou fils, dans le second, du rapport à l’autre de la génération, le frère.Les écrits de R. Girard insistent sur cette violence inter pares nous amenant à penser aux côtés de l’Un paternel une entité fra- ternelle qui donne à la victime élue tout son statut de pair et donc, toute sa dimension imma-

penser finalement que la transcendance serait aux lois divines et naturelles ce qu’elle n’est pas aux lois humaines. Dit autrement, cette Autre référence qui ne saurait légitimer le juridique. N’est-ce pas voiler une unité sous-jacente à même de recouvrir ces dialectiques, plus relative à la forme qu’au contenu,et de fait, applicable à quelque thèse que ce soit ? Au principe de ces champs, finalement, c’est un point d’idéal qui vient être convoqué, tantôt relevant de l’autorité sacrée, voire, de la puissance royale, tantôt de la cité – les clercs et les laïcs, si tant est que la démonstration doive s’y restreindre. (Ibid., p.60-61).

1 Ibid., p.200. 2 Ibid., p.199.

3 E. Enriquez, De la horde à l’Etat. Essai de psychanalyse du lien social, op.cit., p.550. 4 Ibid., p.551.

5 Pour E. Enriquez, « la seule violence originaire serait la violence entre frères, la violence mimétique. Or […] il n’existe

pas de frères sans que soit posée d’abord la fonction paternelle »5 aussi, « il faut (…) abandonner la thèse de Girard.

Non qu’elle soit fausse. Il existe bien une violence entre les frères. Mais elle n’est que la poursuite de la violence vis-à- vis de père, elle-même consécutive à la violence du chef de la horde » (Ibid., p.249-250).

nente.

Plus avant, la victime garantit par son existence même, la distinction qui s’établit entre violence « contagieuse », relevant de la réciprocité, et violence « purificatrice »1, relevant de la mutualité.

De manière plus générale encore, elle garantit les différences au sein d’un même ordre en assu- rant l’identité de chacun contre toute confusion.Pour R. Girard, ce serait ces différences à consi- dérer comme étant au principe de tout ordre, remettant ainsi en cause l’interchangeabilité que l’on pourrait aisément assimiler aux éléments du tout Un-ifié. Comme il l’écrit, « la différence ne disparaît jamais »2 ne se brouillant qu’au moment où est polarisée la violence sur la victime uni-

que, désignée, représentant toutes les autres. Et d’ajouter que c’est de cette victime, qui occupe le même rang que les membres du clan eux-mêmes, que la communauté et sa divinité – son réfé- rentiel – tirent leur origine.

L’exception n’est d’ailleurs pas faite du père qui se retrouve pris dans les mêmes enjeux lors- qu’advient le parricide. Pour l’auteur, ce moment instaure « la réciprocité violente entre le père et le fils, la réduction du rapport paternel à la « fraternité » conflictuelle »3. Il pose ainsi un pro-

cessus d’indifférenciation violente, une perte des différences que l’on retrouve au fondement du sacrifice… la confusion entre la victime sacrificielle, émissaire, et son sacrificateur, celui-là même qui par son acte, désigne la première au nom de tous comme seule responsable des maux de la collectivité.Se donne à voir « l’union de tous contre un seul »4 où l’un n’est que le double des

autres, l’élément interchangeable dont la disparition garantira la paix à venir par le rétablisse- ment de l’ordre jusqu’alors critique. Ainsi, contrairement aux auteurs dont se sont inspirés tant S. Freud que M. Mauss, R. Girard pose qu’il s’agit d’une « affaire d’hommes et c’est en termes hu- mains qu’il faut l’interpréter »5.

Qu’en est-il alors du lieu de la référence ? La parité devient la condition d’efficacité du processus sacrificiel et par là même, le lieu du fondement. Bien qu’il soit toujours question d’une certaine forme de filiation originaire, puisque tous porteurs du même sang – que ce soit les membres de la communauté, l’élément sacrifié et le Dieu commun6 – l’on voit qu’un déplacement s’opère. Ce

1 Girard, R., (1972), La violence et le sacré, Paris, Grasset, 1998, p.78. 2 Ibid., p.233.

3 Ibid., p.114. 4 Ibid., p.120. 5 Ibid., p.136.

6Dans l’opposition manifeste aux thèses freudiennes développées dans Totem et Tabou, il n’en demeure pas moins

que l’origine paritaire de la victime se souligne à mesure de l’exposé pour en devenir le point central : la communauté de sang – tribal – qui va continuer de s’affirmer là où chez Freud, la singularité d’un seul, au-dessus des autres, finit

déplacement, la philosophie contemporaine y encourage. Reprenant les élaborations de Sartre sur la notion de fraternité politique, F. Noudelmann tient à souligner la persistance du subjectif au sein de l’ensemble, au demeurant fait de multiplicités.De la désignation d’une victime émis- saire, l’on passe à l’entremise d’un tiers, « aiguillon d’une fraternité pratique », un tiers imma- nent, interne à la structure, se caractérisant d’être mobile et de pouvoir occuper un rôle objecti- vant « à l’instar d’un tiers transcendant » 1.

La praxis du fraternel serait la figure d’une nouvelle totalisation, différente de celle dont pouvait être responsable l’Un mythique. Dès lors, il ne s’agit plus d’être absorbé par l’ensemble, le « nous », mais d’aller vers… avec. Comme l’écrit l’auteur, « la communauté qui se forge dans une action totalisatrice évite donc l’anonymat du « on » collectif et conserve à chaque membre le statut de sujet »2 dans un rapport de reconnaissance réciproque qui ne suppose plus nécessai-

rement de référence généalogique commune. Introduisant une rupture avec les conceptions théoriques citées plus haut, il précise : « la fraternité idéale se construit sans paternité (…) donc sans ressemblance »3.

Ainsi, pour F. Noudelmann, dans la lignée de J. Derrida qu’il cite à maintes reprises, c’est en dé- construisant de cette manière le rapport à l’autre de l’ensemble et à ce qui le fait tenir, qu’il faut envisager la relation, qu’elle soit politique ou amicale, en « éclat[ant] l’image unitaire de la source », en tenant compte par là même de la singularité de chacun et de son étrangeté par rap- port à l’autre. C’est tout le jeu négocié d’une dissymétrie altéritaire, protectrice, elle-même ali- mentée par la diversité des rencontres et des aménagements opérés – évocateurs du rhizome – et non plus par une totalisation hermétique à l’image du cercle scellé par l’exception. Pour jus- tement être un autre, l’autre doit rester l’étranger dans la proximité. Il en va de son existence, mais également de celle du sujet. Parce qu’il y a distance, parce qu’il y a écart, le lien interindivi- duel et intersubjectif devient possible.

C’est à G. Deleuze et F. Guattari que nous devons cette figure du rhizome4. A l’origine de leurs

par s’ancrer. S’observent respectivement l’autre qui toujours reste le même et l’autre – Autre – qui verrouille par sa différence ceux qu’il domine.

1 Noudelmann, F., (2004), Pour en finir avec la généalogie, Paris, Léo Scheer, p.79. 2 Idem.

3 Ibid., p.86.

4Il convient de revenir sur la conceptualisation proposée par ces auteurs. Selon eux, « les personnes et les organes

cessent d’être codés suivant des investissements collectifs hiérarchisés ; chacune, chacun vaut pour soi et mène sa propre affaire (…) quelque chose a surgi, créant les codes, défaisant les signifiants, passant sous les structures, faisant passer les flux et opérant les coupures à la limite du désir : une percée » (Capitalisme et Schizophrénie, L’Anti-Oedipe, (1972), Paris, Editions de Minuit, 1995, p.443). Mais comment se représenter cette nouvelle percée, cette imma- nence ? Les éléments sont donnés dans la continuité immédiate des élaborations faites à l’Anti-Œdipe, dans Mille Pla- teaux. Les auteurs reprennent l’image de l’arbre pour appuyer leur démonstration, l’arbre qui se constitue de racines

développements théoriques, la question suivante :

« Comment produire et penser des fragments qui aient entre eux des rapports de diffé- rence en tant que telle, qui aient pour rapport entre eux leur propre différence, sans réfé- rence à une totalité originelle même perdue, ni une totalité résultante même à venir ? »1.

La réponse apportée là encore est celle de la multiplicité.Du latin multiplex, qui signifie « ayant beaucoup de plis, de détours, sinueux », la multiplicité renvoie à la complexité d’une composition faite elle-même de plusieurs parties, variable et inconstante. Par multiplicité, il faut entendre ici ce qui « n’a plus aucun rapport avec l’Un comme sujet ou objet, comme réalité naturelle ou spiri- tuelle, comme image et monde »2, et qui se distingue de l’arborescence pour privilégier le mo-

dèle des « lignes » – de fuite – sans « surcodage », caractéristiques du phénomène de déterrito- rialisation. Et le pouvoir, de ne plus revenir alors à ce que nous pourrions qualifier de « signi- fiant », mais aux connexions ainsi établies, ce qui n’est pas sans faire écho aux thèses foucaldien- nes. Si donc elle dépasse l’Un, la multiplicité en vient également à dépasser le multiple. A travers ce substantif, c’est toute la production désirante que désignent les auteurs contre l’idée d’une unité inaugurale ou attendue, d’un tout unifié.La règle, pouvant exister au demeurant, ne scelle- rait dès lors plus le cercle mais distribuerait des écarts.C’est là nous semble-t-il tout l’intérêt de ce mode d’approche pour cerner au sein d’une politique qui se veut englobante, les éléments qui entrent dans l’échange et à travers lui, dans le conflit, qu’il soit social, interindividuel ou inter- subjectif.

Que vient signifier l’Un à l’ensemble si ce n’est le manque qui caractérise chacun de ses élé- ments ? Et qu’est-ce que le désir si ce n’est la fonction singulière et l’agencement de ce man- que pour chaque sujet ? Ces questions pour interroger la légitimité de penser l’Un sans envisager

et de ramifications en se développant selon une logique binaire mais avec, toujours au demeurant, une unité princi- pale. C’est là la « loi de l’Un qui devient deux, puis deux qui devient quatre » (Capitalisme et schizophrénie 2, Mille pla- teaux, (1980), Paris, Editions de Minuit, 1997, p.11) ; la première figure qui incarne le premier paradigme psychanaly- tique que nous avons circonscrit, et qui de fait, ne saurait pas tant être assimilée à la multiplicité, qu’à la démultiplica- tion – supposant toujours au départ, une fibre originaire. La seconde figure est celle du système-radicelle (Ibid., p.12) où avorte la racine principale pour laisser subsister une multitude de racines secondaires venues s’y greffer. Mais, comme les précisent les auteurs, l’unité demeure, qu’elle soit révolue ou en passe d’advenir, productrice d’ordre. La série se reproduit alors sur un mode relativement linéaire, risquant de se confronter aux mêmes impasses que la précédente figure quand bien même elle présenterait une dimension supplémentaire par rapport à la précédente, un au-delà du tronc comme en quelque sorte. Entre alors en jeu la troisième figure, celle que nous retiendrons comme participative de notre modélisation, évoquée à quelque reprise déjà, le rhizome.Du grec Rhiza, la botanique définit le rhizome comme une tige souterraine, souvent horizontale, émettant des racines et des tiges aériennes. Selon G. De- leuze et F. Guattari, il s’agirait là d’une entrée à même de faire du multiple, de soustraire l’unité à la multiplicité, là où le système-radicelle ajoutait à nouveau.Cette troisième figure, de permettre la représentation d’un système où les connexions entre éléments pourraient s’établir sur le champ d’une hétérogénéité marquée, décentralisée. En ce sens, le rhizome vient signifier un complexe de lignes, un agencement, non subordonné à l’Un mais à lui-même, à la multi- plicité qui lui est inhérente. Du schéma molaire, l’on se déplace vers la considération du moléculaire, de la classe, l’on en vient à considérer la masse, et plus encore, la meute, anomale, régie autrement que par la norme et la loi. La rela- tion devance la racine.

1 G. Deleuze, F. Guattari, Capitalisme et Schizophrénie, L’Anti-Oedipe, op.cit., p.50. 2G. Deleuze, F. Guattari, Capitalisme et schizophrénie 2, Mille plateaux, op.cit., p.14.

les possibles à ses côtés et de lui concéder une portée universelle.Pourquoi procéder au rabat- tement, parfois abusif, de la configuration oedipienne sur la dynamique socio-politique, avant même d’en déconstruire le processus ? Les écrits de G. Deleuze et F. Guattari qui consistent à discuter la loi de l’Un comme celle qui deviendrait éventuellement 2 puis 3, puis 4, puis 5, etc. amorcent une remise en cause du paradigme traditionnel que l’on applique au lien social. Pour les auteurs, l’Un se conçoit comme faisant partie de la multiplicité, se soustrayant d’elle et non s’y ajoutant comme dimension supérieure. A l’image du « +1 » de la triangulation, le multiple devient « n-1 » – « c’est seulement ainsi que l’un fait partie du multiple, en étant toujours sous- trait »1. La rupture avec le paradigme transcendantal est manifeste. Pour les auteurs,

« l’inconscient de tout temps était orphelin »2.

L’on peut prendre en compte de nouvelles dimensions, de nouveaux processus, et glisser vers un mode d’appréhension de l’objet différent de ceux qui faisaient « loi » jusque là, puisque relevant de registres autres. Pour ces auteurs,

« La multiplicité n’a ni sujet ni objet, mais seulement des déterminations, des grandeurs, des dimensions qui ne peuvent croître sans qu’elle change de nature »3.

Ne serait-ce pas là une métaphore saillante pour évoquer le lien social ? La multiplicité ne su- bordonne plus son organisation à la ligne droite et verticale mais à son existence et sa configura- tion mêmes, mouvantes, dans l’entre-deux…-trois…-quatre…. Penser le social non plus comme hiérarchie de classes, mais juxtaposition liée d’individus, avant tout sujets en proie au désir, y compris sur la scène politique, ne nous permet pas d’en faire l’économie.Ce qui faisait Loi n’est plus, ni même n’est devenu, norme. Le caractère relatif du référentiel gagne en visibilité, no- tamment quand le représentant politique faillit à son rôle de liaison en niant l’autre de la rela- tion de pouvoir à laquelle ils participent tous deux (au moins). Mais quel(s) point(s) de référence envisager alors, sous quelle(s) forme(s) et à quel titre ?

1 G. Deleuze, F. Guattari, Capitalisme et schizophrénie 2, Mille plateaux, op.cit., p.13.

2 G. Deleuze, F. Guattari, Capitalisme et Schizophrénie, L’Anti-Oedipe, op.cit., p.128. L’on comprend dès lors l’affirmation

selon laquelle « le rhizome est une antigénéalogie » (G. Deleuze, F. Guattari, Capitalisme et schizophrénie 2, Mille pla- teaux, op.cit., p.18), s’opposant à l’hypothèse d’une prédétermination systématique et sans surprise. Ou encore, selon laquelle il « est cette production d’inconscient même »2, sans origine ou finalité particulières a priori, ce « plateau »

qu’évoque G. Bateson et que citent G. Deleuze et F. Guattari pour signer leur ouvrage. Là où « l’arbre est filiation (…) le rhizome est alliance, uniquement alliance (…). [Il a] pour tissu la conjonction « et… et… et… » » (Ibid., p36) comme le 1+1+1+… déjà formulé. Et tous ces développements, de venir incarner plus avant et à différents niveaux, cette imma- nence privilégiée par les auteurs, que l’on pouvait déjà retrouver sous couvert du CoS – Corps sans organe – ce « plan de consistance propre au désir (…) sans référence à aucune instance extérieure »(Ibid., p.191). Tout ce qui se présente désormais comme lieu de désarticulation, créé les conditions nécessaires d’une substitution de la construction à l’organisation, d’une continuité toujours déjà engagée sans injonction de départ, et dont l’adolescent mineur de justice témoigne.

Documents relatifs