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Les mesures prises par Sacilor-Sollac dissocient réduction d'effectif et ferme ture d'usines Elles évitent de cumuler révolte ouvrière et révolte locale Mais,

Dans le document La sidérurgie française, 1945-1979. (Page 149-151)

L’esquisse d'une nouvelle stratégie syndicale

6.3. Les mesures prises par Sacilor-Sollac dissocient réduction d'effectif et ferme ture d'usines Elles évitent de cumuler révolte ouvrière et révolte locale Mais,

même après les fermetures d'usines qui se feront dans un deuxième temps, l'en- semble industriel qui restera ne sera pas sans poser problème, d'un point de vue capitaliste

Le principe des mesures prises est de supprimer les feux continus en 4 x 8 sur les instal- lations les moins productives à Hayange, à Hagondange et à Rombas, et de passer au régime 3 x 8 ou 2 x 8. Ainsi, c'est entre un quart et un tiers de l'effectif qui doit être sup- primé. C'est une simple adaptation à la demande en baisse. Sur les installations compéti- tives, on accroît encore la productivité par des modernisations partielles. Parfois le régime discontinu y sera instauré. Cela concerne Sollac, Gandrange, les trains continus à fil de Jœuf et de Rombas, le train à poutrelles et à rails d'Hayange.

Au total, ces mesures doivent entraîner, selon la Direction, 8.500 suppressions d'em- plois, dont 2.500 licenciements. Par contre, aucun arrêt d'installation n'a été annoncé, mise à part la fermeture de la cokerie et des hauts fourneaux d'Hagondange, ramenant la capacité de production de fonte de Sacilor-Sollac à 5,6 Mt. Les mesures de Saci- lor-Sollac apparaissent donc comme une simple adaptation à la demande et une volonté d'assainissement financier. La productivité devrait atteindre 6 h 48 d'ouvriers et em- ployés à la tonne à Sacilor, et 6 heures à Sollac, en 1980. Il y a vraisemblablement der- rière ces mesures une tactique « sociale ».

Lorsque la tension sociale sera retombée, des installations et des usines seront très vraisemblablement fermées purement et simplement. Une partie du personnel sera mu- tée dans les usines conservées, qui alors passeront en totalité en régime continu. Ainsi, les réductions d'effectifs actuelles peuvent être dissociées des fermetures d'usine. La ré- volte ouvrière ne se cumule pas avec une révolte locale. Déjà, M. Mayoux, nouveau PDG de Sacilor-Sollac, a laissé entendre que l'usine d'Hagondange devrait vraisembla- blement fermer avant 1983. Et on ne voit pas comment ne pourraient pas connaître le même sort les huit hauts fourneaux de Rombas (dont six refaits depuis 1973), qui ne produisent que 2 Mt/an, les trains à fers marchands d'Homécourt et de Knutange, le train à billette et le blooming de Rombas. Les hauts fourneaux de Rombas ne sont en sursis que parce que Sacilor n'a pas les moyens financiers de les remplacer par un ou deux hauts fourneaux de grande capacité. De plus, toutes les sidérurgies restructurent à tour de bras et augmentent leur productivité. Le seuil au-dessous duquel une installation n'est plus compétitive en sera encore relevé.

Il existe aussi une inconnue. L'absorption de la SMN (Société Métallurgique de Normandie) par Sacilor-Sollac est toujours à l'étude au moment où je termine la rédac- tion de ce livre. L'usine de Mondeville, près de Caen, de la SMN a notamment une acié- rie à oxygène pur LDAC de 1,15 Mt/an depuis 1977, un train continu à fil neuf de 1973 (0,5 Mt/an) et un train à fers marchands de la génération de celui de Gandrange. Par ail- leurs, la SMN a, à Montereau, une mini-aciérie de 0,2 Mt de capacité, mise en service en 1975. Elle est filialisée, en partage 50/50 avec Korf. Si l'absorption s'effectue, le train à fil de Jœuf, dont la dernière modernisation remonte à 1971 et qui ne fait que des bottes de 420 kg contre 1.200 kg pour les autres, n'est-il pas menacé, dans l'hypothèse d'un non-relèvement de la demande de fil machine ? Enfin, la fermeture de l'usine d'Hagon- dange avec ses trains à fers marchands ne sera-t-elle pas précipitée ?

L'ensemble industriel Sacilor-Sollac qui resterait ne serait pas non plus, d'un point de vue capitaliste, sans problèmes. La division des produits longs serait constituée par les deux hauts fourneaux de Jœuf (1,3 Mt/an) et ceux de Rombas (2 Mt/an) ; par l'aciérie de Gandrange (4 Mt), mais qui est handicapée par son four Kaldo, avec son blooming et la machine à coulée continue à trois lignes dont la construction est prévue ; par le train à billettes ; par les deux trains continus à fil de Jœuf et de Rombas, qui ont chacun une capacité de 0,5 Mt/an (mais ils datent respectivement de 1955 et 1957, et ils ont été mo- dernisés en 1971 pour le premier, en 1969 et 1977 pour le second) ; par les trains à pro- filés lourds de Rombas (palplanches), d'Hayange (poutrelles et rails) ; par le train à fers marchands de Gandrange installé en 1967; le train à larges plats à tôle forte d'Homé- court, qui date de l'entre-deux guerres et qui a été modernisé en 1973. Tout ça ne fait pas encore un ensemble très cohérent, et la productivité des différentes installations n'est toujours pas au même niveau.

La division des produits plats, c’est-à-dire Sollac, est composée des quatre hauts fourneaux d'Hayange-Patural (reconstruits et automatisés entre 1975 et 1977, alimentés à 100% d'agglomérés, et d’une capacité de 2,4 Mt de fonte) ; la nouvelle aciérie à oxy- gène pur LWS de 3,2 Mt de capacité et peut-être 4 Mt si le troisième convertisseur est construit; le slabbing et les trois machines à coulée continue à deux lignes en cours d'installations; le train à large bande ; et les trois trains à froid, dont un qui vient d'être rénové. Cet ensemble fait problème au niveau des hauts fourneaux et du train à large bande. Les hauts fourneaux vont faire partie de la catégorie des petits hauts fourneaux, les moins de 2.000 t/jours, après la vague actuelle de rationalisation en Europe. Quant au train à large bande, il va atteindre les trente ans d'âge, durée considérée comme limite pour une installation sidérurgique. C'est une performance étonnante que d'être parvenu à transformer un train de 0,7 Mt de capacité initiale en un train de 3,2 Mt ! Mais il est des caractéristiques que l'on peut difficilement modifier : la « largeur de table », les épais- seurs et les qualités de tôles possibles et la taille des bobines. Tout va dépendre de la clientèle : se contentera-t-elle longtemps de la gamme restreinte des tôles de Sollac ? La nouvelle modernisation du train à large bande le prolonge de quelques années. Elle ne garantit pas que Sollac renouvelle son bail avec la Lorraine pour 25 ans.

La direction de Sacilor-Sollac déclare, quant à elle, que l'on ne construit pas des acié- ries neuves comme celle de Gandrange ou de la Sollac pour 10-15 ans, mais pour 25-30 ans. Ce serait vrai si dans les années récentes, on n'avait pas vu trop d'exemples d'instal- lations modernes abandonnées, parce qu'insérées dans un ensemble industriel dépassé. Les Lorrains seraient certainement plus persuadés de la volonté de Sacilor-Sollac, si, par exemple, elle annonçait la construction d'une centrale de fonte commune à Sacilor et Sollac, du type de celle qui est prévue par les usines sarroises, avec trois ou quatre hauts fourneaux de grande capacité, ainsi que la commande d'un nouveau train de laminage continu. Ils croiraient également à l'avenir d'un tel ensemble si une politique d'implanta- tion d'industries mécaniques utilisant et valorisant l'acier lorrain était menée soit direc- tement par Sacilor-Sollac, soit en étroite collaboration avec ce groupe.

C'est un tel plan industriel à long terme que réclament les organisations syndicales, alors qu'on ne leur présente que des mesures de court terme pour rétablir l'équilibre fi- nancier, et qu'on refuse de prendre des engagements et des décisions pour plus tard. Les usines de constructions mécaniques et d'aciers spéciaux de Marine-Wendel font cruel- lement défaut maintenant pour élaborer un plan industriel conséquent.

6.4. Les mesures prises par Usinor sont, comme à l'accoutumé, brutales et radica-

Dans le document La sidérurgie française, 1945-1979. (Page 149-151)

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