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L’effondrement de la demande et des prix de l’acier Les principaux produc teurs ne parviennent pas à retrouver leur niveau de 1974 En Europe, ce sont les

Dans le document La sidérurgie française, 1945-1979. (Page 118-120)

productions françaises et italiennes qui reculent le moins

En 1975, la production mondiale d’acier diminue de 60 Mt (709,6 Mt en 1974, 646,5 Mt en 1975), soit - 9%. Cela ne s’était jamais produit depuis la dernière guerre (- 4,8% en 1954, - 6,6% en 1958, - 2,4%en 1971). Les productions européenne, américaine et ja- ponaise chutent, alors que celles des pays de l’Est (+ 3,8%) et des pays en voie d’industrialisation (+ 3,6%), continuent de progresser tout en marquant un ralentisse- ment.

La production de la CECA à 9 diminue de 30,4 Mt (de 155,7 à 125,3, soit - 19,5%), celle des USA de 26,0 Mt (de 132,0 à 106,1, soit - 19,6%) et celle du Japon de 15,0 Mt (de 117,1 à 102,3, soit - 12,7%). C’est donc le Japon qui résiste le mieux. En Europe, les pays les plus touchés sont la Belgique (de 16,2 à 11,6, soit - 28,6%), le Luxembourg (de 6,4 à 4,6 soit - 28,4%), la RFA (de 53,2 à 40,4, soit - 24,1%) et la France (de 27,0 à 21,5%, soit - 20,3%). C’est la production italienne qui baisse le moins de 23,8 à 21,8, soit - 8,4%. Pour la première fois, elle dépasse la production française.

Tous les marchés intérieurs s’effondrent au moment où d’importantes capacités nou- velles entrent en service. Les producteurs, notamment ceux qui sont fortement endettés tentent d’accroître par tous les moyens leurs exportations. Enfin, les marchands de fer et certaines sociétés sidérurgiques, qui avaient constitué des stocks de précaution ou de spéculation pendant la hausse, s’en débarrassent avant que les prix ne soient encore plus dégradés. II s’ensuit une chute brutale et sans précédent des prix sur le marché à la grande exportation. Ils tombent dans la deuxième moitié de 1975, à - 40%, - 50%, sui- vant les produits, par rapport à leur niveau de 1974. Ils ne font que revenir au niveau précédant leur brutale augmentation en 1973. Mais à la différence des prix de l’acier, les prix des matières premières continuent leur progression. Sur le marché intérieur, les ra- bais consentis par rapport aux prix barème, correspondent à une baisse de 20 à 30%.

Dans le monde, peu de sociétés échappent au déficit. Ce sont celles qui ont diversifié leurs activités qui arrivent à passer l’année 1975 le moins mal. Les déficits sont forte- ment accrus lorsque s’y ajoutent des remboursements d’emprunts et d’intérêts impor- tants. Mais tout le monde espère la reprise pour 1976. 1975 ne serait qu’une récession comme il s’en est produit depuis 1945, simplement fortement amplifiée par le déstoc- kage chez les marchands de fer et les utilisateurs. Il ne s’agit pas d’une crise, pense-t-on. De fait, une reprise est constatée lors de la première moitié de 1976. La production mondiale se relève de 5,1%, celle de la CEE de 6,7%, celle des États-Unis de 9,7%, et celle du Japon de 8,8%. La reprise est plus forte en France (+ 7,9%) et en Italie (+ 7,4%) qu’en RFA (+ 4,9%), et en Belgique (+ 4,8%). Les prix remontent. Mais ils res- tent inférieurs de 20 à 30% à ceux de 1974 sur le marché à la grande expansion. Sur le marché intérieur, ils tournent autour de ceux de 1974, à plus ou moins 10%, sauf pour les ronds à béton et les tôles fortes qui continuent de faire l’objet d’une très forte concurrence.

Mais les prix de revient continuent à croître. Et la reprise s’arrête. La production mondiale stagne en 1977 par rapport à 1976. Par contre celles de la CECA, des États- Unis et du Japon baissent de nouveau : respectivement - 5,9%, - 2,3%, - 4,7%. En Eu- rope, on retrouve le même classement. La Belgique, le Luxembourg et la RFA sont tou- jours plus affectés que la France et l’Italie. Les prix repartent à la baisse sur le marché international et le marché intérieur.

Les chiffres de 1978 ne sont pas encore connus avec exactitude. La production mon- diale aurait dépassé celle de 1974, de 12,9 Mt, grâce aux pays de l’Est et aux pays en voie d’industrialisation. Celle des États-Unis est remontée de 10 Mt et celle de la CECA de 6 Mt. Le Japon par contre stagne. Mais ces pays sont loin encore de leur production de 1974. II manque 23 Mt à la CECA, 15 Mt au Japon, 8 Mt aux USA, 4,2 Mt à la France, 12,2 Mt à la RFA, 3,6 Mt à la Belgique, 2,2 Mt à l’Angleterre (dont le niveau de 1974 avait été bas en raison de la grève des sidérurgistes). Seule, l’Italie a dépassé sa production de 1974 avec + 0,6 Mt.

Toutes les sidérurgies des métropoles capitalistes ont des résultats bruts d’exploita- tion qui dans le meilleur des cas sont faiblement positifs. Mais étant toutes plus ou moins endettées, elles ont affiché des déficits correspondant à leur charge de remboursement. Les moins endettées (RFA, États-Unis) arrivent à se maintenir sans re- courir à des mesures sévères de restructuration. Les autres sont en état de faillite exi- geant l’intervention des États concernés.

Pour sa part, la sidérurgie française a en 1975 un résultat brut d’exploitation positif de 285 Mt (contre 7.630 MF en 1974) et de 799 MF en 1976. Mais en raison de ses charges de remboursement, son déficit cumulé sur ces deux années s’élève à 5.207 MF, la moitié du prix de Solmer. Le déficit est en fait plus grand, car certaines sociétés ont des résultats d’exploitation négatifs, compensés par des résultats positifs d’autres socié- tés. Notamment Usinor et Sacilor-Sollac ont purement et simplement des résultats défi- citaires, auxquels s’ajoutent les charges de remboursement. Sacilor-Sollac a accumulé en trois ans, de 1975 à 1977 inclus, 1.164 MF de pertes d’exploitation et 3.581 MF de charges financières non couvertes, soit 4.745 MF au total. Il en est de même pour Usi- nor : 4.526 MF au total.

La demande intérieure en France n’évolue pas de la même façon pour tous les pro- duits sidérurgiques. Celle des produits plats remonte, alors que celle des produits longs, stagne depuis 1975. La production française de ces deux catégories de produits évolue

de la même façon que la demande, mais plus fortement. En effet, à la remontée de la demande intérieure de produits plats, s’ajoute un accroissement très important des ex- portations qui atteignent en 1977 le niveau record de 5,5 Mt, et une réduction des im- portations. Par contre, à la stagnation de la demande intérieure des produits longs s’ajoute une pénétration accrue des « fers marchands » extérieurs, qui font reculer la production nationale. En termes de recette d’exploitation, cela ne change pas beaucoup. Car les prix sont tellement bas que même en vendant plus de produits plats, les sociétés continuent à faire des pertes. Il n’en reste pas moins que ces évolutions sanctionnent les politiques antérieures d’investissement.

Les usines à produits plats fonctionnent à 80% de leur capacité et sont capables d’améliorer leur exportation et de faire régresser les importations. La balance commer- ciale est excédentaire de 1,5 Mt. La production retrouve en 1977 son niveau de 1974. Les trains à fil machine fonctionnent à 55% de leur capacité. La production stagne à 2,2 Mt. La balance commerciale se dégrade, mais reste largement positive : + 0,6 Mt. Les trains à « fers marchands » fonctionnent à 60% de leur capacité et leurs produits perdent du terrain à l’exportation et n’endiguent pas les importations. La balance commerciale est négative de 0,6 t en 1977.

5.2. La crise, comme toutes les crises capitalistes, est la manifestation de la mise en

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