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3 La RAE : un mode de financement complexe et efficace Le financement de la RAE est double, par sa condition d’institution offi-

cielle, l’État espagnol lui affecte une dotation budgétaire qui est relativement modeste : en 1980 d’après le journal El Pais, elle ne recevait que 30 millions de pesetas (180 000 euros) par an :

Pour financer les salaires, les éditions, les per diem, les voyages... De ces 30 millions, dix sont affectés au dictionnaire historique; deux autres à la Commission permanente de l’Association d’Académies de la Langue, et ce qui reste aux autres dépenses générales. Bien évidemment, le chiffre est ridicule si l’on prend en compte que, outre les académiciens, elle [la RAE] emploie environ cinquante personnes, la plupart diplômés supérieurs2.

Cette situation, certes précaire, a évolué rapidement, car l’apport privé a pris de plus en plus d’importance en même temps que l’idée de l’exis- tence d’un espace d’expansion « naturel » pour les entreprises espagnoles se consolidait. Le financement privé a été possible grâce à la création dans les années quatre-vingt de l’Asociación de amigos de la RAE, présidée par le Gouverneur de la Banque d’Espagne, qui laissera sa place en 1993 à la

Fundación Pro-Real Academia Española :

La fondation part d’un capital de 800 millions de pesetas [4,8 millions d’euros] qui sera en trois ans de 1 500 millions [9 millions d’euros] [...] Ce

1. « La nueva política académica es por lo tanto panhispánica, primero, porque dice anclar su trabajo

en la ASALE y no producir texto normativo alguno sin el consenso entre todas las academias; segundo porque asume un modelo de normatividad policéntrico; y tercero, porque instrumentaliza la unidad del español (más conceptual que formal en tanto que se abraza no la norma uniforme sino la diversidad interna) como basamento de la comunidad lingüística », Del Valle, 2012 : 476.

2. « Para cubrir salarios, ediciones, dietas, viajes... De esos treinta millones, diez se los lleva el

Diccionario histórico; dos, la Comisión Permanente de la Asociación de Academias de la Lengua, y los que quedan, para todos los gastos generales. Naturalmente, la cifra es ridícula si se tiene en cuenta que tiene alrededor de cincuenta personas, en su mayoría titulados superiores, trabajando aparte de los académicos ». http://elpais.com/diario/1982/03/07/cultura/384303608_850215.html, document

montant procède des apports de chefs d’entreprises, banques et entités, en plus des 17 communautés autonomes qui se sont jointes au projet avec 10 mil- lions de pesetas [60 000 euros] chacune d’entre elles1.

À la tête de la Fundación Pro-RAE se rencontrent les pouvoirs politique, culturel et économique espagnols :

— La culture est représentée par le directeur de la RAE (vice-président) et deux membres de la RAE.

— Le pouvoir politique est représenté en premier lieu par le Roi d’Espagne (président honoraire), mais aussi par les présidents de trois gouverne- ments de régions autonomes.

— Le pouvoir économique2est partagé entre : les représentants de plu-

sieurs entités financières : le gouverneur de la Banque d’Espagne (président) et des représentants de 5 grandes entités financières (Banco

Santander, La Caixa, Mutua Madrileña, Bankia et BBVA)les représentants

de plusieurs entreprises espagnoles : le PDG de Industria de Turbo Pro-

pulsores (ITP) (secrétaire de la fondation), 3 entreprises espagnoles du

secteur de l’énergie (REPSOL, ENDESA et IBERDROLA), la multina- tionale ArcelorMittal (basée au Luxembourg), le groupe de concessions et de construction espagnol OHL, la Fundacion PUIG (issue de la mul- tinationale du même nom de la mode et des parfums, deux groupes de presse espagnols (PRISA et Vocento), Téléfonica et IBM.

Ainsi, pour avoir une idée du montant apporté par la Fondation Pro-Rae à la RAE, en 2002 le montant signalé par le président de la Fondation fut de 1 650 000 euros3.

Au-delà de ces apports réguliers à la Fondation Pro-Rae, la présence des entreprises les plus diverses est bien visible dans les différentes éditions de la RAE (et d’ASALE) comme le montrent les ouvrages normatifs suivants : — Real Academia Española y Asociación de Academias de la Lengua Española, Ortografía de la lengua española. Madrid : Espasa, 2010, publié avec le parrainage d’Inditex (Industrias de Diseño Textil, qui comercialise, entre autres la marque ZARA).

1. « La fundación parte con un capital de 800 millones de pesetas que en tres años será de 1.500

millones [...]. Esta cantidad procede de las aportaciones de empresarios, bancos y entidades, además de las 17 comunidades autónomas que se han sumado al proyecto con 10 millones de pesetas cada una »,

(El País, 21-10-1993).

2. Les entreprises obtiennent un triple bénéfice de ces dons à la RAE : un bénéfice direct, car les apports aux Fondations sont défiscalisés, un gain symbolique, car leur nom est associé à une institution culturelle de grand prestige (directement associée à la Couronne) et finalement, à long terme, un investissement dans leur avenir et notamment un apport au maintien de cet espace « naturel » d’expansion constitué par le monde hispanophone.

— Real Academia Española y Asociación de Academias de la Lengua Española, Nueva gramática de la lengua española. Manual. Madrid : Espasa, 2010, publié avec le parrainage de Caja Duero, entité finan- cière.

— Asociación de Academias de la Lengua Española, Diccionario de ame-

ricanismos. Madrid : Santillana, 2010, publié avec le parrainage de la Fundación Repsol, de la Société du même nom qui centre ses activités

autour de l’exploration, de la production, du transport et du raffinage du pétrole et du gaz naturel.

— Real Academia Española y Asociación de Academias de la Lengua Española, Diccionario panhispánico de dudas. Madrid : Santillana, 2005, publié avec le parrainage de Telefónica.

— Real Academia Española, Diccionario de la lengua española, 23.a ed.

Madrid : Espasa, 2014, publié avec le parrainage de la Fundación Endesa,

OHL, Fundación Iberdrola, Fundación Ramón Areces, Banco Santander, etc.

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