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L’idéologie pro-ukrainienne : pour une Ukraine unilingue 1 Nationalisme et unilinguisme

2 Le discours sur la langue des partis politiques

2.1 L’idéologie pro-ukrainienne : pour une Ukraine unilingue 1 Nationalisme et unilinguisme

Le premier qualificatif que l’on peut employer pour décrire l’idéologie véhiculée par les programmes du parti Svoboda et du Secteur droit est sans aucun doute le nationalisme. C’est d’ailleurs une revendication claire du parti Secteur droit (« Notre idéologie : le nationalisme ukrainien » — Наша ідеологія : український націоналізм). Par les temps qui courent, le qua- lificatif nationaliste pose néanmoins question : comme s’interroge Mykola

1. Adresses des sites Internet des partis, les programmes étudiés en ont été téléchargés le 29 mars 2015 : Parti « Liberté » (Svoboda) : http://svoboda.org.ua; Parti « Secteur droit » (Pravyi Sector) : http://pravyysektor.info; Parti « Union panuukrainienne Patrie » (Bat’kivchtchyna) : http://batkivshchyna.com.ua; Parti des régions (Partiya Regioniv) : http://partyofregions.ua; Parti communiste d’Ukraine (Komunistychna Partia Ukraïny) : www.kpu.ua.

Riabtchouk (2003 : 76), « est-ce être nationaliste que de vouloir que tous les citoyens aient la possibilité de communiquer en ukrainien avec les fonction- naires d’État, à l’université? ». Car si en Ukraine certains partis et représen- tants politiques pro-ukrainiens se déclarent ouvertement « nationalistes », sous cette étiquette sont également rangés les phénomènes les plus hétéro- gènes : de l’inquiétude largement répandue pour l’état de la langue et de la culture ukrainiennes, de l’opposition à la poursuite de la russification, jusqu’aux interventions physiques ou armées pour la défense des droits de la population ukrainophone. Par dérive, semble être qualifié de nationaliste tout promoteur et défenseur de la langue et de la culture ukrainiennes.

Pourtant, comme l’affirme Franck Tétard (2009 : 27), « s’attarder sur sa seule acception idéologique, où l’exclusion raciste et xénophobe est la règle, marginaliserait la portée libératrice du nationalisme, en tant qu’expression et affirmation d’une spécificité historique, culturelle et sociale d’un peuple ». Et c’est bien cette concrétisation de la Nation que semble promouvoir les discours de ces partis. Le Secteur droit et Svoboda semblent avant tout pré- occupés par les causes nationales et notamment par les problèmes de pro- motion, de diffusion, et de défense de la langue nationale. Ainsi, « Nation » (« націа », « народ ») et « national » (« національний ») sont les termes posi- tifs de ce système et prédominent largement les textes : on dénombre plus de 140 occurrences de l’adjectif « national » dans le texte de Svoboda.

Dans la lignée de la conception herdérienne1, la langue est l’un des fonde-

ments de la nation ukrainienne, un symbole de l’identité nationale et de fait, la possession et la défense d’une langue propre, différente de celles d’autres États, s’impose comme une condition indispensable à la préservation de la souveraineté et de l’indépendance nationales. Il faut ainsi admettre que si « ukrainophonie » et « nationalisme » sont si souvent confondus dans l’ima- ginaire collectif ukrainien c’est parce que, de simple représentation au sein d’une idéologie politique, la langue ukrainienne a fait l’objet d’un processus

de mythification jusqu’à devenir un élément représentationnel central, moteur

de l’idéologie en question (Boyer, 2006 : 8). Avec les théories nationalistes, l’ukrainien prend le rôle de langue nationale (et non plus seulement langue officielle ou d’État), langue de la nation. En novembre 2007, le président ukrainien Ioutchenko, ukrainophone et ukrainophile, déclarait :

1. L’œuvre de Herder a été particulièrement mise en avant dans l’espace slave. Pour lui, c’est dans le génie de la langue que réside l’âme de la nation. Chaque langue, selon Herder, est expression vivante, organique, de l’esprit d’un peuple, la somme de l’action efficiente de toutes les âmes humaines qui l’ont constituée au fil des siècles (cité par Thiesse, 1999 : 38).

La renaissance nationale des forces profondes créatives, constructives et cultu- relles du peuple ukrainien dépend du complet rétablissement linguistique

de l’Ukraine. (Cité par Goujon, 2009 : 140)

Sa déclaration rejoint l’idéologie des programmes nationalistes (et de Svoboda particulièrement) selon lesquels la renaissance de la nation ne peut avoir lieu sans une résurrection de la langue nationale. Fidèle à l’idéo- logie « une langue, un peuple, une nation », les nationalistes inscrivent la langue à la définition de la nation.

L’ukrainien, dans ce modèle, est donc considéré comme dominant (contrai- rement au russe) par son statut de langue d’État et le groupe ukrainophone comme le groupe « titulaire » par contraste avec le russe qui est présenté ou comme une langue d’occupation ou comme la langue de l’une des minorités. L’objectif du nationalisme linguistique en Ukraine est donc de faire évoluer les pratiques linguistiques et les attitudes en faveur de la langue ukrainienne, langue de la nation titulaire, qui doit être unique et exclusive :

Nous sommes pour le maintien de la langue ukrainienne comme unique langue d’État dans tout le territoire ukrainien1. (BA, 6)

Utilisation obligatoire de la langue ukrainienne comme langue d’État et son utilisation sans entraves comme moyen de communication et d’information à tous les niveaux de la vie publique. (SD, III, 11) Adoption de la « loi sur la protection de la langue ukrainienne » en rempla- cement de l’actuelle « loi sur les langues dans la république socialiste sovié-

tique d’Ukraine ». (SV, V, 1)

La promotion de la langue nationale constitue donc un élément clé de la renaissance de l’Ukraine prônée par les nationalistes. Mais plus que la promotion, il nous semble que c’est davantage une politique linguistique « d’instauration » de la langue nationale, d’ukrainisation, qui est souhaitée. Cette mise en circulation de la langue doit prévaloir non seulement dans le système scolaire où la langue ukrainienne doit devenir dans tous les établissements la langue d’enseignement (et là encore de façon exclusive) : Vérifier que la langue d’enseignement soit en accord avec les statuts officiels, dans tous les établissements d’éducation et d’enseignement, sans exception. Retirer leurs licences aux institutions éducatives si elles délivrent leur ensei- gnement dans une langue étrangère sans enregistrement préalable de leur statut comme établissement d’enseignement en langue étrangère. (SV, V, 7)

1. Toutes les traductions, du russe et de l’ukrainien vers le français, sont des traductions personnelles.

Inclure dans les programmes de toutes les universités d’Ukraine un cours obligatoire de 72 heures minimum sur la « culture et la langue ukrainiennes ». (SV, V, 6) Et ils prônent également une stricte politique d’ukrainisation dans le domaine des médias et de la culture où le russe domine toujours largement : L’espace d’information de l’Ukraine est formé de non-ukrainiens, d’anti- ukrainiens, de cosmopolites et de clans pro-russes oligarchiques et il ne va pas dans l’intérêt de la nation, de la société et de l’État ukrainien. Par consé- quent, pour surmonter la domination des clans dans l’espace d’information de l’Ukraine, l’ukrainisation est essentielle, c’est une de nos tâches priori-

taires. (SD, II, 17)

Pourvoir une traduction simultanée dans la langue officielle de toutes repré- sentations, émissions et films étrangers diffusés à la radio et à la télévision. Le coût de la traduction doit incomber aux propriétaires des médias.

(SV, V, 3) Faire se correspondre le taux d’utilisation de la langue ukrainienne dans les médias et le nombre d’Ukrainiens, soit pas moins de 78 % du paysage et du

temps d’antenne. (SV, V, 2)

Une politique linguistique efficace et effective ne peut évidemment pas avoir lieu sans un engagement de l’État dans la mise en place d’actions concrètes (et non purement déclaratives) et la mise en pratique des choix politiques pour la promotion de la langue ukrainienne. L’ukrainisation devrait donc également passer par des actions réelles du gouvernement qui se traduisent, dans les programmes, par la proposition de création d’organes de contrôle des usages linguistiques (un comité de contrôle de la langue d’État,

responsable de la protection et de la diffusion de la langue ukrainienne (SV, V,1), par

la mise en place de quotas et par des sanctions en cas de violation (Retirer

leurs licences aux médias qui violent les législations linguistiques, SV, V, 21 /Mettre en place une stricte sanction pénale pour manquement à la réalisation des quotas (SV, V, 25). Ne pas utiliser la langue ukrainienne ou en préférer une autre

deviendrait ainsi une affaire pénale. 2.1.2 Décolonisation et dérussification

Presque 25 ans après l’indépendance du pays, la langue ukrainienne s’affiche toujours pour ces partis comme outil de nationalisation mais aussi de décolonisation. Un autre des éléments qui a émergé de notre exploration textuelle est en effet la récurrence de la notion d’« occupation » (« окупація ») et de « néocolonisation » (« неоколонізація ») dont aurait été et serait tou- jours victime l’Ukraine. On dénombre plus d’une dizaine d’occurrences de ces termes dans les deux programmes. Ce relevé soulève en effet la question

d’une comparaison entre post-colonialisme et post-soviétisme : la réaction du gouvernement du 23 février 2014 ne pourrait-elle pas être interprétée comme un réflexe symptomatique d’un post-colonialisme linguistique? L’analyse de la construction nationale et linguistique en Ukraine en termes de situation postcoloniale, même si elle ne saurait être la seule grille de lecture possible, n’est pas dénuée de pertinence et de nombreux auteurs s’attachent à le montrer (Pavlyshyn, Riabtchouk, De Juriew), malgré le débat et les interrogations que cela peut soulever. Sans nous prononcer sur le caractère colonial ou non de la domination russe en Ukraine, la théorie post- coloniale semble, en effet dans l’idéologie nationaliste, bien correspondre avec la situation post-soviétique ukrainienne : cette théorie stipule, d’après Graham Smith (1998), que la construction de l’identité repose clairement dans la différenciation d’un « eux » et d’un « nous » et que cette différen- ciation repose notamment sur l’exaltation d’un trait ou d’une particularité du groupe national ou ethnique qui est mis en exergue afin de codifier une identité distincte. Dans le cas de l’Ukraine, et pour ce groupe idéologique, il nous semble que la langue ukrainienne constitue ce trait distinctif : elle sert à particulariser la nation ukrainienne, elle constitue un attribut substantiel de celle-ci ce qui permet d’affirmer sa singularité par rapport aux autres nations, en particulier de la nation russe. La post-colonisation passe aussi, toujours d’après Graham Smith, par la re-découverte et l’exacerbation d’un passé ethnique, d’un âge d’or, et ce, afin de mettre en valeur l’origine et le cœur historique du groupe. Deux périodes en particulier, dans l’histoire ukrainienne, constituent pour les nationalistes cet âge d’or : la Rous de Kiev (882-1169) et l’hetmanat cosaque (xvie-xviiesiècle) dans la mesure où elles

correspondent à deux périodes de liberté. Ce processus est bien mis en œuvre dans les programmes politiques, les âges d’or sont glorifiés et la reconnaissance de l’origine historique de l’Ukraine clairement exigée dans les programmes :

[...] spécifier dans la constitution ukrainienne que l’État moderne ukrainien a été établi par la succession de la Rous de Kiev, continué par la Galicie-Volynie, l’hetmanat cosaque, la république populaire d’Ukraine [...] et que l’Ukraine indépendante est le résultat de plus de 300 années de lutte pour la libération

nationale du peuple ukrainien. (SV, VI, 1)

La tournure de différences relatives entre la majorité et les minorités, entre « colonisateur » et « colonisé », en différences absolues, est également un élément de la théorie post-coloniale appliquée par ces partis. Cette dis- tinction recherchée passe notamment en Ukraine par l’élaboration d’une

historiographie nationale qui doit permettre d’attester l’ancienneté de la nation et la spécificité de la culture ukrainienne face à son homologue russe. Bien que mythifiée, ou tout du moins discutée, cette historiographie ukrai- nienne permet de rompre avec l’approche russo-centrique qui prévaut dans l’historiographie officielle de la Russie et de l’U.R.S.S. et qui se fondait sur le caractère intrinsèque des liens historiques entre peuples slaves.

C’est donc bien une idéologie post-coloniale que semble avoir adopté le camp nationaliste ukrainien; non seulement l’Ukraine a été, selon leurs mots, victime de colonisation sous les Empires russe et soviétique et doit maintenant faire face aux conséquences du passé colonial mais la décolo- nisation n’aurait pas encore eu lieu et l’Ukraine demeurerait, aujourd’hui encore, un territoire occupé. Les discours politiques nationalistes usent ainsi de toute une rhétorique « d’occupation » et nombreuses sont les occurrences d’un champ lexical se rapportant à la colonisation :

L’Ukraine est un regroupement néocolonial, un État sous occupation, inté- rieure et extérieure, c’est pourquoi nous sommes tenus de terminer la révolu-

tion nationale ukrainienne. (SD, III)

Le peuple est tel qu’il a été créé par Dieu et non pas par les occupants et leurs héritiers, ces serviteurs de Satan. (SD, II, 12) La Nation ukrainienne et l’État indépendant continuent d’être pris en otage par une autre politique nationale impériale. Nous devons agir dans l’esprit du nationalisme ukrainien et construire notre politique nationale, non pas pour nous débarrasser des non-Ukrainiens mais pour faire de l’Ukraine un

État national. (SD, II, 19)

Abolir et empêcher l’utilisation des symboles império-soviétiques, la commé- moration de dates, de monuments et de noms en l’honneur des bouchers de l’Ukraine. Interdire en Ukraine l’établissement de tout monument ou sym- bole impérial qui glorifie l’histoire des occupants. (SV, VI, 7) Malgré 25 ans d’indépendance, les partis de droite continuent de faire de la décolonisation de l’Ukraine une priorité nationale : leur objectif demeure encore et toujours de décommuniser et désoviétiser l’Ukraine (se débarrasser

du système éducatif soviétique et de l’habitude de copier aveuglément l’expérience étrangère [SV, V, 8; SD, III, 6]; Retirer des fonds des bibliothèques publiques et sco- laires la littérature de propagande soviétique [SV, V, 17]). L’idéologie rejoint celle

d’une « lutte » (« боротьба » le terme est répété à maintes reprises) ancestrale pour la libération nationale, pour l’auto-détermination. Le Secteur Droit, en particulier, présente le nationalisme à travers ses vertus libéralisatrices :

Depuis des siècles, le peuple ukrainien lutte pour sa libération nationale et sociale, pour le droit d’être le maître de son propre destin dans son pays natal, dans son propre État. La lutte séculaire a pris fin avec la déclaration d’indépendance de l’Ukraine. Cependant, l’Ukraine est toujours menacée sur ses propres terres et continue d’être menacée par des ennemis internes et

externes. (Introduction)

Le nationalisme linguistique ukrainien s’est donc formé historiquement comme « une sorte de réponse idéologique, politique, culturelle, à un autre nationalisme, celui de la nation qui a dominé », qui a occupé le territoire et endoctriné les esprits, qui a institutionnalisé l’usage unique d’une langue et a décrété sa supériorité (Riabtchouk, 2003 : 167). Le fait que l’ukrainien ait été si longuement dénigré, raillé voire interdit, justifie aujourd’hui aux yeux des nationalistes, une promotion et une défense particulière afin que l’injustice historique soit réparée et que les conséquences de la « colonisation » russe soient gommées. La politique volontariste et promotionnelle en faveur de l’ukrainien sonne dès lors, aux yeux des partis ici examinés, comme un juste revers à apporter à la russification qui, pendant des décennies, a favorisé la langue russe au détriment de la langue ukrainienne. Les discours appellent aujourd’hui à la réparation historique : la négation de l’identité linguistique et culturelle ukrainienne doit être officiellement reconnue et le responsable condamné. Comme le souligne Kappeler (1997 : 157), « cette conscience d’avoir plus souffert sous le communisme soviétique que les autres peuples constitue aujourd’hui un élément important du sentiment national ukrainien et explique aujourd’hui une part de l’hostilité des nationalistes ukrainiens envers Moscou; cet épisode étant interprété comme une tentative d’extermi- nation du peuple ukrainien » (on trouvera à ce propos, dans notre corpus, de nombreuses occurrences du terme « génocide », « геноцид »). La recon- naissance internationale de la souveraineté ukrainienne, au moyen de la condamnation des coupables de son asservissement, semble ainsi constituer le chemin vers la construction nationale du pays :

Reconnaître l’occupation de l’Ukraine par la Russie bolchévique de 1918

à 1991. (SV, VI, 2)

Obtenir la reconnaissance du génocide ukrainien au xxesiècle auprès du

parlement ukrainien, des Nations Unies, du Parlement Européen, des parle- ments du monde entier, dans lequel 20,5 millions d’Ukrainiens sont morts, et le considérer comme un crime contre l’humanité [...] (Reconnaissance de) la destruction systématique de la langue et de la culture ukrainienne; de la

Mener un procès public du communisme. (SV, VI, 5) Demander à Moscou la reconnaissance officielle, des excuses et une compen- sation pour le génocide du peuple ukrainien. (SV, VI, 9) L’idéologie nationaliste ukrainienne, de ce fait, n’est pas concevable en dehors des relations conflictuelles avec la mythologie impérialiste, d’abord russe, puis russo-soviétique. On peut dès lors s’interroger sur la raison d’être, la vitalité, la pertinence du discours nationaliste, de nos jours, alors que l’Union Soviétique s’est effondrée et que l’Ukraine a formellement acquis son indépendance en 1991 : l’Ukraine est officiellement un État souverain et ne dispose que d’une seule langue d’État, l’ukrainien. À quoi bon lutter pour ce qui semble déjà acquis? Il semble que ce soit le caractère inachevé de l’émancipation ukrainienne et de la construction nationale d’un État ukrainien qui anime les nationalistes; c’est l’absence de correspondance absolue entre langue et nation ukrainiennes qui pose problème. Dans leur discours, l’Ukraine, malgré l’acquisition formelle de l’indépendance, consti- tue davantage un morceau de l’Empire qu’un État national véritablement souverain, les Ukrainiens n’ayant pas cessé de vivre dans « le monde russe », géopolitiquement, économiquement, linguistiquement ou culturellement parlant. De ce fait, l’ukrainisation, pour être réellement mise en place, devra passer avant tout par la dérussification absolue :

Nous subissons encore l’héritage de l’Empire russe et de l’Empire soviétique et c’est la raison pour laquelle nous sommes encore sous influence. Notre pays se situe, économiquement et mentalement, artificiellement, en zone soviétique russe; il faut s’en décharger complètement et remplacer les marqueurs sociaux

nationaux soviétiques. (SD, III, 8)

Exclusion de l’espace d’information ukrainien des médias qui poursuivent des politiques de désinformation, la russification forcée, qui imposent la

haine religieuse et ethnique. (CO, IX)

Arrêter la russification des minorités nationales en Ukraine. (SD, III, 12) Renouveler l’édition ukrainienne et surmonter la domination des éditions en

langue russe. (CO, IX et XII)

Si l’on tentait de modéliser le nationalisme linguistique ukrainophone, on pourrait donc dégager de ces discours politiques le schéma de repré- sentations sociolinguistiques suivant : l’ukrainien est la langue exclusive de l’Ukraine, « la seule langue »; la langue a été et est toujours victime d’agression et de persécution et il faut donc la protéger et la défendre; la langue est la principale manifestation de l’identité ukrainienne et on doit

donc faire preuve de loyauté à son égard. Elle contribuerait à créer la Nation, à la consolider, à la définir. Le programme politique linguistique prôné par les partis que nous venons d’évoquer pourrait donc se résumer à défaire le nœud russe, à décoloniser le pays et à mettre en place une réelle politique d’unilinguisme.

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