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La régulation politique de la famille roumaine sous le communisme

2.4 L’évolution de la famille roumaine durant la période communiste

2.4.4 La régulation politique de la famille roumaine sous le communisme

L’origine de cette politique avancée par l’État communiste est liée à la conception paternaliste selon laquelle l’État a le droit de dicter et de contrôler les actions et les choix des individus et

59 Concrètement, la femme est présente dans l’usine, au chantier et dans d’autres domaines réservés en général

aux hommes, mais cet aspect a amené à la déféminisation de la femme.

60 La discrimination entre l’homme et la femme est présente dans la sphère des responsabilités, des positions

de reconstruire la vie familiale selon son plan politique (Mezei, 1997). Les mesures socio- économiques de support de la famille ont eu, au début de l’époque communiste, un effet positif sur le bien-être de la population. Ainsi, malgré les conditions économiques et sociales difficiles après la Seconde Guerre mondiale, l’État mobilise des moyens pour la protection de la famille. Pour faciliter l’accès des femmes au marché du travail, on organise un système de crèches et de garderies. Durant les premières décennies du communisme, toute la population a eu accès à ces services et les catégories qui avaient des revenus faibles bénéficiaient de la gratuité. Jusqu’au début des années 1970, d’autres mesures beaucoup plus larges qui visaient d’autres secteurs comme le système d’assistance médicale, le réseau d’enseignement, le système d’habitation, ont été développées. Plusieurs de ces services ont bénéficié de subventions de la part de l’État et les résultats ont amené un déclin de la mortalité infantile, la réduction de l’analphabétisme et l’augmentation du niveau de scolarité de la population.

Bien que ces mesures aient apporté une amélioration sensible du bien-être de la population, en réalité, le but de l’État paternaliste était de créer et d’entretenir une relation de dépendance et de soumission des citoyens. Il s’agissait d’une dépendance qui avait, en fait, le rôle de garantir la stabilité du régime politique, en modelant les besoins et les pratiques de la famille en conformité avec les intérêts de l’État. Un premier aspect est lié à l’idée de l’égalitarisme, par lequel le régime communiste soutenait la disparition de la discrimination entre les individus par l’administration centralisée et planifiée de toutes les ressources. Le mécanisme principal de cette réalisation était la distribution égalitaire des revenus en limitant les revenus primaires, la plupart des besoins de la vie familiale et individuelle étant pris en charge par l’État. La condition économique de base était d’occuper toute la population active, même artificiellement; avoir un emploi était une obligation pour tous les citoyens61. D’autres facteurs

peuvent être mis en évidence, comme la couverture sociale universelle pour les salariés, l’accès gratuit à l’éducation et l’assistance médicale ou la distribution des logements par les entreprises. À ces mesures s’ajoutent la subvention d’une série de biens de première nécessité, comme l’énergie électrique, les aliments de base et le transport public.

61 Le refus et le désintérêt d’occuper un emploi était considéré, en vertu des normes citoyennes, comme un acte

Malgré cette attitude « paternaliste » de l’État communiste, il y a des segments importants de la population qui ont été ignorés. Ainsi, le système de sécurité sociale a connu un développement asymétrique parce que la protection sociale, par le mécanisme d’assurance sociale, était un « privilège » exclusif de ceux qui travaillaient. D’autres catégories, qui n’étaient pas incluses dans une activité productive et qui, normalement, devaient bénéficier de l’assistance sociale, étaient ignorées ou marginalisées. Les mesures d’assistance sociale étaient peu développées et fortement bureaucratisées. Plusieurs mesures de protection sociale étaient absentes, parmi lesquelles: l’allocation chômage (le chômage n’étant pas reconnu, même si en réalité il existait), les programmes d’indexation des pensions et les programmes universels. L’allocation pour les enfants62 et l’assistance médicale ne couvraient pas tous les

bénéficiaires potentiels, ces mesures de sécurité sociale étant liées exclusivement à l’emploi (Zamfir cité dans Ghebrea, 2000). La pauvreté était un phénomène non reconnu, étant en non- concordance avec l’idéal de « société multilatéralement développée » proclamée par le régime communiste.

Cette non-reconnaissance des problèmes réels de la société était dissimulée par des actions de propagande, le régime communiste subordonnant ainsi les objectifs des politiques sociales et familiales aux impératifs de l’État totalitaire. Par cette dimension purement idéologique, les politiques familiales auront un caractère formel; elles ne répondent pas en réalité aux désirs, ou aux besoins de la population, ni aux principes d’une économie efficace. Le mécanisme de régularisation de la famille, que l’État communiste a développé, se caractérise par un centralisme excessif et l’exclusion de la société civile dans le processus d’élaboration et d’application des politiques familiales. Celles-ci révèlent la logique totalitaire du régime communiste et se reflètent dans le contrôle total des mesures économiques et sociales qui influençaient la vie de famille, à savoir les revenus, la socialisation des enfants, le logement. À cela s’ajoutent l’abolition de l’autonomie du fonds d’assurance sociale, la limitation du champ d’action au niveau local, la disparition des associations et fondations non

62 Les allocations familiales, surtout durant l’époque Ceausescu, ont été un instrument pour stimuler la natalité.

Les familles avec des enfants recevaient des prestations pour chaque enfant, elles avaient la priorité dans l’attribution des logements, recevaient plus de biens rationnés, avaient un accès plus facile aux services de soins pour les enfants. Les mères de plus de trois enfants bénéficiaient également d’un congé de maternité prolongé.

gouvernementales, l’ignorance du concept de droits sociaux, et une assistance sociale assurée de façon discrétionnaire (Ghebrea, 2000 : 147-150). Cependant, la forte détérioration du niveau économique de la fin des années 1970 et jusqu’en 1989, conduit à la diminution des mesures de protection sociale et à la dégradation des services d’assistance sociale. D’autres aspects comme le niveau réduit de prestations familiales et le manque de financement du système médical ont des conséquences dramatiques pour le niveau de vie et pour l’état de santé de la population durant cette période.

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