• Aucun résultat trouvé

Quelques éléments théoriques de la structuration du social

PARTIE 2 : CADRE CONCEPTUEL ET METHODOLOGIQUE

3.5 La structuration de la trajectoire familiale au cours de la

3.5.3 Quelques éléments théoriques de la structuration du social

En essayant de surmonter les controverses traditionnelles en sciences sociales entre l’objectivisme, et le subjectivisme, l’individu et la société, l’action et la structure, la théorie de la structuration88 élaborée par Anthony Giddens (1987) tente de mettre en place une nouvelle

vision sur les conditions constitutives de la vie sociale et sur les possibilités de la réalisation

88 Il est difficile de restituer dans un espace réduit comme celui de la thèse la complexité d’une théorie comme

celle de la théorie de la structuration. Pour cette synthèse nous avons consulté plusieurs articles et analyses parmi lesquels le livre de Giddens « La constitution de la société » (1987), et aussi les études réalisées sur la théorie de la structuration par Lazar (1992), Corcouf (1995) et Brais (2000).

des processus sociaux. Au cœur de cette théorie, se trouve le concept de « structuration » constitué autour de la notion de « dualité du structurel » qui remplace le dualisme classique entre structure et action. Dans cette optique, la structure n’est pas extérieure aux acteurs, mais est plutôt un élément actualisé dans les pratiques sociales spatio-temporellement situées.

Le véritable objet de la théorie proposée par Giddens, n’est pas l’ « acteur » ou la « structure », mais l’« action » qui s’accomplit en tant que durée, comme un flot continu de conduites dans l’espace-temps. Ainsi, le point essentiel dans la structuration n’est pas de savoir comment la structure détermine l’action ou comment les actions créent la structure, mais comment l’action est structurée dans les contextes quotidiens. Pour expliquer la continuité des interactions dans le flot de la vie quotidienne, Giddens emploie la notion de « routine » définie comme « tout ce qui est accompli de façon habituelle », tout en mettant en évidence les divers degrés de conscience des agents dans la coordination des actions. On voit dans la théorie de la structuration une vision qui s’oppose à l’idée que certaines formes de conduites sociales se reproduisent de façon chronique en raison de la structure, cette dernière offrant les conditions de l’action et étant à la fois contraignante et habilitante. Dans cette optique les êtres humains ne sont pas entièrement contraints par des structures externes, ni entièrement libres, mais ils font leur vie dans un processus réflexif. En reprenant une phrase célèbre de la théorie marxiste, Giddens affirme que les êtres humains font leur propre histoire, mais dans des « conditions qu’ils ne peuvent choisir » et avec des « conséquences qu’ils ne peuvent contrôler totalement » (1987 : 32).

Considérant que le structuralisme et la théorie de l’action ont mis en évidence une vision plutôt limitée du social, selon laquelle la reproduction des relations et pratiques sociales est vue comme un mécanisme passif, Giddens se propose de montrer que la reproduction sociale est un processus actif et dynamique. Les individus sont considérés dans cette conception comme des agents compétents dotés d’une capacité réflexive, la compétence signifiant qu’ils ont une connaissance tacite ou discursive des circonstances de leur action et de celles des autres, et qu’ils utilisent cette connaissance dans la production et la reproduction de l’action. Par ailleurs, cette compétence des agents est constamment engagée dans le flot des conduites quotidiennes et s’exprime à deux niveaux : par la conscience discursive qui renvoie à tout ce

que les acteurs peuvent exprimer, et par la conscience pratique qui vise tout ce que les acteurs connaissent de façon tacite, tout ce qu’ils savent faire dans la vie sociale sans nécessairement pouvoir l’exprimer directement de façon discursive (Giddens cité en Corcouf, 1995).

La vision particulièrement dynamique que Giddens a sur l’ordre social s’exprime par le fait que tous les éléments de la vie sociale sont constitués à travers les pratiques sociales spatio- temporelles, qui participent ainsi à la reproduction du système social. C’est en effet par cette praxis saisie dans l’action et dans les interactions humaines que les systèmes sociaux se maintiennent et se transforment dans le temps et dans l’espace. Quant aux propriétés structurelles des pratiques sociales, elles sont constituées de règles et ressources, toutes les deux engagées de façon récursive dans la reproduction sociale. Les règles représentent des éléments normatifs et un code de signification, tandis que les ressources se définissent comme des ressources d’autorité, dérivant de la coordination de l’activité des agents humains, et des ressources d’allocation, qui proviennent des aspects du monde matériel. Autant les règles que les ressources représentent l’instrument et le résultat de la reproduction des pratiques sociales (Giddens, 1987 : 42)

Tout en reconnaissant les idées émancipatoires exprimées par Anthony Giddens dans sa théorie de la structuration, la critique nous invite pourtant à une certaine prudence surtout quand il s’agit de l’opérationnalisation des concepts provenant de ce schéma théorique. Si, pour certains, le cadre conceptuel de Giddens n’est par son éclectisme qu’une juxtaposition mécanique d’éléments théoriques, pour d’autres, cette combinaison des concepts produit plutôt une « nouvelle fusion, qualitativement distincte de chacun de ses éléments » (Lazar, 1992 : 416). Une autre réserve exprimée par les critiques vise l’ambition de Giddens de dépasser les dualismes classiques en sciences sociales, particulièrement celui entre macro et micro-niveau sociologique. À ce sujet, comme l’explique Corcuff, il ressort aussi dans la théorie de la structuration « la difficulté à penser de manière équilibrée les processus de coproduction des parties et du tout », le cadre théorique de Giddens montrant une certaine rigidité entre « l’attention portée aux activités quotidiennes des acteurs et le projet de les appréhender en fonction d’un tout s’imposant nécessairement à eux » (Corcuff, 1995 : 54).

3.5.4 La trajectoire familiale en Roumanie dans la perspective de la théorie de la

Outline

Documents relatifs