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1.2 Les caractéristiques socio-économiques et politiques

1.2.1 Le changement du cadre institutionnel

Après 1990, se produisent d’importantes mutations institutionnelles par la remise en place d’organismes politiques démocratiques. La Roumanie adopte un système bicaméral (Chambre

12 Le Front du salut national devient un Parti politique et remporte les élections du 20 mai 1990. Ainsi, Ion

Iliescu devient le premier Président élu de la Roumanie, avec plus de 85 % des suffrages et le parti qu’il dirige, obtient 66 % des voix aux élections parlementaires.

13 Après un premier mandat de deux ans Iliescu et son parti, qui s’est transformé de Front du salut national en

Parti de la démocratie sociale, vont remporter les élections en 1992 pour un nouveau mandat de quatre ans. En 1996, Emil Constantinescu et la Convention Démocratique constituée d’une coalition de partis majoritairement de centre-droite (chrétiens-démocrates, sociaux-démocrates, libéraux et représentants de l’Union démocratique des Magyars de Roumanie), remporte les élections. L’accès au pouvoir de cette coalition a été favorablement reçu par l’Occident, mais au plan interne, la coalition a connu plusieurs déboires, ce qui produit l’instabilité sur le plan économique et politique. Cette évolution conduit finalement à l’échec des forces de droite et à l’augmentation de la popularité des forces de gauche et des partis nationalistes. Ainsi, lors du scrutin de l’an 2000, l’ex président Iliescu et son parti seront réinstallés au pouvoir. En 2004 les élections sont emportées par une union de centre droit formée par le Parti démocrate libéral et le Parti libéral. Le président élu est Traian Basescu, lui étant également un ancien membre de l’appareil communiste.

des Députés et Sénat), les membres des deux chambres et le président de la République étant élus au suffrage universel tous les quatre ans. La nouvelle Constitution, adoptée par référendum en 1991, définit un nouveau cadre institutionnel qui garantit les droits et les libertés civiques, ainsi que le pluralisme politique, en conformité avec les valeurs et les principes de la démocratie occidentale. Les partis « historiques » d’avant la Seconde Guerre mondiale sont réhabilités et de nouvelles formations politiques apparaissent (Serban, 1994). Parallèlement débutent la décentralisation du pouvoir et la réforme des institutions locales. Sur le plan international, l’année 1990 marque le début des négociations de la Roumanie avec plusieurs organismes internationaux (l’OTAN, le Conseil de l’Europe, l’Union européenne), processus qui aura comme finalité l’intégration dans ces institutions.

Dans la démarche de démocratisation, divers organismes de la société civile se mettent en place après 198914. Reconnue comme un symbole de résistance contre le régime communiste,

mais sans un passé récent fondé sur un mouvement de dissidence, la société civile reste un concept flou après la chute du communisme15. Elle se développe d’abord dans le domaine

humanitaire avec l’implication active de l’Europe de l’Ouest. Les projets de l’Union Européenne ont eu des résultats concrets, mais le manque de mobilisation locale des fonds, auquel s’ajoute la lenteur de la mise en place d’un cadre juridique, rend l’insertion d’un secteur associatif autonome extrêmement difficile. Très actifs sont quelques mouvements civiques et culturelles qui manifestent leur opposition au pouvoir, avec une forte position anticommuniste, mais cette imbrication rend extrêmement confuse la ligne de démarcation entre engagement politique et activités générales des associations civiques (de Bellet, 2001 : 103).

La mise en place d’un nouveau cadre institutionnel et l’adhésion aux organismes internationaux signifient des changements majeurs allant dans le sens de la démocratisation du pays, mais l’évolution de plus de dix ans de transition révèle l’absence d’une stratégie de réforme clairement structurée. Le cadre législatif change sous la pression des organismes

14 Durant la première décennie, avec le retrait de l’État-providence communiste, les organisations non

gouvernementales ont été sur-sollicitées, surtout dans le domaine humanitaire.

15 La mise en place de la société civile se fait sur la base d’une loi de 1924 et les gouvernements post-1989

internationaux, mais il reste fortement dépendant de l’héritage de l’époque communiste. L’apprentissage de la démocratie est un processus difficile et lent en Roumanie, à cause de l’impréparation des institutions aux règles et aux responsabilités qu’implique la démocratie, mais aussi à cause de la lenteur des changements de mentalités. La chute du communisme devait normalement signifier la dissolution de l’élite qu’il a créé, mais au contraire, le régime de Iliescu a offert aux membres de l’ancienne nomenklatura communiste et de la police politique, l’opportunité de se repositionner dans les nouvelles structures politiques et administratives.

Une loi de lustration (Smolar, 1994)16 pouvant amener une rupture avec le passé n’a jamais

été adoptée. Ces aspects ont perpétué les tensions politiques et sociales ainsi que les polémiques et les accusations. L’opposition qui se remet en place est continuellement intimidée et affaiblie. Au lieu de créer des partis alternatifs de type européen, l’opposition démocratique préfère ressusciter les partis « historiques » de la période d’avant la Deuxième Guerre mondiale, dirigés en grande partie par d’anciens leaders, des survivants de la répression communiste (Boia, 2003). En outre, ces partis historiques n’expriment pas nécessairement une orientation claire de changement politique et économique adéquate au contexte postcommuniste, leur vision politique étant concentrée sur le retour aux structures de la propriété d’avant la Deuxième Guerre mondiale et sur la demande de restauration de la monarchie (Mot, 2002).

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