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Chapitre 2 : …à la pratique des dispositifs de gestion des risques en montagne :

1) Le PPR approuvé de Val d’Isère

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Annexe 4 : Fiche de synthèse sur l’analyse des logiques d’élaboration du PPR et du PIDA par l’angle de la vulnérabilité

Val d’Isère est un village, ou devrait-on dire une station-village, selon la typologie

fonctionnelle de G. Pialat (1970)350, puisque les deux entités ne font territorialement

qu’une. Situé proche des sources de l’Isère, à une altitude de 1850 m, ce village existait bien avant l’avènement de l’économie des sports d’hiver. En revanche, c’est bel et bien depuis les années 1930 que l’urbanisation, dopée par le développement du tourisme hivernal s’est considérablement amplifiée, pour finir aujourd’hui par occuper la quasi-totalité de cette vallée avaline d’altitude. Sur Val d’Isère, compte tenu des pentes qui dominent le village et de l’urbanisation importante, le risque d’avalanches constitue une préoccupation. Tout le village est pratiquement concerné par les phénomènes avalanches. L’avalanche de l’UCPA de 1970 témoigne du fait que le cœur du village

pouvait être atteint351.

Le PPR prescrit en 1999 vient d’être approuvé début 2006, une procédure PPR qui pour un territoire tel que Val d’Isère nécessitant du temps. Compte tenu de l’exposition forte

aux phénomènes352, la démarche PPR est complexe à mener dans un territoire où les

enjeux touristiques existants et à venir sont particulièrement exacerbés.

Environ 7 ans de procédure qui s’expliquent notamment par une phase d’élaboration longue due à une reprise directe des études techniques par le service RTM de Savoie. Les premières études sous traitées avaient été jugées trop drastiques par le service RTM. Ainsi et compte tenu des enjeux sur ce site, le service RTM a repris les études dans leur intégralité. Le service RTM a donc réalisé de nouvelles expertises, afin d’affiner le zonage et de définir de nouvelles prescriptions par zone. La concertation avec la commune fut suffisamment importante pour que les parties s’entendent sur le zonage final et que le PPR soit approuvé sans grande opposition. Néanmoins, le service reconnait que la pression sur les communes en Haute-Tarentaise est telle du point de vue économique et donc urbanistique que les PPR sont dans l’ensemble des épreuves de force. Ces documents perçus localement comme des contraintes importantes à l’urbanisation "accouchent" dans la douleur, avec un investissement particulier et important des représentants de l’Etat. L’équilibre à atteindre pour l’instruction d’un PPR reste délicat pour le service RTM qui entre justification du niveau de risque et maintien de la concertation forte, doit parvenir à ce que le PPR soit accepté par la commune.

Or, à Val d’Isère, un élément local a joué un rôle crucial dans l’acceptation du PPR. Il tient au fait que, des représentants de familles historiques vivent encore à Val d’Isère. Ainsi, lorsque les scénarii de risque, sur la base de l’avalanche centennale furent présentés, la prise en compte d’un tel seuil n’a pas suscité d’opposition. Ceci s’explique par le fait que ce type d’avalanche est encore présent dans la mémoire locale et représente un phénomène tout à fait plausible, envisageable et donc à partir duquel il

350

Pialat G. 1970. Urbaniser la montagne? Urbanisme 116.

351 Depuis des ouvrages de protections actives (râteliers) ont été installés au sommet du versant de l’avalanche pour contenir le phénomène à sa source. Néanmoins notons que le chalet de l’UCPA a été reconstruit au même endroit, protégé de mesures constructives et architecturales particulières (murs et volets renforcés, construction d’un ouvrage massif de protection).

352 Nous revoyons pour expliciter la forte exposition des espaces urbanisés aux phénomènes avalanches, à l’annexe 5 : Extraits de la CLPA Haute Tarentaise : Val d’Isère, la Daille et village (source : Cemagref). Sur ces extraits ne sont pas cartographiés les aléas, mais les emprises des phénomènes avalanches, c’est-à-dire les extensions maximales des événements connus. Cette cartographie résulte d’analyses tirées de la photo-interprétation et d’observations de terrain d’une part et du recueil de témoignages d’autre part, dans le cadre de la réalisation de la Carte de Localisation des Phénomènes d’Avalanches (CLPA).

semble acceptable d’établir le zonage de risque. Une autre caractéristique territoriale influence l’acceptation locale du PPR. Il s’agit des ressources financières de la commune. Par son activité touristique, Val d’Isère est une commune qui dispose de ressources financières conséquentes qui lui permettent d’envisager des stratégies de protection onéreuses et donc d’adapter les préconisations par zone.

Val d’Isère nouvellement doté d’un PPR est en train de se doter d’un PCS, ayant déjà entrepris en son temps une réflexion sur la question de l’évacuation avec le projet

EMMA353 (Evacuation des iMmeubles Menacés par les Avalanches). Ce tableau de bord est

un outil de gestion de l'alerte et d'organisation de la mise en sécurité des populations et notamment des populations touristiques. Ce projet initié avant la loi sur le PCS peut contribuer à mobiliser plus fortement les acteurs locaux sur cette réflexion déjà localement portée.

En Savoie, la politique de programmation des PPR est pilotée par la DDPC (Direction Départementale de la Protection Civile). C’est ce service préfectoral, qui dans le domaine des risques coordonne l’action de l’Etat sur le département. Ainsi, et ce contrairement à d’autres départements, la préfecture par le biais du directeur de la DDPC souhaite maintenir le service RTM en tête de ligne sur la question du risque, au regard de son antériorité et de son savoir-faire dans le domaine des risques en montagne. La DDE qui intervient notamment plus fortement sur les aspects réglementaires et techniquement sur les PPR de plaine n’est donc pas aujourd’hui le service instructeur pour les communes montagnardes savoyardes. En revanche et conformément à l’évolution nationale, le transfert de certaines connaissances et savoir faires s’opère entre le service RTM et la DDE, notamment en termes de capacité technique à rendre des avis sur ces communes (dans le cadre des autorisations du droit du sol). Ainsi en Savoie, le service RTM occupe une place particulière. D’une part, la préfecture, via la DDPC conduit actuellement une politique PPR, en montagne qui donne au service RTM le rôle d’instructeur et d’autre part, le service RTM, conformément au statut d’EPIC de l’ONF (établissement de tutelle) souhaite que ces missions fassent l’objet de conventions et ne soient plus menées à titre gracieux.

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