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Nom André

Âge 27 ans

Origine Uberlândia – Minas Gerais

Profession au Brésil Étudiant

Lieu de résidence Paris

Profession en France Étudiant

État civil Marié sans enfant

Niveau de scolarité Niveau Universitaire (doctorat)

Vit en France depuis… 4 ans

La rencontre avec André s’est déroulée au Jardin du Luxembourg, à Paris. Notre premier contact s’est fait à travers les réseaux sociaux (Facebook). Sa femme, Lorena, était présente et a accepté de participer. Notre conversation a été interrompue par l’appel d’une agence de recrutement. Nous étions assis par terre et il y avait beaucoup de monde autour de nous, donc de nombreux bruits extérieurs. André semble être un jeune homme de nature calme, timide, assez dépendant de ses proches, dont sa sœur jumelle et sa femme Lorena.

Enfance protégée

Pour évoquer son enfance, André a commencé par parler de sa sœur jumelle et d’une autre sœur, plus jeune. Son père a toujours travaillé dans la mécanique automobile et tenait un magasin situé sous leur appartement. André y a grandi, mais il est aussi très attaché à la ferme familiale où il passait ses week-ends. Sa mère travaillait comme vendeuse dans ce magasin ; c’est ainsi que ses parents se sont rencontrés. Ils se sont mariés, elle a arrêté de travailler pour élever ses enfants puis a repris ses études universitaires quelques années plus tard. Au moment de l’entretien, la mère d’André travaillait comme gérante pour un groupe de télémarketing. Les propos d’André révèlent le fonctionnement d’une famille habituée aux restrictions (« Mon père, il a travaillé presque toute sa vie dans la

mécanique automobile […] ; Ma famille ne voyageait jamais… »), une famille dans laquelle le changement n’est pas une volonté en soi. Cela s’est reflété dans la vie du jeune homme qui n’a jamais voulu quitter sa ville pour faire des études (avant de venir en France) et qui n’a eu qu’une seule véritable petite amie (son épouse aujourd’hui).

Son enfance a été marquée par le protectionnisme de ses parents (« Je dirais que mon enfance a été très protégée tu sais. Mes parents avaient très peur.

[…] Généralement, on ne pouvait pas descendre pour jouer dans la rue »). Le

seul moment durant lequel les enfants pouvaient se défouler était le week-end, quand toute la famille partait à la ferme. Cette vie protégée d’André est identifiée dans son propre parcours de vie (« J’ai toujours habité à Uberlândia […] Je ne

suis jamais sorti […] J’ai toujours habité chez mes parents»). Lorsqu’il parle de

lui, il utilise souvent le pronom « on » (a gente, en portugais). Il se présente comme une personne ne parvenant pas à se détacher des autres, dépendante, manquant de confiance en soi (« On a toujours habité dans un appartement […]

On était très collés tu sais, ma sœur et moi. On était très studieux aussi »).

Parcours Scolaire et harcèlement

Le discours d’André traduit une grande fierté lorsqu’il évoque son parcours scolaire quasi sans faute. Il a été très influencé par le discours de ses parents pour sa réussite scolaire et professionnelle (« Parce que mes parents ont

toujours dit : ah il faut beaucoup étudier, pour bien réussir dans la vie »). Il

semble avoir développé ce statut de bon élève et cette envie de réussir afin de ne pas décevoir ses parents. Pendant sa scolarité, il a souffert de discrimination en raison de son surpoids et a dû surmonter cette période difficile en pratiquant des sports comme le karaté et la natation. Il n’a jamais souhaité pratiquer le football (qui était une obligation à l’école primaire), par peur du regard des autres J’étais gros et je ne voulais pas que les autres regardent mon corps »). Il y avait, en effet, souvent une des équipes qui jouait sans tee-shirt. Les préjugés et les commentaires des camarades de classe l’ont marqué (« Il y a une chose dont je

me rappelle encore, cette fois où une fille me l’a dit et ça me blesse encore

maintenant; j’ai peur de grossir à nouveau »).

Le détachement de sa soeur

Durant cette même période, André s’est rendu compte qu’il était trop proche de sa sœur jumelle et a décidé de s’en détacher. (« J’ai vu que j’étais trop collé à ma sœur, j’avais besoin d’avoir ma vie aussi ; je me suis un peu

rebellé …»). À la suite de sa perte de poids et de la mise à distance de sa sœur,

André a rencontré Lorena au lycée alors qu’ils étaient souvent dans la même classe. Dès qu’il a commencé à la fréquenter, il a vu sa vie changer. (« J’ai maigri

et j’ai enfin réussi à avoir une belle fille. ») Il dit avoir repris confiance en lui,

mais pas totalement.

Apprentissage des langues

André a suivi des cours d’anglais dans une école privée, mais estime ne pas parler aussi bien cette langue que Lorena, sa femme, qui a suivi le même parcours d’apprentissage. Dans la suite de son récit, il entreprend une succession de comparaisons (souvent négatives) avec son entourage : avec sa sœur cadette

Elle a toujours eu plus de choses, plus de cadeaux. Quand j’ai commencé à

avoir mon argent de poche, elle l’a eu en même temps alors qu’elle était plus jeune. Et je trouve que jusqu’à aujourd’hui, ça me dérange, je trouve ça

injuste »), avec sa femme Lorena (« Quand j’ai connu Lorena, j’ai vu qu’elle

avait un niveau d’anglais bien meilleur que le mien malgré avoir étudié presque

le même nombre d’années ») et sa sœur jumelle (« Ma sœur était mince. Ma mère

lui proposait à manger et elle refusait alors que moi je voulais bien et ma mère

disait : ‘pas toi’»). Il se compare souvent aux autres et se dévalue. Certaines

attitudes le révoltent, mais son caractère diplomate le conduit à souvent à éviter les conflits, sans s’interposer.

Le départ

Sa venue en France est directement liée à son parcours universitaire. André a choisi d’étudier le génie mécanique, influencé par le métier de son père. À l’université, il a découvert la possibilité de partir étudier en France. Il a obtenu une bourse et est allé passer une année au Mans, même si son premier choix se portait sur Lyon. Il est, en effet, parti pour étudier des sujets de génie mécanique qui ne correspondaient pas à son parcours universitaire (« Mais j’ai pensé que cet échange serait très intéressant malgré le fait que cela ne soit pas du tout ce que je

voulais faire »). Parallèlement, il a commencé à apprendre la langue française

dans une école privée.

Le séjour en France

En France, l’absence de sa petite amie a été douloureuse pour lui, malgré la belle expérience que représentait ce séjour. Il a également rencontré des difficultés avec la langue française à l’université et dans la vie de tous les jours, ce qui l’a rendu très dépendant de ses camarades brésiliens (« J’étais avec trois amis brésiliens, on habitait dans la même résidence […] Je ne savais rien, je ne faisais

rien, je suivais un de mes camarades »). Suivre les cours a été difficile, car il ne

maitrisait pas la langue et n’avait pas toutes les connaissances des deux premières années de licence, puisqu’il est entré en troisième année. Sa recherche de stage a constitué un autre obstacle à affronter, mais cela lui a donné la possibilité de revenir en France pour faire un doctorat. De cette manière, il a pu retourner au Brésil, finir sa licence, se marier avec Lorena et tous deux sont repartis en France, cette fois à Paris.

Deuxième séjour en France

À l’occasion de cette deuxième expérience à l’étranger, André a évoqué ses difficultés durant les premiers mois pour trouver un logement à proximité de son université et de son lieu de travail. Il a évoqué aussi les rapports compliqués avec son directeur de thèse et ses collègues de laboratoire. C’est dans le laboratoire, son lieu de travail, qu’André a ressenti l’exclusion et le sentiment

d’être étranger (« Ils m’ont exclu immédiatement parce que, d’abord, je ne suis pas Français. Ensuite parce que je n’ai pas passé de concours et enfin parce que

je ne travaille pas dans le même domaine qu’eux »). Malgré toutes les difficultés

d’intégration, André a fini par soutenir sa thèse et, pendant notre conversation, a reçu un appel d’un cabinet de recrutement. Il a évoqué des moments de solitude et de dépression, l’impression de ne pas trouver sa place en France (« J’ai commencé

à m’isoler, je ne discutais avec personne ») et réfléchissait à un éventuel retour au

Brésil. Mais, dans un même temps, André et sa femme Lorena souhaitaient habiter en France. Au moment de l’entretien, ils ne savaient pas encore si c’était possible.