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Période de l’enquête de terrain et développement des entretiens

Conclusion du chapitre 2

3.2. Exploration du terrain

3.2.1. Période de l’enquête de terrain et développement des entretiens

aussi riches que les entretiens eux-mêmes, nous leur avons consacré une partie. Nous observerons également une différence entre les enquêtés connus de l’enquêtrice et les inconnus, dans les rapports d’interaction. Et nous verrons comment la présence d’une tierce personne, ainsi que le lieu d’entretien, peut influencer le discours du sujet migrant. Il est important de parler du choix de la langue de communication. Faciliter la parole a constitué notre objectif de travail ; nous avons donc offert le choix de la langue aux personnes interrogées : elles ont choisi leur langue maternelle pour s’exprimer. Le choix de la langue a joué un rôle important pour la libération de l’expression des migrants, mais également dans le rapport de confiance instauré par l’enquêtrice. Enfin, nous avons établi un cadre informatif concernant la transcription des entretiens afin de permettre au lecteur de mieux les décrypter.

3.2.1. Période de l’enquête de terrain et développement des entretiens

Si la première année a été consacrée à la recherche bibliographique et au développement de connaissances théoriques relatives à notre sujet, il nous a paru évident de commencer les entretiens le plus tôt possible pour observer sur le terrain ce que les discours réflexifs nous apporteraient, une fois mis en relation avec les discours de migrants brésiliens. Ainsi, pendant le premier semestre de l’année 2013, nous avons ainsi réalisé une pré-enquête dans le but de pouvoir observer comment les enquêtés pouvaient réagir à notre méthode de travail et afin de mieux définir notre position d’enquêtrice-chercheuse. Cette étape a été fondamentale pour pouvoir élaborer un canevas d’informations-clefs pour les entretiens.

3.2.1.1. Pré-enquête : le début d’un périple

Cette pré-enquête a été réalisée avec sept brésiliens qui vivent dans les villes de Besançon et de Paris, entre février et mai de 2013. À Besançon, trois personnes, dont deux connaissances, ont participé à ce travail de recherche. Un premier entretien a eu lieu chez l’enquêtrice et le deuxième entretien chez l’enquêtée, à sa demande. Le troisième entretien a été réalisé dans un bar en centre ville. À Paris, par le biais d’un brésilien (qui n’a pas accepté de participer), nous avons rencontré quatre personnes pour des rendez-vous dans les bars et cafés de leur choix.

Lorsque la pré-enquête a été réalisée, nous avons pu observer que, malgré le canevas ébauché, les sujets de conversation des brésiliens interviewés étaient très variés, riches en anecdotes, mais peu structurés. Entrainés par ce besoin de parler de soi, de raconter un parcours de vie, certains brésiliens s’éloignaient de la thématique de départ. Notre première réaction a été de les laisser parler, sans interrompre, afin de ne pas brusquer ni couper le raisonnement de celui qui s’exprimait. Notre intention était d’établir une conversation « ordinaire » (Kerbrat-Orecchioni, 1990)184 qui, selon l’auteure, se résume en quelques caractéristiques : un caractère immédiat dans le temps et dans l’espace (une réponse immédiate), un caractère familier (spontané, improvisé et décontracté) et un caractère égalitaire : même s’ils n’ont pas le même statut, les participants disposent du même ensemble de droits et de devoirs (Ibid. :.114-115).

Nous avons éprouvé un grand plaisir à réaliser ce travail. S’intéresser au récit des migrants brésiliens était un moyen de s’identifier soi-même aux histoires racontées. Mais au fil des entretiens, les enregistrements ont semblé trop longs et

184 KERBRAT-ORECCHIONI Catherine, 1990, Les interactions verbales, tome 1, Paris, Armand Colin.

les thèmes abordés pas assez centrés sur des sujets-clefs (apprentissage de la langue, sentiment de se sentir étranger). Afin de rendre la recherche plus intéressante, nous avons souhaité obtenir plus d’informations sur leur parcours de vie. Dès lors, nous avons élaboré un canevas plus précis pour la suite des entretiens, pour aider à la structure de récits de vie exploitables.

3.2.1.2. Les entretiens

Pour mener à bien notre collecte du corpus d’analyse, nous avons donc changé notre façon d’aborder les migrants et notre canevas d’entretien. Avant de commencer l’entretien, nous avons expliqué le cheminement à suivre, selon une ligne chronologique : présentations des origines du migrant, de son enfance et de sa famille, puis de sa scolarité et de l’apprentissage de langues étrangères, sa décision de venir en France et du processus migratoire. Pour finir, nous avons demandé à la personne interrogée de développer une réflexion sur ses ressentis en tant que migrant, sur le fait de se sentir ou non étranger, de se sentir ou non chez soi.

Ces pistes ont permis au migrant interrogé de structurer son récit. Si, par hasard, il abordait un sujet auquel nous nous intéressions davantage, nous pouvions intervenir. Si cela n’était pas possible, nous revenions sur le sujet à la fin de l’entretien. Pour certains entretiens, les possibilités d’intervention ont été réduites. Il a alors fallu se contenter de ce qui avait été dit. Ces situations ont représenté un grand défi, de ne pas reprendre la conversation sans interrompre ou gêner l’interviewé. Recontacter les personnes interrogées pour un entretien complémentaire était une option, mais la plupart des tentatives de contact sont restées sans suite, compte tenu de l’indisponibilité des brésiliens interrogés, de leurs réserves à participer plus longuement à ce travail, ou des contraintes spatio-temporelles et économiques me concernant.

Le plus important était de laisser la parole libre au migrant pour que les révélations tant recherchées puisse être libérées naturellement sans que l’interviewé ne cherche à trop contrôler son discours. C’est ainsi que les enquêtes

se sont succédé pendant le deuxième semestre de l’année 2013, se concentrant sur les mois d’Octobre, Novembre et Décembre et le mois de Janvier 2014. Après deux déplacements à Paris, un à Besançon et un à Grenoble, onze entretiens ont été réalisés. Pour pallier les difficultés de déplacement et de financement, nous avons utilisé les biais technologiques: communication téléphonique ou visioconférence via Skype. Le logiciel Skype permet une interaction à distance entre les interlocuteurs à partir d’un microphone et d’une caméra. Cette alternative rassure l’enquêté car il voit celui à qui il se confie. Le tableau ci-dessous présente le nombre de brésiliens interviewés, ainsi que le mode d’entretien établi selon les disponibilités.

Tableau 1 : nombre de personnes interviewés

Nombre de personnes interviewés 35

Brésiliens rencontrés de vive voix 15 Brésiliens interviewés par Skype 11 Brésiliens interviewés par téléphone 3