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L'organisation et la composition de l'officium d'un gouverneur de province impériale.

LES DIVERS TYPES DE BÉNÉFICIAIRES :

6. L ES BÉNÉFICIAIRES DANS LES LÉGIONS

6.1. L'organisation et la composition de l'officium d'un gouverneur de province impériale.

La composition de l'officium d'un gouverneur varie selon le statut de la province et selon son importance militaire, même s'il existe une certaine uniformité structurelle à l'intérieur de ces différentes provinces, les provinces proconsulaires mises à part 160. Les

fonctions confiées à chacun des divers types d'officiales – c'est-à-dire à tout membre d'un

officium, quel que soit son titre précis – ne sont que rarement explicitées dans les textes

épigraphiques. Il n'est pas toujours aisé de distinguer avec netteté le champ d'activités réservé à chacun d'eux. Il arrive que des officiales portant des titres différents puissent être employés à des fonctions comparables 161.

Lorsqu'un gouverneur est nouvellement nommé à la tête d'une province, il n'est pas seul à se déplacer pour prendre ses fonctions. Les membres de sa famille proche l'accompagnent, ainsi ceux de sa familia, secrétaires, conseillers personnels et autres. Ceux- ci le suivent et l'assistent dans ses diverses fonctions et au cours de ses différentes affectations, dans chacune des étapes de son cursus. Arrivé dans la capitale de sa nouvelle province, où se trouvent son siège et les bureaux de son quartier général ou praetorium, il y rencontre ses nouveaux collaborateurs de rang sénatorial ou équestre déjà en poste dans la province (légats, procurateur financier), d'autres, entrés en service plus tard, le rejoignant ensuite dans la capitale 162. Le gouverneur fait également connaissance avec les membres de

son officium. Ces officiales représentent les éléments stables de l'administration de la province. C'est du reste la raison pour laquelle ils ont le droit légalement de prêter de l'argent avec intérêts, parce qu'à la différence du gouverneur lui-même, ses officiales sont permanents, praesidis prouinciae officiales quia perpetui sunt 163. Ils assurent la continuité

du traitement administratif des affaires provinciales, alors que les gouverneurs et les procurateurs financiers se succèdent dans la province.

Comme l'ensemble des militaires engagés dans toutes les troupes impériales, tous les soldats rattachés à un officium réitèrent au début de chaque année, le 3 janvier plus précisément, leur serment de fidélité à l'empereur, s'engageant à le servir avec loyauté. De son côté, la population locale se doit de manifester ses voeux à l'empereur et de lui témoigner son attachement à travers la célébration du culte impérial 164. Cette loyauté des

160 Sur la définition du concept d'officium, un terme employé pour désigner le personnel employé au

service de divers types de responsables, civils et militaires : Boak 1937 ; pour l'officium d'un gouverneur et sa composition, en dernier lieu, avec la bibliographie antérieure : Haensch 1997a ; voir aussi Domaszewski & Dobson 1981, 29-29 ; Stein 1932, part.75-86 ; Jones 1949, part. 44-45 et Jones 1964, 563-566 ; Clauss 1973a, passim ; Dobó 1978 ; Austin & Rankov 1995, 149-155.

161 Par exemple comme messagers : Chap. II p. 72 et Chap. V p. 238 n. 107. Signalons à ce propos que les

récentes découvertes, celle des tablettes de Vindolanda en particulier, invitent à considérer le fonctionnement et l'organisation des armées sous un aspect moins rigide que certains modèles l'avaient laissé entendre.

162 Pline 10.25. 163 Digeste, 12.1.34. 164 Pline 10.100.

militaires face à l'empereur, qui s'exprime aussi par leur fidélité aux dieux et aux rites de la religion romaine, engage implicitement les soldats dans un contrat tacite entre chacun d'eux et l'ensemble des officiers militaires et des autres supérieurs. Les membres de l'officium, bénéficiaires et autres, quel que soit le type de province dans laquelle ils se trouvent, ne semblent pas constituer une exception au principe 165.

Lorsqu'une place se libère dans son officium, le gouverneur décide des nouvelles promotions et propose à l'empereur ceux qu'il entend faire nommer comme centurions, tenant compte dans certains cas des propositions internes. Les limites numériques de son effectif en général et des membres de son officium en particulier, en relation avec le statut de la province, lui étaient imposées par l'empereur et accessibles par ses mandats, au moment de son entrée dans une nouvelle fonction 166. Ces mandata leur étaient adressés par l'ab

epistulis, le chef des bureaux de l'empereur chargé du traitement et de la préparation de

l'ensemble de la correspondance impériale, au départ de Rome 167.

A la tête d'un officium d'un gouverneur de province impériale se trouve le princeps de l'officium, qui a rang de centurion 168. Il s'agit généralement d'un militaire qui a passé une

grande partie de son temps de service au sein de l'officium, occupant successivement divers emplois au cours desquels il a acquis une expérience axée principalement sur la gestion de sa province 169. Il est assisté d'aides ou adiutores principis, une fonction assumée à l'occasion

par l'un ou l'autre des bénéficiaires du gouverneur 170. L'un d'eux, désigné comme optio

praetorii, est nommé à la tête de l'officium, une fois promu comme centurion 171. De jeunes

165 Comme nous l'avons vu précédemment (Chap. II p. 83-85), il n'y a pas de raison à notre sens de penser

qu'il en allait différemment dans les provinces inermes que dans celles qui avaient des légions. Dans ces dernières comme dans les provinces dotées de troupes légionnaires, les officiales, généralement des légionnaires issus des provinces voisines, conservent un lien administratif avec la province de recrutement. Autrement : Ott 1995, 33 : “Wechselte der Statthalter, musste ein neues Detachierungsverhältnis begründet werden, das ein neues uotum des Beneficiariers nach sich ziehen konnte”.

166 L'effectif de Gavius Bassus préfet de la côte pontique est fixé par des mandats de Trajan (Pline 10.22).

Il s'agit d'une pratique habituelle, et non pas d'une réponse particulière aux circonstances exceptionnelles du gouvernement de Pline en Bithynie. Voir Sherwin-White 1966, 590-591.

167 Austin & Rankov 1995, 137-140.

168 Voir par ex. CBI, 730 et CBI, 749 : Annexe 1.3, au IIIe s. Voir aussi III, 7549 - IGR, I, 629 à Tomis en

Mésie Inférieure : Val. Felix, princeps offici praesidis ; à une époque plus tardive, sur un collier d'esclave : AE, 1946, 227 - Thurmond 1994, 470 n. 16 : emeriti centurionis sum ex offic(io) presidi[s prou(inciae) Val(eriae)

Byzacenae te]ne me sed bene. Voir aussi la carrière de Vettius Valens (CBI, 881 : Annexe 1.3) passée en revue plus

haut. Le centurion C. Memmius Victor (CBI, 783) était peut-être le chef du bureau, sans que le titre de princeps ait été précisé à côté de son nom. Une telle position expliquerait qu'il se soit chargé de la mise en place du monument (cura(m) agente) érigé à Lambèse par les membres de l'officium du gouverneur, auxquels se sont joints pour la circonstance les bénéficiaires du tribun sexmestris. Ce serait peut-être aussi le cas du centurion Vibius Marcianus décédé à Londres dans la capitale de la Bretagne (RIB, 17), comme le propose Mann 1985, 205 n. 8. Sur le titre de

princeps praetorii : Domaszewski & Dobson 1981, 97-98.

169 Voir les deux premiers exemples cités ci-dessus. Mais il faut bien relever que de tels exemples de

carrière avec promotion interne jusqu'à la tête de l'officium demeurent peu nombreux. Rares en effet sont les

officiales qui réussissent à atteindre une telle position, le nombre de postes de ce type se limitant à un seul par

province.

170 Sur les adiutores du princeps, voir par ex. II, 6111 - RIT, 62 à Tarragone ; VIII, 4332 à Lambèse (le princeps est le fils d'un vétéran) ; Domaszewski & Dobson 1981, 34 et 44 ; dans les inscriptions CBI, 488 : Annexe

1.3 et CBI, 759 : Annexe 1.3, l'expression adiutor principis semble décrire une partie des fonctions des bénéficiaires plutôt qu'une nouvelle position à laquelle ils auraient été promus.

militaires pouvaient également être employés comme assistants du princeps. Une inscription du IIIe s. conservée sur une urne fragmentaire, découverte en Norique voici une vingtaine

d'années, fait connaître un adiutor [pri]nc(ipis) cos décédé à l'âge de 22 ans, alors qu'il avait vraisemblablement déjà accompli 7 ans de service. Le frère de ce jeune officialis était rattaché au même officium, probablement en qualité de bénéficiaire du gouverneur 172.

Les officiales du gouverneur qui se situent juste en-dessous du princeps sont les

cornicularii. Leur nombre s'élève à deux ou trois, selon les provinces 173. La sélection parmi

les officiales est donc grande puisque seul un très faible pourcentage (1-2 %) réussit à atteindre un tel poste. Il arrive que des bénéficiaires soient promus à cette position, dans le même officium. Les corniculaires des gouverneurs sont chargés de superviser la répartition des affaires administratives et de la correspondance traitée par les bureaux du gouverneur, en collaboration avec le princeps – ou en son absence – et dans le voisinage direct du gouverneur et de son siège, comme le montrent leurs inscriptions, principalement attestées dans les capitales provinciales. A la différence, les corniculaires des préfets du prétoire, de la Ville et des vigiles par exemple, ou dans les provinces, ceux des légats, préfets ou tribuns, assument seuls la direction de l'officium. Les corniculaires d'un gouverneur peuvent aspirer à une promotion au poste de centurion, avec l'appui du gouverneur 174 dont le préavis nécessite

généralement une confirmation de l'empereur. Une promotion comme décurion d'une troupe auxiliaire est également envisageable pour ces corniculaires. Comme le princeps, ils ont des assistants ou adiutores officii corniculariorum 175. Il s'agirait de simples soldats de la classe

des immunes, si l'on en croit la liste de Taruttienus Paternus mentionnée précédemment 176.

Inférieurs dans la hiérarchie, d'un nombre égal à celui des corniculaires, les

commentarienses ou a commentariis sont responsables de l'archivage de la correspondance

du gouverneur ainsi que des procès-verbaux en relation avec les affaires judiciaires qui lui sont soumises 177. Ils sont suivis par un nombre plus imposant de speculatores, un titre

également porté à Rome au Ier s. et jusqu'au milieu du IIe s. p.C. par des cavaliers prétoriens

employés comme gardes du corps de l'empereur 178. Dans certaines provinces, on compte une

dizaine de speculatores par légion. La présence d'autels élevés par certains speculatores dans des stations de bénéficiaires – l'un d'eux est dédié au Génie de la station – fait penser

172 CBI, 262 : Annexe 1.3.

173 Voir par ex. dans les listes de Lambèse (CBI, 783 et 784) et à Tarragone (II, 4122 + 4259) ; sur le

nombre de 2 ou 3 cornicularii : Domaszewski & Dobson 1981, 29-30 ; Clauss 1973a, 18-20 et Haensch 1997a.

174 Par ex. AE, 1917/18, 74 et 75.

175 Par ex. : CBI, 427 (IIIe s. p.C.) : l'adiutor offici(i) corniculariorum cos est le fils d'un vétéran ancien bf cos ; voir non loin de là, ILS, 2390 : officium corniculariorum ; ILS, 9170 - AE, 1904, 10 (IIe s. p.C.) : l'adiutor corniculariorum est promu actarius coh. VIII ; VI, 2569 - ILS, 2067 ; ILAlg, I, 3113 ; III, 1471 et III, 894 - ILS,

3035 ; à Lambèse, dans une inscription récemment publiée : I 140, l.2 : un anonyme ad(iutor) off(icii)

cornicul(ariorum). Sur ces assistants : Domaszewski & Dobson 1981, 29 et 37 ; Clauss 1973a, 17-18 et n. 4 ; 131.

Ces adiutores diffèrent de ceux du princeps : voir Jones 1949, 54. Voir aussi l'ad[iutor tabul(arii) prin]cipis décédé à Cologne au IIIe s. (CBI, 74).

176 Digeste, 50.6.7 ; voir Chap. II p. 64 n. 33.

177 Voir par exemple Chap. V p. 224 avec le passage cité en relation avec le procès d'Agapê, d'Irênê et de

Chionê qui a lieu en 304 p.C. à Thessalonique. Sur ces principales – les deux titres sont équivalents – : Haensch 1995a.

178 Voir supra p. 99 ; ils portent occasionnellement le titre plus précis de speculator praetorii ou praetorianus, ou encore speculator Augusti ou Caesaris : Clauss 1973a, 47

que les speculatores pouvaient séjourner dans l'une ou l'autre des stationes, probablement lors d'un passage ou au cours de leurs déplacements dans la province, et pour une durée limitée 179. Elle révèle la collaboration entre les speculatores et les beneficiarii du

gouverneur en charge de tels postes, dont les traces s'observent aussi dans leurs dédicaces collectives 180. Comme les beneficiarii avec lesquels ils collaborent dans l'organisation de la

communication et de la transmission des nouvelles au sein de la province ainsi que dans le maintien de l'ordre et de la sécurité 181, ces officiales sont regroupés en une schola et se

choisissent un président ou optio 182. Employés comme agents de liaison et d'information, ils

circulent à l'intérieur de la province, servant de relais entre le siège du gouverneur dans la capitale et les diverses stations de bénéficiaires réparties sur l'ensemble le territoire de la province. Ils sont aussi en contact avec les unités d'exploratores établies principalement dans les régions frontalières 183.

A ces deux types de sous-officiers (speculatores et beneficiarii) se joignent les

frumentarii, qui se situent juste en-dessous des bénéficiaires dans la hiérarchie, et qui

peuvent être promus directement à l'une ou l'autre des fonctions. Comme les bénéficiaires et les speculatores, les frumentarii sont aussi des soldats du voyage, à la différence que leurs fonctions les entraînent constamment hors des limites de leur province, sur les routes de l'Empire. Les frumentarii font preuve d'une organisation particulière et unique parmi les

officiales, qui prend la forme d'un numerus 184. Recrutés dans les légions et promus comme

frumentarii, ils sont envoyés à Rome dans les Castra Peregrina, d'où ils sont disséminés

dans les diverses provinces de l'Empire, aussi bien dans celles qui sont inermes que dans les provinces militaires. Lorsqu'ils sont détachés de Rome dans une province militaire, les

frumentarii vont de préférence dans leur province d'origine, là où est établie la légion dans

laquelle ils ont été recrutés et avec laquelle ils conservent leurs liens administratifs tout au long de leurs pérégrinations entre Rome et les provinces durant leur carrière 185. Les sources

révèlent que comme l'ensemble des soldats qui jouissent d'une certaine mobilité et sont en contact avec la population civile dans l'exercice de leurs fonctions, les frumentarii abusent fréquemment de leurs droits, s'attirant la haine de la population qui doit supporter leur cupidité 186. Dans l'Histoire Auguste, ils apparaissent souvent comme des espions ou des

179 Clauss 1973a, 65 et 159 n. 113 ; voir aussi Chap. VI p. 282. Il peut arriver que de simples soldats, des stationarii, un immunis cos, un optio ou un frumentarius soient en poste dans un lieu ou une région où est attestée la

présence d'une station militaire. Mais les récentes découvertes d'Osterburken et de Sirmium montrent que le sanctuaire de la statio de beneficiarii était en principe réservé aux bénéficiaires en poste dans la station. A l'exception du seul l'autel d'un décurion parmi ceux des bénéficiaires à Osterburken, aucun militaire autre que bénéficiaire n'est attesté parmi les dédicants, dans ces deux séries. Sur le personnel dans la statio : Chap. IV p. 206-210.

180 Voir par ex. Annexe 10. Pour une inscription honorifique érigée pour leur patronus par un speculator et

un bf leg leg, voir CBI, 684.

181 Clauss 1973a, 59-77 ; Austin & Rankov 1995, 150. Ils sont parfois même employés comme bourreaux,

lors des exécutions.

182 Voir Chap. VI p. 274-275.

183 Chap. IV ; Austin & Rankov 1995, 202-204 ; Ezov 1997.

184 Voir notamment I 61 et I 64 à Sirmium, ainsi que CBI, 483 : Annexe 1.3. L'attestation unique et tardive

(seconde moitié du IIIe s.) à Intercisa d'un n(umerus) eq(uitum), en relation avec un bénéficiaire, doit être écartée :

voir CBI, 401 : Annexe 1.2.

185 Clauss 1973a, part. 96-97 ; Rankov 1990a, 176-178.

186 Par ex. IGR, IV, 1368 à Saettae en Asie Mineure : fragment d'un édit concernant leurs exactions ; sur la

assassins. Leur réputation est si mauvaise que ce pestilens frumentariorum genus sera remplacé au IVe s. par les agentes in rebus 187. Hors de Rome, leur présence est attestée

souvent dans des capitales provinciales, dans diverses cités où ils sont détachés en mission spéciale, parfois dans des stations 188. Les missions plus importantes sont généralement

confiées à des centuriones frumentarii qui jouissent d'une solide expérience à la fois de l'administration et du commandement militaire, comme le montre parmi d'autres l'épitaphe du centurion Aelius Verecundinus, décédé au début du IIIe s. à Apamée 189. Bien qu'il n'ait

que 36 ans au moment de son décès, ce centurion d'origine dace avait déjà accompli 21 ans de service, ce qui montre qu'il avait été recruté dans l'armée à l'âge de 15 ans déjà. Promu comme exactus puis comme librarius, il est nommé frum(entarius) puis directement

speculator, et non pas bénéficiaire comme plusieurs de ses collègues 190. Avant même d'avoir

achevé son temps de service obligatoire, il reçoit le titre d'euocatus et devient successivement centurio, centurio frum(entarius) et centurio hastatus prior de la légion IV Scythica 191. L'expression qui cucurrit frum(entarius) ann. XL et © (centurio) frum(entarius)

factus qui figure dans l'inscription funéraire de l'un de ses collègues de la légion III

Cyrénaïque illustre bien sa carrière, interrompue trop tôt 192. S'il avait survécu, Verecundinus

aurait peut-être pu aspirer au poste de princeps peregrinorum comme son collègue Oclatinius Adventus par exemple, qui réussit même à atteindre la préfecture de la Ville puis celle du prétoire sous Caracalla 193. La promotion directe d'un frumentarius au poste de

187 Pour les références à l'Histoire Auguste, voir infra p. 120 ; sur leur dissolution : Aurelius Victor, Les Césars, 39.44, avec Clauss 1973a, 104 et en particulier sur leurs “successeurs”, les agentes in rebus : Clauss 1980,

27-32 ; Sinningen 1959 ; Hirschfeld 1913, 624-645.

188 Dans les capitales, par ex. à Tarragone, Emerita en Lusitanie, Virunum, Carnuntum, Aquincum, Salonae, Éphèse et Lugdunum, comme l'apprend une épitaphe d'Héraclée du Pont, AE, 1927, 84 - IGR, III, 80 - ILS,

9476 : ικτωριω αβινω ... λε ιωνος πρωτης Μεινερβας φρουμενταρις Αυ ουστος χωρας ου δουνου. Pour des missions spéciales de frumentarii, voir par exemple III, 433 (dans la capitale Éphèse) : un frumentarius agens

carceris ; AE, 1984, 838 - Speidel 1984, 288 (à Sardes) : un [fru]menta[rius] [a]gens cu[ram] custod[ia]rum ; XI,

1322 (à Luna, 200 p.C.) : sub cura Fl. Muciani © (centurionis) fr(umentarii) M Firmidius Spectatus fr(umentarius)

leg(ionis) II Ital(icae) P. F. optio consacrauit item dedicauit ; ILS, 9773 (à Delphes sous Hadrien) : Ιουλιος Πουδενς

φρουμενταριος λε ιωνος πρωτης Ιταλικης στρατιωτης επι των ερ ων ων των κατασκευαζομενων υπο του κυριου αισαρος Τραιανου Αδριανου εβαστου ; III, 1890 - ILS, 2287 (à Salona, 170 p.C.) : constructions par des vexillations sub cura P. Aeli Amyntiani © (centurionis) frumentari leg(ionis) II Traian(ae) ; III, 3524 - ILS, 2375 (à

Aquincum, en 228 p.C. : le frumentarius Aurelius Pertinax est chargé de la restauration de la schola (scola) des speculatores ; voir à ce propos Chap. VI p. 271. Un frumentarius de la légion III Italica dédie une plaque votive lors

de son passage au sommet du col du Grand St-Bernard (V, 6869 - ILS, 4850 - I.Ital., XI 1 63) ; un bf cos et un

commentariensis se sont arrêtés au même endroit : I 7a et V, 6867 et Chap. IV p. 158-159.

189 Voir n. 191 ainsi que n. 188 (avec notamment les inscriptions de Salona et de Luna). Dans la région de

Tiffen en Norique est attestée la présence du centurion frumentarius C. Masculinius Masculus : III 4787 et III, 4861 ; il est possible qu'un bf d'un procurateur financier ait été détaché dans cette région minière située non loin de la capitale Virunum (CBI, 264 ; Alföldy 1974, 253 et 334 n. 4 rejette la restitution du titre bf) où la présence de bf

cos est largement attestée, voir Chap. IV p. 182. Sur la présence de bf proc. dans une région minière, voir par ex. CBI, 565, 566 et I 104 à Ampelum en Dacie – un bf cos y est connu vers 238 -244 p.C. : CBI, 567 – ainsi que CBI,

855-858 à Villalís en Espagne.

190 Annexe 8.

191 Balty & van Rengen 1993, 29. On observera que Verecundinus, centurion hastatus prior de la légion IV

Scythica, avait assumé successivement, au début de sa carrière, les fonctions d'exactus et de librarius, à la différence d'Aurelius Hermodorus (Balty & van Rengen 1993, 41), qui était pour sa part employé comme exactus d'un librarius du légat de la légion, au même endroit, au moment de son décès, à l'âge de 18 ans. Ce dernier n'avait accompli que 6 mois de service. Sur sa nomination rapide, voir Chap. VII p. 323.

192 III, 2063 - ILS, 2370.

193 Dion Cassius 79.14.1-4 avec Rankov 1987. Pour un speculator promu hastatus leg(ionis) puis princeps peregrinorum, VI, 36775 - ILS, 484.

speculator, sans passage par celui de bénéficiaire, se retrouve dans la carrière de Gargilius

Rufus, recruté vers le milieu du IIe s. dans la légion espagnole. Il est connu à Rome comme

frumentarius, par un autel qu'il y érige dans le contexte de la caserne des frumentarii ou Castra Peregrina, la caserne des frumentarii 194. Il est ensuite promu speculator et employé

dans l'officium du gouverneur de l'Hispania Citerior, à Tarragone, capitale de la province, où il consacre le monument funéraire d'un compagnon et collègue officialis, le bénéficiaire L. Aufidius Felix 195. Gargilius Rufus est enfin nommé com(mentariensis) ab actis

ciuilib(us) dans le même officium, à Tarragone, où il va exercer cette fonction jusqu'à sa

mort, qui l'emporte avant l'âge de la retraite 196.

Si le nom de leur troupe est régulièrement précisé dans l'énoncé du titre des

speculatores et des frumentarii, jamais en revanche n'apparaît explicitement celui d'un

gouverneur ou d'un autre supérieur, à l'exception de l'empereur qui semble les employer en général dans des missions spéciales, comme des espions, messagers ou policiers 197. Ils leur

arrrive aussi de répondre aux ordres d'un gouverneur si l'on en croit le récit d'Eusèbe sur l'arrestation de l'évêque Denis d'Alexandrie. L'épisode, qui a lieu au moment de la proclamation de la persécution de Dèce, montre un frumentarius envoyé par le préfet d'Égypte Sabinus pour arrêter l'évêque. Ce dernier serait resté quatre jours chez lui à attendre

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