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LES BÉNÉFICIAIRES : ESSAI DE DÉFINITION 1 L ES BENEFICIARII À L ' ÉPOQUE RÉPUBLICAINE

3. T ITULATURE ET STATUT DES BENEFICIAR

3.3. Le rattachement à la troupe

La présence de bénéficiaires est attestée dans tous les types de troupe, aussi bien à Rome que dans les provinces. La promotion d'un militaire au titre de bénéficiaire et son affectation au service d'un officier ou d'un autre supérieur n'entraîne habituellement pas de changement d'unité 120. Les rares cas de transferts chez les bénéficiaires apparaissent en

principe avant la promotion à ce titre. Le bénéficiaire reste inscrit dans les registres de son corps, même lorsque ses fonctions de bénéficiaire l'entraînent hors du siège de la troupe ou hors des limites de la province 121.

117 CBI, 751 ; voir aussi Annexe 12. 118 CBI, 39.

119 CBI, 728-729 : Annexe 1.3 et I 190, à Adraha en Arabie entre 259/260 et 262/263 p.C., avec Pflaum

1952, 307-330 = Pflaum 1981, 209-232 ; Thomasson 1972-1990, 333.

120 Voir CBI, 5 : Annexe 1.3 (l'établissement du texte est toutefois très incertain). La situation était

différente pour les frumentarii, à cause de leur organisation particulière en un numerus, centralisée à Rome : CBI, 841, avec notre commentaire en note de Annexe 1.3. (sous CBI, 5).

Dans les provinces avec une ou plusieurs légions, les bénéficiaires sont généralement tirés des troupes légionnaires stationnées dans la province, le gouverneur d'une province à plusieurs légions recrutant ses officiales dans chacune d'elles. La mention de l'unité apparaît dans près de 40 % des inscriptions votives et dans 50 % des inscriptions funéraires,!alors qu'elle n'est jamais précisée avec le titre de bénéficiaire dans les sources littéraires, ni dans les papyrus, même lorsqu'il s'agit d'un papyrus officiel du Haut-Empire, c'est-à-dire antérieur aux réformes militaires et administratives. Alors les bénéficiaires, tout en conservant leur titre militaire, deviennent des employés civils de l'administration provinciale. Il peut arriver, même si cela demeure relativement peu courant, que le bénéficiaire – ou ceux qui le commémorent – omette de préciser le titre de son supérieur, alors qu'il mentionne le nom de sa troupe 122. C'est le cas par exemple dans un énoncé du type

bf leg(ionis) VIII Aug(ustae), soit la mention du titre de bénéficiaire et de son affectation

légionnaire, sans précision du titre du supérieur. Ce type d'énoncé ne saurait correspondre, ou du moins pas systématiquement, à celui de bf leg(ati legionis)..., soit au titre de bénéficiaire d'un légat de légion, et cela même dans les provinces à une seule légion, contrairement à ce qu'on a pu le penser 123. On lui connaît un parallèle dans l'expression

benef. coh(ortis) II Thrac(um) rencontrée dans une inscription provenant de Thèbes, dont le

développement ne suscite aucune ambiguïté 124. A Sirmium, le bf leg. II Adi. T. Aurelius

Valentinus devait certainement dépendre de l'officium du gouverneur de la Pannonie Inférieure, comme tous ses collègues bf cos en poste dans la station. Il en va sans doute de même à Tarragone, capitale provinciale et siège du gouverneur de l'Espagne Citérieure, ou à Mérida, capitale de la Lusitanie, ainsi que dans la station de Celeia en Norique 125, où

l'abréviation bf leg suivie du nom de la légion concerne plus vraisemblablement le bénéficiaire d'un gouverneur que celui d'un légat de légion 126.

Bien que le nom de l'unité troupe apparaisse régulièrement dans les inscriptions, il est frappant de constater qu'il ne figure jamais en même temps que le titre du supérieur lorsqu'il est question d'un bénéficiaire employé dans l'officium d'un procurateur gouverneur. La même observation vaut semble-t-il aussi pour les autres militaires de cet officium. A l'inverse, le nom de la troupe apparaît dans l'énoncé du titre de plusieurs des bénéficiaires employés dans l'officium d'un procurateur non gouverneur 127. Nous avons toutes les raisons

de penser, que dans les provinces procuratoriennes comme dans les autres provinces

inermes, la majorité des membres de l'officium du procurateur gouverneur devaient être

fournis par les légats et les gouverneurs des provinces voisines, même s'il arrive que le

122 Dans les inscriptions funéraires, le pourcentage n'atteint pas 8 %, et dans les inscriptions votives,

érigées par les bf en personne, nous n'en avons relevé que 6 exemples : CBI, 26 à Trèves-Augusta Treuerorum, CBI, 43 à Vevey non loin de Martigny (le nom de la troupe, la légion XXII Primigenia, est en partie restitué), CBI, 228 à

Celeia, 13.12.211 p.C., CBI, 753 : Annexe 1.3 à Vazaiui : [bf] leg III Augustae, vraisemblablement promu

centurion, CBI, 854 à Tarragone, I 31 à Sirmium, en 208 p.C.

123 Sur la question : Rémy 1986, dont nous ne suivons toutefois pas toutes les conclusions (p. 324-326). 124 I 129. Ce document omis dans le CBI devrait aussi être rajouté à la liste d'Alston 1995, 184. Il est

possible vu le contexte de la provenance et le type de troupe que le bénéficiaire ait été employé au service de l'officier à la tête de cette cohorte stationnée dans la région.

125 CBI, 843 et 846, malgré les problèmes de transcription, et peut-être CBI, 853 et 854, CBI, 832 et 833

(voir infra p. 85), CBI, 228, etc.

126 Voir aussi à ce propos CBI, 199 : Annexe 1.3, avec Annexe 5. 127 Par ex. CBI, 23, 29, 31, 32, 34, 35.

procurateur choisisse certains de ses officiales directement dans les troupes auxiliaires – ou autres – mises à sa disposition dans sa province 128. La situation administrative des

légionnaires placés dans l'officium du gouverneur d'une province inermis voisine demeure ambiguë puisqu'ils sont d'une certaine manière rattachés à deux provinces, celle de la troupe dans laquelle ils ont été enrôlés, et celle du gouverneur auprès duquel ils ont été détachés. Serait-ce la raison pour laquelle ils n'insistent pas sur les détails de leur rattachement? Les conditions précises dans lesquelles sont organisés leur sélection, leur détachement, le mode de leur financement et leurs éventuelles possibilités d'avancement ne sont pas clairement établies. Il en va de même en ce qui concerne les autres militaires placés dans une situation comparable 129. Leurs inscriptions montrent néanmoins que jusqu'à leur mise en congé ou

leur décès, ces militaires conservent leurs liens avec la troupe dans laquelle ils ont été recrutés et dont le commandant demeure leur responsable administratif 130, à moins qu'ils

n'aient été transférés définitivement dans un autre corps de troupe, ou dans une autre province. Sur la base des documents connus jusqu'ici, il nous semble difficile de conclure que les beneficiarii d'un procurateur gouverneur étaient traités de manière différente que ceux qui étaient détachés auprès des autres gouverneurs de provinces inermes.

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