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Frontières de Numidie et de Maurétanie Césarienne

LES STATIONS DE BÉNÉFICIAIRES

1. O STERBURKEN ET S IRMIUM : DEUX STATIONS TYPES RÉVÉLÉES PAR L ' ARCHÉOLOGIE ET L ' ÉPIGRAPHIE

3.4. Frontières de Numidie et de Maurétanie Césarienne

En Numidie, le gouverneur avait détaché certains de ses bénéficiaires sur les deux lignes de dispositif militaire établies de part et d'autre de l'Aurès. L'un de ces postes se trouvait à Zoui-Vazaiui, sur la voie reliant Lambèse à Tébessa-Theueste par le sud 227. Son

nom précis apparaît sur un monument dédié au Génie de la statio Vazaiuitana que l'un des bénéficiaires – son titre est restitué – avait érigé lors de sa promotion au centurionat, ainsi que sur celui d'un corniculaire du préfet de la légion 228. Quoique très bien attestée dans les

sources épigraphiques, la station n'a laissé aucune trace décelée jusqu'ici sur le sol d'Aïn

222 CBI, 727 et 728 avec I 190 et Chap. V p. 265.

223 CBI, 702 (le service local n'est pas certain) et 709 (autel votif plutôt que funéraire). Le village de Souq

Wâdi Barada a livré des ruines et quelques inscriptions datées de l'époque de Marc Aurèle et de Lucius Verus (III, 199-201). Elles font allusion à des travaux effectués en 163-165 p.C. par Iulius Verus, légat d'Auguste propréteur de Syrie. Le nom au génitif Abilenorum qui figure dans l'une d'elles suggère la localisation en ce lieu du toponyme Abila connu par les itinéraires anciens.

224 A Umm idj-Djimâl : CBI, 710 : la fin de son nom et son titre, suivi de εκοσμησα, figure sur un

fragment d'architrave ; à Philadelphia : CBI, 722 et à Petra : CBI, 731 ; sur la voie Bostra-Aila, voir aussi Millar 1993, 138-139 ; sur le statut de Bostra comme capitale de la province, plutôt que sa rivale Petra : Bowersock 1983, 84-85, 91 et 100 et en dernier lieu Haensch 1997a, 238-243 et 556-563.

225 IGLS, XXI, 20, p. 53 (commentaire de M. Sartre).

226 CBI, 729 : Annexe 1.2, avec Graf 1988 et 1998 ; sur le site : Millar 1993, 139-140.

227 CBI, 752 à 757 auxquels s'ajoute probablement I 193. Plusieurs autels de bf sont dédiés pour fêter une

promotion (CBI, 753, 756, I 193 : voir Annexe 8) ou une fin de stationnement (CBI, 752 : voir Annexe 1.3), 753, 755 (= schola) ; CBI, 758 : Annexe 1.2 en revanche ne doit pas être retenu comme un ancien bénéficiaire.

228 CBI, 753 : Annexe 1.3 ; VIII, 17625 : la présence d'un corniculaire dans une station de bénéficiaires,

comme celle d'exceptores, n'est pas habituelle (voir infra p. 208-209). Il pourrait peut-être s'agir d'un bénéficiaire nouvellement promu corniculaire, comme c'est le cas dans le document I 193. Une dédicace à Mercurius

Zoui 229. Une autre station était active au début du IIIe s. (ou déjà à la fin du IIe?) à El Kantara-

Calceus Herculis, au sud-ouest de Lambèse, où le bf cos Aufustius Adiutor consacre un

autel au deus Sol 230. Ce poste se situe sur la ligne du limes de Numidie qui mène vers le

Burgus Speculatorius Antoninianus et vers le Burgus Speculatorius Commodianus, en place

depuis le milieu du IIe s. et où une présence militaire est clairement attestée vers 176-177

p.C. 231 El Kantara se présente comme un passage dans lequel il était difficilement

envisageable d'installer un camp. L'emplacement d'un camp permettant d'abriter plusieurs centaines d'hommes a été récemment localisé à Bedoura, soit à 13 km au nord d'El Kantara 232.

Un autre bénéficiaire du gouverneur de Numidie avait été détaché plus loin, à El- Gahara dans l'Atlas saharien, sur la route jalonnée de forts datés à partir de l'époque de Septime Sévère qui mène de Lambèse à Aïn-Rich-Castellum Dimmidi 233. A la différence de

son collègue stationné à El Kantara, le bf cos Pomponius Maximus qui consacre à El-Gahara un autel à Sol Inuictus Mithra n'était pas le seul dédicant. Il s'associe aux vœux de plusieurs commandants des troupes en garnison locale, le centurion légionnaire Iulius Florus et le décurion C. Iulius Pastor, commandant de l'aile I des Pannoniens 234. Ces troupes auxquelles

s'ajoutent des militaires d'un numerus Palmyrenorum 235 occupaient le camp entouré de

plusieurs enceintes construit à El-Gahara, dans les environs duquel s'est développée une zone urbaine, sur une douzaine d'hectares. Une garnison composée des mêmes éléments militaires – on n'y connaît toutefois aucun bf cos – occupait l'avant-poste de Messad-

Castellum Dimmidi, au sud-ouest d'El-Gahara 236.

Dans le Djebel Amour, soit largement au sud du limes de Maurétanie Césarienne, a été mis au jour entre El Bayadh et Aflou un monument votif érigé en 174 p.C. pour le salut de l'empereur Marc Aurèle et du gouverneur de Numidie M. Aemilius Macer. Répondant aux voeux qu'il avait formulés avant son départ pour une expédition dont les mobiles exacts ne nous apparaissent pas clairement, le décurion Catulus célébrait sa promotion de décurion au grade de centurion légionnaire, associant dans sa dédicace ses compagnons d'armes : deux décurions de cohortes, un bénéficiaire, un dupl(icarius) d'aile auxiliaire et quatre

sesq(uiplicarii), des militaires détachés de l'armée de Numidie et de l'aile Flavia, venus en

Maurétanie par le sud, en suivant l'Atlas. Agueneb servait de base d'intervention et les militaires, une fois leur mission accomplie, y retournèrent. Cette expédition au terme de laquelle Catulus était rentré sain et sauf et fut récompensé par la promotion attendue

229 Le Bohec 1989a, 419 et 424.

230 I 137. Sur le poste : Le Bohec 1989a, 170, 381, 425, 485 (fig.9), 578 et Carcopino 1925 ; sur la

localisation : Salama 1951, 122 (avec carte) et Morizot 1991, 337-346.

231 VIII, 2501 ; AE, 1933, 42 - AE, 1980, 953 : centurion ; Salama 1951, 122 ; voir aussi VIII, 2494 - ILS,

2636 et VIII, 2495 : burgum speculatorium (sic) inter duas uias ad salutem commeantium (sous Caracalla).

232 Morizot 1997.

233 CBI, 824 : Annexe 1.3. C'est donc bien sur le limes de Numidie – et sous l'autorité du légat de cette

province – qu'était détaché ce bf cos, et non pas comme le pensent les éd. du CBI, sur le limes de Maurétanie Césarienne, qui se situe au nord de l'Hodna. Sur la localisation : Picard 1944, 51-53 ; Salama 1951, carte ; Le Bohec 1989, 435-436, 485-486 et 578 ; Le Bohec 1995b, 140.

234 Voir CBI, 824 : Annexe 1.3, avec les références aux inscriptions qui concernent ces deux militaires. 235 Sur ce dernier, AE, 1992, 1856.

demeure mal connue 237. S'agissait-il d'une opération défensive destinée à repousser les

assauts de tribus nomades venant du sud et à protéger les limites méridionales de la domination romaine en Maurétanie? Une tentative de poussée vers le sud est possible, mais surprend si l'on tient compte de la situation topographique avec les montagnes et le désert. Il pourrait aussi s'agir d'une exploration, ou peut-être même d'une chasse aux lions destinés aux spectacles dans les amphithéâtres de la province, ou à l'exportation 238. Dans un tel cas,

une telle perspective était-elle suffisamment importante pour que soit garantie à Catulus une promotion au titre de centurion, une fois sa mission accomplie? Le titre du supérieur du bénéficiaire qui faisait partie des adiuuantes de Catulus a malheureusement été perdu dans la lacune de la partie droite du monument. Il pouvait s'agir d'un bénéficiaire d'un tribun légionnaire ou de celui d'un commandant de troupe auxiliaire. Mais la dédicace et le fait que le détachement était placé sous l'autorité militaire du gouverneur de la Numidie pourraient aussi expliquer que ce dernier ait souhaité associer au détachement l'un de ses bénéficiaires, peut-être un homme qui connaissait bien la région pour y avoir stationné, comme ceux qui se trouvaient à El Kantara et à El Gahara, tout au plus quelques dizaines d'années plus tard. Soulignons qu'à la différence des deux décurions cités avant lui le bénéficiaire n'assumait pas de responsabilités dans le commandant militaire 239.

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