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Les bénéficiaires dans les cohortes des vigiles

LES DIVERS TYPES DE BÉNÉFICIAIRES :

1. A GE ET ANNÉES DE SERVICE DES BÉNÉFICIAIRES

2.1. Les bénéficiaires dans les cohortes des vigiles

Le soldat recruté dans les cohortes des vigiles ne peut qu'exceptionnellement aspirer à une position de commandement militaire. Nous verrons plus loin qu'un certain nombre de centurions employés dans cette troupe sont eux-mêmes issus des cohortes prétoriennes, dès le Ier s. p.C. Plusieurs d'entre eux avaient rempli une fonction de bénéficiaire du préfet du

prétoire. Au IIIe s., il n'est pas rare que les centurions des cohortes des vigiles soient

originaires des provinces balkaniques et danubiennes 29.

Deux bases de statues érigées en l'honneur des empereurs, qui contiennent les noms des soldats de la 5e cohorte des vigiles, permettent de se faire une idée des promotions

obtenues durant le laps de temps qui les séparent et qui est estimé à une période de 5 ou 10 ans, entre 200-205 et 210 p.C. 30 La plupart des bénéficiaires connus dans la 1ère liste, qu'ils

appartiennent à l'un ou à l'autre des officia – tribun, sous-préfet ou préfet – ne figurent plus dans le latercule de 210 p.C. Parmi les explications possibles, on peut penser à un transfert dans une autre cohorte, à la retraite ou à la mort. Quelques-uns des bénéficiaires conservent leur poste dans le même officium ; c'est le cas notamment de ceux qui ont atteint la position de bénéficiaire du préfet, comme M. Pontius Diodorus et Iulius Boatius Rusticus. Pour ces bénéficiaires, les chances d'une promotion au sein de l'officium se montrent très limitées. Plusieurs secutores du tribun, par exemple C. Audemius Iustus, L. Iulius Geminus et C. Vettius Primus, de la centurie de Valens, ont profité d'un avancement au poste de bénéficiaire dans le même officium. Le dernier, Vettius Primus, est également connu sous ce titre comme le dédicant d'un petit bloc de marbre inscrit de Rome 31.

La promotion du bénéficiaire du tribun C. Valerius Raeticus comme tesserarius dans la centurie 32 est un exemple de progression ordinaire, souvent attestée. Elle rappelle celle de

l'Africain Q. Iulius Galatus. Il a attendu sept ans avant d'être nommé comme secutor du tribun ; après deux ans dans cette fonction, le tribun en question en fit son bénéficiaire,

beneficiarius eiusdem. Galatus devient ensuite uexillarius, une fonction qu'il conserva

pendant trois ans, jusqu'au moment de sa mort survenue alors qu'il avait 37 ans. Dans les cohortes des vigiles, dont le caractère militaire est nettement moins prononcé que dans les autres troupes, c'est un uexillarius, et non pas un signifer, qui est chargé de porter les enseignes 33. Si les chiffres qui figurent dans son inscription funéraire sont corrects, Galatus,

recruté alors qu'il avait déjà 23 ans, n'avait pas réussi en 14 ans de service à atteindre une

27 Par ex. I 115, Ier s. Sur les étapes de la carrière de ce Macédonien recruté dans la cohorte IV du prétoire,

qui remplit le poste d'optio entre celui de bénéficiaire du tribun et celui de bénéficiaire du préfet du prétoire, voir Annexe 1 ; CBI, 865.

28 CBI, 939 : Annexe 1.3 : un bf subpr. promu bf pr. Sur la carrière de cet anonyme, voir infra p. 92. 29 Voir par exemple les centurions mentionnés dans CBI, 900, avec la mention de leur origine. 30 CBI, 899 et 900.

31 CBI, 920 où il précise son appartenance à la centurie de Valens, © Valen(tis).

32 CBI, 899 et 900. Pour le passage du poste de bf trib à un poste dans la centurie dans les vigiles, au IIe s.,

voir aussi l'anonyme de CBI, 958 et ci-dessous Q. Iulius Galatus de CBI, 946.

position dans l'officium du préfet des vigiles ni même dans celui du sous-préfet. Son cursus se distingue donc par sa lenteur de celui de T. Sextius Iulianus, décédé sans doute lors de son détachement à Ostie. A 28 ans au plus tard, Iulianus avait déjà atteint la position de bénéficiaire dans l'officium du préfet des vigiles 34.

La représentation sur le monument funéraire de Galatus figure un personnage portant dans sa main droite la fustis et dans sa main gauche des tablettes à écrire. De tels attributs se rencontrent aussi dans la même disposition sur des monuments de bénéficiaires ou de soldats prétoriens, en particulier lorsque ces derniers sont en service détaché hors de Rome 35. Cette représentation pouvait-elle illustrer la fonction assumée précédemment par

Galatus, lorsqu'il était le bénéficiaire du tribun, plutôt que celle de uexillarius, le titre qu'il portait au moment de sa mort? Comme nous le verrons plus loin, il est possible qu'elle évoque d'une manière générale les fonctions des soldats des vigiles et en particulier celles des sous-officiers de ces cohortes employés au maintien de l'ordre et de la sécurité dans la capitale. Ces militaires étaient en effet autorisés par le préfet des vigiles à user du bâton ou même du fouet contre ceux qui mettaient en danger la vie d'autrui en utilisant du feu sans précaution, ou en le gardant dans leur maison 36.

Ce dernier titre de uexillarius correspond en rang à celui d'optio, l'une des trois charges tactiques qui précèdent la nomination au poste de bénéficiaire d'un sous-préfet des vigiles, comme le signale la promotion de Ti. Claudius Speratianus 37. Dès 113 p.C., une telle

promotion entraîne le statut de principalis et la prééminence dans l'officium du sous-préfet ; le rang se situe juste en-dessous de celui des officiales du préfet 38. La promotion de l'option

Speratianus au poste de bénéficiaire du sous-préfet était peut-être le début d'une carrière prometteuse si l'on compare ses débuts avec ceux d'un anonyme dont la carrière est partiellement conservée sur le fragment de sa pierre funéraire. Ce dernier, qui accomplit toute sa carrière dans l'administration des vigiles, révèle à notre connaissance la promotion la plus élevée à laquelle un ancien bénéficiaire des cohortes des vigiles pouvait aspirer. Une fois nommé uexillarius dans la centurie, sans doute après un premier emploi dans l'officium d'un tribun, comme nous en avons vu des exemples, il est promu comme bénéficiaire du sous-préfet, puis passe dans l'officium du préfet où il accomplit les échelons successifs de bénéficiaire, tabularius puis commentariensis, avant d'obtenir le poste de corniculaire et la direction du bureau. Il termine son service avec le titre d'emeritus 39.

Comme Raeticus, Speratianus, Galatus et un anonyme devenu uexillarius puis

imaginifer 40, C. Aecius Similis, bénéficiaire dans l'officium d'un tribun de cohorte des

vigiles, sans doute dans la première partie du IIe s., a rempli par la suite un poste dans les

charges tactiques, en qualité d'option. Similis, après avoir été recruté comme soldat dans les

34 CBI, 862.

35 Chap. VI p. 286 n. 82-288 et Speidel 1993a. 36 Digeste, 1.15.2-4.

37 CBI, 899 et 900.

38 CBI, 912 ; dans CBI, 915 (203 p.C.), le premier des principales cités est également un bénéficiaire, mais

employé dans l'officium du préfet.

39 CBI, 939 : Annexe 1.3. L'identification du bénéficiaire du préfet des vigiles C. Valerius Iulianus avec

l'évocat d'Auguste rattaché à une cohorte du prétoire (Ott 1995, 169) nous semble peu probable.

cohortes urbaines, a été promu comme bénéficiaire d'un tribun des vigiles. Une telle promotion avec rétrogradation du type de troupe rappelle les situations bien connues où la promotion à un titre supérieur entraîne un recul dans le rang du supérieur 41.

Ces divers exemples qui révèlent les possibilités de carrière des bénéficiaires des cohortes des vigiles nous invitent à considérer avec un certain scepticisme l'hypothèse selon laquelle le bénéficiaire Anatellon aurait pu porter simultanément les titres d'optio de la centurie et de beneficiarius praefecti, dans une inscription d'Ostie. On peut se demander s'il n'a pas plutôt été promu comme bénéficiaire, puis désigné comme l'option des bénéficiaires, ce titre trouvant un parallèle direct et de lecture certaine dans un texte papyrologique 42.

Puisqu'il figure dans la première des deux listes mentionnées ci-dessus sous le titre d'ac(tarius) pr(aefecti), le même personnage occupait donc déjà aux alentours de 205 p.C. une place dans l'officium du préfet des vigiles, soit un rang vraisemblablement plus élevé que le poste d'optio dans la centurie 43. La rareté de son nom et la proximité chronologique

entre ce document et celui d'Ostie rendent l'identification fort probable 44. En 205 p.C.,

Anatellon était rattaché à la centurie d'Aelius Torquatus, de même que deux bénéficiaires du tribun, un bénéficiaire du sous-préfet et un dernier, employé au service du préfet. On en déduira qu'il lui a fallu environ 5 ans pour être nommé comme bénéficiaire, avant d'être désigné comme leur option, dans l'attente d'une éventuelle promotion comme corniculaire. Au IIe s., il fallait au moins avoir atteint le titre de corniculaire du préfet des vigiles pour

pouvoir aspirer à un poste de commandement, comme le centurion légionnaire Sex. Aetrius Ferox dont la carrière per incrementa gradus militiae suae s'est déroulée à l'époque d'Antonin le Pieux 45.

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