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Les bénéficiaires dans les cohortes prétoriennes

LES DIVERS TYPES DE BÉNÉFICIAIRES :

1. A GE ET ANNÉES DE SERVICE DES BÉNÉFICIAIRES

2.3. Les bénéficiaires dans les cohortes prétoriennes

Le service au sein de l'officium du préfet du prétoire offre généralement un excellent tremplin pour la suite d'une carrière jusqu'au centurionat, primipilat et parfois même au delà vers la carrière équestre. Sur les 55 bénéficiaires connus dans les cohortes prétoriennes, 27, soit la moitié, ont atteint la position de bénéficiaire dans l'officium du préfet du prétoire, parmi lesquels on en compte encore une moitié (13) qui ont dépassé ce poste. Avant de devenir bénéficiaire d'un préfet du prétoire, le soldat d'élite accomplit en général plusieurs étapes au cours desquelles il accumule une expérience à la fois militaire et administrative. Il passe habituellement de l'officium d'un tribun du prétoire à celui du préfet du prétoire, en intercalant son service dans l'entourage d'un officier par le recouvrement d'un ou de plusieurs postes dans la centurie. Cela lui prend plusieurs années et explique que ce poste soit souvent revêtu par des prétoriens à la fin des 16 années de service obligatoire 51. S'il est

49 Wuilleumier 1948, 20-22 ; sur la garnison de Lyon : Bérard 1993. 50 CBI, 865.

51 CBI, 927 : inscription funéraire d'un bénéficiaire employé dans l'officium des préfets du prétoire,

incomplète (la partie inférieure de la dernière ligne conservée est tombée dans la brisure). Il est difficile d'établir avec certitude si le nombre des années de service est VI ou XI, mais si l'on considère les étapes qui précèdent habituellement ce poste, le chiffre XI est plus probable que celui de VI : cf. Breeze 1974a, 255 ; voir aussi CBI, 947 : ce bf pr pr est décédé à Rome au IIe s. à l'âge de 44 ans après 12 ans de service et 2 mois. Le soldat aurait été

ambitieux et souhaite devenir un jour centurion ou même primipile, le bénéficiaire des préfets du prétoire accepte de prolonger son service au delà du temps requis. Il devient ainsi un euocatus ou un rappelé, et au cours de nouvelles étapes dans sa carrière, il se spécialise dans l'organisation et la gestion d'une troupe et dans l'exercice de commandements militaires. Celui qui persiste encore, soutenu par ses compétences personnelles, par l'appui d'excellentes relations sociales ou par la chance, peut espérer aborder la carrière équestre, s'il en a les moyens financiers, dans des circonstances qui demeurent exceptionnelles.

2.3.1. Les bénéficiaires des préfets du prétoire promus centurions et primipiles Dès le Ier s., lorsque les bénéficiaires du préfet du prétoire se montrent prêts à

reprendre le service comme euocati, ils sont généralement assurés d'une promotion au grade de centurion. Un tel parcours illustre la formation des militaires d'élite destinés à assumer plus tard des postes de commandement, notamment au sein des troupes légionnaires romaines. Une partie des centurions légionnaires était par ailleurs issue des troupes légionnaires elles-mêmes.

La carrière de L. Tatinius Cnosus, l'un des nombreux macédoniens recrutés comme prétoriens, est de ce point de vue exemplaire. Ce militaire, originaire de Philippes, recruté comme prétorien durant le Ier s., fut promu comme singularis puis comme bénéficiaire d'un

tribun de cohorte prétorienne avant de remplir une seule fonction dans la centurie, celle d'option, et d'entrer dans l'officium des préfets du prétoire comme bénéficiaire 52. Rappelé

comme évocat, décoré de récompenses militaires par l'empereur Domitien, il obtint sa promotion comme centurion, d'abord à la tête d'une cohorte des vigiles 53, puis des statores,

et, enfin, d'une cohorte urbaine 54. Un anonyme au IIIe s. a suivi une carrière comparable,

malgré quelques différences. Il occupa pour sa part trois postes successifs dans la centurie avant d'être nommé bénéficiaire d'un préfet du prétoire. Après son rappel, comme Cnosus, il fut nommé centurion d'une cohorte des vigiles, puis centurion des statores 55. Il est probable

que C. Ligustinius Disertus, un Italien originaire d'Acqualagna-Pitinum Mergens, ait suivi un parcours comparable, avant sa promotion comme bénéficiaire des préfets du prétoire sous Trajan ou Hadrien. Dans la dédicace qu'il plaça en son honneur, son affranchi Eutyches s'est contenté d'évoquer ses fonctions militaires supérieures, notamment son titre de bénéficiaire des préfets du prétoire et ses trois centurionats successifs, en Bretagne, en Syrie, dans le contexte de la guerre des Juifs, et à nouveau en Bretagne, dans la même légion XX Valeria 56.

52 I 115. La pierre a été découverte en bordure du forum de Philippes, devant le temple, en 1930-1931. La

mention de la tribu Voltinia indique une origine locale. Sur les Macédoniens recrutés dans les cohortes prétoriennes, voir Sarikakis 1977, 434 et 436, qui en compte 55 ; selon Rizakis 1995, 380-381, un tiers des militaires connus dans les inscriptions de Macédoine provient de Philippes. Pour un nouveau diplôme militaire de Thessalonique découvert en 1996, daté de 227 p.C. et attribué à un Macédonien recruté comme prétorien, voir Antonaras & Nigdelis 1998.

53 Ce sont ses anciens subordonnés dans les vigiles qui font ériger ce monument en son honneur, à

Philippes, au moment de leur mise en retraite, lorsqu'ils reçoivent leur titre de vétéran.

54 Avant d'être promu comme centurion de la XIe cohorte urbaine, Tatinius Cnosus avait érigé un autel

votif dédié à Quieti Aug. / col(oniae Philippiens(is) ; cf. BCH, 56, 1932, 220-221.

55 CBI, 957.

56 CBI, 875 ; l'indication de la tribu Clustumina suggère une origine locale. La dédicace d'Eutyches suit

l'invitation à la dégustation de friandises et de moût à laquelle Disertus, en sa qualité de patron, avait convié les décurions et la plèbe de sa ville d'origine. Il est possible que cette collation soit une réponse à une invitation à

Dès la première moitié du IIe s., ces anciens bénéficiaires des préfets du prétoire

pouvaient même atteindre le primipilat lorsqu'ils acceptaient de reprendre du service, comme le montre la carrière de C. Oppius Bassus, patron en 137 p.C. de sa ville d'origine, la colonie d'Auximum. Ce soldat, transféré au début de sa carrière des cohortes urbaines dans les cohortes prétoriennes, revêtit les trois postes habituels dans la centurie avant de devenir bénéficiaire d'un préfet du prétoire, de prolonger son service comme évocat, d'obtenir le titre de centurion qui le conduisit en Mésie et en Égypte, puis celui de primipile 57. Une

inscription très fragmentaire de Rome fait connaître un autre prétorien, un anonyme, dont le parcours peut être comparé à celui de Bassus. Vraisemblablement recruté dans une cohorte urbaine, il a été transféré vers la fin du IIe s. dans une cohorte prétorienne où il obtient un

poste de bénéficiaire dans l'officium des préfets du prétoire, comme le suggère la suite de sa carrière. Rappelé au service comme euocatus, il est nommé centurion puis primipile, dans les premières décennies du IIIe s. 58. C'était sans doute pour fêter sa nomination comme

primipile de la légion XXII Primigenia en 192 p.C. qu'un certain Sextilius, originaire de

Vercellae en Italie, érigea un autel à Mayence, malheureusement partiellement conservé 59.

Ce militaire promu comme bénéficiaire des préfets du prétoire vers le milieu du IIe s.,

transféré dans la légion de Mayence vraisemblablement avant son rappel comme évocat en 157 p.C., retrace avec minutie, en les datant, toutes les étapes de sa très longue carrière. Amblasius Secundus, un ancien bénéficiaire des préfets du prétoire aurait sans doute pu lui aussi prétendre au primipilat après son double centurionat dans les cohortes de Rome et dans la légion V Macedonica, si la mort ne l'avait pas frappé auparavant 60.

Si, comme nous l'avons vu, le poste de bénéficiaire était un excellent tremplin pour les prétoriens qui visaient le centurionat, il n'était pas un passage obligé, comme le montre l'exemple d'Octavius Secundus, un soldat recruté lui aussi dans une cohorte urbaine, puis transféré dans une cohorte prétorienne 61. Après son transfert, Secundus occupa trois postes

auprès d'officiers du prétoire, celui de singularis au service d'un tribun, puis de bénéficiaire dans le même officium, sans doute dans les années 114-118 p.C. 62, et de singularis du préfet

du prétoire. Il revêtit ensuite trois fonctions dans la centurie – optio, signifer et fisci

curator 63 – au terme desquelles, à la différence de ses collègues promus comme

57 CBI, 872 et 873. 58 CBI, 938. 59 CBI, 123. 60 I 195. 61 CBI, 671.

62 L'inscription date approximativement de 135-150 p.C., mais on peut estimer qu'il fut nommé

bénéficiaire du tribun du prétoire vers 114-118 p.C., après environ sept ou huit ans de service (Breeze 1974a, 255- 256).

63 Secundus, à la différence de l'ensemble des soldats du prétoire qui remplissent généralement l'un ou les

trois postes de la centurie, tesserarius, optio, et signifer, accomplit celui de fisci curator ; voir à ce propos Dobson 1978, 123, qui cite un autre cas inhabituel (XI, 5646 - ILS, 2081 add. - Dobson 1978, 121).

prendre part parmi les décurions de Pitinum Mergens. Mais Disertus ne porte pas de titre de magistrat dans ce document, ce qui fait douter de son adlectio parmi les décurions de sa ville natale. Quant à son déplacement en Syrie, Birley 1965, 29-30, émet l'hypothèse qu'il se serait fait dans le cadre d'une uexillatio, envoyée en renfort en Syrie, lors de la guerre des Juifs. Un texte de Dion Cassius 69.13.2, nous apprend en effet que vers 132 p.C., Hadrien avait dépêché dans cette région insurgée le plus compétent de ses généraux, Sex. Iulius Severus, alors gouverneur de la Bretagne. Il est donc possible que celui-ci s'y soit rendu avec un détachement de troupes installées dans sa province, dans lequel se trouvait le centurion Disertus. Le service en qualité de bénéficiaire du préfet du prétoire se situe par conséquent avant la guerre juive d'Hadrien, soit sous le règne de Trajan ou d'Hadrien.

bénéficiaires dans l'officium des préfets du prétoire, il fut nommé à la tête de l'officium du tribun, comme cornicularius. Il décida de reprendre le service comme euocatus et atteignit le centurionat dans une légion en Palestine où, au cours du bellum Iudaicum d'Hadrien (132- 135 p.C.), il gagna ses décorations militaires décernées par l'empereur 64. Il fut ensuite

envoyé à Nouae en Mésie Inférieure comme centurion de la légion I Italica et devient primipile 65. Secundus s'engagea en outre dans la carrière municipale, probablement à la fin

de son service 66. Il fut décurion dans plusieurs colonies, notamment à Actium Nicopolis ainsi

que dans une colonie portant le nom d'Ulpia (en Dacie ou en Mésie?), où il fut décoré des ornements du duumvirat, ce qui impliquait de sa part des dépenses et largesses importantes.

Dès Trajan, il arrive que certains prétoriens puissent être directement nommés centurions pendant leurs 16 années de service obligatoire, sans avoir à passer par l'euocatio. De telles conditions sont généralement réservées à ceux qui, durant leur temps de service, ont atteint un rang supérieur à celui de bénéficiaire du préfet du prétoire, c'est-à-dire aux

cornicularii des préfets du prétoire 67. Au IIIe s. p.C., lorsque ces derniers peuvent accéder

directement aux postes équestres 68, la promotion directe au centurionat semble s'ouvrir aux

bénéficiaires des préfets du prétoire. Nous n'en connaissons toutefois qu'un seul exemple, ce qui permet de penser qu'une telle promotion resta limitée à des cas d'exception. Il s'agit d'un anonyme originaire de la région de Scupi en Mésie Supérieure, dont le parcours se révèle sensiblement différent de celui de l'ensemble de ses collègues recrutés directement dans une cohorte prétorienne. Il débuta dans la carrière militaire comme légionnaire, probitus (!) in

leg. VII Claudia puis, transféré dans les cohortes prétoriennes, lectus in praetorium et

nommé eques, il entra comme bénéficiaire au service des préfets du prétoire, d'où il fut promu centurion 69. C'est en qualité de centurion qu'il servit en Germanie, une fonction que

cet ancien bénéficiaire a atteinte sans avoir auparavant reçu le titre d'euocatus. Le Pannonien Aurelius Tertius, également transféré d'une légion de Mésie dans les cohortes prétoriennes et promu bénéficiaire dans l'officium des préfets du prétoire, est décédé pendant son service à Rome, au IIIe s. Agé de 45 ans, il n'avait accompli que 14 années de service au moment de

son décès, survenu avant qu'il ait pu obtenir une éventuelle promotion au delà de son rang de bénéficiaire 70.

Nous ne connaissons aucun exemple d'un bénéficiaire des préfets du prétoire qui aurait été promu comme corniculaire à la tête de cet officium. Le parcours suivi par T. Flavius Rufus au milieu du IIe s. témoigne, néanmoins, d'une évolution des perspectives

64 Maxfield 1981, 187. 65 Dobson 1978, 123.

66 Dans certains cas, les magistratures civiles ont été assumées parallèlement aux activités militaires. Voir

Chap. VII p. 301-312.

67 XI, 5358 - ILS, 1325 ; ILS, 2666 avec n. 1 ; III, 3846 - ILS, 2651 ; XI, 6055 - ILS, 2743 avec IX, 5898 - ILS, 1386 etc. ; Breeze 1974a, 246 et 1974b, 439.

68 Domaszewski & Dobson 1981, 21 ; Breeze 1974b, 439.

69 CBI, 133. On admettra que la restitution de l'abréviation © est correcte, vu la présence de promotus, de ex devant le titre de bénéficiaire, du lieu de provenance du monument dans le camp de la légion XXII à Mayence, et

de l'expression finale Dardania me genuit tenuit Germania, qui met en relief la présence de l'ancien prétorien en Germanie. En outre, si l'on en croit la description de ce document aujourd'hui perdu, le soldat tenait dans ses mains un uolumen et la uitis du centurion, ce qui ajoute une touche de crédibilité à la restitution.

offertes à ces soldats d'élite 71. Recruté dans les cohortes urbaines et transféré dans les

cohortes prétoriennes, Rufus occupa deux postes dans la centurie, comme architectus puis

tesserarius, avant d'être nommé bénéficiaire des préfets du prétoire, bf praefector. praetor.

Sa promotion fut rapide puisqu'à la différence des prétoriens dont les carrières ont été examinées ci-dessus, il devint corniculaire du préfet de l'annone, cornicularius praef. anno., puis centurion, avant même d'avoir achevé son service obligatoire, si l'on en juge d'après l'absence de la mention de l'euocatio dans le texte. Ce commandement militaire qu'il exerça successivement dans quatre légions le fit voyager de Pannonie en Mésie puis en Bretagne, avant de l'entraîner en Espagne comme centurion de la légion VII Gemina. Selon ses vœux exprimés par voie testamentaire, ses deux héritières, sa soeur Ulpia Pientissima 72 et celle qui

fut sans doute sa compagne, Aelia Secundina, érigèrent un monument en son honneur, à Ravenne. Rufus n'était pourtant pas originaire de ce lieu comme le révèle son inscription dans la tribu Pupinia – les citoyens de Ravenne faisaient partie de la tribu Camilia –, ce qui porte à croire qu'il s'était peut-être installé dans cette région.

Flavius Rufus est le seul corniculaire connu qui ait été employé au service du préfet de l'annone, le plus haut fonctionnaire chargé à Rome de l'approvisionnement en blé. Sa promotion de bénéficiaire à corniculaire alla de pair avec un recul dans le rang du supérieur et de l'officium. La préfecture de l'annone était un poste trecenarius qui se situait dans le cursus équestre avant la préfecture d'Égypte ou la préfecture du prétoire. L'existence de bénéficiaires dans l'officium du préfet de l'annone est difficilement contestable, par analogie aux autres officia, en particulier ceux des grandes préfectures, bien qu'aucun témoignage d'un tel sous-officier ne nous soit parvenu. On connaît en revanche un corniculaire employé au service du procurateur de l'annone à Ostie, ainsi que des bénéficiaires, qui sont réunis en association, autour d'un patron 73.

2.3.1. Les bénéficiaires prétoriens promus dans l'ordre equestre

Parmi les quelques militaires anciens bénéficiaires qui ont réussi à entrer dans l'ordre équestre, et sur les carrières desquels nous reviendrons plus loin, on en compte deux, M. Vettius Valens et L. Cominius Maximus, l'un au Ier s., l'autre dans la seconde partie du

IIe s., qui se distinguent par l'aboutissement de leur carrière. Dans les deux cas, ces soldats

d'élite italiens ont obtenu un poste de procurateur équestre, au terme d'une longue carrière au cours de laquelle ils ont eu l'occasion de se perfectionner dans l'administration et dans le commandement de troupes, à Rome et dans les provinces.

La carrière de M. Vettius Valens révèle un exemple parfait d'une promotion sociale gagnée par le métier des armes, durant le Ier s. p.C. Cet italien originaire de Rimini, recruté

dans les cohortes prétoriennes, participe en qualité de bénéficiaire du préfet du prétoire à la campagne de Bretagne sous Claude (43-44 p.C.), au cours de laquelle il obtient des décorations militaires 74. A la fin de son service obligatoire, décoré d'une couronne d'or, il

prolonge ses activités militaires comme euocatus et revêt divers centurionats à Rome, dans

71 CBI, 879.

72 Sur le cognomen : Kajanto 1965, 251. Les éditeurs du CBI proposent la lecture pientissima soror. 73 Le corniculaire : XIV, 160 - ILS, 1428 ; Clauss 1973a, 18. Les bénéficiaires : CBI, 859 : Annexe 1.3 ;

voir Chap. VI p. 276. Rickman 1980, 222.

les trois types de cohortes ainsi qu'à la tête des statores. Il exerce ensuite la fonction d'exercitator des equites speculatores, des cavaliers rattachés aux cohortes prétoriennes,

speculatores praetorii, et employés au Ier s. comme gardes du corps de l'empereur 75. Ce sont

précisément ces speculatores qui se seraient associés quelques années plus tard pour ériger une statue en son honneur, à Rimini où il a reçu le titre de patron de la colonie, et faire graver l'inscription qui nous concerne 76. Vettius Valens quitte ensuite Rome pour se rendre en

Pannonie comme princeps praetorii. Il est peu probable qu'il ait été nommé comme princeps de l'officium du légat de la légion XIII Gemina, un poste de rang inférieur au centurionat occupé plus vraisemblablement par un corniculaire. Le grade de ce soldat d'élite et la longue expérience de commandement qu'il a déjà accumulée permettent plutôt de penser qu'il a été choisi pour devenir le chef du bureau du gouverneur, une fonction réservée à un centurion comme l'attestent plusieurs documents, certes de datation plus tardive 77. Le choix d'un

prétorien d'origine italienne, plutôt que d'un militaire issu de l'intérieur de la province, ou du sein même de l'officium, n'est certainement pas sans relation avec la datation haute du document, vers le milieu du Ier s. Après son séjour en Pannonie, Valens se rend en Bretagne

comme primipile de la légion VI Victrix. Il aborde la carrière équestre et revêt ensuite plusieurs tribunats dans les cohortes de Rome, en suivant la progression habituelle, du moins prestigieux au plus digne, et passe de la cinquième cohorte des vigiles à la douzième cohorte urbaine et enfin à la troisième cohorte prétorienne. Il obtient pour finir un primipilat bis de la légion XIV Gemina Martia Victrix en Bretagne 78, avant d'être nommé sous Néron comme

procurateur financier de la Lusitanie. C'est à ce poste qu'il se trouve lorsque la dédicace est érigée en son honneur en 66 p.C. par ses anciens subordonnés. De ce nouveau chevalier naîtra un sénateur en la personne de son petit-fils et homonyme M. Vettius Valens 79.

Plus d'un siècle plus tard, L. Cominius Maximus, un militaire originaire de Mantoue recruté comme prétorien et promu bénéficiaire du préfet du prétoire a suivi un parcours sensiblement comparable qui l'a mené à un poste de procurateur. Comme Valens, il prolonge son service comme euocatus Augustorum, – ce rappel a lieu sous le règne de deux empereurs, sans doute Marc Aurèle et Lucius Verus – puis accomplit trois centurionats dans les cohortes de Rome, en suivant la même progression que Vettius, des vigiles au prétoire. Il devient alors primipile, occupe trois postes de tribun, à nouveau dans les trois types de cohortes de Rome, obtient un primipilat bis et le commandement de la légion II Traiana Fortis en Égypte avec le titre de préfet de légion, puis un poste de procurateur 80. Il est décédé

à l'âge de 82 ans, dans la première décennie du IIIe s.

Aucun de ces ambitieux prétoriens n'a joui d'une promotion directe du rang de

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