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Les quelque 85 documents papyrologiques recensés s'échelonnent de l'époque républicaine à l'époque byzantine, du Ier a.C. au VIe s. p.C. 225 Plus de la moitié datent du

IVe s., soit d'une époque où les bénéficiaires ont pratiquement disparu des sources

épigraphiques. Au cours du siècle suivant, les documents se raréfient, se concentrant principalement dans la première moitié du siècle 226. Le nombre des papyrus contraste avec

celui des rares documents épigraphiques qui nous sont parvenus de la province d'Égypte. Si l'on écarte les graffites, signatures ou actes d'adoration que les bénéficiaires ont tracés sur des constructions ou statues, les inscriptions gravées sur pierre se limitent dans cette province à six inscriptions, parmi lesquelles on compte deux latercules, deux inscriptions funéraires et deux inscriptions votives similaires rattachées au même contexte 227.

Dans les papyrus, à la différence de ce qui s'observe dans les documents épigraphiques 228, aucune allusion à un statut de militaire ou à leur troupe n'est mise en

évidence dans l'énoncé de leur titre, même lorsqu'il s'agit de documents de haute époque impériale. Les documents conservés les montrent à l'œuvre dans l'exercice de leurs activités officielles, mais aussi dans la sphère de leur vie privée, les deux types de situation se répartissant respectivement selon un rapport de 2/3 et 1/3. Le titre de bénéficiaire apparaît souvent dans des pétitions qui leur sont adressées ou dans des listes ou comptabilités où ils figurent comme les représentants du pouvoir chargés de pratiquer des réquisitions ou d'encaisser divers types de taxes, en espèces et en nature, notamment auprès des propriétaires ou des administrateurs fonciers, dans les régions où ils sont stationnés. Il arrive aussi qu'ils y figurent comme des propriétaires fonciers, soumis à des impôts ou à des taxes.

224 La découverte du bouton en bronze CBI, 538 : Annexe 1.3 à Racovita près de Copàceni-Praetorium en

Dacie, en l'absence d'informations sur le contexte précis de la mise au jour, ne permet pas de conclure de manière décisive qu'une station de bénéficiaires se trouvait établie à Praetorium, malgré ce que pense Ott 1995, 217, suivi sur ce point par Sasel-Kos 1995a, 151.

225 Voir Annexe 2 p. 397-400 et nos remarques sur les renvois p. 18. Sur les bénéficiaires dans les sources

papyrologiques : Rankov 1994 ainsi que Ott 1995, avec son inventaire p. 183-184, dans lequel il intègre les documents de stationarii.

226 P 4 ; P 44 ; P 68 (si la lecture βενεφικιαριω) est correcte) ; P 76.

227 Latercules : CBI, 732 et 733 ; inscriptions funéraires, l'une à Alexandrie et l'autre à Thèbes, CBI, 734 et

I 129 ; inscriptions votives : CBI, 735 et 736 : Annexe 1.3 à Coptos, 219 p.C. Sur les bénéficiaires du procurateur de la Montagne, voir P 9 (cité infra p. 57 n. 232) ; sur le site et le poste de Coptos : Chap. V p. 246-247.

Dans leur vie privée, les textes les montrent occupés à gérer leurs biens – contrats de vente ou de location par exemple – ou impliqués dans des affaires judiciaires, en général pour des questions d'héritage, de disputes familiales ou de contrats. Ils se retrouvent ainsi eux-mêmes dans la situation de ceux qu'ils affrontent quotidiennement ou presque dans l'accomplissement de leurs fonctions.

En dépit de la mauvaise réputation qui leur est attribuée dans plusieurs textes littéraires, en particulier dans la littérature chrétienne, et qui se voit confirmée par certains textes juridiques, les papyrus, comme les textes épigraphiques, suggèrent que les

beneficiarii jouissent dans l'ensemble d'une certaine autorité et d'une position de marque

dans la société locale. Leur situation personnelle – financière et sociale – se révèle en outre relativement confortable, une observation qui va dans le sens de ce que suggèrent aussi les sources épigraphiques. Ils conservent généralement leur titre au cours de leurs activités privées, et cela même lorsqu'ils ont quitté leurs fonctions. Il n'est pas rare que leurs enfants ou leurs hétitiers rappellent eux aussi le titre de bénéficiaire de leur parent ou ami, dans les documents officiels et privés 229. En revanche, à la différence de ce que l'on observe dans les

témoignages épigraphiques dans d'autres provinces, on ne connaît aucun exemple en Égypte d'un bénéficiaire ou d'un ancien bénéficiaire impliqué dans la carrière municipale.

La majorité des bénéficiaires mentionnés dans un papyrus étaient employés au service du préfet d'Égypte ou de l'un ou l'autre de ses successeurs mis en place lors des réoganisations administratives de la province au IVe s. On en connaît aussi quelques-uns au

service d'autres personnalités ou chargés de collaborer avec elles. C'est le cas notamment de l'un des premiers bénéficiaires attestés dans les papyrus d'époque impériale, en 41-42 p.C., qui assiste le procurateur idiologue, vraisemblablement chargé du contrôle et de la révision des comptes 230. Un autre bénéficiaire, dans un papyrus du Fayoum de la fin du IIe s. p.C.,

pourrait avoir été employé lui aussi au service d'un idiologue si l'on accepte l'identification controversée du Postumus mentionné dans de ce document avec l'homonyme connu ailleurs comme un idiologue 231. A la fin du IIe ou du IIIe s., il est possible que l' επιτροπος de

Bérénikè – le titre n'est que partiellement conservé – ait eu lui aussi à son service un ou plusieurs bénéficiaires. Celui qui se trouvait à Coptos en 219 p.C. faisait peut-être aussi partie de cet officium à moins qu'il n'ait été détaché dans la région par le préfet et qu'à ce titre il ait été appelé à collaborer avec l' επιτροπος 232. Les papyrus nous font en outre connaître

trois bénéficiaires d'un tribun 233, et un ostracon suggère peut-être la collaboration d'un

bénéficiaire avec un épistratège 234.

229 Par ex. P 67 (359 p.C.) et P 20 (IVe s. p.C.) : déclaration d'impôts de la fille et des héritiers d'un ancien

bénéficiaire. La mention du titre du bénéficiaire dans de tels contextes, qui peut se comprendre comme un signe de reconnaissance, peut aussi trouver une explication possible en relation avec des questions fiscales et plus précisément de certaines exonérations fiscales dont jouissent les vétérans. Sur les impôts payés par les soldats et les vétérans au IVe s. : Chastagnol 1977.

230 P 52.

231 P 3 ; Thomas 1982, 162 n. 24 et Chap. V p. 244.

232 P 9 et CBI, 735 et 736 : Annexe 1.3. Cet officium est attesté ici pour la première fois dans la

documentation papyrologique. cf. Lesquier 1918, 153 ; Thomas 1982, 56 n. 43 mentionne deux praefecti montis qui sont devenus par la suite épistratèges de Thébaïde.

233 P 8c et P 19 (IIIe s.), ainsi que P 37 (IIe s.).

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