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Frontières du Rhin et du Danube : Germanie Inférieure, Norique et Pannonies

LES STATIONS DE BÉNÉFICIAIRES

1. O STERBURKEN ET S IRMIUM : DEUX STATIONS TYPES RÉVÉLÉES PAR L ' ARCHÉOLOGIE ET L ' ÉPIGRAPHIE

3.1. Frontières du Rhin et du Danube : Germanie Inférieure, Norique et Pannonies

La présence de stations de bénéficiaires du gouverneur à proximité d'un castellum ou d'un camp légionnaire à la frontière extérieure de l'Empire, ou légèrement en retrait de la frontière, comme nous en avons vu des exemples en Germanie Supérieure, se retrouve dans plusieurs autres provinces frontières. En Germanie Inférieure, l'autel érigé en 230 p.C. par l'un des bénéficiaires du gouverneur indique l'existence d'une station à Moers-Asberg-

Asciburgium au nord de celle de Remagen, elle-même au nord de Bonn et de Cologne, la

capitale provinciale, et au sud du camp de Xanten-Vetera. Des bf cos étaient en service dans chacun de ces sites 170. Cette station était encore active, alors que le castellum autrefois

installé en ce lieu semble resté inoccupé depuis le milieu du IIe s. 171 La même année

230 p.C., en Norique, l'un des bénéficiaires du gouverneur de cette province était en poste à Wernstein, à mi-distance entre le camp de Lauriacum, en bordure de la frontière extérieure de l'Empire, et celui de Regensburg-Castra Regina, en Rhétie 172.

167 Cette station de douane de la Quadragesima Galliarum attestée par l'épigraphie (RIS, III, 274 et 275)

est localisée à St-Maurice : Van Berchem 1982, 180-181 et carte 173 ; de Laet 1975, 151 associe à tort les militaires en poste à Massongex avec la station de douane de Saint-Maurice, où leurs autels ont vraisemblablement été déplacés.

168 Walser 1994, 80-85. Cette station n'était pas connue à l'époque des travaux de de Laet.

169 CBI, 44 : Annexe 1.3 ; l'indication de la tribu serait un indice d'une date assez haute ; sur la liaison

routière entre Aime et Martigny : Van Berchem 1982, 84 ; sur le statut de capitale provinciale et de capitale régionale (ou seconde capitale avant l'unification des deux provinces?) de ces deux cités : Nelis-Clément & Wiblé 1996, 290-291 ; sur Aime comme capitale : Haensch 1997a, part. 144-145.

170 Voir p. 149-150. L'autel CBI, 63 : emerita statione{m}, a pu être érigé à Cologne lors du retour du

bénéficiaire dans la capitale, au terme d'un séjour ou détachement dans l'une des stations de la province : voir Chap. VI p. 270. Pour une discussion sur l'existence peu probale d'une station de bénéficiaires à Cologne dans les fondations de l'église St. Georg : Haensch 1993b, 24 et Haensch 1997a, 68.

171 CBI, 75 ; Schönberger 1985, D 22 ; des fouilles archéologiques à l'ouest de la route romaine, ont révélé,

non loin de l'entrée du camp, des ruines (murs et bases de piliers) datant du début du IIIe s. p.C. Des sondages

complémentaires effectués dans les champs et les jardins situés à proximité de la courbure de la route auraient permis de détecter les murs de fondation de ce qui serait une station de bénéficiaires. Sur le site et les fouilles :

Römer/NR-W, 1987, 559-569, part. 565.

172 CBI, 272 ; la pierre, en remploi dans la sacristie de l'église de Wernstein, a pu être déplacée, mais même

En Pannonie, des stations ont occupé une position comparable en relation avec un

castellum, le long de la frontière du Danube, à Ács-Ad Statuas à l'ouest de Brigetio 173, ainsi

que de part et d'autre du fleuve, dans le secteur qui se situe depuis sa courbe vers le sud, à Visegrád 174 et peut-être à Leányfalu 175. Parmi la trentaine de bénéficiaires que nous

connaissons sur le territoire d'Aquincum, camp légionnaire et capitale provinciale, divers types sont attestés : ceux d'un tribun, laticlave ou autre 176, d'un légat de légion 177, d'un préfet

de légion 178, d'un procurateur financier 179 et d'un gouverneur de la province, dont les plus

récents, datés par les consuls, remontent à 234, 240 et 243 p.C. 180 La dédicace au Genius

Commerci et au Genius Ciniaemus – par ailleurs inconnue – qui figure sur l'autel d'un bf cos

mis au jour à Rákospalota-Transaquincum, mérite d'être soulignée 181.

Les monuments votifs de bf cos en service, retrouvés à Dunaújváros-Intercisa le long de la frontière du Danube, au sud d'Aquincum, permettent d'envisager l'existence d'une station établie à proximité du castellum. Plusieurs des bénéficiaires du gouverneur connus dans l'épigraphie funéraire locale étaient issus des familles de militaires installées sur le site, à proximité du camp. C'est le cas notamment de M. Aurelius Silvanus, le fils d'un ancien bénéficiaire du tribun de la garnison locale, ainsi que d'Aelius Vitalis, dont le père était un ancien duplicarius de la même troupe 182. La localisation d'une station à Intercisa dans le

bâtiment situé près de l'angle nord-ouest du camp telle que le proposait J. Fitz voici un quart de siècle a été remise en cause récemment par le même spécialiste, car ces documents

173 CBI, 273 ; CBI, 286 : la découverte d'un fragment d'autel d'un bénéficiaire d'un procurateur à

Nyergesújfalu-Crumerum ne saurait attester l'existence d'une station, même si la présence de tels bénéficiaires s'observe dans d'autres stations où le gouverneur avait détaché ses bf cos, à Siscia et Mursa ainsi qu'à Ampelum en Dacie (infra p. 196). On pourra faire la même observation à propos de l'autel du bf proc. retrouvé à Vienne en Autriche : CBI, 363.

174 CBI, 429 ; il est possible qu'il s'agisse d'une inscription votive. Ce fragment n'est pas daté avec

précision, et l'on sait que ce secteur a été rattaché selon les époques à l'une ou à l'autre des Pannonies. La présence d'une station de bf cos sur ce site, dans la courbe du Danube où ont été mis au jour des traces d'établissement romain (camp, trois tours de garde, villa, burgus du IVe s. : TIR, L 34, 120) n'est pas exclue, mais le document peut aussi

provenir du territoire de Brigetio à l'ouest (cf. Fitz 1993, II, 386) ou d'Aquincum au sud. L'autel, érigé en 229 p.C. par un ancien bénéficiaire d'un tribun légionnaire (CBI, 393) dans le castellum de Dunabodgány-Cirpi, où se trouvait une mansio comme l'atteste l'Itinéraire d'Antonin, 266.11, ne permet pas de déduire de son service local, et certainement pas de la présence d'une station en ce lieu.

175 CBI, 408 et 409 : bf cos ; la proximité d'Aquincum se fait toutefois sentir dans l'épigraphie de

Leányfalu. Ainsi, l'autel érigé en 217 p.C. par Iul. Iulianus, bf leg(ati), avec un optio spei (CBI, 410), et découvert lors de fouilles exécutées dans la tour de garde d'époque tardive, n'est évidemment pas à mettre au compte d'une

statio établie localement. La présence d'une telle station sur le site a récemment été mise en doute par Fitz 1993, II,

386, qui rattache ces documents au territoire d'Aquincum.

176 CBI, 390 ; peut-être * I 177 (?).

177 Par ex. CBI, 381, 383, 389, 391, 422 (la pierre était en remploi dans l'église de Solymár, près d'Uröm,

la banlieue nord-est de Budapest) ; il est probable que l'autel d'Aurelius Artemidorus (CBI, 426, 228 p.C.) retrouvé à Vác provienne du territoire d'Aquincum.

178 CBI, 388 et I 14.

179 Par ex. CBI, 368 à 374 ; ce dernier serait-il le même que l'homonyme en poste à Sirmium I 66? 180 CBI, 382 ; 378 et 377 ; 365.

181 CBI, 420, avec Chap. V p. 254 ; ce bf cos nommé M. Aur. Severinus est-il identifiable avec

l'homonyme connu comme bénéficiaire à Singidunum en Mésie Supérieure en 217 p.C., lors du retour de la légion d'Orient et de son passage en ce lieu? (CBI, 570, avec Annexe 3). Au même endroit a été découvert l'autel funéraire d'un speculator de la même légion II Adiutrix (III, 3615). Sur le contexte : Dobó 1968, 161 n. 718.

182 Inscriptions funéraires de bf cos à Intercisa : CBI, 403, 404, 405 (père vétéran ancien duplicarius de la

proviendraient en fait à l'origine de Gorsium, entre le Danube et l'extrémité nord-est du lac Balaton. Ils auraient servi, après 260 p.C. et la destruction de la ville, à la reconstruction du

castellum d'Intercisa 183. Ce serait selon J. Fitz à la station de Gorsium à la frontière entre les

deux Pannonies qu'était rattaché le bf cos Valentinus, à moins que la station ait été installée à Ságvár-Tricciana? C'est près de ce lieu, à Puszta-Jaba, que fut retrouvé le fragment d'autel qu'il érigea en 225 p.C., soit au sud-est du Lac Balaton, le long de la voie qui mène à Pécs-

Sopianae où l'épigraphie suggère l'existence d'une station de bénéficiaires, active au moins à

partir du milieu du IIe s. jusqu'en 240 p.C. 184 A la même époque, non loin de là au nord du

Lac Balaton, en Pannonie Supérieure, deux bénéficiaires du gouverneur érigent ensemble un autel sur le lieu de leur détachement, dans la région de Kövágóörs. A une dizaine de km de ce lieu passait la route qui de Sauaria ou Poetouio menait vers Aquincum 185. Malgré les

doutes émis récemment par J. Fitz, il nous semble fort probable qu'une station ait été installée à Intercisa, cela non seulement à cause de sa position sur la frontière qui trouve des parallèles dans tous les exemples analysés plus haut, mais mais en raison d'une inscription du site. La dédicace au Génie de la cohorte milliaire des Hémésiens qui figure sur l'autel consacré en 213 p.C. par le légionnaire bf cos T. Claudius Procus, avec IOM et le salut de l'empereur, devait très probablement appartenir au contexte d'Intercisa où cette troupe avait son siège. L'hypothèse d'un déplacement des pierres de Gorsium à Intercisa – ou à Tricciana – ne semble pas suffisamment étayée par les sources pour nous amener à nier l'existence d'une station sur la frontière danubienne 186.

Au sud d'Intercisa le long du Danube se situe le castellum de Teutoburgium ; les traces d'un camp romain auraient été repérées à Dálj. La présence insolite en ce lieu, en 226 p.C., d'un bf cos de la légion II Italica stationnée en Norique s'explique sans doute par l'accomplissement d'une mission particulière à Teutoburgium, puisqu'il ne semble pas être question dans le cas précis d'une origine locale 187. C'était le point d'aboutissement de la voie

qui longe le cours de la Drave et relie la frontière du Danube avec le Norique, en particulier avec sa capitale Virunum et avec Celeia, où se trouvait une station de bénéficiaires. Une autre devait se trouver au sud de Teutoburgium, près du castellum de Sotin-Cornacum si l'on en croit le lieu de découverte de l'autel du bénéficiaire C. Antonius Sabinus. Le site a en outre livré des tuiles avec estampilles de la légion IV Flavia, ainsi qu'une inscription d'un soldat de cette troupe. Un déplacement de l'autel du site de Sirmium n'est certes pas impossible, mais le fait qu'il soit consacré à Liber Pater seul, sans autre divinité associée, le

183 !Pour la localisation d'une station à Intercisa : Fitz 1972, 30, selon lequel CBI, 397 a été mis au jour

dans un petit édifice fermé par un mur de torchis d'une longueur de onze mètres ; “... les salles étaient ornées de peintures murales aux couleurs vives”. Fitz 1993 II, 385 (carte 387), a par la suite considéré que l'origine de ces monuments était Gorsium.

184 Fragment : CBI, 421 ; Fitz 1993 II, 385. Ce fragment rappelle étrangement la description du monument

I 13 découvert en 1934 à Budakalasz ; considéré comme détruit, le texte exact n'a pas été repris dans la mention qu'en fait L. Nagy ; à Sopianae : CBI, 417 à 419 et I 15b (voir infra p. 186).

185 CBI, 280 : Annexe 1.3 (après mars 220 p.C.). Si les restitutions de son nom sont correctes, l'un des

deux bf cos aurait érigé au même endroit un monument funéraire pour lui-même et pour sa mère (?) : III, 4131 -

RIU, 2, 335 (cf. AE, 1996, 1241, comm. ; aurait-il été détaché dans son secteur d'origine? voir aussi I 140b) ; au

même endroit : RIU, 2, 331 : il s'agit d'un militaire de la légion X G P F avec le titre de k(ustos) a(rmorum).

186 CBI, 394 ; pour d'autres autels votifs de bf cos retrouvés à Intercisa : CBI, 395 et 398.

187 CBI, 392 ; TIR, L 32, 110-111 ; sur l'onomastique italique et non pannonienne : Barkóczi 1964, 302 et

distingue des quelque 80 inscriptions découvertes in situ à Sirmium. Tous les autels de la série nous l'avons vu sont consacrés à Jupiter, à la seule exception de ceux qui sont dédiés par un bf cos auteur de plusieurs autels, l'un à IOM, l'autre à Mars 188.

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