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Le Temple de Vienne et l’organisation religieuse.

Chapitre I : L’aristocratie locale et le culte impérial

A. Le Temple de Vienne et l’organisation religieuse.

1. Le Temple de Vienne

Dès le début du Principat, au cœur de la capitale allobroge, les magistrats ont engagé une reconstruction complète du centre de l’agglomération, avec un imposant forum bordé de monuments publics, s’étendant sur au moins trois hectares181.

Cet ensemble est en grande partie achevé sous le règne de Tibère182, qui autorise et, peut-être, apporte son aide financière à l’érection d’une monumentale enceinte courant à proximité du sommet des collines, entourant la ville sur 6,5kms. Les fouilles archéologiques

179F. Kayser, B. Rémy, Initiation à l’épigraphie grecque et latine, Paris, 1999, p. 6 à 12.

180S. Cibu, Villes alpines et religion civique, in La ville des Alpes occidentales à l’époque romaines, Actes du colloque international,

Grenoble, 6-8 Octobre 2006, Grenoble, 2008, p. 121.

181A. Le Bot-Helly, Vienne, porte des Alpes, in Atlas culturel des Alpes occidentales, Paris, 2004, p. 122 à 125 - Annexes, p.74. 182A. Pelletier, Vienne antique, Roanne, 1982 ; A. Pelletier, A. Blanc, P. Broise, Histoire et archéologie de la France ancienne, Rhône-

60 et les découvertes épigraphiques se font, ici, l’écho de la puissance viennoise et de l’estime que lui accorde Rome dès le Ier siècle.183

Au centre de l’immense forum, attirant toute le vie publique et cultuelle, l’aire sacrée est dominée par un bâtiment élevé entre 27 et 10 av. J.-C., relevant d’une démarche religieuse assurée184, sans doute sur proposition des notables de la colonie. Ce bâtiment dit « Temple

d’Auguste et de Livie » est un temple du culte impérial dédié à l’origine à Romae et Augusti

Caesari diui (filio), ce que semble confirmer le texte de la frise185. De type italique, tourné

vers l’Est, il repose sur un haut podium. Construit sur une place entourée sur trois côtés de portiques surélevés, ce pseudo-périptère, à six colonnes corinthiennes, souligne parallèlement le rôle fondateur joué par la déesse Rome.186

Il est également l’unique et remarquable monument de la cité dédié à une impératrice ; car c’est pour Livie, mère de Tibère et seconde épouse d’Auguste, qu’a lieu, sans doute à l’époque de Claude, une nouvelle dédicace du temple, qui devient le Temple d’Auguste et de Livie. De ses origines coloniales, la cité, semble-t-il, a conservé des liens privilégiés avec la lignée de son fondateur. Livie est alors désignée sur la façade du monument comme Diva

Augusta après son élévation post mortem parmi les dieux.187

Au-delà du rempart, de la parure monumentale qui deviendra exceptionnelle au début du IIème siècle188, le Temple d’Auguste et de Livie demeure tout au long du Haut-Empire

l’emblème de la romanisation du territoire allobroge. C’est autour de celui-ci que se prennent les principales décisions politiques, les orientations sociales et économiques. C’est là que s’enracinent le centre névralgique du pouvoir de la cité, la mise en place et la pérennité d’une certaine idéologie impériale.

R. Lauxerois189 souligne enfin que ce monument est aujourd’hui aussi célèbre que la Maison Carrée de Nîmes. Il doit cette renommée à sa très bonne conservation, qui vient de sa transformation, au Vème ou au VIème siècle, en église.

2. Le flaminat

Deux prêtrises, mentionnées généralement dans le cursus des hauts magistrats de la cité, témoignent de l’implantation et du développement du culte impérial : le flaminat impérial et le flaminat de la Jeunesse190. La qualité et la place de ces personnalités191 ayant

occupé ce type de charge seront développées plus loin. Cependant, il est indispensable de les recenser ici pour connaître les lieux et les époques où ils tenaient leurs fonctions pour cerner l’importance du culte sur le sol allobroge.

183B. Rémy, A. Pelletier, Inscriptions Latines de Narbonnaise, VI, Vienne, Paris, 2004, p. 116, 117, 325 et 326 : ILN 47. 269 ; A. Le Bot-

Helly, Gallia Informations, 1996, p. 133 et 134 ; E. Thevenot, Les Gallo-romains, Paris, 1948, p. 83 à 98.

184B. Rémy, Loyalisme politique et culte impérial dans la cité de Vienne au Haut-Empire d’après les inscriptions, R.A.N., t. 36, 2003, p.

361 à 376.

185R 1 – B. Rémy, Inscriptions Latines de Narbonnaise, V1, Vienne, Paris, 2004 : ILN 34 – Annexe, p. 371.

186A. Le Bot Helly, Vienne du village gaulois à la capitale de la cité, in Le catalogue de l’exposition du Musée dauphinois de Grenoble,

Gollion, 2002, p. 105 et 106 – Annexes, p. 463 et 464.

187R. Lauxerois, Vienne, un site en majesté, Veurey, 2003, p. 17.

188A. Le Bot Helly, Vienne du village gaulois à la capitale de la cité, in Le catalogue de l’exposition du Musée dauphinois de Grenoble,

Gollion, 2002, p. 102 à 109.

189R. Lauxerois, Vienne, un site en majesté, Veurey, 2003, p. 24. 190Voir Partie III, CHAPITRE II : Promotion et charges sacerdotales.

191J. Scheid, Religion et piété à Rome, Paris, 2001, p. 65. L’auteur précise que « le prêtre garde le pouvoir irréductible de contrôler le

61 a. Le flaminat impérial.

Tous les notables ayant accompli ce sacerdoce font partie intégrante de l’élite192. Ils sont directement en charge du culte de l’empereur au niveau municipal, culte qui est né à l’initiative des habitants et des autorités de la cité193. Personnages de premier plan, ils

exercent donc, à ce titre, un rôle central dans la mise en place de l’idéologie impériale, notamment dans les provinces194.

Ils apparaissent dans l’épigraphie sous différentes dénominations religieuses : flamine de Rome et d’Auguste, de Germanicus César, du divin Auguste, ou encore, plus simplement, d’Auguste.

Les recueils nous permettent de référencer neuf magistrats, dont deux sont demeurés anonymes. Deux d’entre eux ont exercé ce flaminat dans la capitale195. Un des magistrats

anonymes a été recensé à Grenoble196. Quatre autres dignitaires ont eu cette charge à Genève197. Enfin, un notable ayant été flamine impérial est attesté sur un texte de Brison-

Saint-Innocent, l’un des sanctuaires de la région aixoise198, et un autre dans le sanctuaire de

Mars, à Passy, en Haute-Savoie.199

Le flaminat200 a donc exclusivement été exercé dans les trois principaux pôles urbains de la civitas et dans deux des grands centres cultuels du territoire. Il faut noter aussi que cette charge sacerdotale est attestée avant le règne de Caligula et très certainement dès le début du Principat, puisque deux des neufs dignitaires ont été quattuorvirs, une magistrature civique appartenant à l’époque de la colonie latine, avant le changement de constitution : C. Passerius Afer à Vienna (R 7.8) et L. Aemilius Tutor à Genava (R 188). Une large majorité des autres prêtres ont été flamines dans la seconde moitié du Ier siècle ou au début du IIème siècle.

b. Le flaminat de la Jeunesse.

Sur le sol gaulois, rares sont les cités à avoir mis en place cette magistrature religieuse201. Le flamine de la Jeunesse est à la tête d’une association rassemblant les jeunes

hommes de l’aristocratie. Prêtrise officielle, celle-ci intervient concrètement dans la vie du culte impérial à Vienne.202

Nous avons en notre possession très peu de documents attestant cette fonction. Issus des grandes familles allobroges, illustres personnages et hauts dignitaires, ils sont au nombre

192B. Rémy, J.Gascou, Inscriptions Latines de Narbonnaise, V1, Vienne, Paris, 2004, p. 43 à 52 ; J. Gascou, B. Rémy, Magistratures,

sacerdoces et évergétisme dans la cité de Vienne, in Le catalogue de l’exposition du Musée dauphinois de Grenoble, Gollion, 2002, p. 64 et 65.

193B. Rémy, Loyalisme politique et culte impérial dans la cité de Vienne au Haut-Empire d’après les inscriptions, R.A.N., t. 36, 2003, p.

361 à 376.

194H. Durand, Le culte impérial, in Atlas culturel des Alpes occidentales, Paris, 2004, carte p. 212 et 213 ; J.-P. Jospin, B. Rémy, Cularo,

Gratianopolis, Grenoble, Lyon, 2006, p. 93 et 94 ; F. Bertrandy, M. Chevrier, J. Serralongue, Carte Archéologique de la Gaule, La Haute- Savoie, C.A.G. 74, Paris, 1999, p. 70 ; B. Rémy, Inscriptions Latines de Grenoble et de son agglomération, Grenoble, 2002, p. 81.

195R 7, 8 et 10 – ILN 66, 67 et 73 - Annexes, p. 357 à 359.

196R 54 – O. Hirschfeld, Inscriptiones Galliae Narbonensis Latinae, C.I.L., Corpus Inscriptionum Latinarum, tome XII, Berlin, 1888 : CIL

XII 2249 – Annexe, p. 360.

197R 187, 188, 189 et 190 ; B. Rémy, F.Wiblé, Inscriptions Latines de Narbonnaise, V3, Vienne, Paris, 2005 : ILN 846, 849, 852 et 853 –

Annexes, p. 358 et 360.

198R 123 – ILN 696 – Annexe, p. 391.

199R 153 – B. Rémy, Inscriptions Latines de Narbonnaise, V2, Vienne, Paris, 2004 : ILN 547 – Annexe, p. 389. 200Tableau, p. 206.

201H. Durand, Le culte impérial, in Atlas culturel des Alpes occidentales, Paris, 2004, carte p. 212 et 213 ; J. Gascou, B. Rémy,

Magistratures, sacerdoces et évergétisme dans la cité de Vienne, in Le catalogue de l’exposition du Musée dauphinois de Grenoble, Gollion, 2002, p. 64 et 65.

202F. Bertrandy, M. Chevrier, J. Serralongue, Carte Archéologique de la Gaule, La Haute-Savoie, C.A.G.74, Paris, 1999, p. 70 ; B. Rémy,

Inscriptions Latines de Narbonnaise, V1, Vienne, Paris, 2004, p. 43 à 52 ; J.-P. Jospin, B. Rémy, Cularo, Gratianopolis, Grenoble, Lyon, 2006, p. 93 et 94.

62 de six, dont l’un est resté anonyme203. Quatre ont exercé leur sacerdoce dans la capitale204 et

les deux derniers à Cularo.205

Ils sont donc uniquement présents en Isère dans les grandes agglomérations urbaines, là où le culte impérial a connu le développement le plus profond, le plus stratégique et le plus durable. De plus, ce sacerdoce ne semble aucunement attesté avant le changement de constitution, à l’inverse du flaminat impérial, et s’est surtout inscrit entre le milieu du Ier

siècle et la fin du IIème siècle. 3. Le flaminicat

Le flaminicat est une autre des magistratures officielles206. Ces prêtresses aux

dénominations variées sont en charge du culte de l’impératrice au niveau local, et parfois même au niveau provincial207. Elles ont, pour la plupart, exercé cette fonction dans leur cité. Elles y occupent un rang éminent et font partie intégrante de l’élite.208

Plusieurs textes ont été recensés sur le territoire viennois209, notamment une

inscription monumentale d’une flaminique, restauratrice d’un sanctuaire et donatrice des statues du temple impérial. De par ses dimensions et sa remarquable exécution, elle était visible sur les hauteurs du sanctuaire au sommet de la colline de Pipet à Vienna.

Ce témoignage n’est pas le seul se référant à cette charge sacerdotale, mentionnant la divinisation des impératrices. En tout, ce sont neuf prêtresses sur le sol allobroge qui sont répertoriées : deux flaminiques de Vienne dans la capitale210 – deux flaminiques à Cularo211

une flaminique Auguste à la Rochette en Savoie212 et trois autres à Genava213 – et une

flaminique de la Province à Sales en Haute-Savoie.214

Comme pour les flaminats (impérial et de la Jeunesse), le flaminicat se concentre essentiellement dans les centres urbains215 de la cité, sachant que la flaminique Iulia Vera,

attestée à la Rochette (R 108), est originaire de Genava. Seule Iullina (R 173), flaminique de la Province est attestée en dehors des espaces citadins, en Haute-Savoie, dont elle était peut- être originaire et où elle devait sans aucun doute posséder quelques propriétés foncières.

La datation correspond avec certitude à l’expansion du culte impérial en Narbonnaise216. Ces différents textes ont été gravés entre la moitié du Ier siècle et sans doute

203Tableau, p. 207.

204R 5, 6, 10, 11, 13 et 17 – ILN 62, 63, 73, 76, 79 et 103 – Annexes, p. 359, 361 et 362. 205R 47 et 51 – ILN 376, 382 – Annexe, p. 362.

206B. Rémy, Cartographie des notables, in Le catalogue de l’exposition du Musée dauphinois de Grenoble, Gollion, 2002, p. 60 ; J. Gascou,

B. Rémy, Magistratures, sacerdoces et évergétisme dans la cité de Vienne, in Le catalogue de l’exposition du Musée dauphinois de Grenoble, Gollion, 2002, p. 64 et 65.

207R. Lauxerois, Lieux de mémoire dans la Vienne antique, in Le catalogue de l’exposition du Musée dauphinois de Grenoble, Gollion,

2002, p. 73 ; B. Rémy, J. Gascou, Inscriptions Latines de Narbonnaise, V1, Vienne, Paris, 2004, p. 43 à 52.

208B. Rémy, N. Mathieu, Les femmes en Gaule romaine (Ier siècle av. J.-C. – Vème siècle ap. J.-C.), Paris, 2009, p. 130 à 134 ; B. Rémy, F.

Kayser, avec collab d’I. Cogitore et F. Delrieux, Les Viennois hors de Vienne, Bordeaux, 2005, p. 68 à 71. Dans ce dernier ouvrage, les auteurs mentionnent une certaine Aemilia Sextina (IL Maroc 123 – AE, 1916, 91), flaminique bis, qui a pu être prêtresse du culte impérial dans sa cité d’origine (Vienne) ou à Volubilis (Mauritanie tangitane).

209B. Rémy, Inscriptions Latines de Grenoble et de son agglomération, Grenoble, 2002, p. 81 ; J.-P. Jospin, B. Rémy, Cularo,

Gratianopolis, Grenoble, Lyon, 2006, p. 93 et 94 ; H. Barthélémy, C. Mermet, B. Rémy, La Savoie gallo-romaine, Chambéry, 1997, p. 187 ; F. Bertrandy, M. Chevrier, J. Serralongue, Carte Archéologique de la Gaule, La Haute-Savoie, C.A.G. 74, Paris, 1999, p. 70 – Tableau, p. 209. 210R 15 et 16 – ILN 88, 100 – Annexes, p. 212 et 363. 211R 48 et 50 – ILN 378, 381. 212R 108 – ILN 458 – Annexe, p. 364. 213R 191, 192 et 193 – ILN 856, 857, 858 – Annexes, p. 363 et 364. 214R 173 – ILN 730 – Annexe, p. 363.

215B. Rémy, Loyalisme politique et culte impérial dans la cité de Vienne au Haut-Empire d’après les inscriptions, R.A.N., t. 36, 2003, p.

370 à 373.

216B. Rémy, Loyalisme politique et culte impérial dans la cité de Vienne au Haut-Empire d’après les inscriptions, R.A.N., t. 36, 2003, p.

63 la fin du IIème siècle. Un certain nombre date de la fin du premier siècle, sous les Flaviens,

voir du début du siècle suivant. 4. Le sévirat augustal

Le sévirat augustal est défini comme une semi-magistrature par les historiens217.

Cependant, on ne connaît pas exactement les véritables fonctions de ces auxiliaires, ni le mode de désignation, ni la durée de leur charge dans la cité218. Il n’en demeure pas moins que

ces dignitaires, souvent affranchis et issus de grandes dynasties aristocratiques indigènes, structurés en collèges sacerdotaux, jouent un rôle central aux côtés des flamines et des flaminiques dans l’organisation du culte.219

Dans la capitale, trois sévirs augustaux sont formellement attestés220, dont un certain

Mansuetus (R 14), riche évergète et donateur d’une horloge. A Cularo, quatre prêtres occupent cette charge221. Notons que le sévir P. Cassius Hermetio (R 46) appartient à la

puissante gens Cassia, et Sextilius Gallus (R 52) a épousé une femme de la fratrie des Attii. Dans le reste de l’Isère, ce ne sont pas moins de six sévirs distincts qui sont mentionnés, dont un est demeuré anonyme, à Feyzin, Chuzelles, Seyssuel, aux Roches de Condrieu, et à Limony.222

Quatre autres semi-magistrats ont laissé une trace textuelle en Savoie223 : à Aix-les-

Bains, à Pont de Beauvoisin, à Jongieux et à Bassens. A Aquae, D. Titius Apolaustianus est l’un des membres de la très importante gens Titia. Sextus Decidius attesté à Bassens appartient, lui, à la principale famille de la Combe : la gens Decidia.

Enfin, à Genava, un certain Sextus Attius Carpophorus, de la gens Attia, fut aussi sévir augustal. Un dernier document de la cité de Calvin souligne la présence d’un collège de sévirs, dont on peut penser que ses membres étaient sévirs augustaux.224

Ces sacerdoces225 sont mentionnés quasiment partout sur le territoire, à l’exception de la Haute-Savoie. Ils sont néanmoins attestés majoritairement près des voies fluviales du Rhône et de l’Isère, dans des lieux où les menaient leurs activités professionnelles. Les textes nous confirment la variété de leurs positions sociales : ils peuvent être membres des grandes lignées allobroges (R 46.122.136.194), ou liés à elles par alliance (R 52). Ce sont parfois de riches donateurs comme Mansuetus (R 14), ou plus singulièrement, comme M. Apronius Eutropus à Limony (R 82), être médecin asclépiadien.

Parfois d’extraction servile, parfois hommes libres comme nous le verrons ultérieurement, le sévirat augustal reste, dans une carrière à Vienne, la seule et unique magistrature, ce qui n’enlève rien à la dignitas de ces notables.

Cette prêtrise est parallèlement inscrite sur des témoignages épigraphiques durant tout le Haut-Empire. Plusieurs documents datent du Ier siècle (R 14.49.78.82.136.194). Certains

datent du IIème siècle (R 53.79.122.135). D’autres sont de périodes plus tardives, durant la

217B. Rémy, Cartographie des notables, in Le catalogue de l’exposition du Musée dauphinois de Grenoble, Gollion, 2002, p. 60 ; J. Gascou,

B. Rémy, Magistratures, sacerdoces et évergétisme dans la cité de Vienne, in Le catalogue de l’exposition du Musée dauphinois de Grenoble, Gollion, 2002, p. 64 et 65 ; B. Rémy, J. Gascou, Inscriptions Latines de Narbonnaise, V1, Vienne, Paris, 2004, p. 43 à 52.

218B. Rémy, Loyalisme politique et culte impérial dans la cité de Vienne au Haut-Empire d’après les inscriptions, R.A.N., t. 36, 2003, p.

373 à 375.

219B. Rémy, Inscriptions Latines de Grenoble et de son agglomération, Grenoble, 2002, p. 81 ; J.-P. Jospin, B. Rémy, Cularo,

Gratianopolis, Grenoble, Lyon, 2006, p. 93 et 94 ; H. Barthélémy, C. Mermet, B. Rémy, La Savoie gallo-romaine, Chambéry, 1997, p. 187.

220R 14, 18 et 19 – ILN 87, 108, 109 – Annexes, p. 365. 221R 46, 49, 52, et 53 – ILN 375, 379, 384, 385 – Annexe, p. 369. 222R 77, 78, 79, 80 et 82 – ILN 287, 290, 295, 297, 306 – Annexes, p. 367 à 370. 223R 122, 134, 135 et 136 – ILN 677, 621, 629, 637 – Annexes, p. 369 et 370. 224R 194 et 195 – ILN 862, 863 – Annexes, p. 370. 225Tableaux, p. 210 et 211.

64 seconde moitié du deuxième siècle (R 18.19.52), ou encore sous les Sévères (R 77). Ces semi- magistratures semblent donc présentes sous toutes les dynasties de cette époque. Cependant, rien ne permet aujourd’hui d’affirmer, ni d’infirmer que ces collèges existaient sur le sol allobroge au début du Principat, pendant les règnes d’Auguste et de Tibère.

Comme le souligne C. Bezin226, les charges sacerdotales sont certainement restées distinctes des responsabilités politiques jusqu’à ce que le culte de l’empereur prenne une importance majeure. A Vienne, entre l’établissement précoce du flaminat impérial, avant même le changement de constitution, l’instauration d’un flaminat de la Jeunesse structurant la future élite viennoise, la place prise par les femmes dans la hiérarchie sacerdotale à travers le flaminicat, et ceci dès la seconde moitié du Ier siècle, et la propagation du corporatisme

séviral, tout au long du Haut-Empire, permettant entre autres à des affranchis liés aux grandes lignées d’atteindre une semi-magistrature, ce sont de nombreuses personnalités allobroges qui se voient promues dans l’organisation religieuse de la cité.227

L’étude épigraphique et la localisation de ces charges démontrent l’importance de certains lieux de décisions. Sur la quarantaine de documents recensés, 26% l’ont été à Vienna, 22% à Cularo et 22% à Genava. Les trois principales agglomérations sont donc à 70% les lieux de découvertes de ces témoignages écrits. Cela est confirmé par B. Rémy228, les

empereurs étant davantage honorés dans les zones urbaines.

En affinant notre analyse, et en mettant de côté le sévirat, ce phénomène apparaît encore plus manifeste, puisque la proportion passe alors à 82% environ : 33% à Vienna, 21% à Cularo, et 28% à Genava. Se rapportant aux flamines impériaux, 20% des documents ont été mis au jour dans la capitale, 10% à Grenoble et 40% à Genève. Concernant les flamines de la Jeunesse, 66% sont recensés à Vienne et 33% à Grenoble. Le dénombrement des flaminiques font apparaître 20% à Vienne et à Grenoble et 30% à Genève.

Cette série statistique ponctue la relation géographique entre les lieux de décisions politiques et les lieux de fondement de l’idéologie impériale, l’imbrication de l’intégration sociale, civile et la religiosité des notables viennois.

Pour clore sur ce point, cette observation structurelle est corroborée par la symbolique que représente, comme nous l’avons vu, le Temple de Vienne.