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Chapitre III : Les notables et les cultes des déesses gréco romaines

D. Les autres déesses gréco-romaines.

Aux côtés des cinq grandes déesses romaines, l’archéologie révèle que d’autres divinités latines674 ont fait l’objet de témoignages sur le territoire : Cérès, la déesse des

moissons ; Fortune, Victoire, Abondance les divinités des vertus675 ; ou encore Proserpine, la

protectrice de la germination…

1. Cérès, la déesse présidant à l’agriculture

Cérès est d’origine italique, déesse de la terre cultivée, souvent représentée aux côtés de dieux de la nature. Les caractéristiques mêmes de Cérès peuvent laisser penser qu’elle a connu un large succès parmi un peuple essentiellement agricole. Or, le dépouillement des sources montre qu’elle a surtout pâti de la concurrence exercée par Maïa et les déesses Mères.

Elle n’est présente dans l’épigraphie que sur l’autel de La Rochette676, où on apprend

qu’Apollon est vénéré par un esclave sacré (?) de Mercure et de Cérès.

Lors de travaux dans l’actuelle commune de Thônes, en Haute-Savoie, les archéologues ont recueilli des bronzes parmi lesquels une petite applique de la déesse des moissons, en forme de masque.677

Ignorée dans les grands centres urbains de la cité, très rarement représentée, Cérès ne fait certainement pas partie de l’idéologie religieuse des élites allobroges. Cet état de fait semble se confirmer pour l’ensemble de la Provincia, où elle est fort peu attestée, où aucun sanctuaire ne paraît lui être dédié ; tout juste a-t-on retrouvé une terre cuite en Ardèche678, une

statue à Nîmes679, et une autre sculpture dans le Var.680

673N. Laubry, Marcus Herennius Albanus, affranchi lyonnais, adepte du culte de Mercure , in H. Savay-Guerraz, A. Destat ( sous la dir.),

Rencontres en Gaule romaine, 2005-Expo. Lyon, 2005, p. 51 à 54. L’auteur précise que Maïa est associée à Mercure sur deux inscriptions (C.I.L. XIII 1767, 1768) et qu’elle est représentée par une petite statue.

674B. Rémy, Esculape et Hygie dans la cité de Vienne, La Pierre et l’Ecrit, 17, Revue d’histoire et du patrimoine en Dauphiné, Grenoble,

2006, p. 51 à 58. Il est utile de mentionner, à la suite de l’auteur, une statue fragmentaire en marbre blanc mis au jour à Sainte-Colombe et une intaille en jaspe rouge découverte à Viuz-Faverge pouvant représenter Hygie, personnification de la santé et fille d’Esculape ; même si cette déesse ne semble avoir aucune influence dans la religiosité viennoise.

675Carte, p. 500.

676R 111 – ILN 459 – CIL XII 2318 – C.A.G. 73, p. 188. 677C.A.G. 74, p. 336.

678J. Dupraz, C. Fraisse, Carte Archéologique de la Gaule, L’Ardèche, C.A.G. 07, Paris, 2001, p. 464. 679J.-L. Fiches, A. Veyrac, C.A.G. 30/1, Paris, 1996, p. 575 à 577.

133 2. Les divinités des vertus

a. Fortune, la déesse du hasard.

A Rome, elle est la personnification du hasard, divinité changeante souvent représentée avec une corne d’abondance et/ou avec un gouvernail, car elle dirige l’existence humaine.

Elle est dispensatrice de réussite ; et, à ce titre, elle tient une place aussi bien dans le culte de la fécondité que dans le culte funéraire et domestique681. Fortune est également

proche du culte impérial, comme en témoigne le fait que les empereurs en avaient une statuette dans leur chambre, statuette qu’ils transmettaient à leurs héritiers.

Deux dédicaces la mentionnent dans les deux principaux pôles urbains de la cité. Conservé aujourd’hui au Musée archéologique de Saint-Romain-en-Gal, un autel, en ex-voto, datant du Ier ou IIème siècle a été retrouvé à Vienna. Son auteur, nommé Lucius Terentius

Sabinus682, est un citoyen romain, portant les tria nomina. A Cularo, un autre citoyen, L.

Surius Iucundus683, honore les Fortunis, en s’acquittant d’un vœu. Ici, pour B. Rémy et B. Dangréaux684, le dédicant ne vénère pas la déesse latine personnifiant le sort et le destin, mais

des divinités celtiques proches des antiques déesses Mères.

La déesse du hasard fait également l’objet de trois documents figurés. Le premier témoignage est la statue haute de 50 cm, datant du Ier siècle, de Saint-Genix-sur-Guiers685 en

Savoie, non loin du vicus d’Augustum. Elle fut découverte au lieu dit le Pigneux et est conservée au Musée de la civilisation gallo-romaine de Lyon. Cette statue de bronze pourrait représenter la Fortune ou l’Abondance. Il est probable qu’elle tenait dans sa main gauche une corne d’abondance, et dans sa main droite une patère. A Bonneville686, dans la vallée de

l’Arve, au cœur du pagus d’Auguste, on a retrouvé une Fortune en argent haute de 8 cm, à ce jour déposée au Musée d’Art et d’Histoire de la ville de Genève. Cette statuette, datée d’environ 200 ap. J.-C., tient une patère dans sa main droite, et devait sans doute tenir une corne d’abondance. Une autre statuette a été découverte dans le même pagus, à Messery687, au

lieu-dit Partégi. Elle est debout, tenant plus communément un gouvernail à droite, et une corne d’abondance à gauche.

A travers la qualité de ces différents témoignages, même si elle ne tient pas une place prépondérante dans la religiosité des notables allobroges, la déesse Fortune apparaît relativement honorée à Vienne, le plus souvent sous une forme très classique, ce qui peut s’expliquer par ses liens privilégiés avec le culte impérial.

Dans l’ensemble de la Gaule, P.-M. Duval688 pense qu’une place de choix lui a été faite. A Lugdunum, elle est ainsi honorée sur un bloc en compagnie de Mercure, des déesses Mères et de Sucellus689. En Narbonnaise, elle est parfois associée par la dévotion populaire à

des divinités indigènes comme à Nîmes avec Ialona, déesse des champs cultivés690. En dehors

681B. Rémy, Inscriptions Latines de Grenoble et de son agglomération, Grenoble, 2002, p. 93. 682R 23 – ILN 5 – CIL XII 1813 – Annexe, p. 410.

683R 56 – ILN 352 – C.A.G. 38/1, commune n°103, p. 84.

684B. Rémy, B. Dangréaux, Inscriptions Latines de Grenoble et de son agglomération, Grenoble, 2002, p. 93. 685C.A.G. 73, p. 191 – H. Barthélémy, C. Mermet, B. Rémy, La Savoie gallo-romaine, Chambéry, 1997, p. 187. 686C.A.G. 74, p. 158 – Annexe, p. 452.

687Ibidem, p. 273.

688P.-M. Duval, Les dieux de la Gaule, Paris, 2002, p. 102.

689N. Laubry, Marcus Herennius Albanus, affranchi lyonnais, adepte du culte de Mercure , in H. Savay-Guerraz, A. Destat ( sous la dir.),

Rencontres en Gaule romaine, 2005-Expo. Lyon, 2005, p. 51 à 54.

134 du pays des Allobroges, elle est aussi honorée chez les Voconces, au Monestier d’Allemont (C.I.L. XII 1525). Parmi les documents figurés, deux bronzes la représentent dans la cité des Helviens, un bas-relief et une intaille l’attestent à Narbonne691, une autre intaille et une gravure sur brique dans le Var. Mais la Fortune est surtout présente à Nîmes, où on a découvert une statuette haute de 5 cm, avec corne d’abondance dans la main gauche et un gouvernail dans la main droite, mais aussi sur une intaille. Enfin, dans la maison de Cybèle et d’Atys, à Glanum692, un bas-relief associe Mercure et Fortuna.693

Ces différentes découvertes, à travers toute la Narbonnaise, montre que la Fortune n’avait pas une place privilégiée chez les Viennois.

b. Victoire, vertu impériale.

La Victoire est considérée comme une divinité à part entière dès la période républicaine. A l’époque impériale, elle devient plus qu’une simple abstraction divinisée, en étant intimement liée au culte et à l’empereur régnant. Elle est fondatrice de l’Empire et conserve, comme nous l’avons déjà vu, une importance essentielle dans la monarchie militaire. Déesse dynastique au Ier siècle, elle veille, à partir des Flaviens, sur chaque Auguste694. Elle n’est mentionnée en tant que Victoire impériale qu’à cinq reprises en

Narbonnaise, dont deux fois dans le seul vicus d’Augustum.

En effet, à Aoste, sur un bloc de calcaire, un certain Caius Virrius Quartio695 a honoré la Victoire auguste avec le produit d’une quête au Ier ou au IIème siècle. Tout à côté, à Nances,

c’est, semble-t-il, un collège de sévirs696 qui la vénère sur une dédicace. Il est très intéressant

de souligner que ces documents aient été découverts justement à Augustum, vicus fondé par le fondateur du Principat. La reconnaissance de l’aristocratie locale transparait dans ces deux témoignages, comme elle s’affirme également dans les dédicaces faites à Junon, à Jupiter, à Esculape, et à différents empereurs au cours du Haut-Empire. Cette agglomération secondaire, à travers l’épigraphie, nous révèle un visage fortement romanisé.697

La Victoire est parallèlement présente sur certains documents figurés. Elle apparait, en premier lieu, sur le vase du Triomphe de Vienna698, couronnant de lauriers la divinité tutélaire,

mais aussi sur une lampe en terre cuite et une intaille retrouvées dans les maisons luxueuses de Saint-Romain-en-Gal699. En Savoie, à Saint-Jean de Couz700, appartenant à une collection

particulière, une coupe d’argent figurant les Victoires a été retrouvée. Enfin, pas très loin de

Genava, dans la commune de Bons-en-Chablais701, près d’une tour, une Victoire sous la

forme d’une applique en bronze a été découverte.

691J. Dupraz, C. Fraisse, Carte Archéologique de la Gaule, L’Ardèche, C.A.G. 07, Paris, 2001, p. 464 ; E. Dellong, C.A.G. 11/1, Paris,

2002, p. 641 à 645.

692A. Roth Congés, Glanum, De l’oppidum salyen à la cité latine, Paris, 2000, p. 40 et 41.

693J.-L. Fiches, A. Veyrac, Carte Archéologique de la Gaule, Nîmes, C.A.G. 30/1, Paris, 1996, p. 249 ; H. Aliquot, La Provence antique,

architecture et civilisation, Veurey, 2002, p. 18.

694B. Rémy, Loyalisme politique et culte impérial dans la cité de Vienne au Haut-Empire d’après les inscriptions, R.A.N. t. 36, 2003, p. 361

à 376.

695R 75 – ILN 598 – Annexe, p. 410. 696R 76 – ILN 599 – CIL XII 2389.

697B. Rémy, J.-P. Jospin, Recherches sur la société d’une agglomération de la cité de Vienne – Aoste(Isère), R.A.N., t. 31, 1998, p. 73 à 89.

Les auteurs pensent que ces deux dédicaces sont la manifestation d’une véritable piété populaire, un attachement spontané et réel à l’Empereur.

698R. Lauxerois, Vienne, un site en majesté, Veurey, 2003, p. 13 ; A. Le Bot-Helly, B. Helly, Les édifices de spectacles de la Vienne

romaine, in Le catalogue de l’exposition du Musée dauphinois de Grenoble, Gollion, 2002, p. 131-Annexe, p. 171.

699Annexes, p. 451.

700H. Barthélémy, C. Mermet, B. Rémy, La Savoie gallo-romaine, Chambéry, 1997, p. 187. 701C.A.G. 74, p. 198.

135 La Victoire est essentiellement honorée à Augustum702, où elle est significative de

l’attachement des autochtones à l’empereur. A l’échelle de la cité, elle est relativement peu vénérée. Cette impression se retrouve sur l’ensemble de la Provincia, où seulement quelques documents épigraphiques lui sont dédiés.

Dans les Hautes-Alpes, la Victoire impériale est attestée à Gap, à Embrun703, et dans

le val de la Durance, dans la partie orientale du territoire des Voconces, sur le site de la Bâtie- Montsaléon704. Dans le Gard, à Nîmes705, une inscription mentionne la Victoire Augusta. Un témoignage à Aix-en-Provence (C.I.L. XII 5773) relève une Victoire Cumu[latrix] (à la Victoire qui dispense ses faveurs).

L’iconographie l’atteste également en Ardèche avec une statuette, un bronze et un décor sur coffret, à Narbonne avec une intaille, une représentation et une Victoire conduisant un bige706 rappelant le décor du vase du « le Triomphe de Vienne ». Dans le sanctuaire de

Nymphée à Nîmes, certains fragments pourraient laisser penser qu’il existait un monument commémoratif de la Victoire.707

c. Abondance.

Une seule et unique statuette en bronze d’une hauteur de 8 cm représente, avec certitude, une Abondance debout, portant dans sa main gauche une corne remplie de fruits, retrouvée dans la commune savoyarde de Saint-Pierre d’Albigny. Les Allobroges semblent privilégier, parmi les divinités des vertus, la Fortune et la Victoire.708

En Narbonnaise, une statue a été découverte dans le Var709 ; mais, c’est en réalité dans

le Gard qu’Abondance est la plus présente, notamment à Nîmes710 où une statue féminine avec une corne d’abondance a été retrouvée, et à Aramon711 où une inscription la mentionne

(C.I.L. XII 1023).

3. Proserpine, la déesse de la germination

Cette déesse, comme nous l’avons vu précédemment, est très rarement évoquée. La dédicace en ex-voto de Vienna, associant Proserpine et Pluton est même unique en Gaule.712

Ici, ce n’est pas la déesse des enfers qui est invoquée, mais la protectrice de la germination des plantes. Il faut remarquer que son auteur est une dédicante nommée …cilia Cornelia, qui, en mentionnant sa filiation, affirme sa citoyenneté.

702B. Rémy, Loyalisme politique et culte impérial dans la cité de Vienne au Haut-Empire d’après les inscriptions, R.A.N., t. 36, 2003, p.

368 ; B. Rémy, J.-P. Jospin, Recherches sur la société d’une agglomération de la cité de Vienne – Aoste(Isère), R.A.N., t. 31, 1998, p. 85 et 86.

703S. Morabito, Inscriptions Latines des Alpes Maritimes, Nice, 2010, p. 74 et 75. La cité d’Embrun (Eburodunum) a été transférée de la

province des Alpes cottiennes à celles des Alpes maritimes. S. Morabito précise que cette dédicace (ILAM 1) à la Victoire n’est pas unique dans cette province, puisqu’elle est également mentionnée sur un document retrouvé à La Condamine-Châtelard (ILAM 16 - cité de Rigomagus). L’auteur fait un rapprochement entre le document d’Embrun, en dépit de l’absence d’épithète, et les deux dédicaces d’Aoste. En effet, le fait que le dédicant soit un sous-officier de la première légion Mineruia implique vraisemblablement une volonté d’honorer la Victoria romaine.

704S. Bleu, Sanctuaire de Viuz-Faverges, in Atlas culturel des Alpes occidentales, Paris, 2004, p. 221. 705J.-L. Fiches, A. Veyrac, C.A.G. 30/1, Paris, 1996, p. 596.

706J. Dupraz, C. Fraisse, C.A.G. 07, Paris 2001, p. 465 – E. Dellong, C.A.G. 11/1, Paris, 2002, p. 641 à 645. 707J.-L. Fiches, A. Veyrac, C.A.G. 30/1, Paris, 1996, p. 249.

708J. Prieur, Epoque romaine, collections du musée de Chambéry, Chambéry, 1984, cat n°34, p. 45 – Annexe, p. 453. 709J.-P. Brun, C.A.G. 83/2, Paris, 1999, p. 920 et 921.

710J.-L. Fiches, A. Veyrac, C.A.G. 30/1, Paris, 1996, p. 576 à 596.

711M. Provost, Carte Archéologique de la Gaule, Le Gard, C.A.G. 30/2, Paris, 1999, p. 87. 712R 31 – ILN 19.

136 Au regard des tableaux713 récapitulatifs des dédicaces aux divinités féminines gréco-

romaines et aux nombreux témoignages figurés les représentant, force est de constater que nous sommes loin de l’image aussi modeste que nous nous faisions de ces déesses dans le panthéon allobroge et de leur place dans la religiosité des élites de la cité.

Les épigraphes ont été découvertes aux quatre coins du territoire. 40% des dédicaces proviennent des trois principales agglomérations. En y ajoutant les deux centres secondaires autour d’Aoste et d’Annecy, ce sont 70% des documents qui viennent des zones urbaines, les 30% restants se retrouvant majoritairement dans la Combe de Savoie. Concernant la datation, elle est indéterminée pour 50% des témoignages écrits, 20% étant du Ier siècle, 30% du Ier ou

IIème siècle. Toujours très difficile à dater, l’ensemble des dédicaces aux déesses gréco-

romaines, à travers leurs pratiques cultuelles et la religiosité des élites, paraît suivre, comme pour les dieux gréco-romains, la romanisation et l’urbanisation du territoire.

Ces dédicaces ont été gravées pour 30% d’entre elles sur des autels. Il y a, toutefois, une assez grande diversité des supports : plaques de bronze ou de calcaire, graffites, tablettes, blocs, dé ou encore colonne. 30% de celles-ci sont écrites en ex-voto, et 30% proposent le formulaire : uotum soluit libens merito (acquitté de son vœu volontiers et à juste titre), démontrant, par là même, la piété profonde des auteurs de ces hommages.

Parallèlement, les dédicants sont à plus de 85% des citoyens romains, portant les tria ou les duo nomina. 30% d’entre eux appartiennent aux grandes familles allobroges : Rufii, Cassii, Attii, Coelii, Verrii, et Servilii.

20% sont de riches évergètes ou donateurs ; et 10% des documents ont été érigés par des femmes. Il faut aussi de nouveau souligner, qu’en dehors d’un collège de sévirs, aucun magistrat n’est ici référencé.

Proportionnellement, les témoignages mentionnant les déesses gréco-romaines sont beaucoup moins nombreux (cinq fois moins nombreux) que ceux honorant les dieux gréco- romains. Ainsi, Mercure est deux fois plus vénéré que l’ensemble de ces divinités féminines. Il faut, néanmoins, nuancer l’impression laissée par cette constatation chiffrée. En effet, plus de 36% des dédicaces dédiées aux déesses sont consacrés à la seule Maïa (sept occurrences prises en compte sur les dix référencées dans la cité), qui apparaît, après la « triade » Mercure, Mars et Jupiter, comme la divinité la plus honorée du panthéon viennois.

Les déesses occupent une place bien plus importante dans le corpus iconographique des divinités gréco-romaines. En effet, 40% des documents les représentent, contre 60% pour les dieux.

Ces témoignages figurés ont été retrouvés sur l’ensemble de la cité aussi bien dans les zones urbaines que dans des lieux plus reculés. Il faut cependant mettre en évidence le fait que 27% d’entre eux ont été découverts à Vienna, et 29% à Boutae. Cela peut s’expliquer par l’omniprésence de Vénus (50% des témoignages concernant les déesses gréco-romaines), notamment dans ces deux agglomérations. La déesse de la Gens Iulia est la divinité la plus représentée du panthéon viennois. Elle apparaît comme le « pendant iconographique » d’Hercule. Et si ce dernier est honoré par de plus nombreux objets en bronze, alors que la déesse est souvent figurée par des statuettes en terre cuite, Hercule, à l’inverse de Vénus, ne

137 peut se targuer de statues monumentales en marbre, ou de témoignages aussi précieux que la statuette de Détrier.

Il est nécessaire, pour terminer, de revenir une fois encore sur les personnalités de ces déesses gréco-romaines. Très peu d’épithètes sont accolées à leurs noms dans les témoignages épigraphiques et elles ne sont jamais associées à des divinités indigènes. Maïa, tout comme Cérès, est accompagnée de Mercure, et Proserpine de Pluton. La déesse primordiale du panthéon viennois laisse transparaître un visage à la romanité certaine. Derrière elle, Vénus, Diane, Victoire, ou à un moindre degré Fortune, offrent un visage assez classique, alors que Junon et Minerve ont un caractère capitolin plus affirmé que supposé. Sans omettre la place occupée par Roma, il sera donc intéressant d’analyser le rôle joué, corrélativement, par les déesses des cultes à Mystères et des divinités indigènes, comme les déesses Mères, dans la religiosité des élites allobroges.

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