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Chapitre II : Les citoyens de la cité et la dévotion aux dieux gréco-romains

F. Les autres divinités masculines.

Il ne faudrait pas s’arrêter aux divinités masculines majeures de la cité, car certains documents exceptionnels nous font connaître d’autres dieux gréco-romains, dont la place au sein du panthéon allobroge apparaît singulière. Souvent localisé, leur culte revêt parfois une importance certaine, comme c’est le cas pour les Dioscures, par exemple.

Au-delà des découvertes archéologiques, il faut cependant s’interroger sur la portée de ces divinités dans la religiosité des élites.

1. Les Dioscures

Selon Tacite532, les jumeaux divins avaient des parallèles dans la religion germanique, ce qui peut laisser supposer qu’il en était de même chez les peuples gaulois.

A Vienna, l’inscription d’une haute magistrate restée anonyme533, flaminique,

mentionne qu’elle a donné une décoration à un monument sans doute religieux. Pour cette ornementation, elle a offert quatre statues, comme nous l’avons vu précédemment. En dehors de Mercure et Hercule, il y a les représentations de Castor et Pollux, datant de la fin du Ier

siècle ou du début du IIème siècle. les Dioscures devaient certainement jouir d’une certaine

popularité dans la capitale, puisqu’ils encadrent en cavaliers, sur un relief, Aïon et Kronos. Toutefois, c’est en Haute-Savoie que les divinités jumelles apparaissent les plus présentes, dans le pagus de Diane et autour de Boutae. Ainsi, à Seyssel, Pollux est associé à deux reprises au dieu indigène Vintius, ce dernier étant lui-même desservi par un culte quasi officiel. Le premier texte est l’œuvre d’un préfet du pagus, prêtre de Vintius au Ier siècle, nommé Quintus Catius Bellicus534. Il fait partie de l’aristocratie locale. Le second est un autel,

en ex-voto, dédié aux deux mêmes divinités par Cnaeus Terentius Terentianus535, dans la

seconde moitié du IIème siècle. Vintius, comme nous le verrons ultérieurement, a un culte très

localisé, entre le Fier et le Rhône, laissant à penser qu’il était peut-être le dieu des utilisateurs de l’eau, d’où son association avec Pollux, puisque les Dioscures avaient le don de l’apaiser.

Un autre magistrat, également préfet d’un district (celui d’Apollon), Gaius Ateius Peculiaris536, a offert, grâce à une quête doublée (ex stipe), un monument ou une statue en

l’honneur de Castor et Pollux à Boutae. Une autre dédicace a été découverte à Duingt, dans le bassin annécien, mentionnant l’élévation d’un monument avec la souscription de l’année 91, en l’honneur de Castor. Le dédicant, Caius Caprilius Sparus537, est le prêtre du sanctuaire

local de celui-ci. Si nous ignorons le statut exact de Sparus, sa place dans la cité et l’importance de sa magistrature, il appartient cependant à la plus prestigieuse lignée annécienne, les Caprilii.

Ces différents témoignages prouvent que les Dioscures avaient un certain rôle dans la religiosité des élites allobroges ; mais, semble-t-il, d’une manière très locale : à Vienna où ils jouissent d’une popularité établie ; dans le pagus de Diane où Pollux est associé au culte de

Vintius ; ou encore dans la région de Boutae où Castor paraît avoir un sanctuaire qui lui est

dédié.

532Tacite, Germanie, 43, 4. 533R 15 – ILN 88 – Annexe, p. 212. 534R 148 – I.L.H.S. 96.

535R 149 – ILN 785 – I.L.H.S. 97 – Annexe, p. 414. 536R 164 – I.L.H.S. 52 – Annexe, p. 399.

106 Il faut, de plus, souligner la qualité des dédicaces et celle des dédicants : donation de statues par une flaminique, hommage d’un préfet et prêtre de Vintius, deux monuments érigés avec le produit de quêtes annuelles par un préfet du pagus d’Apollon et par un sacerdoce issu de la gens Caprilia.

2. Saturne, Pluton et Quirinus

Peu honorés dans la Provincia Narbonensis, certains dieux gréco-romains le sont d’une façon originale chez les Allobroges.

a. Saturne.

Ainsi, l’unique mention de Saturne en Narbonnaise a été découverte à Cularo. Il s’agit d’une dédicace faite par un riche évergète, chevalier, sous préfet des cavaliers, nommé D. Decmanius Caper538, connu par deux autres textes gravés (ILN 357. 370). Par testament, il a

ordonné l’érection de deux statues de bronze, sous la dynastie julio-claudienne, pour la somme non négligeable de cinquante mille sesterces. Ces deux documents figurés représentent Mars et Saturne. Cette inscription, conservée au Musée dauphinois de Grenoble, mentionnait donc l’ornementation d’un monument.

Cette dédicace est intéressante, car elle est adressée directement au Saturne romain et confirme les intentions de Caper qui sont inscrites sur les deux autres documents : vénération à Mars et donation de statues.

Saturne est également représenté parmi les bustes de l’autel d’Agnin, aux côtés des dieux de la semaine (R. 84).

b. Pluton.

Très rarement évoqué, Pluton est associé, dans un ex-voto retrouvé à Vienna, à Proserpine. Cette association unique en Gaule est le fait d’une dédicante se nommant …cilia Cornelia539. Exceptionnel, cet ex-voto, conservé au Musée lapidaire de Vienne, ne semble pas invoquer le caractère souterrain du dieu des morts, mais plutôt le fait qu’il soit le protecteur du sol fécond. Parallèlement, la déesse des enfers est ici mentionnée, car elle est, à l’origine, la protectrice de la germanisation des plantes. Plusieurs spécificités du panthéon allobroge peuvent corroborer cette hypothèse. Tout d’abord, dans la très grande majorité des épitaphes, les Viennois invoquent l’esprit des morts, les dieux Mânes.

Ensuite, comme nous le découvrirons petit à petit, les Allobroges sont très attachés aux divinités de la prospérité, de la fécondité, de la fertilité et de la terre.

c. Quirinus.

Encore plus surprenantes et rares, uniques dans les provinces romaines, deux dédicaces s’adressent au dieu Quirinus à Saint-Laurent-du-Pont, en Isère. Il est un dieu très ancien, formant, avec Jupiter et Mars, la première triade romaine. Il n’a été honoré qu’à Rome et en Italie, et ceci malgré le maintien d’une prêtrise prestigieuse, l’un des trois flaminats majeurs, le flaminat de Quirinus.

538R 61 – ILN 363 – C.A.G. 38/1, p. 74 ; Le catalogue de l’exposition du Musée dauphinois de Grenoble, Gollion, 2002, p. 66, photo. Y.

Bobin – Annexe, p. 410.

107 Dans ce lieu, deux personnages, Coius Modestus et Iulius Macrinus540, porteurs des duo nomina seconde manière541, ont dédié un autel ou la base d’une statue à Quirinus auguste,

dans la seconde moitié du IIème siècle ou au début du IIIème siècle. On peut s’étonner de la présence à cet endroit d’un sanctuaire, comme le suggère la seconde dédicace. En effet, un personnage, dont le nom demeure indéterminé542, a fait graver un texte en l’honneur de la

divinité ancestrale. D’après la qualité du graphisme, il date du Ier ou du IIème siècle.

Toujours à Saint-Laurent-du-Pont, les archéologues ont mis au jour un fragment d’architrave543 du Ier ou du IIème siècle faisant référence à Quirinus.

La seule mention de Saturne en Narbonnaise, l’association exceptionnelle en Gaule de Pluton et Proserpine, et les dédicaces uniques à Quirinus dans l’ensemble des Provinces ont été retrouvées en Isère, témoignant de la richesse et de la complexité du panthéon allobroge, des liens forts engendrés par l’accession à la citoyenneté, mais aussi la profonde intégration et romanisation des élites et du panthéon viennois.

3. Esculape, Silvain et Neptune

D’une manière moins exceptionnelle que les trois divinités précédentes, ces dieux-ci font aussi l’objet de dédicaces sur le territoire viennois.

a. Esculape.

Parmi les rares inscriptions honorant la divinité de la médecine, Esculape, sur l’ensemble de la Provincia Narbonensis544, deux témoignages ont été mis au jour dans le département isérois.545

A Cularo, un dédicant, portant un nom unique latin (unicum dans la Province), Caecus546 a fait élever un autel en son honneur. Il est délicat de connaître le statut de celui-ci.

Son nom ne se retrouve pas chez les esclaves à Rome. De plus, ce personnage est gardien du temple d’Isis. Il était sans doute aveugle, ce qui expliquerait son invocation au dieu de la médecine.

A Aoste, un citoyen, nommé Marcus Pennius Apollonius, a fait graver une dédicace à Esculape. Le dédicant porte un surnom grec, avec sans doute une référence à Apollon. Il emploie également un théonyme grec pour désigner le dieu médecin.547

Or, nous connaissons les liens unissant dans la cité les deux divinités, les citoyens semblant privilégier le second, même si plus de 20% des dédicaces au fils d’Apollon et de la mortelle Coronis en Narbonnaise ont été retrouvés sur le sol viennois. En effet, la société allobroge s’est attachée très tôt au caractère guérisseur de certaines divinités comme les

540R 99 – ILN 347 – C.A.G. 38/1, p. 127 – Annexe, p. 401.

541Au sujet des duo nomina : les citoyens romains se distinguent généralement par leurs tria nomina (prénom, gentilice, surnom). Toutefois,

au tout début de l’Empire, ils utilisent les duo nomina première manière (prénom, gentilice). Dès la seconde moitié du IIème siècle, la

dénomination par les duo nomina se fait alors d’une nouvelle façon appelée deuxième manière utilisant gentilice et surnom (abandon du prénom).

542R 100 – ILN 348 – Annexe, p. 401.

543Le catalogue de l’exposition du Musée dauphinois de Grenoble, Gollion, 2002, p.149, photo. Y. Bobin.

544B. Rémy, Esculape et Hygie dans la cité de Vienne, La Pierre et l’Ecrit, 17, Revue d’histoire et du patrimoine en Dauphiné, Grenoble,

2006, p. 51. B. Rémy précise la rareté des occurrences en Gaule et plus particulièrement en Narbonnaise (huit témoignages épigraphiques dans la Provincia selon lui).

545G. Masson, Asclépios/Esculape et Hygie en Gaule et dans les Germanies, thèse dirigée par C. Annequin-Jourdain, Grenoble, 2007, p. 36

à 40 : « On recense, en Gaule narbonnaise, quatre inscriptions dédiées au dieu Asclépios ou Esculape : à Nîmes, Aoste, Grenoble et Riez. ».

546R 55 – ILN 351 ; B. Rémy, J.-P. Jospin, Inscriptions Latines de Grenoble et de son agglomération, Grenoble, 2002, p. 92 : IL de

Grenoble n°1.

547R 72 – ILN 592 ; G. Masson, Asclépios/Esculape et Hygie en Gaule et dans les Germanies, thèse dirigée par C. Annequin-Jourdain,

108 déesses Mères, ou encore le frère jumeau de Diane à la connotation celtique dans les Alpes. Ces deux documents épigraphiques, quasiment indatables, n’ont pas de formulaire votif, ce qui peut faire penser à un don gratuit548. Le statut des deux dédicants, honorant le dieu de la médecine, ne s’inscrit pas, de plus, dans les hautes sphères de la société allobroge. Esculape a néanmoins un caractère strictement gréco-romain dans ces dédicaces, et B. Rémy549 avance

même le fait que le contexte du document de Cularo permet de songer à l’existence d’un sanctuaire.

Un dernier document, figuré, a été découvert à Annecy. Parmi les objets anciennement répertoriés, mais perdus, est signalée une bague en argent, portant un châton en cornaline gravé de la tête d’Esculape.550

b. Silvain.

Parmi les peuples du Sud des Alpes551, nombreux sont ceux qui donnent leur faveur

notamment à des divinités proches de la nature, comme Silvain. Le dieu romain des bois est assimilé en Gaule au dieu indigène Sucellus.

Comme nous le verrons ultérieurement, ces deux dieux ne doivent pas être envisagés séparément552. Dix-sept inscriptions les mentionnent dans la seule Narbonnaise, dont quinze

pour le seul Silvain553. Deux d’entre elles ont été découvertes dans la cité.

Un premier autel lui a été dédié à Saint-Laurent-du-Pont par un dédicant devant porter les tria nomina, dont le nom est difficile à restituer. Le fait que celui-ci soit mentionné avant le nom de la divinité incite à dater ce texte de la période julio-claudienne.554

Le second autel a été trouvé à Genève. Il est le fait d’un certain Lucius Sanctius Marcus555, pour la sauvegarde des bateliers du cours supérieur du Rhône. C’est l’unique

mention dans la cité des ratiarii superiores, et ceci par un dédicant, citoyen romain de la cité voisine des Helvètes, qui devait être installé à Genava pour ses activités commerciales. La relation entre Silvain et cette corporation est évidente. C’est une allusion au bois, dont sont faits les bateaux, et au transport de cette matière.

c. Neptune.

Un autre dieu primordial gréco-romain est peu évoqué dans les Alpes occidentales de l’Empire : Neptune. Une mosaïque le représentant, datant du Ier ou IIème siècle, orne bien une riche domus à Die (Dea Augusta), et une rare statue a été découverte dernièrement, en 2006, dans le comblement d’un bassin à Nîmes, mais cette divinité ne semble pas avoir fait l’objet d’un culte, et aucun sanctuaire ne lui est dédié.556

548B. Rémy, Esculape et Hygie dans la cité de Vienne, La Pierre et l’Ecrit, 17, Revue d’histoire et du patrimoine en Dauphiné, Grenoble,

2006, p. 51 à 58.

549 Ibidem, p. 51 à 58.

550C.A.G. 74, p. 138 ; B. Rémy, Esculape et Hygie dans la cité de Vienne, La Pierre et l’Ecrit, 17, Revue d’histoire et du patrimoine en

Dauphiné, Grenoble, 2006, p. 55 et 56. L’auteur émet le fait qu’une statuette fragmentaire du musée Borély à Marseille et qu’un buste en bronze du musée des Beaux-Arts de Vienne, tous deux pouvant représenter Esculape, pourraient attester sa présence à Vienna même. (Il cite aussi un fragmentaire en marbre datant de 250-300 conservée au Musée lapidaire).

551S. Morabito, Inscriptions Latines des Alpes Maritimes, Nice, 2010, p. 269 et 270. Par exemple, deux dédicaces à Silvain sont attestées

dans la cité de Cemenelum (ILAM 161, 162). Pour information, S. Morabito a soutenu sa thèse, La province romaine des Alpes Maritimes, des origines à la fin de l’Antiquité, à l’université Paul Valéry de Montpellier III en Décembre 2007.

552H. Savay-Guerraz, Les dieux de Lugdunum, in H. Savay-Guerraz, A. Destat ( sous la dir.), Rencontres en Gaule romaine, 2005-Expo.

Lyon, 2005, p. 55 à 60. A titre d’exemple, Silvain comme Sucellus sont honorés tous deux à Lugdunum.

553C. Bezin, Vaison-la-Romaine, Une longue histoire…, Aix-en-Provence, 1999, p. 37. Silvain est l’une des nombreuses divinités vénérées

à Vasio.

554R 101 – ILN 349 – Annexe, p. 402. 555R 209 – ILN 838 – Annexe, p. 403.

556H. Desaye, Die, in Atlas culturel des Alpes occidentales, Paris, 2004, p. 143 ; J. Daniel, Nîmes, un trésor de mosaïques au centre ville,

109 Pourtant, chez les Allobroges, qui font preuve une nouvelle fois d’une grande richesse cultuelle, un autel lui est consacré à Genava par Caius Vitalinius Victorinus557, chef de poste

de la XXIIème légion. L’utilisation du mot « Deo » devant Neptune permet de dater ce texte de la seconde moitié du IIème siècle, après 135. Quel était le rôle du dieu des mers dans cette

dédicace ? Il devait être assimilé à une divinité du Léman, et, sans doute, vénéré par les corporations, bateliers et ratiaires, utilisateurs des ports du lac et certainement du Rhône, comme cela pouvait être le cas autour de Lugdunum.558

Neptune est aussi représenté aux côtés d’Apollon et Mercure sur la patère en argent d’Annecy, dont certains chercheurs contestent l’authenticité.559

4. Les inscriptions mentionnant Genius, Honos et Virtus

Quelques documents épigraphiques révèlent des dédicaces relativement singulières dans la cité.

Dans la capitale, une colonne ronde en marbre laisse apparaître une inscription d’un personnage nommé Namerius Euprepes560. Il y affirme avoir dédié une statue au Génie

(Genius). Ce dernier est un dieu particulier, un esprit chargé de veiller sur chaque être humain, dès sa naissance, et partageant sa destinée. Culte relativement développé à Rome, il s’étendait aux personnes, aux lieux, ou encore aux activités. Ce présent document de la seconde moitié du IIème siècle, ou du début du IIIème siècle, a été gravé par un personnage, peut-être d’origine servile (surnom grec), mais qui était assurément président du collège des hastifères, desservant du culte de Bellone.

Une autre dédicace de Vienna associe d’une manière très originale le Genius et l’Honos. Ici, c’est le génie des utriculaires qui est honoré, comme c’est le cas chez les Eduens (C.I.L. XIII 2839). Seulement, l’association avec Honos est unique en Gaule. L’un des dédicants, Aurelius Marinus, citoyen romain de naissance, est membre de la corporation des bateliers naviguant sur des radeaux en eau douce. En tant qu’utriculaire, il devait aussi honorer Neptune, comme nous l’avons vu précédemment. C’est la seule corporation retrouvée à Vienna, qui souffre, dans ce domaine, du voisinage de Lyon où sont présentes les corporations des nautes, des utriculaires et des ratiaires. Les deux autres dédicants, Aurelius Eutyches (mentionné sur un second texte à Genève : ILN 870) et Antonius Pelagius, sont des

immunes, membres effectifs ou d’honneur. Ce texte de la seconde moitié du IIème siècle, voire

du début du IIIème siècle, a une formulation finale calquée sur celle utilisée par les décurions.561

A propos du Génie, nous pouvons également ici évoquer la statuette de bronze, haute de 16cm, retrouvée dans le site de la villa de la Dent à Meyzieu, à l’Est de Lyon. L’image de ce jeune imberbe, vêtu d’une tunique, portant des sandales à lanière rappelle celle d’un Lare d’Herculanum. Il s’agirait d’un Genius des bronziers de Diar[-], servant de tirelire religieuse pour des offrandes monétaires faites par un petit groupe professionnel local.562

En Savoie, à La Ravoire, un autel a été dédié, peut-être, au Génie (de la maison ?), également dans la deuxième partie du second siècle ou au début du troisième, par un membre de la gens Iulia, Quintus Iulius Macrinus.563

557R 208 – ILN 836 – Annexe, p. 404.

558H. Savay-Guerraz, Les dieux de Lugdunum, in H. Savay-Guerraz, A. Destat ( sous la dir.), Rencontres en Gaule romaine, 2005-Expo.

Lyon, 2005, p. 55 à 60. Neptune est notamment figuré sur un bronze.

559C.A.G. 74, p. 136 et 137. 560R 24 – ILN 6.

561R 25 – ILN 7.

562J.-C. Béal, Au Génie des bronziers de Diar[-], R.A.N., t. 41, 2008, p. 169 à 180. Selon l’auteur, données épigraphiques (ILN 2) et

iconographiques concordent pour faire de ce petit moment un hommage au Génie des aerarii Diarenses.

110 Sur les franges de la cité, à Mauves, dans l’actuel département de l’Ardèche, une dédicace a été faite par un anonyme564, qui a occupé le triumvirat locorum publicorum persequendorum, ce qui le rattache nécessairement à la cité viennoise. Très haut magistrat,

peut-être ancien militaire, appartenant à l’ordre équestre, et ayant tenu la charge sacerdotale du flaminat, il est inscrit dans le collège voué au culte d’Honos et de Virtus. Ce document est intéressant, car cette association divine est aussi attestée en Narbonnaise, à Arles et à Narbonne (C.I.L. XII 4371).

5. Quelques documents figurés de divers dieux

A Sainte-Colombe565, près de la capitale, a été mise au jour une maison à péristyle du

IIème siècle ou du début du IIIème siècle, qui tire son nom du décor de sa salle de réception, la

« Maison d’Amour et de Pan ».

A Beaurepaire566, on a découvert une petite fontaine en marbre aux abords de la voie

romaine menant Cularo à Vienna. Ornée, la fontaine abrite des Amours nus, debout, avec sur leurs épaules gauches une urne renversée. A Saint-Etienne de Crossey567, c’est une statuette

en bronze d’Eros, qui a été mise à jour. Cette dernière divinité, à Grésy-sur-Isère, dans la Combe de Savoie, est, sans doute, représentée sur un char attelé par une autruche (?) sur l’intaille en pâte de verre bleu foncé d’une bague en argent.568

Dans le département isérois, à Saint-Martin-de-la-Chuze569, une statuette en bronze, haute de 22cm, représente un luperque, aux côtés de plusieurs médaillons du règne des Antonins. Les luperques (lupercus), prêtres des loups, font partie d’une confrérie célébrant à Rome le culte de Faunus lupercus, lors des lupercalia du 15 Février, où on immolait un bouc dans une grotte du Palatin. Faunus fut très tôt identifié à Pan.

Dans le fameux quartier de Saint-Romain-en-Gal, la « Maison du dieu Océan » est un véritable petit palais de 3000m2 au sol, avec un vestibule monumental d’une hauteur de 9

mètres. Il est entièrement décoré en noir et blanc, avec une tête du dieu.570

Enfin, en Haute-Savoie, à Cran-Gevrier, dans la région d’Annecy, les archéologues ont découvert une statuette en bronze d’un dieu Lare.571

Les témoignages archéologiques sur le sol viennois montrent que les dieux gréco- romains étaient très largement représentés dans le panthéon allobroge, et que les élites de la cité y furent très tôt attachées à de nombreuses divinités masculines. Le pouvoir romain a donc réussi une précoce et importante acculturation religieuse, en s’appuyant sur les dignitaires et les grandes familles allobroges. D’une manière concomitante, ces mêmes personnages se sont servis de l’évergétisme et de la dévotion qu’ils rendaient aux grandes