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Chapitre III : Les notables et les cultes des déesses gréco romaines

B. Diane la chasseresse et Vénus la Romaine.

Diane et Vénus font partie des divinités féminines traditionnelles les plus importantes du panthéon romain. Diane est la sœur jumelle d’Apollon. Pour les Romains, si elle est la déesse de la nature sauvage, des bois et des forêts, elle est aussi celle de la chasteté, très souvent représentée avec un carquois et un arc. Ancienne déesse romaine de la végétation et des jardins, Vénus fut assimilée à l’Aphrodite grecque. Elle est également considérée comme la fondatrice de la Gens Iulia.

Une fois recensés, les différents documents archéologiques de la cité de Vienne offrent une image singulière de Diane, alors que Vénus semble s’imposer à travers le nombre de témoignages iconographiques.606

1. Diane la chasseresse, déesse de la chasteté

La déesse de la nature sauvage est très peu mentionnée dans l’épigraphie viennoise (deux occurrences) et seul un fragment de dédicace retrouvé à Cularo pourrait relever du fait d’un notable de la cité. Cette inscription est le fait d’un dédicant anonyme607, qui associe la

puissance divine des empereurs et la déesse italique, montrant que Rome n’est pas la seule divinité intervenant dans le culte impérial. Ce document date sans doute de la seconde moitié du IIème siècle, à une époque où le contenu du culte tend à se diversifier.

En dehors de ces deux occurrences, il faut noter qu’un des pagi du territoire a pris le nom de la déesse : le pagus Dia(nensis ou nae), où plusieurs magistrats sont attestés608. Diane

demeure néanmoins très discrète dans la cité, et complètement absente de la capitale.

L’iconographie confirme la pauvreté des témoignages. Diane apparaît, avec son carquois, sur le décor, en l’honneur du groupe Bacchus-Silène, de la plaque de bronze des Roches-de-Condrieu609. Une statuette de Diane chasseresse a aussi été trouvée près du forum

de Boutae.610

602E. Dellong, Carte Archéologique de la Gaule, Narbonne et le Narbonnais, C.A.G 11/1, Paris, 2002, p. 641 à 646. 603J.-L. Fiches, A. Veyrac, Carte Archéologique de la Gaule, Nîmes, C.A.G. 30/1, Paris, 1996, p. 575 à 596. 604E. Dellong, C.A.G. 11/1, Paris, 2002, p. 641 à 646.

605P.-M. Duval, Les dieux de la Gaule, Paris, 2002, p. 108. 606Carte, p. 498.

607R 44 – ILN 362 – CIL XII 2224 ; C.A.G. 38/1, commnune n°103, p. 84 et 85 ; B. Rémy, B. Dangréaux, Inscriptions Latines de Grenoble

et de son agglomération, IL de Grenoble n°12, Grenoble, 2002, p. 110.

608B. Rémy, I.L.H.S., Annecy, 1995, p. 13. 609C.A.G. 38/1, p. 152 – Annexe, p. 443.

124 Parmi les monuments recensés, l’énigmatique temple d’Aix-les-Bains611 aurait pu être

consacré à la déesse chasseresse. Il fut dédié d’une manière hypothétique à Diane par le général-comte de Loches dès 1783. Paradoxalement fort peu connu, il est l’un des mieux conservé en France.612

En l’absence de tout indice religieux déterminant, de nombreux chercheurs sont tentés de le rapprocher de divinités de source telles que Borvo, évoqué par les deux inscriptions découvertes dans les thermes (C.I.L. XII 2443. 2444)613. La fonction thermale d’Aquae ne faisant aucun doute, on peut souligner ici la pérennité des cultes liée aux manifestations naturelles si chères au peuple gaulois. Bien moins célèbre que la Maison carrée de Nîmes ou que le Temple de Vienne, ce monument en parfait état a très tôt attiré l’attention des érudits locaux.

De plan rectangulaire, le faîte devant s’élever à quelque 16 mètres, les murs sont composés de treize assises. Le podium, dégagé lors des fouilles de 1988, mesure 3,29 mètres. A l’intérieur, la cella est séparée du vestibule par deux têtes de murs. Une partie de la façade visible permet de donner les dimensions réelles de l’édifice. De plus, ce temple n’était pas isolé, car on peut supposer la présence de portiques et d’un autre bâtiment sans doute situé à l’est614. Les archéologues ont également mis à jour une statue féminine acéphale qui était sans doute une statue honorifique, peut-être une impératrice.

Pour conclure, ce temple, datant certainement du IIème siècle, a subi de nombreux

remaniements, expliquant les différentes interprétations : temple dédié à Diane, à Borvo ou encore aux Comedovae.615

2. Vénus, la fondatrice de la Gens Iulia

A l’image de ce que représente Vénus dans la conscience contemporaine, la déesse occupe une place à part parmi les divinités féminines du panthéon allobroge, étant quasiment absente de l’épigraphie, et apparaissant comme la divinité ayant reçu le plus grand nombre d’hommages figurés.

a. L’autel en marbre de Vienne.

C’est une dédicace exceptionnelle en hommage à Vénus auguste. Le dédicant, L. Rufius Rufinus616, appartient à la gens Rufia. C’est un citoyen romain, mentionné sur une autre inscription à Vienna (ILN 81), nous permettant de dater l’autel de la fin du Ier siècle ou du IIème siècle.

Il faut savoir que ce précieux texte gravé, découvert sur les flancs de Sainte-Blandine, est le seul en Gaule, avec celui de Nîmes (C.I.L. XII 3133), à mentionner la déesse de la Gens Iulia.

611Ph. Leveau, B. Rémy, A. Canal, M. Segard, Aix-les-Bains, vicus thermal et bourg rural, R.A.N., t. 38-39, 2005-2006, p. 88 à 93. 612H. Barthélémy, C. Mermet, B. Rémy, La Savoie gallo-romaine, Chambéry, 1997, p. 122 à 132 - Annexes, p. 470 et 471.

613B. Rémy, La dénomination des habitants d’Aix-les-Bains (Aquenses), R.A.N., t. 40, 2007, p. 447 à 454 ; Ph. Leveau, B. Rémy, A. Canal,

M. Segard, Aix-les-Bains, vicus thermal et bourg rural, R.A.N., t. 38-39, 2005-2006, p. 88 à 96.

614Ph. Leveau, B. Rémy, A. Canal, M. Segard, Aix-les-Bains, vicus thermal et bourg rural, R.A.N., t. 38-39, 2005-2006, p. 85 à 93. 615A. Canal, M. Tarpin, Le temple romain d’Aix-les-bains, in Le catalogue de l’exposition du Musée dauphinois de Grenoble, Gollion,

2002 p. 152 à 157.

125 b. La statuaire.

Ce ne sont pas moins de quatorze témoignages qui ont été retrouvés sur le sol viennois. Certains d’entre eux semblent faire référence à des cultes privés, alors que d’autres ont certainement une portée publique.

Vénus est représentée deux fois dans la capitale. Un torse d’une statue en marbre mis au jour dans la colonie est actuellement conservé au Musée Saint-Pierre.617

Dans le quartier de Sainte-Colombe, les thermes dits « Palais du miroir » abritaient de remarquables sculptures, dont une Vénus accroupie618, conservé ce jour au Musée du Louvre.

Celle-ci peut correspondre à la collection de l’illustre Viennois, Valerius Asiaticus, premier sénateur allobroge, consul condamné par Claude comme trop riche, mais surtout soupçonné pour son soi-disant rôle joué lors de la chute de Caligula. Appliquée à sa toilette, cette Vénus a été découverte lors des fouilles de 1928. R. Lauxerois619 la date du IIème ou IIIème siècle avant J.-C.

La C.A.G. de l’Isère nous apprend l’existence d’une statuette à Cularo620. Deux autres

témoignages ont été répertoriés dans le reste du département : une Vénus de plomb à Gaulas621 et un remarquable marbre à Saint-Paul-lès-Romans622, dans la basse vallée du fleuve, parmi les vestiges d’une importante villa romaine623. Ce marbre fait partie de la

collection du Musée Guimet de Paris.

Vénus est présente également en Savoie, notamment autour de Lemencum (Chambéry). Dans l’actuelle capitale des Ducs de Savoie, on a découvert en 1896, au faubourg Maché, dans la fontaine de Bourneau, une Vénus anadyomène624 à demi-drapée, en

marbre de Paros, qui est actuellement déposée au Musée Savoisien. La statuette de Détrier625 a, elle, été retrouvée dans un sarcophage en plomb contenant le squelette d’une jeune fille. Cette statuette est en bronze, portant un anneau en or. En l’absence de mention originale et d’atelier cutifiés gaulois, on peut supposer italique ce modèle de 15 cm, qui date de la fin du Ier siècle, ou plus probablement du IIème siècle. Au regard de la qualité de cette statuette, Vénus faisait sans doute l’objet, ici, d’un culte

Dans la partie orientale de la cité, la déesse de la beauté apparaît à de nombreuses reprises à Boutae. L’importance de la statuaire est impressionnante au regard de la taille modeste du vicus d’Annecy. Ce ne sont pas moins de sept représentations de la divinité qui y sont recensées. Dans la plaine des Fins a été retrouvée une Vénus anadyomène626. Suite aux

fouilles effectuées en 1884 à l’angle de la rue Ch. Marteaux et de l’avenue des Iles, la moitié inférieure d’une autre figure anadyomène en terre cuite blanche a été mise au jour627. La nécropole de l’agglomération a livré d’autres témoignages provenant souvent des tombes : une figurine de Vénus en terre cuite blanche au visage brisé a une estampille du coroplaste « Pist(illus) », portée à l’arrière , sur la draperie, permettant d’attribuer cette statuette de Vénus pressant son sein à l’atelier d’Autun628. Cette Vénus, haute de 13,5 cm, daterait de la

617R. Lauxerois, Vienne, un site en majesté, Veurey, 2003, p. 34 – Annexe, p. 444. 618R. Chevallier, Provincia, Paris, 1982, p. 103 à 105 – Annexes, p. 444 et 446. 619R. Lauxerois, Vienne, un site en majesté, Veurey, 2003, p. 35.

620C.A.G. 38/1, p. 92. 621Ibidem, p. 112.

622J.-P. Jospin, La villa de Saint-Paul-lès-Romans, in Atlas culturel des Alpes occidentales, Paris, 2004, p. 154.

623M.-N. Roy, Les marbres de la villa des Mingauds à Saint-Paul-lès-Romans (Drôme), La Pierre et l’Ecrit, 20, Revue d’histoire et du

patrimoine en Dauphiné, Grenoble, 2009, p. 5 à 27.

624C.A.G. 73, p. 67 ; J. Prieur, Epoque romaine, collections du musée de Chambéry, Chambéry, 1984, p. 37 – Annexe, p. 446.

625H. Barthélémy, C. Mermet, B. Rémy, La Savoie gallo-romaine, Chambéry, 1997, p. 94 et 187 ; J. Prieur, Epoque romaine, collections du

musée de Chambéry, Chambéry, 1984, cat n°11, p. 36 et 37 – Annexe, p. 141.

626C.A.G. 74, p. 144. 627Ibidem, p. 144 à 150.

126 fin du IIème siècle, début du IIIème siècle. Dans une autre tombe a été recueillie une autre

statuette629 pressant son sein, toujours en terre cuite blanche, le visage aussi brisé, haute de 14

cm. Au nord du forum, dans une des deux tombes à incinération du Ier siècle, fouillées entre 1908 et 1911, fut découverte la partie médiane d’une statuette en terre cuite également blanche630. Cette fois au sud du même forum, un fragment de figurine représentant la partie

postérieure d’une tête de Vénus, haut de 6 cm, a été retrouvé631. Boutae a aussi été le lieu de

la mise au jour d’une tête de Vénus en marbre, en 1821, lors du percement de l’avenue de Genève632. Cette pièce est conservée au Musée-Château d’Annecy.

Pierre Broise633 dénombre ainsi dans ce vicus pas moins d’une demi-douzaine de

Vénus en terre cuite et une Vénus en argent.

Toutes ces statuettes et figurines peuvent relever de cultes privés et de cultes publics. Elles ont été retrouvées aussi bien dans des Palais que dans des nécropoles, aux quatre coins du territoire. Il faut encore noter que ce ne sont pas moins de 50% des témoignages qui ont été découverts à Boutae.

c. Les autres représentations iconographiques.

Quatre autres documents remarquables ont été référencés dans la cité des Allobroges. Le premier d’entre eux est, sans aucune hésitation, la mosaïque des saisons et des auriges de Vienne634, déposée au Musée de civilisation gallo-romaine de Lyon. Le décor de cette œuvre,

très composite, représente dans le médaillon central aujourd’hui disparu, Vénus marine, et dans les autres, des bustes de femmes symbolisant les saisons, une chèvre, un centaure et un Amour ailé chevauchant une panthère. Cette mosaïque date du IIème siècle. De telles

compositions ornaient les demeures patriciennes de Vienna, plus particulièrement les pièces d’apparat ou de réception. Il faut souligner que de nombreuses et variées activités artisanales se rencontrent dans la majorité des localités. Toutefois, l’école de mosaïque de Vienne constitue l’exemple le plus original.

Il faut citer ici, une fois encore, l’exceptionnel autel d’Agnin635 où le buste de Vénus

fait partie de l’ensemble.

A Annecy, une Vénus à l’oiseau fait l’objet d’une glyptique636. Sur l’intaille en

cornaline, une jeune femme nue est dessinée assise de dos, tenant un oiseau, faisant référence à la déesse.

Le dernier témoignage se trouve aux confins du territoire, sur les rivages lémaniques, à Thonon-les-Bains637. C’est une frise faisant partie d’un moule à vase638 de l’atelier de ce

même vicus, dont les poinçons principaux figurent Vénus et Hercule. Ce moule, pour la fabrication de bois en terre sigillée, à décor en relief, daterait du IIème ou IIIème siècle.

Ces différents documents montrent, au-delà de la statuaire, l’extraordinaire variété des représentations de la déesse.

629Ibidem, p. 144 à 150. 630Ibidem, p. 144 à 150. 631Ibidem, p. 149.

632S. Bloch, A. Crouzet, Annecy, une ville, un lac, Veurey, 2003, p. 4 – Annexe, p. 447. 633Broise, Le vicus gallo-romain de Boutae et ses territoires, Annecy, 1984, p. 59.

634Le journal de l’exposition du Musée Savoisien de Chambéry, Les Allobroges : Gaulois et Romains du Rhône aux Alpes, Chambéry-

Grenoble, 2002, p. 14 et 15 – Annexe, p. 445.

635C.A.G. 38/1, commune n°176, p. 112. 636C.A.G. 74, p. 139, fig. 85 – Annexe, p. 448.

637D. Paunier, Vaisselle et nouveaux usages alimentaires, in Le catalogue de l’exposition du Musée dauphinois de Grenoble, Gollion, 2002,

p. 122 – Annexe, p. 449.

127 d. Les sanctuaires relevant de la divinité.

Si aucun monument n’atteste formellement de sanctuaires dédiés à Vénus, le nombre des hommages iconographiques oblige le chercheur à s’interroger.

En premier lieu, selon la C.A.G. 73639, Elle ferait l’objet d’un culte à Détrier. Petit

bronze avec un anneau d’or, cette insigne statuette très bien conservée peut effectivement témoigner d’un lieu sacré et officiel.

D’autre part, J. Serralongue640 apostille l’importance des quartiers nord de Boutae

dotés de bâtiments municipaux (basiliques, entrepôts, portiques, thermes), s’organisant autour d’un forum, placé sous la protection d’une divinité non encore identifiée. Si l’épigraphie nous fait bien évidemment penser à Mercure, la singulière concentration de documents figurés de Vénus peut inciter l’historien à croire qu’Annecy était un haut lieu de culte dédié à la déesse. Elle apparaît alors comme la quasi divinité tutélaire du plus important vicus localisé dans l’actuelle Haute-Savoie.

Diane ne semble pas tenir un grand rôle dans la religiosité des élites viennoises641. C’est souvent la déesse classique, la déesse chasseresse qui est attestée642. Si la divinité est

honorée à Lugdunum643, à l’échelle de la Narbonnaise, elle est assez rarement mentionnée sur

les inscriptions, si ce n’est sur une dédicace à Aix-en-Provence644 (C.I.L. XII 495) et à la Roque d’Anthéron645 (C.I.L. XII 5794). Néanmoins, si aucun magistrat n’est attaché à son

culte dans la cité des Allobroges, il faut noter la présence de deux prêtresses de Diane à

Antipolis (Antibes). Un prêtre ou une prêtresse est également attesté sur un document de

Narbonne.

Diane est, comme à Vienna, peu représentée dans la Provincia. Elle est recensée par trois bronzes en Ardèche, ainsi que sur un pilier646. Une statuette a été découverte à

Narbonne647. Dans le Var, elle fait l’objet aussi d’une statuette et est représentée sur un médaillon de lampe648. Les plus beaux documents figurés ont été découverts à Nîmes649, avec

une remarquable sculpture et une tête, faisant s’interroger sur la présence d’un sanctuaire dans le vicus gardois. C’est d’ailleurs dans cette agglomération que le seul et unique temple de Diane, en dehors de celui d’Aix-les-Bains, est attesté. Cet ensemble de constructions s’ouvrant sur le côté occidental délimitant un sanctuaire, se composant s’une salle voûtée flanquée d’ailes. Cependant, comme pour le temple du lac du Bourget, les chercheurs650 ne savent pas précisément à quelle divinité ce monument est dédié : Vesta, Isis, Nemausus, ou bien vraiment Diane ? Ces temples sont en tout cas, tous les deux, des monuments du culte des eaux.

Nous pouvons, en ce qui concerne Vénus, nous interroger sur la justesse des propos de P.-M. Duval651 qui a fait remarquer le faible succès de certaines grandes divinités gréco-

639B. Rémy, F. Ballet, E. Ferber, Carte Archéologique de la Gaule, La Savoie, C.A.G. 73, Paris, 1997, p. 67.

640J. Serralongue, L’agglomération de Boutae, in Le catalogue de l’exposition du Musée dauphinois de Grenoble, Gollion, 2002, p. 110. 641Carte, p. 498 – Tableau, p. 139.

642P.-M. Duval, Les dieux de la Gaule, Paris, 2002, p. 100.

643H. Savay-Guerraz, Les dieux de Lugdunum, in H. Savay-Guerraz, A. Destat ( sous la dir.), Rencontres en Gaule romaine, 2005-Expo.

Lyon, 2005, p. 55 à 60. Diane est connue à Lugdunum par l’épigraphie et l’iconographie.

644J. Gascou, I.L.N., Aix en Provence, Paris, 1995, p. 68. 645Ibidem, p. 314 et 315.

646J. Dupraz, C. Fraisse, Carte Archéologique de la Gaule, L’Ardèche, C.A.G. 07, Paris, 2001, p. 464. 647E. Dellong, C.A.G. 11/1, Paris, 2002, p. 641 à 646.

648J.-P. Brun, Carte Archéologique de la Gaule, Le Var, C.A.G. 83/2, Paris, 1999, p. 920 et 921. 649J.-L. Fiches, A. Veyrac, C.A.G. 30/1, Paris, 1996, p. 64 à 66, et p. 250 à 262.

650Ibidem, p. 575 à 596.

128 romaines en Narbonnaise. La déesse de la Gens Iulia est certes très peu mentionnée sur les épigraphes de la Provincia. En dehors de la dédicace de Vienna, elle est honorée sur une tablette de plomb à Olbia et sur une inscription à Narbonne qui fait référence à Vénus

Augusta.

La déesse de la beauté apparaît, néanmoins, comme la première des divinités féminines au niveau des témoignages figurés. Ainsi, par exemple, Dans la cité des Helviens, elle fait l’objet de plusieurs hommages statuaires : une statue de bronze, une autre en marbre et une troisième anadyomène en terre cuite. Dans l’Aude, une statuette a été découverte à Narbonne, et deux autres dans le département, l’une en bronze, l’autre en terre cuite. Une statuette a également été découverte à Hyères dans le Var. En dehors de la Provincia, non loin de Vienna, plusieurs bronzes représentant différentes divinités, dont Vénus, ont également été retrouvés à Lyon.652

Cependant, toujours selon P.-M. Duval653, la plupart de ces figurines sont davantage des témoignages d’un culte privé que d’un culte public. Il apporte toutefois un autre éclairage, en mettant en lumière quelques exceptions comme la Vénus d’Arles, offerte à Louis XIV et déposée au Louvre. Les remarquables statues retrouvées à Pourrière et à Vienne prouveraient l’existence de lieux de culte public dédiés à Vénus.654

Dans la cité des Allobroges, Vénus tient une place à part aussi bien dans la religiosité du peuple que dans celle des notables. Elle est la divinité la plus honorée par des documents figurés, plus encore que Mercure ou Hercule. Au delà de son image, elle est l’une des déesses les plus importantes du panthéon viennois.