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d’aménagement du territoire

I.1 Le parallèle réseau / territoire : concepts et logiques

I.1.3 Territorialité et réseaux de transport

Le territoire est considéré comme l‟espace approprié par les individus et les groupes sociaux. François Plassard inisiste bien sur ce point : « Un territoire peut être considéré comme un

espace qui se définit en référence à un acteur ou à un groupe d’acteurs. À l’origine de cette notion, il y a toujours une référence implicite à la relation qu’établit un être vivant avec l’espace dans lequel il vit et qui lui permet de « survivre » en assurant sa subsistance et sa reproduction » (Plassard 2003a page 81). C‟est ainsi le groupe d‟acteurs ou le groupe social

qui définit le territoire sur le quel il vit car il se l‟approprie. La définition qu‟en donne Maryvonne LeBerre nous paraît à ce sujet la plus claire : « la portion de la surface terrestre,

appropriée par un groupe social pour assurer sa reproduction et la satisfaction de ses besoins vitaux » (LeBerre 1992). Trois aspects composent ainsi le territoire : matérialité physique, organisation sociale et entité territoriale. Les réseaux de transport s‟intègrent assez

bien dans cette définition car ils sont effectivement localisés sur la surface terrestre et leur appropriation par un groupe social sert de manière plus ou moins directe des besoins vitaux, ou du moins sociaux. La question de la territorialité des réseaux de transport a ainsi été plusieurs fois traitée.

Le premier, Gabriel Dupuy a émis l‟idée d‟une territorialité réticulaire, qui s‟oppose à la

territorialité aréolaire en ces termes : « L’urbanisme a toujours privilégié une territorialité aréolaire, définie par des zones, des limites, des frontières au sein desquelles s’exercent des pouvoirs. À cette conception paraît s’opposer celle d’une territorialité réticulaire, transgressant les zonages et les barrières et dans laquelle s’exercent d’autres pouvoirs. »

(Dupuy 1991).

La notion de pouvoir est en effet prégnante dans le concept du territoire, espace délimité avec précision comme zone d‟application d‟une loi (exemple : le territoire français). Le rôle grandissant des opérateurs de transports dans les configurations territoriales et les règles régissant l‟usage du transport, la tarification en est un exemple, incitent à considérer les réseaux comme des espaces d‟application d‟un pouvoir. On évoque alors à ce sujet les

territorialités en réseau (Offner et Pumain 1996). Philippe Menerault définit quant à lui le territoire de flux pour désigner les caractéristiques de connexion des lieux (Menerault 1991).

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Le réseau de transport est donc un territoire. Afin d‟intégrer pertinemment les valeurs territoriales dans l‟objet appréhendé, nous proposons de reprendre les trois versants mentionnés dans la définition de Maryvonne LeBerre comme le montre la figure I-8.

Figure 1- 8 : Le territoire selon Maryvonne LeBerre

Ainsi, selon nous, la matérialité physique du territoire est représentée par la forme du réseau. L‟organisation sociale est à lier aux fonctions du réseau : les déplacements permis font naître une organisation des individus et des groupes sociaux dans l‟espace. En outre au sein du réseau de transport une organisation se met en place pour assurer son fonctionnement. Enfin l‟entité territoriale recouvre deux aspects : d‟une part, l‟appropriation individuelle qui se détermine par l‟usage des réseaux et la reconnaissance identitaire qui en est faite, qui sera traitée dans les chapitres suivants, et d‟autre part l‟appropriation collective, institutionnelle, des réseaux de transport. Cette dernière est semble-t-il liée aux réseaux, notamment par l‟intermédiaire des modifications spatiales des territoires institutionnels. L‟exemple des extensions des PTU recouvrant les infrastructures de transport illustre un processus théorique conceptualisé par Jean-Marc Offner (Offner 2000).

Georges Amar est allé plus loin dans l‟approfondissement de cet entremêlement réseau/territoire en proposant le terme de « transterritorialité » pour retranscrire au mieux la territorialité offerte par les réseaux de transports (Amar 2004). Nous proposons ainsi un nouveau tableau qui fait correspondre les deux définitions. L‟aspect morphologique des réseaux correspond à la forme, le fonctionnel à la topologie des réseaux, et l‟organisationnel/institutionnel des territoires correspond à l‟appropriation collective. Notons que dans cette définition le réseau et le territoire sont mêlés dans le même objet, qui présente les aspects de l‟un et de l‟autre.

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Réseaux de transport et territoires sont ainsi liés et on peut les aborder comme un seul et même objet d‟étude. Au-delà de cette conceptualisation des relations, qui nous permet de définir une approche théorique, une lecture plus pragmatique va nous orienter vers une démarche tournée vers l‟opérationnalité.

Conclusion

La « géographie des réseaux » désigne un pan de la discipline étudiant les processus et moyens de mise en relation des objets géographiques. Les réseaux de transport sont ainsi eux- mêmes des objets d‟étude, ce qui se justifie par la place importante que prennent les transports dans les relations entre les espaces et les sociétés. Les transports permettent aux Hommes de s‟approprier le territoire en maîtrisant la distance, ce sont donc des outils de territorialisation. Le parallèle entre réseaux de transport et territoires est avéré et se décline en plusieurs points. Le réseau est considéré comme un territoire car :

- il possède une configuration morphologique dans l‟espace ;

- il permet un fonctionnement social et économique par sa fonction de mise en relation ; - il fait l‟objet d‟une appropriation de la part des individus et des institutions.

Ce parallèle nous permet de définir notre objet d‟études général: les réseaux de transport, dans leurs caractéristiques rétistiques et territoriales.

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