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Chapitre III : Deux régions métropolitaines pour appliquer un raisonnement

Encadré 1: Applications, critères de cho

III.3 PACA : une région en demande de transport

III.3.1 Un désenclavement imparfait

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La région PACA est souvent considérée comme un patchwork regroupant l‟ancienne Provence, les Préalpes du Sud, le littoral varois et ce que le préfet Stephen Liégeard a nommé la Côte d‟Azur.

Cet ensemble vaste est la troisième région française en population mais, contrairement à la région Nord-Pas-de-Calais, une grande partie de l‟espace régional est rural, la population étant fortement concentrée sur le littoral. Malgré un retard industriel, cette région dont l‟économie est fondée sur les activités tertiaires, et plus précisément le tourisme, a rattrapé puis dépassé le Nord-Pas-de-Calais dans ses performances (6,9 % du PIB national pour une troisième place, Noin 2003).

Au sein de cette région deux espaces métropolitains cohabitent et la cohérence au sein d‟une unique région métropolitaine pose question.

A l‟Ouest, la métropole provençale est considérée comme bicéphale avec les deux centres de Marseille et Aix-en-Provence (Picon et Verre 2005). Cette aire urbaine est classée troisième par l‟INSEE en population (1,5 millions d‟habitants en 1999, juste devant Lille et ses 1,1 millions), au PIB (157 Milliards de francs) et quatrième en nombre d‟emplois stratégiques (46 500 emplois) (INSEE 1999, Davezies 1996).

Le pôle d‟innovation technologique de Château-Gombert, les fonctions de commandement ou administratives, l‟organisation de nombreux congrès internationaux et le patrimoine architectural du Vieux Port notamment, permettent de qualifier cet ensemble comme métropolitain.

A l‟Est, la métropole azuréenne prend la forme d‟une conurbation littorale sans discontinuités de Théoule-sur-Mer à la frontière italienne. Malgré cette continuité physique, l‟INSEE décompose cet ensemble métropolitain en plusieurs aires urbaines :

-l‟agglomération niçoise, 9e aire urbaine en population avec 557 000 habitants (INSEE 1999), 8e économiquement avec 63 milliard de francs de PIB (Davezies 1996) et 7e pour le nombre d‟emplois stratégiques (INSEE 1999) ;

- l‟ensemble Grasse-Cannes-Antibes, 18e française en population (365 000 habitants) et 14e économiquement (42 milliards de francs) (Davezies 1996, INSEE 1999) ;

- l‟agglomération Menton-Monaco, qui peut être considérée comme transfrontalière, d‟autant plus que les villes frontalières italiennes comme Vintimille ou Imperia sont souvent associées à la dynamique territoriale.

Comme les chiffres précédents peuvent le laisser deviner, si cet espace métropolitain n‟a pas le poids démographique de Lille ou Aix-Marseille, son caractère métropolitain ne fait aucun doute, notamment considérant les nombreux congrès internationaux accueillis, la technopole de Sophia Antipolis (la première en France) ou encore le spectaculaire patrimoine architectural, notamment autour des hôtels de luxe du bord de mer. Ce second espace métropolitain, bien que contrepoids plausible dans l‟équilibre spatial de la région, se caractérise à une échelle supérieure par son isolement.

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Comme signalé auparavant, la région PACA apparaît comme un ensemble composite de plusieurs éléments. On peut faire l‟hypothèse que les raisons en sont en partie historiques, les différents éléments s‟étant combinés tardivement et de manière moins harmonieuse que dans d‟autres régions historiques (voir par exemple Boyer 2002).

En effet, Nice est la grande ville la plus tardivement annexée à la France (1860), auparavant propriété des comtes piémontais et savoyards. Plus tardivement encore, Tende et La Brigue, dans l‟arrière-pays mentonnais, sont les deux communes françaises les plus récentes.

Ce rattachement récent entraîne un particularisme géographique. En effet, le « Comté de Nice » s‟est difficilement intégré dans le territoire français. Dans un pays de longue tradition centralisatrice, l‟adjonction d‟une périphérie de langue et de culture différente a longtemps entraîné des résistances des deux côtés (se référer par exemple aux fascicules à caractère historiques publiés par les éditions Giletta).

Plus encore, c‟est l‟isolement géographique qui a gêné les relations entre Nice et le reste de la France. La distance euclidienne est d‟une part une forte contrainte puisque avec 690km, Nice est la métropole française la plus éloignée de Paris. D‟autre part, le relief joue ici un rôle prépondérant : le massif alpin constitue un obstacle considérable vers le Nord, notamment vers Lyon et Grenoble.

Ainsi, coincée entre la Méditerranée au Sud, les Alpes au Nord et la frontière italienne à l‟Est, la métropole niçoise ne doit son raccordement terrestre au territoire français qu‟à une fine bande littorale, elle-même obstruée par le massif de l‟Esterel entre Cannes et le département du Var. Cet isolement est une contrainte majeure du territoire régional de PACA et le désenclavement de la métropole niçoise est un enjeu très fort pour les transports terrestres. Ce problème se pose avec d‟autant plus d‟acuité que les relations Est-Ouest sur le littoral méditerranéen français sont au centre d‟aspirations européennes.

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Figure III- 14 : La Sud-Est français dans son environnement : la prégnance de l’arc méditerranén (DATAR 2002)

En effet, la constitution d‟un Arc Méditerranéen Latin est depuis longtemps une ambition européenne. Le climat méditerranéen et la végétation afférente définissent effectivement une zone de proximités culturelles, linguistiques et gastronomiques qui correspond aux rivages nord de la mer en question. L‟existence d‟un arc donnant corps à ces proximités, « construction intentionnelle » (Dematteis 2002) plutôt que réalité politique, a pour la première fois été évoqué à la CRPM (Conférence des Régions Périphériques Maritimes) en 1973 et inscrit comme projet européen en 1999 à la conférence pour l‟ESDP (European

Spatial Development Perspective) à Postdam. Comme le montrent Francesc Carbonell et

Josep Bagueða, c‟est donc à la fois une stratégie de développement des institutions européennes (processus top-down), fondée sur l‟idée de réduire les inégalités avec la Banane Bleue, et un ensemble de relations entre des régions limitrophes (processus bottom-up (Carbonell et Baguena 2007).Or, les mêmes auteurs remarques que « Por parte de los actores

territoriales del Arco Mediterráneo, el desarrollo de las nuevas oportunidades que ofrece la interacción entre estos dos procesos todavía es totalmente embrionario o simplemente se desconoce. » (En ce qui concerne les acteurs territoriaux de l‟Arc Méditerranéen, le

développement de nouvelles opportunités qu‟offrent l‟interaction entre ces deux processus est totalement embryonnaire ou juste inconnu. Traduction personnelle de Carbonell et Baguena 2007).

Si cette mauvaise coordination générale est d‟ordre politique et institutionnel, le rôle des relations physiques et donc des transports est déterminant. Encore une fois c‟est une condition sinéquanonede la construction de ce territoire pour l‟instant virtuel.

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Jean-Claude Tourret remarque que la stratégie de l‟Arc Méditérranéen « implique

l’implémentation d’un système de transport collectif compétitif dans cette zone, qui peut offrir une garantie efficace à long terme pour la circulation des personnes et des biens » (Tourret

2007).

La construction de cette stratégie passe donc par des relations efficaces pour la région PACA vers l‟Italie du Nord et Milan d‟un côté, puis le Languedoc-Roussillon et l‟Espagne (Barcelone en particulier) de l‟autre.

Il est cependant erroné de restreindre les enjeux de transports externes de la région PACA à un axe Est - Ouest. En effet, la partie Ouest de la région est connectée à un axe Nord - Sud stratégique au niveau européen qui est la vallée du Rhône (Budillon 2005). L‟importance pour la France et pour l‟Europe de la liaison Marseille - Lyon en est une composante essentielle. La situation géographique de la région PACA se caractérise donc par deux éléments engendrant de grands enjeux sur l‟organisation des transports : l‟isolement de sa partie Est et les perspectives de relations avec les régions limitrophes.